Démantelez l’ADL : Le palmarès de la Ligue anti-diffamation dans la contre-insurrection raciste et l’espionnage

Tout au long de son histoire, la mission de l’ADL (Ligue anti-diffamation) a consisté à protéger les intérêts mutuels des EU et d’Israël – y compris en éliminant la solidarité parmi les peuples opprimés, dont, particulièrement, la Palestine.

Phoenix, Arizona. Le CEO et directeur national de l’ADL, Jonathan Greenblatt, prend la parole lors de la Conférence annuelle du Conseil national de la Raza (NCLR). (Photo : Gage Skidmore)

Par le Mapping Project, 27 juillet 2022

Cet article est une des facettes du Mapping Project : un projet créé par des activistes et des animateurs dans l’est du Massachusetts, qui ont examiné les liens locaux existant entre des entités responsables de la colonisation de la Palestine, du colonialisme et de la dépossession ici même où nous vivons, et de l’économie de l’impérialisme et de la guerre.

 

« Le sionisme n’a jamais parlé de soi sans ambiguïté comme d’un mouvement juif de libération, mais plutôt comme d’un mouvement de peuplement colonial en Orient. »

Edward Saïd

 

« Je vous ai rencontré la première fois au printemps 2014, alors que j’étais encore relativement nouveau dans ce boulot (…)

« J’ai chanté vos louanges en tant qu’organisation qui lutte pour l’inclusivité et la diversité », l’égalité et la justice (…) qui travaille avec nous pour combattre les crimes de haine et le terrorisme (…)

« J’ai qualifié votre dernier discours de lettre d’amour adressée à l’ADL. Trois ans plus tard, je puis dire, depuis la perspective du FBI, que nous vous aimons toujours. »

Le directeur du FBI, James Comey

La Ligue anti-diffamation est une organisation non marchande fondée en 1913. Se faisant passer pour une organisation des « droits civiques », l’ADL est une organisation contre-insurrectionnelle de portée internationale. Sa mission consiste à protéger les intérêts mutuels des gouvernements américain et israélien – et d’éliminer la solidarité parmi les peuples opprimés et colonisées, surtout quand cela concerne la Palestine.

L’ADL effectue cette mission en espionnant et en criminalisant des activistes, en utilisant ses étroites connexions avec des gouvernements, des forces de police, des écoles et des entreprises. Quand elle n’attaque pas directement des activistes et des animateurs, l’ADL détruit leur travail en poussant ses propres programmes pro-israéliens reconnus par l’État. Et, alors que l’ADL prétend représenter les juifs et combattre l’« antisémitisme » en leur nom, l’organisation a derrière elle tout un palmarès de soutien à la violence étatique antijuive et à la normalisation des nazis.

L’ADL voudrait enterrer ces faits, ce qui explique qu’elle tente de couler le Mapping Project depuis son entrée en scène le 3 juin 2022 : en exerçant des pressions sur les sites d’accueil et même sur un gouvernement étranger afin qu’il supprime notre site, en mobilisant les partenaires de l’ADL au FBI et au bureau du district attorney afin de tenter de criminaliser notre projet et en obtenant des hommes politiques qu’ils répètent, tels des perroquets, les sujets de discussion de l’ADL. Ce comportement est en phase avec celui de l’ADL au vu de son palmarès, depuis plus d’un siècle, dans la contre-insurrection et l’espionnage, et que nous examinons ci-dessous.

L’ADL atteint le « zénith de l’injustice délibérée » en persécutant les communistes et les juifs 

Les critiques libéraux de l’ADL la dépeignent erronément comme une organisation des « droits civiques » dont le précieux travail contre le racisme a été sapé ces toutes dernières années par sa « promotion d’Israël ». Mais l’histoire de l’ADL réfute ce discours des plus arrangeants.

Une fois pour toutes, l’ADL et l’ordre de B’nai B’rith qui l’a instaurée, soutenaient déjà la colonisation sioniste de la Palestine même avant la fondation d’Israël en 1948. Dans les années 1930 et 1940, B’nai B’rith a transmis des millions de dollars au Fonds national juif (JNF), une agence qui s’emploie à déposséder les Palestiniens de leurs terres. L’ADL a vendu pour des millions de dollars de « bons israéliens » afin de soutenir la nouvelle colonie et il lui a également envoyé pour « 4 millions de dollars en matériaux et marchandises » en 1948. Et, déjà dans les années 1950, l’ADL essayait d’étouffer le « boycott d’Israël » et celui des « gentils qui faisaient des affaires avec Israël », et de traiter ces « firmes observant le boycott prôné par les Arabes » – ce qui ressemble très fort au travail récent de l’ADL contre BDS.

De plus, depuis que l’ADL s’investit à assimiler les juifs au sein du suprémacisme blanc américain et depuis que le projet sioniste qu’elle soutient requiert l’appui des puissances impérialistes, l’organisation a toujours servi l’agenda répressif du gouvernement américain.

Après que les bolcheviques s’étaient emparés du pouvoir en Russie en 1917, l’ADL s’était associée à la persécution par le gouvernement américain des communistes et autres radicaux qui défiaient le capitalisme. L’ADL entama une campagne médiatique qui suggérait que tous les juifs étaient des anticommunistes soutenant l’État américain. L’ADL signala aussi son allégeance en restant silencieuse à propos des crimes du gouvernement américain. Quand ce dernier interna ses ressortissants japonais dans des camps de concentration dans les années 1940, cette prétendue organisation des « droits civiques » fit brièvement état des faits dans sa publication sans toutefois adopter de position (des décennies plus tard, l’ADL coopta les injustices de l’internement des Japonais pour faire sa propre promotion et celle des « excuses » présentées par le gouvernement américain pour ces crimes).

Dans les années 1950, au cours de la campagne anticommuniste dirigée par le sénateur américain Joseph McCarthy, l’ADL se mit à espionner les juifs dissidents, livrant des dossiers à la Commission des activités antiaméricaines de la Chambre et au FBI. L’ADL et des organisations alliées créèrent leurs propres « comités anticommunistes » et lancèrent « une purge de la gauche juive dans la communauté juive organisée » (le Comité juif américain dit même au Congrès en 1953 que « le judaïsme et le communisme sont extrêmement incompatibles ». Des organisations comme l’ADL optimisèrent leur image d’« organisations juives » pour prétendre que la persécution des juifs dissidents n’avait rien à voir avec le racisme antijuif.

