Israël reconnaît un nombre « énorme » de « tirs amis » le 7 octobre

Mardi, l’armée israélienne a admis qu’une « immense et complexe quantité » de ce qu’elle appelle des incidents « impliquant des tirs amis » se sont produits le 7 octobre.

Cette prise de vue par drone diffusée le mois dernier par l’armée israélienne montre l’ampleur des destructions de véhicules qui fuyaient la rave party Supernova du 7 octobre, destructions plus que vraisemblablement infligées par les drones et hélicoptères israéliens. (Photo : RT / armée israélienne

Cette prise de vue par drone diffusée le mois dernier par l’armée israélienne montre l’ampleur des destructions de véhicules qui fuyaient la rave party Supernova du 7 octobre, destructions plus que vraisemblablement infligées par les drones et hélicoptères israéliens. (Photo : RT / armée israélienne

 

Asa Winstanley, 12 décembre 2023

La déclaration clé était enterrée dans l’avant-dernier paragraphe d’un article de Yoav Zeitun, le correspondant militaire de l’organe de presse israélien sur internet, Ynet.

C’est la toute première fois que l’armée admet officiellement qu’un nombre important des centaines d’Israéliens morts le 7 octobre ont en fait été tués par Israël même et non par le Hamas ou par d’autres factions de la résistance palestinienne.

Le mois dernier, il se fait qu’une source de la police israélienne a admis que certains des Israéliens présents à la rave party Supernova qui se tenait près de Gaza ce jour-là ont été touchés par des tirs d’hélicoptères israéliens. Une seconde source policière, un peu plus tard, est en partie revenue sur cette admission.

Citant de nouvelles données fournies par l’armée israélienne, Zeitun a écrit :

« Des victimes sont tombées le 7 octobre suite à des tirs amis, mais les FDI [l’armée israélienne] croient que (…) il ne serait guère sain moralement d’enquêter »

là-dessus. Il disait que c’était

« dû à l’immense et complexe quantité de ces victimes qu’il y a eu dans les kibboutzim et les communautés israéliennes du sud ».

L’article de Ynet disait aussi qu’un cinquième « au moins » des morts de l’armée israélienne à Gaza depuis le début de l’invasion terrestre seraient également dus à des incidents impliquant des « tirs amis ».

Vidéo : « Ce que nous apprenons aujourd’hui des événements du 7 octobre. » (EI)

 

Ces dernières semaines, Israël a subi de plus en plus de pressions internes afin d’enquêter sur les manquements du 7 octobre.

Lundi, à Tel-Aviv, des proches de ces Israéliens morts le 7 octobre ont fondé une nouvelle organisation réclamant une enquête officielle du gouvernement israélien sur les événements de cette journée.

L’un des orateurs a accusé le gouvernement de « dissimulation intentionnelle ».

Il s’avère en effet qu’Israël dissimule un très grand nombre de preuves.

Récemment, The Jerusalem Post a rapporté que des voitures contenant des taches de sang ou des cendres des Israéliens morts le 7 octobre seraient broyées et – lors de ce que le journal appelait une première – enterrées dans un cimetière.

Le journal fournissait un prétexte religieux à toute cette opération. Néanmoins, il s’agit d’un développement ennuyeux qui équivaut à une dissimulation décidée par l’État de ce qui, potentiellement, pourrait constituer certaines des preuves médicolégales les plus importantes émanant du 7 octobre.

Depuis ce jour-là, il y a eu une montagne sans cesse croissante de preuves qu’un grand nombre – sinon la plupart – des Israéliens tués le 7 octobre l’ont été par Israël même.

Cette preuve a été rapportée presque entièrement en anglais par des médias indépendants, dont The Electronic Intifada, The Grayzone, The Cradle et Mondoweiss.

Dans l’une des révélations les plus récentes, un colonel des forces aériennes israéliennes a admis au cours d’un podcast en hébreu que ces mêmes forces aériennes avaient fait sauter des maisons israéliennes dans les colonies, mais l’homme a insisté pour dire qu’elles ne l’avaient jamais fait « sans autorisation ».

Le colonel Nof Erez a également dit que le 7 octobre était un événement « Hannibal massif » – une référence à une doctrine militaire israélienne passablement controversée.

Nommée d’après un ancien général carthaginois qui s’était empoisonné plutôt que d’être capturé vivant, la directive Hannibal permet aux forces israéliennes de recourir à tous les moyens nécessaires pour empêcher que des Israéliens soient pris vivants – même si cela requiert l’élimination physique des captifs.

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Asa Winstanley est un journaliste freelance installé à Londres et qui a vécu en Palestine occupée, où il a réalisé des reportages. Son premier ouvrage : Corporate Complicity in Israel’s Occupation (La complicité des sociétés dans l’occupation israélienn e) a été publié chez Pluto Press. Sa rubrique Palestine is Still the Issue (La Palestine constitue toujours la question) est publiée chaque mois. Son site Internet est le suivant : www.winstanleys.org

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Publié le 12 décembre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Lisez également : Les preuves qu’Israël a tué ses propres citoyens le 7 octobre
et : “Nous avons fait sauter des maisons israéliennes”, déclare un colonel israélien.

 

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