Violence israélienne en Cisjordanie : Alerte au génocide !
L’Institut Lemkin de prévention de génocide a émis une « alerte active contre le génocide » à propos de la situation des Palestiniens en Cisjordanie occupée.
20 mars 2024. Des Palestiniens endeuillés disent adieu à Fakhr Bani Jaber, 43 ans, tué par des colons israéliens à Khirbet al-Tawil, près d’Aqraba, en Cisjordanie. (Photo : Wahaj Bani Moufleh / ActiveStills)
Tamara Nassar, 19 avril 2024
« Israël commet un génocide contre les Palestiniens dans toute la Palestine », a déclaré l’Institut Lemkin il y a quelques jours.
Le week-end dernier, la violence envers les Palestiniens s’est considérablement accrue, puisque, suite à la disparition d’un adolescent israélien, d’importantes bandes de colons israéliens ont lancé des attaques contre pas moins de 17 villages palestiniens.
Les colons ont tué des milliers de poulets et des douzaines de moutons et en ont volé d’autres. Ils ont bloqué les entrées des villages, ont incendié des maisons palestiniennes, ont brûlé des centaines d’oliviers, ont blessé des douzaines de Palestiniens à balles réelles et ont détruit des bien privés palestiniens, dont des voitures et des enclos pour bétail.
Les colons étaient souvent accompagnés par l’armée israélienne, qui les protégeait.
En tout, entre le 12 et le 15 avril, sept Palestiniens ont été tués en Cisjordanie occupée, dont au moins deux enfants.
Cette semaine, les organisations palestiniennes des droits humains Al-Haq, Al Mezan et le Centre palestinien pour les droits humains ont instamment invité «
la communauté internationale, les acteurs privés et les entreprises, à répondre aux attaques violentes très répandues contre les Palestiniens et leurs biens dans toute la Cisjordanie ».
Avant le 7 octobre,
« la violence en Cisjordanie était déjà en voie d’éclipser celle de n’importe quelle année précédente »,
a déclaré l’Institut Lemkin,
« puisque les forces militaires israéliennes ont tué approximativement 200 Palestiniens en Cisjordanie au cours des neuf premiers mois de 2023 ».
Après qu’Israël a lancé sa campagne de massacre dans la bande de Gaza, la violence des colons israéliens et de l’État contre les Palestiniens en Cisjordanie a atteint son point culminant. Cela a fait de 2023 l’année la plus meurtrière en Cisjordanie occupée depuis que l’agence de contrôle de l’ONU, l’OCHA s’est mise a répertorier les victimes, en 2005.
« Les forces de l’armée israélienne poursuivent leur campagne de génocide et de violence sans précédent en Cisjordanie »,
a déclaré l’Institut Lemkin.
Des hordes de colons
Le 12 avril, un colon israélien de 14 ans a été porté manquant près du village d’al-Mughayyir, non loin de Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Bien qu’aucune preuve n’ait associé la disparition ou la mort de l’adolescent aux Palestiniens, des centaines de colons se sont lancés les 12 et 13 avril dans la mise à sac de communautés et de villages palestiniens en Cisjordanie.
L’adolescent a été retrouvé mort le lendemain près de l’avant-poste de peuplement de Malachei Hashalom, construit sur des terres privées palestiniennes en 2015. Dès la découverte du cadavre, l’armée israélienne a qualifié l’incident d’« attaque terroriste », ce qui a aussitôt déclenché la violence de hordes de colons contre les Palestiniens.
« Sous l’œil vigilant et la protection » de l’armée israélienne, entre 1 500 et 2 000 colons, dont certains étaient armés, ont envahi le village d’al-Mughayyir pendant deux jours »,
ont déclaré les organisations palestiniennes des droits humains.
Jihad Afif Abu Aliyya, 25 ans, a été tué au cours de ces attaques.
« Il a été abattu d’une balle dans la tête alors qu’il protégeait l’une des maisons visée par les attaques des colons »,
ont déclaré les organisations palestiniennes des droits humains.
« Au moment où Jihad a été abattu, il était parmi un groupe de 25 à 27 Palestiniens sur le toit d’une maison palestinienne qui était entourée par quelque 400 colons israéliens. »
Les colons ont continué de tirer sur les Palestiniens alors qu’ils tentaient d’évacuer Abu Aliyya afin qu’il reçoive des soins médicaux, et le jeune homme a continué de saigner pendant une bonne demi-heure.
Les colons israéliens ont complètement incendié au moins 14 maisons et en ont brûlé partiellement une quinzaine d’autres à al-Mughayyir. Ils ont aussi détruit complètement plus d’une douzaine d’enclos à bétail et en ont partiellement incendié quatre autres. Ils ont en outre mis le feu à une soixantaine de véhicules dans le village.
Le meurtre d’un étudiant d’une école supérieure
Des colons de la colonie de Beit El ont également attaqué le village proche de Beitin le 13 avril, où ils ont bouté le feu à des propriétés palestiniennes après les avoir vandalisées.
Les habitants palestiniens du village ont tenté de faire face aux colons pour défendre leur communauté. Les colons leur ont tiré dessus à balles réelles.
Parmi les personnes qui ont répondu à l’appel de détresse figurait Omar Ahmad Abdulghani Hamed, 17 ans, le plus jeune d’entre ses frères et sœurs et étudiant dans une école supérieure.
Last night, a group of Israeli settlers opened fire on Palestinians in the village of Beitin, northeast of Ramallah, killing 17-year-old Omar Ahmad Abdulghani Hamed with a bullet to the forehead.
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— Defense for Children (@DCIPalestine) April 14, 2024
Il a reçu une balle dans la tête juste au moment où il est arrivé sur les lieux de l’attaque. La balle lui est entrée dans le front et est ressortie par l’arrière, selon Defense for Children International – Palestine (DCI-P), qui effectue des enquêtes sur le terrain autour des homicides de jeunes Palestiniens.
Peu après, il a été déclaré mort.
Le même jour, des colons israéliens ont lancé de violentes attaques sur Duma, Qusra et al-Sawiya, des villages situés au nord de Naplouse, en Cisjordanie occupée.
Ils ont bouté le feu à 300 oliviers, détruit des remises à bétail et tué 40 moutons, ainsi que plus de 10 000 poulets, ont fait savoir les organisations palestiniennes des droits humains.
À Duma, des centaines de colons armés, accompagnés de soldats israéliens, ont ouvert le feu sur les habitants palestiniens.
La Société du Croissant-Rouge de Palestine (SCRP) a rapporté qu’au moins cinq habitants du village avaient subi des blessures suite à des attaques par balles et au couteau et autres agressions physiques.
« Ces dernières attaques se sont traduites par le déplacement forcé de cinq familles de Duma et de cinq autres familles de Qusra, dont les maisons ont été rendues absolument inhabitables en raison de ces actions pyromanes »,
ont rapporté les organisations palestiniennes des droits humains.
Dans l’intervalle, le 15 avril, au cours d’une incursion militaire à Rafidia, un faubourg de la partie est de la ville de Naplouse, un soldat israélien a abattu et tué un adolescent palestinien, en le touchant à la tête à courte distance.
An Israeli soldier inside a heavily armored military vehicle fatally shot 17-year-old Yazan Mohammad Fawzi Shtayeh in the chest from a distance of 20-30 meters (66-98 ft) in Nablus this morning.
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— Defense for Children (@DCIPalestine) April 15, 2024
Le soldat a ouvert le feu depuis l’intérieur d’un véhicule militaire blindé sur Yazan Muhammad Shtayyeh, 17 ans, alors qu’en compagnie d’autres jeunes Palestiniens, il jetait prétendument des pierres vers les soldats israéliens.
Une semaine plus tôt, le 8 avril, les forces israéliennes avaient abattu et tué une adolescente palestinienne au checkpoint de Tayasir, près de Tubas, au nord-est de Naplouse.
Asma Imad Saad Daraghmeh, 17 ans,
« tentait prétendument de commettre une agression au couteau quand les forces israéliennes l’avaient abattue de plusieurs balles à une distance d’environ 10 mètres »,
a déclaré DCI-P.
Les forces israéliennes ont refusé de permettre aux paramédicaux palestiniens de venir soigner Asma, a déclaré l’organisation des droits humains, et l’ont donc laissé mourir.
« Asma gisait au sol, au check-point, et elle saignait abondamment, selon des témoins »,
a ajouté DCI-P.
Les forces israéliennes ont ensuite confisqué son corps.
Raids, mises à sac et démolitions
Selon son habitude, Israël a effectué des raids militaires prolongés dans les villes, villages et camps de réfugiés partout en Cisjordanie, surtout dans le nord.
Les raids militaires israéliens comprennent souvent des attaques hautement destructrices contre les infrastructures, à l’aide de bulldozers qui endommagent les conduites d’eau, les routes et les installations électriques.
L’armée israélienne a également effectué des attaques aériennes en Cisjordanie occupée, une pratique qu’elle a reprise de la deuxième intifada il y a deux décennies.
Les soldats israéliens ont tué au moins 435 Palestiniens en Cisjordanie occupée, dont 112 enfants, depuis le 7 octobre.
En outre, les colons israéliens ont tué au moins 10 Palestiniens, et six autres ont été tués soit par des tirs de l’armée israélienne, soit par des tirs de colons, selon les rapports de l’OCHA, l’organe de contrôle de l’ONU.
Les forces israéliennes ont blessé près de 4 900 Palestiniens en Cisjordanie, depuis le 7 octobre.
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Publié le 19 avril 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