Un pamphlet avec le dessin par Pablo Picasso de Julius et Ethel Rosenberg, tiré des vastes dossiers du FBI sur les Rosenberg

Un pamphlet avec le dessin par Pablo Picasso de Julius et Ethel Rosenberg, tiré des vastes dossiers du FBI sur les Rosenberg

 

Les conséquences tragiques de l’allégeance de l’ADL à l’État apparurent clairement dans le cas de Julius et Ethel Rosenberg, un couple juif (de citoyens américains) accusé d’espionnage par le gouvernement américain. L’ADL envoya des lettres à des organisations juives en leur demandant de ne pas soutenir « la moindre réunion ou tentative de développer quelque sympathie en faveur des Rosenberg » au sein de leurs communautés. En 1952, au moment de la campagne virulente contre les Rosenberg, l’ADL déclarait :

« Les communistes, dans leur attaque propagandiste à l’échelle mondiale pour défendre les espions atomiques accusés, fournissent un exemple vivace de la technique consistant à accuser faussement l’antisémitisme de dissimuler la conspiration. »

C’est avec cette bénédiction de l’ADL que le gouvernement américain exécuta Julius et Ethel Rosenberg par électrocution le 19 juin 1953. (Le décès d’Ethel Rosenberg ne fut confirmé qu’après une cinquième décharge électrique. NdT)

Au contraire de l’ADL, certains juifs de l’époque, parmi lesquels des rabbins et des poètes, ont défendu les Rosenberg et tenté d’empêcher leur assassinat par le gouvernement américain. D’éminents activistes, artistes et dirigeants religieux noirs rejoignirent eux aussi la défense des Rosenberg. Parmi eux, Paul Robeson et W. E. B. Du Bois (qui écrivit un poème sur le couple). En janvier 1953, quelques mois avant leur exécution, Du Bois qualifia la persécution des Rosenberg de « zénith de l’injustice délibérée » :

« (…) dans le cas de Julius et Ethel Rosenberg, nous touchons au zénith de l’injustice délibérée. Nous sommes prêts à tuer un père et une mère et à transformer en orphelins leurs enfants encore petits parce que nous estimons évident qu’ils croient en des remèdes sociaux pour des maladies évidentes auxquelles bien d‘autres ne croient pas. Voilà la principale accusation. (…) nous nous servons de parjures pour dire que les Rosenberg ont transmis à l’Union soviétique des informations qui n’ont jamais été en leur possession. Nous leur promettons le pardon s’ils trahissent des personnes qu’ils n’ont jamais connues et s’ils livrent des informations qu’ils n’ont jamais eues.

« Ce crime affreux, nous menaçons de le commettre afin de protéger une nation qui pense qu’elle a besoin de ce sacrifice de sang pour sauver son âme. Ce genre d’âme ne vaut pas qu’on la sauve. »

L’ADL a donné une couverture à ce zénith de l’injustice, qui ne l’a pas empêchée de coopter également Du Bois ces dernières années et d’édulcorer son message radical. Depuis, l’organisation continue de criminaliser ceux qui luttent contre l’injustice, particulièrement s’ils osent également défier le sionisme.

L’ADL est une organisation de contre-insurrection et de surveillance de portée internationale

L’ADL est une organisation richement financée : Selon des rapports fiscaux, en 2020, l’ADL a fait état de plus de 221 millions de USD en avoirs et de plus de 91 millions en revenus totaux, avec en gros 85 millions de USD en provenance de dons (généralement, l’ADL ne révèle pas l’identité de ses donateurs). L’ADL utilise ses ressources considérables pour surveiller et entraver des organisations et des individus qui contestent suprématie blanche, le sionisme ou l’impérialisme américain, ainsi la que les organisations libérales qui constituent toujours (sans toutefois l’être) une menace pour l’agenda de l’ADL. Nous nous contenterons de livrer quelques exemples illustratifs ci-dessous.

Calomnier les organisations noires qui contestent la suprématie blanche

Durant les années 1960, l’ADL et d’autres organisations sionistes ont attaqué les organisations noires aux États-Unis qui combattaient la suprématie blanche et qui associaient correctement le sionisme au racisme.

En 1967, le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC – Comité de coordination estudiantine non violente) publia dans son bulletin un article qui décrivait correctement le sionisme comme un mouvement colonialiste s’appuyant sur la suprématie blanche. L’article expliquait que le projet sioniste « recevait un maximum d’aide, de soutien et d’encouragement de la Grande-Bretagne, des États-Unis et d’autres gouvernements colonialistes blancs occidentaux ». L’article faisait également remarquer que ce soutien donnait aux colonisateurs la possibilité de s’emparer de terres et d’habitations de Palestiniens non juifs en recourant « à la terreur, à la force et à des massacres », en effaçant complètement des villages palestiniens de la carte dans le but de créer « Israël ». L’article donnait des statistiques qui montraient que les Juifs palestiniens autochtones constituaient une petite minorité en Palestine à l’époque de la Déclaration Balfour de 1917. L’afflux de juifs en Palestine qui avait suivi, comme l’affirme l’article, faisait partie d’un effort de colonisation qui cherchait à se débarrasser des Palestiniens non juifs et à prendre leurs terres (transformant donc ainsi de nombreux Palestiniens en réfugiés).

Extraits de « Le problème palestinien : Testez vos connaissances », paru dans le bulletin du SNCC de juillet 1967.

Extraits de « Le problème palestinien : Testez vos connaissances », paru dans le bulletin du SNCC de juillet 1967.

L’article du SNCC prétendait que cette colonisation sioniste de la Palestine trouvait sa place dans le cadre d’un agenda impérialiste plus large et faisait remarquer que le Plan de partition des Nations unies en 1947 n’avait d’abord été approuvé « que par des États blancs européens, américains et australien » – et que « Israël était planté au carrefour de l’Asie et de l’Afrique sans la libre approbation du moindre pays moyen-oriental, asiatique ou africain ! »

Finalement, l’article faisait remarquer que le sionisme était une forme de suprématie blanche qui faisait du tort aux juifs mêmes :

 « Les juifs à la peau sombre du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont des citoyens de deuxième classe, en Israël » parce que « la ligne des couleurs les situe en position inférieure par rapport aux Juifs européens blancs ».

L’article reconnaissait également que les juifs

« qui ne sont pas sionistes et qui ne peuvent supporter les horreurs commises par les sionistes au nom du judaïsme se sont exprimés »,

mais que leurs voix ont été systématiquement étouffées.

Bref, l’article du SNCC, disait trop la vérité, sur le sionisme – si bien que l’ADL devait intervenir.

En août 1967, dans un bulletin de la Jewish Telegraphic Agency (Agence télégraphique juive), l’ADL traitait le SNCC d’organisation « extrémiste nègre », l’accusant d’« antisémitisme » et la comparant au KKK. Dore Schary, à l’époque président national de l’ADL, disait dans ce bulletin de 1967 que l’ADL considérait le soutien du SNCC à la lutte palestinienne était « une tragédie dans les relations raciales », ajoutant que :

« ‘Snick’ [SNCC] n’est plus une organisation des droits civiques responsable. Elle se lie aux machines de propagande sino-soviétiques et maintenant arabes aux États-Unis (…) Je ne pense pas que la majorité des nègres le suivent (…) ‘Snick’ représente une infime minorité du peuple nègre. Les Américains ont généralement rejeté ce genre d’extrémisme, qu’il vienne d’une organisation comme ‘Snick’ ou comme le Ku Klux Klan. C’est une ironie que ‘Snick’ doive se lier à la cause arabe alors qu’un pays arabe, l’Arabie saoudite, maintient encore l’esclavage. »

Le bulletin d’août 1967 de la JTA, dans lequel des organisations, dont l’ADL, calomnient le SNCC pour avoir publié un article critiquant Israël et le sionisme. L’article était rédigé par Ethel Minor et ne représentait pas la position officielle du SNCC en tant qu’organisation.

Le bulletin d’août 1967 de la JTA, dans lequel des organisations, dont l’ADL, calomnient le SNCC pour avoir publié un article critiquant Israël et le sionisme. L’article était rédigé par Ethel Minor et ne représentait pas la position officielle du SNCC en tant qu’organisation.

