Israël intensifie ses attaques en Cisjordanie
Lundi soir, les forces d’occupation israéliennes ont abattu un adolescent palestinien et se sont assurées qu’il était mort avant d’autoriser les paramédicaux à le rejoindre. Les troupes israéliennes effectuaient un raid meurtrier dans la localité d’Arraba, près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Deux véhicules militaires israéliens sont arrivés à l’entrée de la ville avec à bord une quinzaine de soldats. Ceux-ci sont sortis des véhicules et se sont mis à « patrouiller dans la ville et à tirer à balles réelles » sur les Palestiniens, a révélé une enquête sur le terrain de Defense for Children International – Palestine (DCI-P).
Yamen Muhammad Lahlouh, 16 ans, « lançait prétendument des pierres » quand un sniper israélien lui a tiré dessus à 20 mètres de distance environ. Quand un jeune Palestinien a fait mine de vouloir se porter au secours de l’adolescent blessé, les soldats israéliens lui ont tiré dessus également. Ils se sont ensuite approchés de Yamen,
« ont vérifié ses signes vitaux et ont tiré des coups de semonce en direction de l’équipe d’une ambulance palestinienne qui tentait de l’approcher ».
L’adolescent s’est vidé complètement de son sang sous les regards des soldats israéliens.
« Les forces israéliennes sont restées avec Yamen pendant une dizaine de minutes, alors qu’il saignait au sol et elles ne sont pas parties avant d’avoir pu confirmer qu’il était bien mort »,
a déclaré DCI-P.
Après cela, une ambulance a transporté Yamen à l’hôpital où l’on n’a pu que confirmer son décès. C’est le 13e enfant palestinien à être tué par des projectiles israéliens depuis le début de l’année en Cisjordanie occupée.
« L’impunité dont bénéficient les soldats israéliens déterminés à abattre des enfants palestiniens est alimentée par l’administration Biden qui refuse de forcer les forces israéliennes à rendre des comptes pour le génocide qu’elles commettent à Gaza »,
a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P.
Entre-temps, les EU ont demandé une enquête à propos de la mort, suite à un tir israélien, d’un enfant palestino-américain en Cisjordanie occupée le 19 janvier.
Tawfiq Hafez Ajaq, 17 ans, était dans sa voiture à d’al-Mazraa al-Shaarqiya, en Cisjordanie occupée, et s’apprêtait à aller piqueniquer avec son cousin quand un colon israélien est arrivé à bord d’une voiture et a ouvert le feu sur Tawfiq à une centaine de mètres de distance.
Le colon a suivi l’adolescent et a continué de tirer sur sa voiture alors qu’elle s’éloignait.
Peu après, semble-t-il, un véhicule de l’armée israélienne est arrivé et a ouvert le feu à son tour sur la voiture de Tawfiq à une distance de 50 à 70 mètres, a révélé une enquête de terrain de DCI-P.
« La voiture de Tawfiq a changé de trajectoire et s’est retournée »,
a déclaré DCI-P.
« Les forces israéliennes ont encerclé l’automobile de Tawfik et ont empêché les gens d’y accéder pendant un quart d’heure environ. »
https://twitter.com/DCIPalestine/status/1748740642497343920?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1748740642497343920%7Ctwgr%5Ed3653d98b29c6297a306246f66a20c66214b6563%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fisrael-ramps-attacks-west-bank
L’ado a été finalement transféré vers un centre médical, où l’on a établi qu’il était bien mort. Il avait été touché à la tête, mais on ne sait pas très bien si c’est par les tirs de l’arme israélienne ou par les balles du colon.
Lors d’un briefing de presse régulier du département d’État américain, le porte-parole Vedant Patel a réclamé
« une enquête urgente afin de déterminer les circonstances de sa mort et que la responsabilité de l’acte soit examinée comme il convient ».
Il a ajouté que les EU travaillaient « en collaboration étroite » avec le gouvernement israélien afin d’obtenir plus d’informations.
L’armée israélienne, qui a déclaré qu’elle enquête afin de savoir si un de ses hommes était impliqué dans la fusillade, a tué plus de 90 enfants palestiniens en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre.
Dans l’ensemble, l’appareil d’auto-enquête d’Israël emprunte les voies de la justice mais son but véritable est de protéger les soldats et leurs commandants de toute responsabilisation.
L’organisation des droits humains B’Tselem a cessé de coopérer avec les mécanismes d’auto-enquête de l’armée israélienne en 2016, disant que le système « sert de feuille de vigne à l’occupation ».
Il est très rare que des soldats soient poursuivis pour avoir porté préjudice à des Palestiniens. La poignée d’hommes qui ont été condamnés l’ont été à des peines extrêmement légères.
Les colons sont traités de la même façon.
« L’incapacité d’Israël à protéger les Palestiniens et à poursuivre les colons extrémistes a débouché sur un environnement d’impunité quasi totale dans laquelle la violence des colons a atteint des niveaux sans précédent »,
a déclaré tout un groupe de pays qui ont demandé à Israël de prendre plus de mesures afin d’endiguer la violence des colons en Cisjordanie.
La police israélienne a prétendu qu’un colon israélien et un policier hors service avaient tiré sur des
« individus prétendument engagés dans des activités de jet de pierres ».
Mais le cousin de Tawfiq, Muhammad Ejak, 16 ans, qui l’accompagnait dans la voiture, réfute totalement la chose.
« Nous n’avons lancé de pierres sur personne et nous ne sommes mêmes pas sortis de notre voiture avant qu’on ne nous tire dessus »,
a-t-il déclaré au New York Times durant les funérailles de Tawfiq.
Tawfiq avait grandi dans un faubourg de La Nouvelle-Orléans et ce n’est que tout récemment que sa famille était retournée s’installer en Cisjordanie occupée.
Un missile tiré par un drone tue des enfants
La semaine dernière, un missile tiré par un drone a frappé quatre Palestiniens, dont trois enfants, au cours d’un raid dans le camp de réfugiés de Tulkarem. Les quatre ont été tués.
Les forces israéliennes ont alors empêché les ambulances de les approcher pendant environ une heure et demie.
Les trois adolescents de 17 ans s’appelaient Ahmad Tareq Faraj, Walid Ibrahim Ghanem et Ahmad Mousa Beddo, a révélé l’enquête de DCI-P.
Le raid à Tulkarem a duré 45 heures durant lesquelles les troupes israéliennes ont tué huit Palestiniens et en ont blessé au moins 26 autres.
L’armée israélienne a prétendu avoir trouvé et confisqué des armes.
Les troupes israéliennes ont détruit des douzaines de véhicules et vandalisé des maisons et boutiques palestiniennes du camp. Comme c’est devenu la règle dans les récents raids en Cisjordanie, des bulldozers ont détruit les rues et les ruelles du camp.
Les responsables israéliens disent que les bulldozers détruisent les routes et les infrastructures afin de faire sortir les bombes artisanales placées dans le sol, lesquelles sont censées exploser sous les pieds des envahisseurs quand ils entrent dans le camp.
« Au moins 21 maisons ont été rendues inhabitables par les explosions et le passage des bulldozers ; 137 personnes ont été déplacées, dont 46 enfants »,
vers les camps de réfugiés de Nur Shams et de Tulkarem, a déclaré l’organisation de surveillance de l’ONU, l’OCHA.
Les forces israéliennes ont arrêté des centaines de Palestiniens, les ont transférés d’un endroit à l’autre et les ont interrogés après les avoir détenus pendant des heures. Les personnes arrêtées avaient les mains entravées et se sont fait agresser et tabasser par les forces israéliennes.
Depuis le 7 octobre, les raids israéliens se sont intensifiés à Tulkarem et dans ses deux camps de réfugiés, Nur Shams et Tulkarem. Des dégâts massifs ont été provoqués à leurs infrastructures par les bulldozers israéliens.
« Le camp de Nur Shams ressemble tout à fait à Gaza »,
a déclaré un travailleur médical local à The Electronic Intifada un peu plus tôt ce mois-ci.
« Des centaines de mètres de la grand-route qui longe le camp ont été détruits »,
a rapporté The Guardian à propos du même camp de réfugiés.
« Et c’est le cas aussi pour la route qui mène au camp. Là où naguère se trouvaient un club social et sportif, il n’y a plus que des gravats. Une salle de mariage a été à demi réduite en ruine. Les murs sont constellés d’éclats d’obus et d’impacts de balles. Les canalisations d’eau ont été détruites et les lignes électriques traînent partout. »
Israël n’a plus cessé de mettre la Cisjordanie à feu et à sang depuis le 7 octobre.
Un certain nombre de petites organisations de résistance armée sont apparues en guise de réponse aux attaques israéliennes croissantes contre les villes et villages de la Cisjordanie occupée et à l’extension des colonies israéliennes dans les années qui ont abouti à l’opération militaire du Hamas.
La Brigade de Jénine s’est constituée dans le camp de réfugiés de Jénine. C’est une organisation associée aux Brigades al-Quds, l’aile militaire de l’organisation de résistance du Djihad islamique, alors que le Lions’ Den (Antre du lion), une organisation de Palestiniens issus de diverses factions politiques, est apparu à Naplouse.
Tous ces camps avaient formé de multiples générations de combattants armés et acharnés de la résistance tout au long des deux intifadas.
Les attaques se sont intensifiées en Cisjordanie
On a qualifié la Cisjordanie de « troisième front » des attaques d’Israël, après son génocide à Gaza et ses combats dans le nord, contre l’organisation de résistance libanaise du Hezbollah.
Depuis le 7 octobre, Israël a régulièrement lancé des raids prolongés dans les villes, villages et camps de réfugiés de Cisjordanie afin de tenter d’étouffer la résistance armée. Il a aussi provoqué d’impressionnants dégâts dans les camps de réfugiés – rues, maisons, centres commerciaux, de même que la distribution d’eau et d’électricité et les infrastructures routières, ont été dévastés suite aux raids israéliens successifs dans ces zones.
Les raids s’éternisent pendant de longues heures, voire des journées, au cours desquelles les forces israéliennes pénètrent dans les maisons des Palestiniens et arrêtent ces derniers. Souvent, les forces israéliennes tuent des Palestiniens, dont des enfants, au cours de ces mêmes raids.
L’armée israélienne a également mené des attaques aériennes en Cisjordanie, et ce, sur base quasi régulière. C’est une pratique qu’elle a relancée l’an dernier, mais qu’elle n’avait plus utilisée précédemment depuis la seconde intifada voici deux décennies.
Les troupes israéliennes ont tué au moins 350 Palestiniens en Cisjordanie occupée, depuis le 7 octobre, et au moins huit ont été tués par les colons, a rapporté l’OCHA.
Parmi les morts, 94 étaient des enfants.
Les militaires et les colons israéliens ont blessé plus de 4 340 Palestiniens en Cisjordanie, depuis le 7 octobre, dont 650 enfants.
L’intensification des attaques d’Israël n’a aucunement annihilé la résistance armée en Cisjordanie.
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Publié le 24 janvier 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine