Il y a un an : l’évasion de la prison de Gilboa, une prison de haute sécurité israélienne

Pendant de longs mois, avec des cuillères et quelques autres ustensiles de cuisine, ils ont creusé le Tunnel de la Liberté, un tunnel souterrain d’une vingtaine de mètres sous la prison hyper sécurisé de Gilboa.

Dans la nuit du dimanche au lundi 6 septembre 2021, ils ont réussi à s’évader : Ayham Kamamji, 35 ans, Yacoub Qadri, 49 ans, Munadel Infiat, 26 ans, Muhammad Arda, 39 ans et Mahmoud Arda, 46 ans, membres de l’organisation palestinienne de résistance, le Djihad islamique, et Zakaria Zubeidi, 46 ans, un ancien commandant des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, une milice affiliée au Fatah.

La cuiller, symbole du Sumud des prisonniers palestiniens et de la Libération. Réalisation et photo : Iyad Sabbah.

La cuiller, symbole du Sumud des prisonniers palestiniens et de la Libération.  Réalisation et photo : Iyad Sabbah.

 

Dès que la nouvelle est apparue sur les réseaux sociaux, elle a été célébrée dans une euphorie massive partout en Palestine, dans la diaspora et parmi les soutiens dans le monde : l’évasion est parvenu à humilier le projet sioniste. Les cuillères sont devenues les nouveaux symboles de la libération : les Palestiniens ont résolument la volonté d’être libres.

La réaction israéliennes a été féroce. Les services secrets israéliens, l’armée et la police ont lancé une chasse à l’homme à grande échelle. Des membres des familles des hommes libérés ont été arrêtés pour interrogation. Dans les prisons, des unités spéciales appuyées par des soldats de l’occupation et des chiens ont attaqué et envahi les cellules de prisonniers. Des détenus se sont retrouvés pieds et poings liés et certains jetés tels quels hors de leurs cellules pour se faire assaillir.

Les prisonniers palestiniens ont réagi en décrétant un État d’« alerte générale et de rébellion ». Dans la prison de Megiddo, la prison de Ramon et la prison du désert du Néguev, les prisonniers ont brûlé leurs cellules en résistance à la tentative de l’administration pénitentiaire de transférer les prisonniers affiliés au Djihad islamique.

Quelque 150 prisonniers affiliés au Djihad islamique ont refusé d’être transférés de force de la prison militaire d’Ofer vers Ramallah. La force de la riposte a forcé Israël à faire marche arrière.

À Ramallah, Jénine, Naplouse, al-Khalil, Bethléem, Jérusalem, Tulkarem, la ville de Gaza, le camp de Jabalya et ailleurs, les Palestiniens sont descendus dans la rue pour soutenir les prisonniers libérés et ceux qui résistaient derrière les barreaux.

Les six évadés ont finalement tous été repris après une chasse à l’homme de deux semaines. Mais leur ré-arrestation n’a en rien enlevé de l’importance de leur acte héroïque.

Dans un message diffusé par le mouvement le 20 septembre 2021, le secrétaire général du Djihad islamique en Palestine, Ziyad Al-Nakhala a salué les six prisonniers palestiniens et déclaré que les Palestiniens, de même que tous les êtres libres du monde entier, étaient préoccupés par leur sort.

« Vous avez résumé la volonté de l’ensemble du peuple de la Palestine en une très courte période de temps située entre votre évasion et votre retour à la prison »,

« Six hommes ont uni tous les Palestiniens et des gens libres du monde. Vous avez réalisé l’impossible et êtes devenus des symboles de liberté, pour la Palestine. »

Les Brigades Ezzeddine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, se sont engagées à ne conclure aucun accord d’échange avec les autorités d’occupation qui n’inclut pas les six prisonniers.

Les six évadés ont subi des interrogatoires musclés, des tortures et abus physiques et psychologiques. Ils ont été en placé en confinement solitaire dans des prisons différentes et accusés officiellement de s’être évadés de prison. Mais rien n’a entamé leur volonté de lutte, leur soif de liberté.

Mohammad Ardah déclara à son avocat :

« Quand l’un des interrogateurs m’a dit que tu ne méritais pas de vivre et qu’il fallait te tirer une balle dans la tête, ma réponse a été claire : j’ai erré en Palestine pendant cinq jours, et j’ai eu l’espoir de voir ma mère, et je suis pleinement convaincu que je serai libre et que j’errerai à nouveau en Palestine. »

Le 8 novembre 2021, en plein tribunal, les évadés ont défié leurs geôliers.

Yacoub Qadri qui est apparu encerclé par un groupe de soldats israéliens a affirmé :

« Nous retournerons en Palestine, toute la Palestine, si Dieu le veut, la Palestine historique. Notre liberté avant tout ».

Et d’ajouter :

« Nos demandes sont légitimes et notre situation est très mauvaise. Nous vivons dans des cimetières…, mais nous resterons fermes et forts ».

Pour sa part, Ayham Kamamji a affirmé :

« Nous attendons la promesse de la résistance palestinienne dans la bande de Gaza, et nous la verrons bientôt… ».

Et de poursuivre :

« Nous les vaincrons au-dessus de la terre comme nous l’avions fait à partir du sous-sol ».

L’évasion de Gilboa a fait ressortir encore plus l’importance de la question des prisonniers politiques pour la société palestinienne dans la lutte pour la liberté. A nous de continuer et d’intensifier nos efforts pour exiger leur libération.

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Ce texte est une contribution de la Plate-forme Charleroi-Palestine au livre  SUMUD. Une philosophie palestinienne de la résistance dans les prisons coloniales”. 

Le livre, qui est sorti aux éditions Antidote,  présente une étude de Lena Meari :  une analyse de nombreux témoignages d’anciens détenus palestiniens rappelant leurs expériences lors des interrogatoires dans les prisons israéliennes et leur capacité de résister aux mauvais traitements et aux tortures.

Il contient également d’autres contributions de réseaux, sites et collectifs pour la Palestine (Samidoun, Chronique de Palestine, ISM-France, Collectif Palestine Vaincra, CAPJPO-Europalestine), ainsi que dessins d’Ahmed Frassini (ancien prisonnier politique palestinien) et des propositions d’action en soutien aux prisonniers palestiniens.

Pour commander le livre,

merci de verser 13 euros (prix d’envoi compris), avec mention “ Sumud 1 ”  ET votre adresse postale, sur le compte d’Antidote,

IBAN : BE20 0004 2359 4956   

BIC: BPOTBEB1XXX

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Un deuxième livre sur le Sumud des prisonniers palestiniens est sorti par la suite chez le même éditeur : “SUMUD – Paroles de résistance des prisonnières palestiniennes”

Pour commander le livre : même procédure que ci-dessus, avec mention ” Sumud 2 “

 

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