Israël a assassiné la fille et le petit-fils de Refaat Alareer
Vendredi, Israël a tué la fille, le petit-fils et le gendre de Refaat Alareer, le bien-aimé écrivain, poète et enseignant assassiné par Israël en décembre dernier.
Ali Abunimah, 26 avril 2024
La frappe aérienne sur un immeuble du quartier d’al-Rimal, à Gaza, a tué Shymaa Refaat Alareer, son mari Muhammad Abd al-Aziz Siyam et leur fils de trois mois, Ald al-Rahman.
Ils s’étaient réfugiés à Gaza même, dans le bâtiment de Global Communities, une ONG internationale de bienfaisance connue auparavant sous le nom de CHF, a déclaré Abdallah Abd al-Aziz Siyam, le frère de Muhammad.
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Dans un message vocal entendu par The Electronic Intifada, Abdallah al-Siyam a expliqué que les membres de sa famille s’étaient installés dans le bâtiment de CHF il y a quelques mois, après que leur quartier avait été détruit.
Il y a quelques jours, tous, hormis Muhammad, Shymaa et leur bébé, avaient quitté le bâtiment, a encore dit Abdallah.
Vendredi matin, vers 11 heures, Abdallah s’était entretenu avec Muhammad par téléphone et lui avait dit qu’il était en route vers le bâtiment de CHF pour aller le voir.
Quelques instants plus tard, Abdallah, qui avait dit qu’il travaillait pour Global Communities, avait reçu un appel disant que le bâtiment venait d’être bombardé. Il s’était précipité et avait découvert son frère, Shymaa et leur bébé morts tous les trois. Selon Abdallah, ils étaient les seules personnes présentes dans l’immeuble au moment de l’attaque.
Abdallah a déclaré que personne n’imaginait que le bâtiment de CHF allait être bombardé sans avertissement, étant donné qu’il s’agissait du QG d’une agence humanitaire internationale. The Electronic Intifada s’est adressé à Global Communities et le présent article sera mis à jour dès que nous disposerons d’informations plus récentes.
Des prières funéraires ont été organisées pour la famille, après que les corps ont été transférés à l’hôpital al-Ahli, à Gaza même :
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Son inspiration
La mort de la fille de Refaat, Shymaa, et du petit-fils qu’il n’a jamais eu l’occasion de voir a été perçue avec un regain d’indignation et de tristesse par les amis proches de Refaat, ses anciens étudiants et les gens du monde entier qui ont été touchés par la vie et l’œuvre de Refaat.
« Les mots, les larmes et les moyens me manquent pour comprendre cette perte infinie, cette douleur, cet anéantissement criminel de notre peuple »,
a écrit Jehad Abusalim, un ami proche de Refaat.
Ahmed Nehad, un autre ami proche et collègue de Refaat, a fait remarquer que le fameux poème de ce dernier, désormais connu dans le monde entier – « Si je dois mourir » – était dédié à Shymaa.
« Elle est celle à qui il avait dit de raconter son histoire, de vendre ses biens et de ne pas perdre espoir »,
a écrit Nehad.
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Dans une interview réalisée par Al Jazeera il y a quelques années, Refaat avait décrit comment Shymaa – qui n’avait que 5 ans à l’époque – l’avait inspiré à se mettre à raconter des histoires au cours de la première guerre majeure d’Israël contre Gaza, de décembre 2008 à janvier 2009.
« Lors de la première guerre contre Gaza, la chose la plus douloureuse a été l’horreur par laquelle les enfants ont dû passer », avait dit Refaat.
« Papa, qui a créé les juifs ? » Refaat se rappelle qu’à l’époque, Shymaa lui avait posé cette question. Les Palestiniens de Gaza font habituellement référence aux Israéliens comme étant les juifs, puisque, dans leur contexte, Israël se décrit comme un État juif et prétend représenter les juifs de partout et agir en leur nom à tous.
Vidéo : « Gaza répond par écrit »
« Je n’avais pas pu répondre à sa question », s’était souvenu Refaat.
« Mais j’avais compris que la guerre avait fait croire à Shymaa qu’il existe un Dieu aimant et miséricordieux (…) et un autre Dieu cruel qui avait créé ces soldats israéliens, ces machines à tuer qui nous terrorisent, détruisent nos vies et les transforment en un enfer sur terre. »
« Il fallait que je trouve le moyen de distraire mes enfants de la guerre et des bombes en leur racontant des histoires »,
avait rappelé Refaat.
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Un message de Shymaa à son père
Suite à l’annonce de son assassinat, les médias palestiniens ont fait circuler un message que Shymaa avait posté peu avant la naissance de son fils et qui s’adressait à son père mort en martyr.
« J’ai de bonnes nouvelles pour toi et je souhaiterais pouvoir te les dire en ta présence même, en te présentant ton premier petit-fils. Savais-tu que tu étais devenu grand-père ? »
avait écrit Shymaa.
« Oui, père, voici ton petit-fils. Il est âgé d’un mois. C’est ton petit-fils Abd al-Rahman, dont j’ai toujours imaginé que tu le tiendrais dans tes bras. Mais je n’avais jamais imaginé que je te perdrais si tôt, avant même que tu ne puisses le voir. »
Shymaa était une calligraphe de grand talent qui chérissait le souvenir de son père et ce qu’il représentait pour les gens du monde entier.
« Elle était une artiste à part entière. Une personne digne que l’on s’en souvienne quoi qu’il en soit »,
avait écrit Fatima Saïd sur X.
« Puisses-tu retrouver ton père à Firdaws [au paradis], Shymaa. »
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« Le Dr Refaat nous parlait toujours de son immense amour pour sa fille »,
écrit Razan Abu Salem, un ancien étudiant de Refaat, dans un hommage destiné à The Electronic Intifada.
« Shymaa va désormais rejoindre son papa au ciel – non pas par choix mais parce qu’Israël l’a tuée. Depuis, avec ce crime horrible, il y a encore moins de membres de la famille du Dr Refaat pour raconter son histoire »,
déclare Razan.
« Mais ceux d’entre nous qui vivent encore continueront de se souvenir et d’honorer le Dr Refaat et de pleurer sa perte. »
Et voilà maintenant que nous devons raconter l’histoire de Shymaa aussi.
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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.
Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse
Publié le 26 avril 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine