Affliction autour d’une fosse commune

À ce jour, quelques centaines de corps ont été exhumés de la fosse commune. Tout récemment, en un seul jour, plus de 70 corps ont été retrouvés.

Certains des corps que l'on a exhumés de la fosse commune au Complexe médical Nasser, à Khan Younis.

Certains des corps que l’on a exhumés de la fosse commune au Complexe médical Nasser, à Khan Younis. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)


Ruwaida Amer
, 25 avril 2024

 

Walid al-Akhras est à la recherche de son fils Saïd.

Dans la première semaine de février, Saïd, 19 ans, avait quitté sa maison à proximité du Complexe médical Nasser, à Khan Younis, dans le sud de Gaza. Il n’était pas revenu.

Dès que l’armée israélienne s’était retirée de Khan Younis, un peu plus tôt ce mois-ci, Walid avait tenté de retrouver Saïd dans les rues de la ville. Nulle part il n’avait laissé de trace.

Un peu plus tard, on a découvert une fosse commune au Complexe médical Nasser. Walid s’y est rendu dès qu’il en a entendu parler.

Il consacre une attention extrême à chaque corps que l’on exhume. Saïd avait « de longs cheveux et de grands yeux », de sorte que Walid cherche quelqu’un présentant les mêmes caractéristiques.

L’identification est malaisée, toutefois, du fait que les corps ont séjourné en terre pendant un bout de temps.

« Je pleure chaque fois que l’on sort un corps de la terre, comme si c’était celui de mon fils », dit Walid.

« Je veux retrouver son corps », dit-il. « Je veux le serrer dans mes bras. Je veux l’enterrer dans une tombe avec une inscription. »

« Sa mère se languit de lui », ajoute-t-il. « Ses sœurs sont éplorées de ne plus entendre sa voix, tellement elle remplissait notre maison. Il me manque tellement. »

 

Des scènes douloureuses


Nabila al-Sufi
est de Khan Younis. Elle a passé plusieurs mois comme réfugiée au Complexe médical Nasser après avoir été expulsée de sa propre maison.

L’invasion terrestre par Israël de la zone avoisinante a ensuite forcé la famille au complet à se rendre à al-Mawasi, plus loin dans le sud.

Là, maintenant, elle est de retour à l’hôpital. « De la sorte, je peux consoler les femmes qui recherchent leurs enfants », dit-elle.

Nabila est horrifiée de ce qu’elle a vu, surtout les crânes séparés des corps.

« Cette guerre doit cesser », dit-elle. « Nos cœurs ne peuvent plus supporter des scènes aussi douloureuses que celles-ci. »

À ce jour, quelques centaines de corps ont été exhumés de la fosse commune. Tout récemment, en un seul jour, plus de 70 corps ont été retrouvés.

Les travailleurs de la Défense civile croient qu’il en reste bien plus encore à exhumer.

Du fait que certains des corps sont menottés, il existe de fortes présomptions que ces personnes ont été arrêtées et exécutées sommairement.

« Les soldats israéliens ont dévêtu complètement des douzaines de patients, de personnes déplacées et de membres du personnel avant de les faire exécuter de sang-froid par leurs pelotons d’exécution »,

a déclaré Ismail al-Thawabta, un porte-parole de l’administration de Gaza.

Le Complexe médical Nasser est l’un des nombreux hôpitaux à avoir subi les attaques d’Israël lors du présent génocide.

La situation au Complexe médical Nasser rappelle tristement celle de l’hôpital al-Shifa à Gaza. Plus de 380 corps y ont été retrouvés ce mois-ci après qu’Israël l’a soumis à un siège de plusieurs semaines.

Israël n’a eu aucune pitié pour les travailleurs ou les sites médicaux. En tout, 26 hôpitaux, dont le Complexe Nasser, sont désormais hors service en raison de l’extrême violence d’Israël.

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Ruwaida Amer est une journaliste qui vit et travaille à Gaza.
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Publié le 25 avril 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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