Les héros du « Tunnel de la liberté » condamnés à cinq années supplémentaires

Les six prisonniers palestiniens et héros du « Tunnel de la liberté »Mahmoud al-Ardah, Mohammed al-Ardah, Yaqoub Qadri, Ayham Kamamji, Munadil Nafa’at et Zakaria Zubaidi – ont été condamnés par un tribunal d’occupation de Nazareth à cinq ans de prison supplémentaires pour leur évasion de la prison de haute sécurité de Gilboa en septembre 2021.

 

Ils se sont libérés de la prison en creusant un tunnel à l’aide de petits matériaux à portée de main pendant une longue période. Grâce à leur évasion audacieuse, ils ont inspiré les Palestiniens et les peuples du monde entier par leur ingéniosité et leur volonté de se sacrifier pour la liberté, et ont mis à nu le mythe des systèmes de sécurité impénétrables de l’occupation israélienne. Le symbole de la cuillère en métal – l’un des outils utilisés pour creuser le tunnel – est devenu le symbole de la détermination, de la créativité et de la volonté inébranlable de liberté des Palestiniens.

Après avoir été arrêtés à nouveau par les forces d’occupation, les six ont été soumis à la torture, à des sévices physiques et à l’isolement cellulaire, ce qui a suscité des protestations massives de l’ensemble du mouvement des prisonniers. Les six ont été condamnés aujourd’hui à 5 années supplémentaires d’emprisonnement et à une amende de 5 000 NIS (1 488 USD), en plus d’une peine supplémentaire de 8 mois avec sursis pour une période de trois ans.

Ces peines s’ajoutent à celles de quatre ans infligées à Mohammed Abu Bakr, Iyad Jaradat, Ali Abu Bakr, Mahmoud Shreim et Qusai Marei pour avoir aidé leurs camarades prisonniers palestiniens.

En réponse à ces sentences, Yaqoub Qadri a affirmé :

« Nous ne nous soucions pas de la sentence. L’important, c’est que nous avons rendu possible l’impossible ; nous avons réussi à percer les services de sécurité israéliens et à porter un coup. Nous avons pu réaliser quelque chose qui était impensable pour Israël et ses mécanismes de sécurité. »

Même le juge du tribunal a confirmé les commentaires de Qadri selon lesquels la sentence est une forme de vengeance pour avoir exposé la fragilité de la domination coloniale en Palestine, notant que leur auto-libération, « a paralysé la nation pendant des jours » et a causé d’importantes dépenses financières, imposant des coûts supplémentaires à l’occupation.

La sentence est intervenue une semaine seulement après que les forces d’occupation ont tué Daoud al-Zubaidi, le frère de Zakaria Zubaidi, un ancien prisonnier palestinien et un combattant de longue date de la résistance palestinienne à Jénine. Les forces d’occupation ont envahi à plusieurs reprises le camp de réfugiés de Jénine pour tenter de réprimer le mouvement de résistance qui s’y développe. C’est au cours d’un de ces raids que l’armée d’occupation a assassiné la journaliste palestinienne bien-aimée Shireen Abu Aqleh.

La résistance palestinienne a affirmé que les six héros du tunnel de la liberté sont une priorité dans tout accord d’échange de prisonniers avec l’occupation, en tant que symboles de liberté pour le peuple palestinien.

Les six héros du Tunnel de la Liberté sont :

Mahmoud Abdullah al-Ardah est âgé de 46 ans. Né en 1975 à Arraba près de Jénine, il est emprisonné depuis le 21 septembre 1996. Combattant au sein du mouvement du Jihad islamique palestinien, il est déjà condamné à 99 ans de prison par l’occupation. Il a participé à de multiples tentatives pour se libérer et libérer ses camarades prisonniers palestiniens de l’emprisonnement colonial.
Mohammed Qasem al-Ardah est âgé de 39 ans. Originaire d’Arraba près de Jénine, il est emprisonné depuis le 14 mai 2002. Combattant du mouvement du Jihad islamique palestinien, il est déjà condamné à 3 peines de prison à vie et à 20 ans d’emprisonnement.
Ayham Fouad Kamamji est âgé de 35 ans. Originaire du village Kufr Dan près Jénine, c’est un combattant du mouvement du Jihad islamique palestinien. Il est détenu dans les prisons de l’occupation depuis 2006 et condamné à deux peines de prison à vie.
Yaqoub Mahmoud Qadri est âgé de 49 ans. Il est originaire du village de Bir al-Basha près de Jénine. Combattant du mouvement du Jihad islamique palestinien, il est condamné à la prison à vie et à 35 ans.
Munadil Yaqoub Nafa’at est âgé de 26 ans. Originaire de Ya’bad à l’ouest de Jénine, il est détenu depuis 2019 et n’a pas encore été condamné par les tribunaux militaires de l’occupation.
Zakaria Mohammed Zubaidi est âgé de 46 ans et originaire du camp de réfugiés de Jénine. Il est détenu depuis 2019 et n’a pas encore été condamné par les tribunaux militaires d’occupation. Il était auparavant un haut dirigeant de l’organisation de résistance du Fatah à Jénine. Il a été arrêté de nouveau en 2019 dans une autre tentative d’éliminer la résistance palestinienne à Jénine.

Dans leurs messages par l’intermédiaire de leurs avocats, leurs déclarations et leurs salutations criées depuis les tribunaux d’occupation réprimés par des gardes armés, tous les six ont affirmé à plusieurs reprises leur engagement sur la voie de la résistance et de la libération de la Palestine et de la région, refusant de revenir sur leurs positions claires malgré le risque qu’ils courent.

La ré-arrestation et la condamnation supplémentaire des six prisonniers auto-libérés n’ont fait qu’intensifier la lumière de la libération qu’ils représentent pour l’humanité et n’ont pas atténué le coup qu’ils ont porté au mirage de l’invincibilité et du contrôle sécuritaire israéliens. Ils reflètent l’inébranlable volonté palestinienne de vivre, de lutter et de prospérer dans des circonstances qui peuvent sembler impossibles.

Le Tunnel de la Liberté et les six héros de l’opération d’auto-libération représentent l’espoir irrépressible de liberté et l’engagement en faveur de la libération que la répression militarisée et la colonisation sioniste n’ont pas réussi à étouffer pendant plus de 74 ans. Les actions de cette « Brigade de la liberté » ne sont pas seulement un symbole d’espoir pour les Palestiniens, mais aussi pour tous ceux qui, dans le monde, recherchent la justice et la liberté.

S’appuyant sur l’expérience des prisonniers palestiniens qui se sont libérés par le passé, ils ont exposé les édifices en ruine de l’occupation israélienne et l’ont obligée à gaspiller des dizaines de millions de dollars dans sa chasse à l’homme massive. Leur bravoure et leur engagement pour la liberté sont célébrés dans toute la Palestine, de la mer au Jourdain, et partout dans le monde. Les cuillères – symboles des outils de cuisine rouillés qu’ils ont utilisés pour creuser leur chemin vers la libération – en sont venues à représenter l’élan irrépressible vers la liberté. Leur capture par l’occupation israélienne ne fait rien pour ternir la lumière de leur héroïsme et l’inspiration qu’ils fournissent pour l’avenir de la lutte de libération.

Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun souligne et amplifie l’appel  du mouvement des prisonniers palestiniens et du peuple palestinien aujourd’hui pour exiger la justice et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.

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Publié le 22 mai 2022 sur Samidoun

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