 

L’ADL a continué de calomnier les mouvements sociaux noirs opposés à la suprématie blanche et à leur dire avec condescendance ce qui compte en tant que résistance « responsable ». En 2016, l’ADL a attaqué le Movement for Black Lives (Mouvement pour les existences noires) pour leur déclaration de solidarité avec le peuple palestinien, le traitant d’« antisémite ». Comme l’écrivait Emmaia Gelman, les organisations de masse s’opposent à l’ADL précisément parce que l’organisation sape le travail de l’« antiracisme internationaliste, intersectionnel ». Pour cette raison, en 2018, les parents, les enseignants et le personnel ont demandé au département de l’Éducation de New York de ne pas avoir de partenariat avec l’ADL et ils ont demandé que cesse l’habituelle manœuvre de l’ADL consistant d’abord à réprimer les mouvements de justice sociale et, ensuite, à les coopter :

« En tant qu’ONG dirigée par des blancs, le manque de respect de l’ADL pour les directions émergentes dans les communautés de couleur est révoltant. En 2016, l’ADL a dénoncé la plate-forme politique Movement for Black Lives émergeant de Black Lives Matter, parce qu’elle associait les expériences noires et palestiniennes de la violence et qu’elle s’opposait au génocide. L’ADL réprimandait M4BL, lui disant de « garder les yeux sur le prix » en « s’attelant » seulement à un travail dont l’ADL considérait qu’il proposait des plans de leçons sur Black Lives Matter. »

De façon similaire, en 2020, toute une série d’organisations de justice sociale, dont le Palestinian Youth Movement (Mouvement de la jeunesse palestinienne) et Critical Resistance, ont demandé à des organisations de masse et à diverses institutions de laisser tomber l’ADL en raison de son

« habitude d’attaquer les mouvements de justice sociale dirigés par des communautés de couleur, des homosexuels, des immigrants, des musulmans, des Arabes et autres groupes marginalisés, tout en s’alignant avec la police, des dirigeants de droite et des perpétrateurs de la violence d’État ».

Surveiller et criminaliser les activistes palestiniens et arabes – et tous ceux qui pourraient témoigner de la solidarité avec la lutte palestinienne

Les efforts contre-insurrectionnels de l’ADL ont beaucoup visé les organisations palestiniennes, et nombre d’arabes, qui soutiennent la lutte de libération palestinienne. L’ADL a surveillé, calomnié et même infiltré certaines de ces organisations dans des tentatives en vue de les définir comme « antisémites ».

Une lettre du 7 juillet 1961, rédigée par le directeur national de l’ADL, à l’époque Benjamin Epstein, explique le but de ces opérations d’espionnage :

« Depuis de nombreuses années, la Ligue anti-diffamation a assuré une très importante couverture d’enquête confidentielle sur les activités et la propagande arabes (…) Depuis 1948, nous avons poursuivi une opération de collecte d’informations concernant des activités émanant des Bureaux consulaires arabes, des délégations des Nations arabes unies, du Centre d’information arabe, du Bureau arabe des réfugiés et de l’Organisation des Étudiants arabes (…) »

« Outre le fait que nos informations sont essentielles pour nos opérations, elles ont également été des plus précieuses et utiles tant au département d’État américain qu’au gouvernement israélien. Toutes les données ont été rendues disponibles pour les deux pays, qui savent pleinement que nous en étions la source (…) Dans bien des cas, nos informations ont dévoilé des plans arabes bien avant qu’ils aient commencé à être appliqués. » [les caractères gras sont de l’auteur]

L’ADL a utilisé ses connexions sur les campus universitaires afin de se lancer dans ce genre de surveillance. En 1983, l’ADL a créé une brochure reprenant des noms d’individus et d’organisations que l’ADL considère comme « des propagandistes pro-arabes » et, selon The New York Times,

« la liste, cachetée ‘confidentielle’, a été adressée par courriel a plusieurs douzaines de dirigeants juifs de campus en novembre 1983 par le bureau de la Nouvelle-Angleterre de l’ADL ».

La brochure était accompagnée d’une lettre explicative en provenance du directeur exécutif de l’ADL de la Nouvelle-Angleterre, Leonard Zakim, qui déclarait :

« S’il vous fallait plus d’informations sur ces groupes individuellement ou sur d’autres, nous vous prions de nous appeler. De même, si vous avez éventuellement connaissance d’individus ou d’organisations non repris dans la brochure, nous vous invitons à nous transmettre les informations, de façon que nous puissions disposer d’une liste plus complète et utile. »

Mais cette brochure n’était qu’une petite partie de l’opération d’espionnage effectuée par l’ADL depuis la moitié jusqu’à la fin du vingtième siècle.

La vaste dimension de cette opération est devenue plus claire dans les années 1990, quand l’ADL a été obligée de régler des poursuites judiciaires suite à des révélations disant qu’elle avait travaillé avec la police en Californie afin d’espionner des organisations et des individus.

Les fichiers qui ont émergé du procès montrent que l’ADL avait surveillé plus de 10 000 individus et de 900 organisations engagés dans toute une série de causes – depuis la libération palestinienne et autochtone jusqu’à diverses tâches de justice contre le racisme et concernant les migrants, l’organisation du travail et la libération homosexuelle. Ce large réseau était censé attraper toute organisation pouvant témoigner de la solidarité avec la lutte palestinienne ou menacer d’une autre façon les intérêts américains et israéliens. Les fichiers confirment aussi que l’ADL a été de connivence avec des gouvernements, en transmettant des informations sur des activistes noirs anti-apartheid au gouvernement d’apartheid sud-africain ainsi que des informations sur les activistes palestiniens au gouvernement israélien.

Au nombre des organisations espionnées par l’ADL figurent :

  • L’Union générale des étudiants palestiniens (GUPS)
  • L’Institut des études palestiniennes
  • Le Congrès palestinien de l’Amérique du Nord
  • La Campagne pour les droits humains en Palestine
  • Le Conseil national de Palestine
  • Le Comité de solidarité avec la Palestine
  • Quête de la justice et de l’égalité en Palestine
  • L’Organisation des étudiants arabes aux États-Unis et au Canada
  • L’Association des diplômés arabo-américains des universités
  • La Ligue des étudiants arabes
  • Les Alternatives juives américaines au sionisme
  • L’Alliance juive contre le sionisme
  • L’Union des étudiants iraniens

ainsi que :

  • Le Mouvement indien américain (AIM)
  • Le Conseil national du traité indien
  • L’Asian Law Caucus (Comité juridique asiatique)
  • La Ligue des citoyens nippo-américains
  • ACT UP
  • Le Centro Legal de la Raza (Centre juridique de la Raza)
  • L’Irish Northern Aid (Aide à l’Irlande du Nord)

Le San Francisco Labor Council (Conseil du travail de SF) et 20 syndicats locaux ont également été surveillés. L’ADL a aussi filé des individus, depuis des étudiants diplômés à des écrivains de premier plan, comme Edward Saïd, Walid Khalidi, Eqbal Ahmad et Noam Chomsky.

L’ADL s’est servie de deux informateurs importants pour ses opérations d’espionnage en Californie : Tom Gerard, un policier de San Francisco, et Roy Bullock, un ancien haltérophile quoi se présentait lui-même aux activistes qu’il espionnait comme un « professionnel du marché de l’art ».

Certaines des personnes espionnées par ces informateurs ont fini par trouver la mort.

L’un des individus espionnés par l’ADL en Californie était Alex Odeh, un Palestinien qui œuvrait comme directeur régional pour la côte ouest du Comité américano-arabe contre la discrimination (ADC). Odeh fut tué en 1985 quand son bureau de Los Angeles fut détruit par une bombe placée par des activistes pro-israéliens, après quoi les enquêteurs découvrirent une clé et le plan de l’étage du bureau d’Odeh dans les fichiers que l’espion engagé par l’ADL, Ray Bullock, avait compilés sur Odeh.

