Jénine résiste bec et ongles aux constantes agressions israéliennes

Dans un effort en vue de trouver de nouvelles façons de contrecarrer la résistance, Israël envisage un retour à l’emploi des raids aériens contre le camp de Jénine.

13 mai 2022. Des Palestiniens inspectent une maison incendiée au cours d’un raid militaire israélien à Jénine, en Cisjordanie occupée. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA images)

13 mai 2022. Des Palestiniens inspectent une maison incendiée au cours d’un raid militaire israélien à Jénine, en Cisjordanie occupée. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA images)

Tamara Nassar, 21 mai 2022

Tôt, ce samedi matin, à Jénine, un adolescent palestinien a été tué par les troupes israéliennes.

Les autorités palestiniennes en matière de santé l’ont identifié : Il s’agit d’Amjad Walid al-Fayed, 17 ans.

Le groupe de résistance palestinienne, le Djihad islamique, a déclaré que son affilié avait été tué dans un échange de coups de feu entre des combattants de la résistance palestinienne et les forces d’occupation israélienne au cours d’un invasion israélienne dans la ville du nord de la Cisjordanie.

Plus tard, ce même samedi, des centaines de personnes se sont rendues aux funérailles d’al-Fayed.

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Un second adolescent a été grièvement blessé d’une balle israélienne dans l’estomac.

Le Djihad islamique a déclaré qu’al-Fayed était apparenté à deux militants de la résistance palestinienne qui avaient combattu contre les troupes d’occupation israéliennes lors de l’invasion par ces dernières de Jénine, en avril 2002.

Il y a vingt ans, ses oncles, Amjad et Muhammad al-Fayed, avaient très probablement été impliqués dans une embuscade qui avait tué 13 soldats israéliens.

En avril 2002, l’armée israélienne avait massacré au moins 52 Palestiniens et en avait blessé des dizaines et des dizaines d’autres dans le camp de réfugiés de Jénine, affirmait un rapport du secrétaire général des Nations unies à l’époque.

Les forces israéliennes avaient également bombardé 150 bâtiments et immeubles à coups d’obus, laissant 450 familles sans logis. Selon le rapport, 23 soldats israéliens avaient perdu la vie, une fois l’opération terminée.

Un enfant comme bouclier humain

La semaine dernière, des soldats israéliens ont utilisé une adolescente palestinienne comme bouclier humain au cours d’un échange de coups de feu avec des tireurs palestiniens à Jénine.

Le 13 mai, à 6 heures du matin, l’armée israélienne assiégeait la maison d’Ahed Mohammad Rida Mereb, dans le quartier d’al-Hadaf, à Jénine, dans l’intention d’arrêter son frère de 20 ans.

Après avoir ordonné à ses parents et à ses plus jeunes frères de quitter la maison, l’armée israélienne avait ouvert le feu sur la maison où le frère était resté. Le frère avait riposté en tirant sur les troupes israéliennes, selon une enquête de terrain réalisée par Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

Deux heures plus tard, des combattants de la résistance palestinienne s’étaient lancés dans un tir des plus nourris sur un véhicule militaire israélien.

Des soldats avaient forcé Ahed à rester à l’extérieur du véhicule militaire pendant deux heures, alors qu’eux, restés à l’intérieur, échangeaient des coups de feu avec les tireurs palestiniens.

« Les balles qui visaient le véhicule militaire venaient de toutes les directions », a raconté Ahed à DCI-P.

« Je tremblais, je pleurais et je criais aux soldats de m’éloigner, car les balles passaient au-dessus de ma tête », a ajouté Ahed.

« Mais, par une petite ouverture du véhicule militaire, l’un d’eux m’a ordonné : ‘Reste où tu es et ne bouge pas. Tu es une terroriste. Reste à ta place jusqu’au moment où tu diras au revoir à ton frère.’ »

« Ahed avait tenté de pencher la tête vers le côté afin d’éviter les balles, mais un des soldats lui avait ordonné de se tenir bien droite », a encore déclaré DCI-P.

Elle avait été forcée de rester là pendant deux heures avant de pouvoir s’encourir près d’un arbre et de s’écrouler. Elle avait ensuite été traitée à l’hôpital pour une sévère détresse mentale et pour des taux d’oxygénation très faibles.

