Le ministère israélien de l’Intérieur a annoncé ce lundi 18 octobre la révocation du statut de résident permanent de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri.

Le Franco-Palestinien Salah Hamouri, avocat au sein de Addameer, une association palestinienne de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains, dans les bureaux de l’ONG à Ramallah, en Cisjordanie, le 1er octobre 2020. ABBAS MOMANI / AFP

Nadir Dendoun, 18 octobre 2021

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien de 36 ans, est né à Jérusalem. Il a toujours vécu en Palestine, c’est son pays et pourtant, aujourd’hui, il risque à tout moment d’être expulsé à vie de sa terre natale.

Jeudi 3 septembre 2020, Salah Hamouri avait été convoqué au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh, à Jérusalem. Là-bas, lui avait été remise une lettre du ministre de l’Intérieur israélien. Ce dernier souhaitait retirer purement et simplement la carte de résidence permanente de Salah Hamouri, seul papier officiel lui permettant de vivre, chez lui, à Jérusalem.

“Les actions de Salah Hamouri constituent une violation grave de l’essentiel de son engagement en tant que résident israélien, et un abus de confiance vis-à-vis de l’Etat d’Israël”,

avait indiqué Mme Shaked dans un communiqué pour justifier sa décision.

Salah Hamouri avait décidé ensuite de faire appel contre cette décision. Son appel a donc été rejeté ce lundi. Depuis plus de 15 ans maintenant, les autorités israéliennes tentent de briser Salah Hamouri parce qu’il s’oppose à l’Occupation et la colonisation israélienne de la Palestine.

Palestinien par son père, Français par sa mère, (Denise Hamouri est originaire de Bourg en Bresse), Salah Hamouri a grandi à Jérusalem. Il a été incarcéré à plusieurs reprises. En 2005, à 19 ans, alors étudiant en sociologie à Bethléem, il est accusé à tort, soupçonné d’avoir projeté l’assassinat d’un rabbin. Sur la recommandation de son avocate, il plaide coupable, pour éviter une peine de 14 ans de prison. Il sera condamné à une peine de 7 ans.

À l’époque, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères avait estimé que le dossier d’accusation était vide, reconnaissant que “les aveux faits à l’audience n’avaient été corroborés par aucun élément de preuve”.

A sa sortie de prison, les déboires de Salah Hamouri ne se sont pas arrêtés pour autant. Deux arrêtés militaires émanant de l’armée israélienne sont pris contre lui en 2015, lui interdisant de se rendre dans les territoires occupés palestiniens.

Puis, en août 2017, il est de nouveau arrêté et placé en détention administrative. Salah Hamouri restera plus d’un an en prison. Le président français Emmanuel Macron avait demandé sa libération au Premier ministre israélien.

Le 20 mai 2020, les forces spéciales israéliennes avaient tenté de l’enlever en pleine journée. Une scène invraisemblable survenue à Ramallah, en territoire palestinien.

Depuis quelques années, Salah Hamouri navigue entre Jérusalem et la région parisienne où vit son épouse Elsa Lefort, interdit de séjour en Israël depuis janvier 2016, depuis son expulsion arbitraire alors qu’elle était enceinte.

“Nous ne nous résignons pas à cette situation. Nous appelons les autorités françaises à tirer toutes les conclusions de cette nouvelle décision et à en tirer toutes les conséquences. Nous appelons les citoyens et les citoyennes à se mobiliser dans leur diversité pour relever ce défi contre les droits de l’homme, pour manifester contre ce déni du droit d’un gouvernement israélien qui se croit – encouragé qu’il est – au-dessus de tout”,

ont fait savoir ses proches dans un communiqué.

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Publié le 18 octobre sur Le Courrier de l’Atlas