Bullock avait infiltré l’ADC et aidé l’ADL à définir l’organisation comme « antisémite ». Jeffrey Blankfort, un activiste qui, lui-même, était également espionné par l’ADL, rapporta que Bullock était devenu membre d’une section locale de l’ADC et qu’en tant qu’ancien haltérophile, il avait été chargé de s’occuper de la sécurité de l’ADC. Comme l’écrivait Blankfort, Bullock obtenait des tracts de l’ADC qu’il distribuait ensuite « lors de la convention du Journal of Historical Review, qui niait l’Holocauste, afin de présenter l’ADC comme « travaillant avec les antisémites ».

 

Chris Hani s’adressant à la foule en 1991. Un informateur embauché par l’ADL a espionné Hani alors que celui-ci se trouvait en Californie et a transmis le renseignement au gouvernement d’apartheid sud-africain. Plus tard, Hani allait être assassiné en Afrique du Sud.

Un autre individu espionné par l’ADL fut l’éminent activiste sud-africain noir Chris Hani, qui fut assassiné en Afrique du Sud le 10 avril 1993, peu après une tournée de conférences en Californie. Au moment de sa tournée, Hani fut suivi par l’un des policiers engagés par l’ADL. L’homme rédigea un très long rapport sur Hani pour le compte du gouvernement d’apartheid sud-africain. Bien sûr, Israël soutenait et armait depuis longtemps ce gouvernement sud-africain et, avec l’aide de l’ADL, il espérait éliminer la solidarité entre les luttes de libération palestinienne et sud-africaine. L’ADL et Israël comprenaient très bien qu’une telle solidarité pouvait accroître le recours à des tactiques communes, tels les boycotts et désinvestissements, contre les deux régimes. (Publiquement, l’ADL prétendait être critique à l’égard de l’apartheid sud-africain tout en minimisant l’alliance d’Israël avec le régime et, plus tard, elle exerça des pressions des hommes politiques sud-africains de l’après-apartheid pour qu’ils soutiennent Israël.)

De nos jours, l’ADL continue de surveiller et d’encourager l’infiltration des organisations qui défient la suprématie blanche. Suite aux agressions suprémacistes blanches à Charlottesville, en Virginie, en 2017, l’ADL a créé un « préambule à l’application de la loi » dans lequel il encourage la police américaine à filmer et introduire des agents en civil dans les organisations antiracistes et antifascistes afin de réunir des informations utiles en vue d’éventuelles poursuites.

L’ADL promeut un agenda raciste pro-israélien en travaillant avec les forces de police, les écoles et les entreprises

Outre le fait de s’en prendre à des organisations qui contestent la suprématie blanche et le sionisme, l’ADL promeut également un agenda pro-israélien en collaborant étroitement avec la police américaine, ainsi qu’avec les écoles et les entreprises.

L’un des principaux canaux de l’ADL vers la police passe par les formations. L’ADL a dirigé ses premières formations policières en février 1951, sous le titre « Le policier et son rôle sur le plan des relations humaines », devant un public d’une cinquantaine de policiers. L’ADL a perçu dans la police la clé pour s’assurer que le mouvement des droits civiques ne devienne pas trop radical. Dans son rapport de 1964, l’ADL décrivait « une tendance croissante vers l’extrémisme tant dans la communauté blanche que noire », ajoutant que

« les forces de police et autres institutions d’application de la loi ont un rôle de plus en plus crucial, de nos jours, dans le maintien de relations paisibles et harmonieuses au sein de la communauté ».

Le rapport déclare qu’à l’époque, l’ADL a fourni des formations à « plus de 130 importants exécutifs de la police, en provenance de 31 États ».

Depuis, l’ADL a étendu substantiellement ses formations destinées à la police, tout en plaçant les agents au centre de son matériel « éducatif » et en minimisant le racisme structurel de la société américaine. Dans les années 1980, le programme de l’ADL, « Un monde de différence », prétendument censé « combattre les préjugés » dans les écoles, a très souvent été proposé à la police (à laquelle, de façon absurde, l’ADL faisait allusion en tant qu’« organisation communautaire »).

Captures d’écran de la vidéo de l’ADL sur le programme « Un monde de différence », montrant comment l’ADL entretenait de très bonnes relations avec la police, laquelle est décrite dans la vidéo comme l’une des « organisations communautaires ».

Comme l’écrit Emmaia Gelman, diverses organisations antiracistes et homosexuelles se sont opposées au « Monde de différence » de l’ADL, parce qu’il

« présentait une vision étroite des préjugés qui élevaient l’Holocauste nazi et minimisait les expériences allant de l’esclavage à l’internement » et « enseignait l’islamophobie plutôt que de la contester ».

Ces organisations fustigeaient également l’omission par l’ADL dans ses programmes de la violence contre les homosexuels,

« à un moment où c’était un projet clé des suprémacistes blancs et qu’il était prédominant parmi les « délits par préjugés » exacerbés par la crise du sida ».

Du fait qu’elle s’était investie dans le suprémacisme blanc, l’ADL s’opposait également aux mesures antiracistes les plus modestes que ces organisations avaient soutenues, telle l’action affirmative dans les admissions aux universités et écoles supérieures.

Mais la résistance d’activistes au racisme de l’ADL importait vraiment peu à l’organisation : elle était bien déterminée à travailler avec les policiers.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont fourni à l’ADL une occasion d’étendre ses relations avec la police américaine. Dans un climat de racisme anti-arabe et antimusulman exacerbé, l’ADL a augmenté ses formations destinées à la police et a mis sur pied des séjours tous frais payés en Israël pour assister au « Séminaire national du contreterrorisme » destiné à la police américaine et aux institutions qui sont en relation avec elle. En 2016, dans un rapport annuel, l’ADL a pu se vanter que

« 100 % des départements importants de la police métropolitaine des EU ont des participants au Séminaire national du contreterrorisme de l’ADL en Israël et à l’École de formation avancée, de l’ADL également, concernant les menaces extrémistes et terroristes ».

À travers ces collaborations, l’ADL encourage la police domestique à s’identifier à Israël, à considérer les Palestiniens comme des « terroristes » et à percevoir les personnes qui s’expriment ou agissent en solidarité avec les Palestiniens comme des « sympathisants des terroristes ».

 

Oren Segal, de l’ADL, « reconnu par le FBI en 2006 pour ses services exceptionnels », dirige pour la police une formation raciste sur le prétendu « extrémisme islamique domestique ».

Oren Segal, de l’ADL, « reconnu par le FBI en 2006 pour ses services exceptionnels », dirige pour la police une formation raciste sur le prétendu « extrémisme islamique domestique ».

Comme l’a montré le Mapping Project, Israël constitue souvent un « point de référence » concernant les tâches de police et de contre-insurrection aux EU. Ce n’est pas que les EU aient besoin d’Israël pour leur enseigner la brutalité coloniale et la contre-insurrection, mais il s’agit plutôt pour les deux régimes d’échanger continuellement des remarques et des tactiques. La colonisation de la Palestine produit des méthodes qui peuvent être appliquées non seulement à Jénine, mais aussi à Los Angeles et à Bagdad ; révélateur également est le fait que la fausse ville palestinienne construite par l’armée israélienne pour s’entraîner à la guerre urbaine a été appelée « Chicago ».

