Le fanatisme d’Israël met le feu à toute la région

Alors que les habitants de la région retiennent leur souffle, Israël continue d’inciter à la violence génocidaire

 


Ali Abunimah,
7 avril 2023

Israël s’appuie sur la médiation de l’Égypte et de la France, dit-on, dans un effort désespéré pour empêcher de dégénérer en une guerre régionale totale la conflagration qu’il a déclenchée en début de semaine avec son agression barbare contre les fidèles de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.

Mais, comme je l’ai expliqué jeudi sur la chaîne de télévision turque TRT, les pyromanes fanatiques d’Israël ont l’habitude de déclencher des incendies qu’ils sont incapables d’éteindre ensuite. Plus dérangeant encore, c’est que ce pourrait même être leur intention.

Vous pouvez voir dans la vidéo ci-dessous l’interview dans son intégralité.

Cette nuit, Israël a bombardé Gaza et le Sud-Liban après que des roquettes avaient été tirées sur Israël par les organisations de résistance, apparemment en guise de représailles suite à l’agression contre les fidèles d’Al-Aqsa.

Israël a imputé au Hamas l’envoi de roquettes depuis le Liban, sans en apporter la preuve. Aucune organisation n’a revendiqué la responsabilité de ces tirs.

Mais, comme je l’ai dit à la TRT, il peut s’agir d’un effort d’Israël pour se sauver la face : S’il devait accuser le Hezbollah – qui a quand même battu l’armée israélienne en 2006 – il s’enfoncerait dans une plus grande impasse encore.

Israël risquerait la mort et la désolation pour sa propre population s’il déclenchait une nouvelle guerre à grande échelle contre la puissante organisation de résistance libanaise.

C’est une espèce de calme sous tension, qui prévalait vendredi sur ces fronts. Restait toutefois à voir si le pire pouvait être évité.

Mais inévitablement, comme d’habitude, les derniers déchaînements gratuits d’Israël ont eu leur retour de flamme sur sa propre population.

Vendredi matin, deux résidentes – une adolescente de 15 ans et sa sœur aînée – de la colonie d’Efrat, ont été tuées lors d’une fusillade.

Leur mère a été grièvement blessée elle aussi lorsque leur voiture a été prise sous le feu d’assaillants inconnus avant de s’écraser contre un obstacle.

Le père de cette famille de colons venue de Grande-Bretagne roulait devant au volant d’une autre voiture et il est sorti sain et sauf.


Un gouvernement de fanatiques

La faute de cette dernière escalade est évidente, même aux yeux de nombreux Israéliens, et cela a débuté par l’agression choquante par Israël, mardi, des fidèles de la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem.

« La chaîne des événements qui ont débouché sur le raid de la police contre la mosquée a débuté avec les provocations d’un petit groupe d’activistes d’extrême droite qui ont tenté d’immoler une chèvre pour la Pâque sur le Mont du Temple »,

pouvait-on lire vendredi dans un éditorial du quotidien israélien Haaretz.

Le journal reconnaissait que

« la crainte des Palestiniens que l’on nuise à leur site sacré, surtout pendant le Ramadan, est compréhensible : Ces dernières années, la police a autorisé les juifs à prier sur le Mont du Temple malgré le statu quo ; de plus, les activistes les plus en vue du Mont du Temple et du « troisième temple » sont une composante clé de la coalition gouvernementale du Premier ministre Benjamin Netanyahou ».

Ces extrémistes fanatiques juifs, de plus en plus répandus, ne cherchent pas qu’un accès sans vagues au site de la mosquée Al-Aqsa, que les juifs appellent le Mont du Temple. Leur but est de détruire la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher et de les remplacer par un temple juif – une vision apocalyptique dont les conséquences seraient inimaginables.

« Itamar Ben-Gvir, un membre intégral des mouvements les plus extrémistes et l’avocat des participants aux précédents sacrifices animaliers, est aujourd’hui chargé de la sécurité du Mont du Temple »,

faisait remarquer Haaretz.

« La ligne de partage entre les activistes du Mont du Temple et le gouvernement israélien n’a jamais été aussi floue. »

Même si les gens de toute la région retiennent leur souffle, les dirigeants israéliens continuent à inciter à la violence génocidaire.

« Il y a ici un ennemi qui essaie d’instaurer un État au cœur de notre terre, telle est leur motivation »,

a déclaré vendredi Shlomo Ne’eman, le chef du conseil des colons israéliens en Cisjordanie, après la fusillade contre les colons britanniques.

« Cela doit cesser. Ce n’est pas des militaires sur le terrain ni des commandants, mais des décideurs politiques, que nous attendons qu’ils anéantissent l’espoir chez l’ennemi »,

a ajouté Ne’eman.

Dans ce genre de situation, il est inévitable que les flammes continueront à gagner en intensité et que l’entière responsabilité des conséquences, aussi horribles qu’elles pourraient être, incombera à Israël, à ses facilitateurs et à ses fournisseurs d’armes – en particulier ceux de Washington et de Bruxelles.

 

 

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 8 avril 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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