Après avoir évacué la maison d’Ahed, où la fille avait vécu avec sa famille élargie, y compris huit enfants, les forces israéliennes l’avaient bombardée à coups de roquettes, ce qui y avait mis le feu, puis elles étaient passées à l’attaque à balles réelles.

Résistance à Jénine

Ces dernières semaines, l’armée israélienne a intensifié ses attaques contre Jénine, puisque la résistance dans le camp de réfugiés n’a cessé de gagner en intensité.

Les forces israéliennes ont envahi le camp de réfugiés de Jénine et la ville voisine de Burqin le 13 mai, comme elle l’a fait sur base quasiment régulière, en blessant plus d’une douzaine de Palestiniens et en se livrant à une série d’arrestations.

Ce même jour, à Burqin, un officier israélien a été tué par les combattants de la résistance palestinienne.

Les forces israéliennes ont cherché à arrêter le militant palestinien Mahmoud al-Dubai. Les troupes israéliennes ont encerclé sa maison et lui ont ordonné de se rendre.

Suite à des heures d’échange de coups de feu entre al-Dubai et les forces d’occupation israéliennes qui, dit-on, comprenaient une unité tirant des grenades Energa antichars sur la maison, al-Dubai a fini par être arrêté.

« La puissance de feu dirigée contre nous était indescriptible, des milliers de balles », aurait déclaré un « officier supérieur » resté anonyme, prétend Arutz Sheva, une publication soutenant les activités de peuplement israéliennes en Cisjordanie.

« Je suis dans l’armée depuis plus de vingt ans et je n’ai jamais rien vu de ce genre. »

Dans un effort en vue de trouver de nouvelles façons de contrecarrer la résistance, Israël envisage un retour à l’emploi des raids aériens contre le campune méthode de répression à laquelle la Cisjordanie n’a plus assisté depuis la Seconde Intifada, il y a vingt ans.

« Hélicoptères et drones peuvent être utilisés pour sécuriser les troupes au sol via l’usage de tirs dissuasifs et, si possible, sur les combattants mêmes »,

rapportait le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz.

Des frères de prisonniers tués

Pendant ce temps, le frère d’un des six prisonniers évadés en septembre dernier de Gilboa, l’une des prisons les plus fortifiées d’Israël, est décédé après avoir été abattu par les forces d’occupation israéliennes à Jénine.

Au cours des combats qui ont eu lieu le 13 mai à Jénine, les forces israéliennes ont abattu Daoud Zubaidi. C’était un frère de Zakaria Zubeidi, le plus célèbre des prisonniers évadés en septembre dernier.

Zakaria Zubeidi est un ancien commandant des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, une milice affiliée au Fatah.

Daoud a été transféré à l’hôpital Rambam à Haïfa, où il est décédé le 15 mai.

Le politicien israélien d’extrême droite Itamar Ben-Gvir avait visité cet hôpital peu de temps avant l’annonce de la mort de Daoud Zubeidi.

Ben-Gvir avait demandé instamment que Daoud Zubeidi soit exécuté.

« Ce terroriste et d’autres terroristes aussi devraient être envoyés à la chaise électrique », avait déclaré Ben-Gvir dans une vidéo.

« Toute personne qui tire en direction de nos soldats, toute personne qui tente de tuer ne devrait pas bénéficier d’un traitement ni être dorlotée dans un hôpital. Ce qu’il leur faut, c’est recevoir la mort sur la chaise électrique. »

La mort de Daoud Zubaidi porte à 228 le nombre de Palestiniens morts alors qu’ils étaient emprisonnés en Israël. Israël retient toujours son corps et refuse de le restituer à sa famille.

Le Club des prisonniers palestiniens a déclaré que les forces israéliennes lui avaient tiré dessus dans le but de le « liquider ».

Le frère d’un autre prisonnier évadé est mort lui aussi en combattant les forces israéliennes le mois dernier.

Shas Kamamji, 29 ans, a été tué dans le village de Kafr Dan le 14 avril, quand les forces israéliennes ont ouvert le feu sur une foule de gens qui jetaient des pierres sur des véhicules militaires.

Kamamji était le frère d’Ayham Kamamji, un autre des évadés de la prison de Gilboa. L’évasion avait été perçue comme un coup dévastateur pour la réputation de l’appareil sécuritaire israélien.

Les prisonniers étaient restés en liberté pendant plusieurs jours et, dans certains cas, des semaines avant d’être arrêtés de nouveau.

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Publié le 21 mai 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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