Dans notre zone locale, l’ADL de la Nouvelle-Angleterre coordonne des voyages cadeaux en Israël afin de favoriser ces échanges. Durant ces voyages, les responsables de la police du Massachusetts s’instruisent sur le « contreterrorisme » auprès d’agents de l’État israéliens (pour plus d’informations sur l’ADL de la Nouvelle-Angleterre, voir l’appendice ci-dessous). L’ADL de la Nouvelle-Angleterre s’est servie des attentats à la bombe du Marathon de Boston, en 2013, et du débordement du racisme antimusulman comme d’un prétexte pour développer plus encore de tels programmes, très à la façon dont l’ADL avait utilisé les attentats du 11 septembre 2001.
L’ADL de la Nouvelle-Angleterre sponsorisa des voyages en Israël pour de nombreux effectifs de la police municipale ainsi que pour le bureau régional de Boston de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE – Contrôle de l’immigration et des douanes), le département de sécurité nationale de la Nouvelle-Angleterre, l’US Marshalls Service (Service des US-marshalls), des Services secrets américains, de divers bureaux de shérifs des comtés et des forces policières des universités.
Le directeur de l’ADL de la Nouvelle-Angleterre, Robert Trestan, a expliqué que ces voyages étaient censés aligner les tactiques policières locales sur celles d’Israël :

« Il est d’une extrême importance que les départements de police du Massachusetts soient en mesure aussi bien de prévenir que de traiter les délits tout en nous protégeant de la menace du terrorisme. La police nationale israélienne est sur la ligne de front depuis des dizaines d’années pour combattre le terrorisme et elle est capable de partager son expérience de première main en assurant la sécurité publique malgré de multiples menaces. »

Même quand les formations ont lieu aux États-Unis, Israël est présent. En 2019, par exemple, l’ADL de la Nouvelle-Angleterre a coordonné un « Séminaire d’application de la loi » à Foxboro (Massachusetts) qui proposait des présentations d’un « expert israélien du contreterrorisme » sur « les dix commandements du contreterrorisme » et sur les « stratégies utilisables afin de sécuriser des événements et des espaces ouverts dans les communautés ». L’ADL de la Nouvelle-Angleterre produisait aussi de multiples dossiers sur l’« extrémisme » qu’elle partageait avec les départements de police de la Nouvelle-Angleterre. De plus, l’ADL est répertoriée comme « partenaire officielle » des programmes de Boston et du Massachusetts « contre l’extrémisme violent » (CVE), des programmes qui, comme l’a noté la Muslim Justice League (Ligue musulmane pour la Justice) opèrent dans le but de « faussement légitimer la discrimination contre les musulmans et les dissidents ».

L’ADL aime les policiers et les policiers le lui rendent bien. Photos du directeur du FBI, James Comey, qui a professé son « amour » pour l’ADL, en prenant la parole au cours d’une conférence de l’organisation en 2017, et de l’ADL distribuant des récompenses à des policiers en Californie et à Washington, DC.

L’ADL aime les policiers et les policiers le lui rendent bien. Photos du directeur du FBI, James Comey, qui a professé son « amour » pour l’ADL, en prenant la parole au cours d’une conférence de l’organisation en 2017, et de l’ADL distribuant des récompenses à des policiers en Californie et à Washington, DC.

 

En même temps que d’autres organisations sionistes comme l’AJC (American Jewish Committee – Comité juif américain) et le JCRC (Jewish Community Relations Council – Conseil des relations de la communauté juive), l’ADL de la Nouvelle-Angleterre a également mobilisé une opposition aux efforts BDS locaux, y compris, en 2018 et 2021, des tentatives en vue de faire passer des résolutions ressemblant à BDS au conseil municipal de Cambridge, Massachusetts. C’est une continuation de l’ancien agenda : l’ADL avait déjà déclaré en 1976 que « le boycott arabe [d’Israël] est immoral parce qu’il est déloyal, discriminatoire et destructeur d’un marché américain ouvert » et « il doit y avoir des lois contre cela ». Durant la dernière décennie, l’ADL a joué un rôle prépondérant dans les tentatives (jusqu’à présent avortées) en vue de faire adopter de telles lois au Massachusetts, lois qui, si elles étaient adoptées, imposeraient des sanctions civiles et/ou criminelles aux résidents du Massachusetts qui boycotteraient Israël.

L’ADL fait également avancer son agenda antipalestinien via toute une série de partenariats avec des entreprises. Elle travaille en tant que partenaire chargée du « contrôle du contenu » avec des sociétés telles que Google et Microsoft afin d’éloigner tout contenu « antisémite » – ce qui signifie souvent « propalestinien » – des plates-formes de ces sociétés et elle met ces mêmes sociétés sous pression pour qu’elles réduisent au silence les voix palestiniennes.

Le CEO de l’ADL et ancien membre de l’administration Obama, Jonathan Greenblatt, lors d’une cérémonie l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, en 2018. Greenblatt a déclaré que « l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem est une étape historique en préparation depuis 2000 ans » et que « Jérusalem est la capitale éternelle d’Israël ».

Le CEO de l’ADL et ancien membre de l’administration Obama, Jonathan Greenblatt, lors d’une cérémonie l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, en 2018. Greenblatt a déclaré que « l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem est une étape historique en préparation depuis 2000 ans » et que « Jérusalem est la capitale éternelle d’Israël ».

 

L’ADL suit elle aussi un agenda pro-israélien via des partenariats avec des écoles. L’ADL de la Nouvelle-Angleterre et des organisations sionistes alliées ont travaillé avec le district des écoles publiques à Newton, Massachusetts, afin de contrôler les enseignants des cours et des formations et ils ont exercé des pressions sur le district pour modifier le contenu qui était jugé insuffisamment pro-israélien. En 2019, l’ADL s’est rendu compte du succès de ces interventions et a expliqué comment elle avait été à même de modifier « la compréhension et la célébration de la Journée du Moyen-Orient » des écoles du district :

« Grâce à notre soutien, combiné aux efforts de l’Israel American Council pour organiser les parents et en travaillant directement avec les enseignants, l’école [publique de Newton] a modifié son programme et Israël a été présenté à l’avant-plan, sous un jour positif, tout au long de la journée [de compréhension du Moyen-Orient]. »

L’ADL soutient les projets impérialistes de EU dans le monde entier

Les activités de l’ADL sont profondément calquées sur les intérêts du gouvernement américain à l’étranger. Comme on le sait très bien, Israël a longtemps soutenu l’agenda impérialiste des États-Unis en formant, armant et espionnant pour le compte des régimes soutenus par les EU un peu partout dans le monde. L’ADL joue un rôle de soutien, dans cette alliance : elle calomnie les gouvernements qui menacent les intérêts américains et israéliens en les traitant d’« antisémites », tout en minimisant ou en ignorant les crimes de ces mêmes régimes soutenus par les EU.

Le travail de l’ADL en Amérique latine, qui a débuté bien avant 1948, fournit des exemples particulièrement éclairants. Comme le fait remarquer le rapport de l’ADL pour 1941, l’organisation a utilisé ses connexions avec les communautés juives en Amérique latine pour promouvoir un agenda favorable aux États-Unis. L’ADL a collecté des informations sur « les mouvements de bonne volonté, les tendances démocratiques et les activités de cinquième colonne » de la région et a cherché à renforcer « les liens panaméricains » tout en gardant trace des « activités subversives dans d’autres nations ».

Comme le montre le travail ultérieur de l’ADL dans la région, « les activités subversives » est le mot code pour les développements qui menacent l’agenda américano-israélien.

Prenons le Chili, par exemple, où Salvador Allende, un socialiste, servait comme président élu jusqu’au moment de son assassinat en 1973, lors d’un coup d’État soutenu par les États-Unis. Bien qu’Allende ait exprimé son soutien à Israël, les plans de son gouvernement en vue de nationaliser les industries menaçaient les intérêts capitalistes américains. Les sionistes étaient également embarrassés du fait que le gouvernement de gauche d’Allende était en mesure de témoigner de la solidarité avec la lutte palestinienne.

Le directeur du « département des affaires latino-américaines » de l’ADL, Morton Rosenthal, se mit alors à calomnier Allende, employant des expressions racistes mettant sur un même pied les juifs et le capitalisme. Dans un article de 1971 intitulé « Les juifs dans le Chili marxiste – en route vers la sortie ? », Rosenthal concluait :

« Les prévisions à long terme pour les communautés juives de l’Amérique latine ne sont guère optimistes. En tant que capitalistes, ils seront lésés par l’expansion socialiste. En tant que juifs, ils seront les cibles des disciples de Moscou et des éléments nationalistes antisémites qui les considèrent comme des étrangers. En tant qu’éléments de l’‘establishment’, ils seront les cibles des masses paupérisées et exploitées qui aujourd’hui tâtonnent en direction de changements révolutionnaires dans l’ordre social et de la fin de leurs conditions marginales, souvent sous-humaines. »

Le gouvernement d’Allende fut remplacé par la dictature militaire d’Augusto Pinochet, qui était soutenu à la fois par les EU et Israël et le Chili devint un laboratoire de tests pour les mesures néolibérales concoctées par les économistes de droite américains et leurs protégés – des mesures appliquées sous le régime de Pinochet d’exécutions de masse, de torture et de disparitions de socialistes et autres dissidents.

L’histoire est similaire au Nicaragua. La famille Somoza a pris le pouvoir au Nicaragua avec l’aide américaine dans les années 1930 et elle a été très favorable aux entreprises américaines cherchant à exploiter les travailleurs et les ressources naturelles du Nicaragua. Tant les EU qu’Israël soutinrent la dictature somoziste contre les sandinistes socialistes. (Les Somoza avaient des liens avec les organisations sionistes bien avant 1948 et ils vendaient des armes à la milice sioniste Haganah.)
En 1979, les sandinistes défièrent les intérêts américains en renversant le gouvernement Somoza. Les EU et Israël entraînèrent et armèrent les contras nicaraguayens qui combattaient contre les sandinistes et étaient tristement en raison de leurs massacres et de leurs viols. Israël, qui était le principal fournisseur d’armes des milices soutenues par les EU en Amérique centrale dans les années 1970, envoya aux contras des armes saisies à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le gouvernement sandiniste, qui entretenait des relations avec l’OLP, coupa tous ses liens diplomatiques avec Israël après qu’Israël eut bombardé le Liban en 1982.

De façon prévisible, l’ADL se mit à calomnier les sandinistes en les faisant passer pour « antisémites ». L’« expert » de l’ADL sur l’Amérique latine, Morton Rosenthal, accusa en 1983 le gouvernement sandiniste d’« exiler la totalité de la communauté juive » du Nicaragua, prétendant que c’était une conséquence de la solidarité des sandinistes avec l’OLP. Ces accusations furent réfutées, y compris par une délégation de juifs venus des EU et qui visitaient le Nicaragua. Ils rapportèrent qu’

« ils n’avaient rien trouvé qui étayât les charges d’antisémitisme de la part du gouvernement sandiniste en place ».

En fait, l’ADL avait faussement présenté les expériences d’une poignée de familles juives de droite ayant de solides liens d’affaires avec la famille Somoza et en les disant représentatives de « la communauté juive tout entière » du Nicaragua.
Plus tard, Rosenthal fit marche arrière. Mais, comme le fait remarquer le Washington Post à l’époque, après la campagne de l’ADL,

« l’administration Reagan avait ajouté l’antisémitisme à ses accusations contre les Nicaraguayens »

et les hommes politiques américains s’étaient mis à condamner

« l’antisémitisme du Nicaragua sponsorisé par son propre gouvernement ».

Comme le rapporta le Los Angeles Times, la campagne prétendant que le gouvernement sandiniste était « antisémite » fut relancée en 1985,

« moins d’un mois avant qu’on ne s’attende que le Congrès [américain] ne vote un paquet d’aide de 14 millions de dollars destiné à financer les rebelles antisandinistes au Nicaragua ».

Les familles juives nicaraguayennes qui soutenaient Somoza et sur lesquelles l’ADL faisait reposer ses accusations d’« antisémitisme », vivaient à l’époque depuis quelque temps aux EU et participèrent à la campagne. Elles apparurent dans des conférences de presse en même temps que des chefs des contras. Même le Los Angeles Times reconnut que cette campagne pouvait être liée aux intérêts de l’administration dans le renversement du gouvernement sandiniste, et le fait que le gouvernement sandiniste soutenait l’OLP et qu’il avait émis des votes contre Israël aux Nations unies.

La même année, l’ADL publiait de la propagande afin de couvrir le soutien, extensif d’Israël aux milices aidées par les EU dans le monde entier, prétendant qu’Israël travaillait avec les « pays du tiers-monde afin de les aider à améliorer leur économie via des projets d’auto-assistance », aidant ainsi l’agriculture, les soins de santé et l’organisation du travail (par opposition au profit tiré de la vente d’armes, à l’accroissement du soutien international au sionisme, et au service d’enchères en faveur des intérêts américains).

Ces dernières années, l’ADL a continué de tenir l’Amérique latine à l’œil en adoptant comme par magie des positions reflétant exactement celles du gouvernement américain. Comme dans les deux exemples qui suivent :

Venezuela : Les États-Unis ont tenté d’y renverser le gouvernement de Maduro, qui a résisté à l’empiètement américain alors que le pays souffrait des sanctions américaines. Sans surprise, l’ADL a qualifié le gouvernement de Maduro d’« antisémite », interprétant de façon systématique toute référence à « sioniste » comme synonyme de « juif », tout en prétendant que le Venezuela est sous

« l’influence de l’Iran ainsi que de ses amis du Hezbollah ».

En 2019, Juan Guaidó, l’homme politique que les EU espéraient installer à la place de Maduro, s’est impudemment déclaré président du Venezuela dans l’espoir de catalyser un coup d’État. Les États-Unis et leurs alliés ont rapidement reconnu Guaidó, bien qu’il n’eût jamais été élu. Comme on s’y attendait, l’ADL a fait allusion à Guaidó comme « le président déclaré par intérim Juan Guaidó, dont la proposition de reprendre le gouvernement est appuyée par plus de 50 pays ».

Brésil : Au Brésil, le gouvernement Bolsonaro est connu pour être suprémaciste blanc. Le gouvernement a systématiquement attaqué les communautés autochtones du Brésil, pavant ainsi la voie aux entreprises américaines pour qu’elles exploitent les ressources brésiliennes. Bolsonaro s’est associé avec des nazis contemporains, dans le même temps que certains responsables de son gouvernement diffusaient de la propagande nazie. Il a également été soutenu par l’ancien dirigeant du Ku Klux Klan, David Duke, qui a déclaré « Bolsonaro est comme nous » et l’a loué pour avoir

« parlé du désastre démographique qui existe au Brésil et de l’énorme crime qui existe là, dans les quartiers noirs de Rio de Janeiro ».

Mais Bolsonaro est un proche allié des EU et d’Israël, ce qui explique pourquoi l’ADL n’a pas lancé d’importante campagne contre son gouvernement, mais s’est contentée de condamner son comportement outrageusement raciste quand il a obtenu l’attention des médias et a été condamné par d’autres organisations sionistes, au moment où éviter les commentaires était devenu impossible.

L’ADL entend également nier les atrocités historiques quand cela sert les intérêts des EU et d’Israël. L’ADL a longtemps nié que les Arméniens avaient subi un génocide sous l’Empire ottoman au début du vingtième siècle. Ceci reflétait la position des EU et d’Israël, des alliés de longue date de la Turquie, un membre de l’OTAN, qui nie le génocide. Israël arme également la Turquie, entre autres via des entreprises israéliennes comme Elbit. L’ADL a été fortement critiquée par les communautés arméniennes aux EU pour sa négation du génocide et, plus tard, par des hommes politiques américains, quand la position du gouvernement américain s’est modifiée. Finalement, l’ADL a été forcée de présenter ses excuses et de reconnaître le génocide arménien. Il est remarquable que cette reconnaissance tardive ne soit venue qu’après que les relations américaines et israéliennes avec la Turquie ont commencé à être plus tendues à propos d’une série de confrontations déclenchées par la guerre en Irak, et après que le gouvernement turc eut donné ouvertement son soutien à la rupture du siège israélien de Gaza.

Tous ces cas illustrent la façon donc les positions de l’ADL n’ont rien à voir avec des faits de l’histoire mais qu’elles sont étroitement liées aux intérêts impérialistes israéliens et américains.

L’ADL édulcore les nazis quand le faire s’aligne sur les intérêts impérialistes américains

L’allégeance de l’ADL à l’empire américain peut l’amener à édulcorer les menaces de violence raciste, même de la part des nazis. L’actuelle situation en Ukraine démontre ce fait.

Avant l’actuelle guerre en Ukraine, en 2019, l’ADL avait rapporté que le bataillon Azov, un groupe grouillant de nazis qui fait aujourd’hui partie de la garde nationale ukrainienne, « avait des liens avec les néonazis et les suprémacistes blancs ». Mais, quand a éclaté la guerre dans laquelle le gouvernement et les usines d’armement des EU étaient profondément impliqués, l’ADL a commencé à minimiser les nazis ukrainiens. Répondant à la guerre, l’ADL déclarait en février 2022 que

« l’Ukraine est une démocratie avec des droits égaux pour ses citoyens juifs, dont le droit à être élus à sa plus haute fonction, comme l’a montré le président Zelensky »

et elle suggérait que les rapports affirmant la présence d’éléments nazis au sein du gouvernement ukrainien sont « antisémites » et équivalent à de la propagande d’État russe. Le département d’État américain a plus tard adopté la même ligne, affirmant : « Pour calomnier l’Ukraine, le Kremlin recourt à l’antisémitisme. »

L’ADL s’est lancée dans la promotion de matériaux qui minimisent le nazisme ukrainien. En mars 2022, l’ADL a publié une interview de David Fishman, un professeur dans un séminaire de théologie juive dirigé par Andrew Sulevitch, le directeur des Affaires européennes de l’ADL, interview intitulée « Pourquoi Poutine Andrew traite-t-il le gouvernement ukrainien de bande de nazis ? » Dans cette interview, Srulevitch questionnait Fishman sur des sections du mouvement nationaliste ukrainien contemporain qui vénèrent Stepan Bandera et l’Armée ukrainienne insurgée (l’UPA), qui sont connus pour avoir collaboré avec les nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. (Les membres du bataillon Azov, par exemple, révèrent Bandera et l’UPA.) Fishman avait répondu :

« Pour les nationalistes ukrainiens, l’UPA et Bandera sont des symboles du combat ukrainien pour l’indépendance de l’Ukraine. L’UPA s’est alliée avec l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique pour des raisons tactiques et non idéologiques. »

Mais, comme le fait remarquer Daniel Lazare dans un article de 2015 sur Bandera :

« Bien que Bandera et ses partisans aient plus tard essayé de qualifier l’alliance avec le Troisième Reich comme ‘tactique’, sans plus, une tentative en vue de dresser un État totalitaire contre un autre, elle était en fait profondément enracinée et idéologique. »

Bandera et ses partisans, explique Lazare,

« ont joué un rôle prépondérant dans les pogroms antijuifs qui se sont déclenché à Lviv et dans des douzaines d’autres villes ukrainiennes sur les talons de l’invasion allemande » et « ont servi les nazis en patrouillant dans les ghettos et en aidant dans les déportations, les raids et les fusillades ».

Ces dernières années, le gouvernement ukrainien a baptisé des rues du nom de Bandera et d’autres collaborateurs nazis, et a officiellement reconnu des organisations telle l’UPA comme des héros nationaux.

Malgré ce palmarès, comme l’a rapporté The Electronic Intifada, le CEO de l’ADL, Jonathan Greenblatt, a présenté l’interview de Fishman dans un bulletin national de l’ADL à l’aide d’un encadré disant que

« les théories de la conspiration antisémite et autres informations trompeuses se répandent dans le sillage de l’invasion ».

(Imaginez ce que pourrait avoir été la réponse de l’ADL si un pays non allié aux États-Unis avait eu une unité militaire nazie tel le bataillon Azov, une unité dans laquelle les soldats ont des tatouages en forme de swastika (croix gammée) et donc le commandant a dit un jour que sa nation devait

« diriger les races blanches du monde entier dans une croisade finale pour leur survie (…) contre les Untermenschen dirigés par les sémites ».)

Très dans le genre de l’insistance de l’ADL soixante-dix ans plus tôt pour dire que les défenseurs de Julius et Ethel Rosenberg « accusaient faussement l’antisémitisme pour masquer la conspiration », le cadrage par l’ADL de la guerre en Ukraine montre que l’organisation entend excuser la violence antijuive quand agir de la sorte s’aligne sur les objectifs géopolitiques du gouvernement américain.

La position de l’ADL sur l’Ukraine n’est pas unique ; il y a une poussée plus large et plus dérangeante des sionistes en vue d’édulcorer le nazisme ukrainien, étant donné la guerre soutenue par les EU. Certaines organisations sionistes ont essayé de réhabiliter l’image du bataillon Azov qui, ironiquement, est armé par Israël.
Le Times of Israel, un journal qui est la propriété du milliardaire des fonds de couverture et donateur sioniste Seth Klarman – dont la fondation a donné plus de 3,6 millions de dollars à l’ADL entre 2001 et 2019 –, a tenté de convaincre ses lecteurs qu’une organisation de nazis armés avec des swastikas tatouées n’était pas aussi mauvaise qu’elle en avait l’air. L’interview du nationaliste juif ukrainien Konstantin Batoszky, proposée par le Times of Israel en mars 2022 tentait de dédramatiser ce fait :

« ‘J’ai été choqué quand j’ai vu des types avec des swastikas tatouées’, dit-il [Batozsky] à propos des membres d’Azov qu’il a rencontrés. ‘Mais j’ai parlé avec eux tout le temps sur le fait d’être juif et ils n’avaient rien de négatif à dire. Ils n’avaient pas d’idéologie antijuive.’ »

« Il insiste sur le fait que l’image de l’Ukraine en tant que foyer d’antisémitisme est absurde. ».

« ‘Je ne suis pas pratiquant mais tout le monde sait quand même que je suis juif – j’ai tellement un visage juif ! Et je n’ai jamais été confronté à de l’antisémitisme chez les Ukrainiens’, insiste-t-il. ‘Les milliers de types avec qui je travaille ne font pas vraiment attention au fait que je suis juif.’ »

En raison de leur engagement envers l’Empire américain, les sionistes finissent par cautionner les nazis de ces absurdes façons.

Démanteler l’ADL

En dépit du palmarès atroce de l’ADL, on entend souvent que, néanmoins, l’organisation collecte des informations précieuses sur des incidents racistes et sur les groupes suprémacistes blancs, et les statistiques de l’ADL sont fréquemment citées – parfois même par des organisations antifascistes ou antiracistes indépendantes. Malheureusement, toute information potentiellement utile que l’ADL pourrait collecter est déformée par le propre agenda raciste de l’organisation : sa promotion d’un projet colonial suprémaciste blanc en Palestine, son engagement dans le renforcement des forces de police américaines et sa dévotion envers l’impérialisme américain. Les statistiques de l’ADL sur l’« antisémitisme » sont sans aucun espoir confondues avec les défis en faveur d’Israël et du sionisme et, comme bien des gens l’ont observé, l’ADL ne dit même pas comment ces statistiques sont exactement rassemblées, ce qui rend les nombres inutiles.

La vérité est que l’ADL est une organisation raciste de contre-insurrection et de surveillance qui ne peut être réformée. Comme d’autres organisations répressives, l’ADL devrait être démantelée. Quelles que soient les ressources dont l’ADL dispose, elles devraient servir à réparer tous les torts que l’ADL a causés.

D’autres lectures sur l’ADL

Friedman, R. How The Anti-Defamation League Turned the Notion of Human Rights on Its Head, Spying on Progressives and Funneling Information to Law Enforcement, The Village Voice (1993) (Comment la Ligue Anti-diffamation a renversé la notion des droits humains en espionnant les progressistes et en transmettant ses informations aux services d’application de la loi)

Blankfort, J. ADL Spies, Counterpunch (2013) (L’ADL espionne)

Ames, M. The Kings of Garbage, or, the Adl Spied on Me and All I Got Was This Lousy Index Card, Pacific Standard (2014) (Les rois de la décharge, ou l’ADL m’a espionné et tout ce que j’ai reçu, c’est cette minable carde index)

Gelman, E. The Anti-Defamation League Is Not What It Seems, Boston Review (2019) (L’ADL n’est pas ce qu’elle semble)

Abunimah, A. Israel lobby group ADL rehabilitates Hitler’s accomplices in Ukraine, Electronic Intifada (2022) (Existe en français sur le site Charleroi pour la Palestine : Le lobby pro-israélien ADL réhabilite les complices d’Hitler en Ukraine)

Drop The ADL: Communities say no to the Anti-Defamation League in our schools, coalitions, and movements (Laissez tomber l’ADL : Les communautés disent non à l’ADL dans nos écoles, coalitions et mouvements)

Choisissez des documents sur les opérations de contre-insurrection de l’ADL et sur les formations données à la police

  • Rapport de l’ADL sur sa surveillance d’organisations et d’individus arabes (juillet 1961)
  • Dossiers émergeant des enquêtes de l’opération d’espionnage de l’ADL en Californie
  • Les voyages en Israël liés au « contreterrorisme » et proposés par l’ADL à la police de l’État du Massachusetts

Appendice : L’ADL en Nouvelle-Angleterre

Au cours de la seule année 2016, les hauts responsables suivants de la police et des agences en rapport avec elle ont participé au « Massachusetts Counter-Terrorism Seminar in Israel », tous frais payés et sponsorisé par l’ADL : Joseph Carafelli, Chief of Police, Revere Police Department ; Dan Conley, District Attorney, Suffolk County ; Kevin Coppinger, Chief of Police, Lynn Police Department ; Matthew Etre, Special Agent In Charge, ICE-Homeland Security Investigations ; Randall Halstead, Superintendent of Police, Boston Police Department ; Rabbi William Hamilton, Chaplain, Massachusetts State Police, ADL Board Member ; Michael Kent, Chief of Police, Burlington Police Department ; Daniel Kumor, Special Agent in Charge, Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms, and Explosives ; Joshua Margulies, Environmental Safety Officer, Mount Auburn Hospital ; Kevin Molis, Chief of Police, Malden Police Department ; Richard McKeon, Colonel, Massachusetts State Police ; Helena Rafferty, Deputy Chief of Police, Canton Police Department ; Marian Ryan, District Attorney, Middlesex County District Attorney’s Office ; William Taylor, Superintendent of Police, Lowell Police Department ; Steven Tompkins, Sheriff, Suffolk County Sheriff’s Office ; Richard Wells, Chief of Police, Milton Police Department.

Parmi d’autres officiers supérieurs qui ont participé aux voyages en Israël sponsorisés par l’ADL, figurent (liste non limitative) : Cambridge Police Deputy Superintendent Paul Ames ; Boston Police Chief William Gross; MBTA Transit Police Deputy Chief Joseph O’Connor MBTA Transit Police Deputy Lewis Best; MBTA Transit Police Chief Ken Green; Superintendent of the Massachusetts State Police Kerry Giplin; Massachusetts State Police Lieutenant Colonel Sharon Costine; Bedford Police Chief Robert Bongiorno; Chelsea Police Chief Brian Kyes; Everett Police chief Steve Mazzie; Framingham Police Chief Ken Ferguson; Gloucester Police Chief Len Campanello; Marblehead Police Chief Robert Picariello; Newton Police Chief Howard Mintz; Wellesley Police Chief Terrence Cunningham; United States Marshalls Service Marshall John Gibbons; United States Secret Service Assistance Special Agent in Charge Tom Baker; Middlesex County Sheriff Peter Koutoujian; Chief of Police of the Arlington Police Department Frederick Ryan; un représentant de New England Homeland Security; The Chief of Police from the Somerville Police Department; The Chief of Police from the Watertown Police Department; The Chief of Police from the Worcester Police Department; The Chief of Police from the Haverhill Police Department; The Chief of Police from the Foxborough Police Department; The Chief of Police from the Wakefield Police Department; The Sheriff from the Plymouth County Sheriff’s Department; Chief of the Cambridge Fire Department Gerard E. Mahoney. Parmi les départements locaux de la police universitaire qui ont participé aux voyages en Israël sponsorisés par l’ADL, figurent : Tufts University Police Department, Boston University Police Department, Northeastern University Police Department, MIT Police, and Suffolk University Police Department.

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Le Mapping Project

Nous sommes un collectif multigénérationnel d’activistes et d’animateurs de l’est du Massachusetts. Nous étions désireux de développer une compréhension plus profonde du soutien institutionnel local à la colonisation de la Palestine et aux nuisances que nous y voyons associées, comme le travail policier, l’impérialisme américain et la déportation associée au nettoyage ethnique. Nous ne sommes pas payés et nous n’adressons de rapport à aucun donateur.

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Dossier publié le 27 juillet 2022 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Trouvez ICI les articles de ou concernant Mapping Project, publiés sur ce site

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