IBM profite largement du génocide et des subventions de l’UE

Il semble que les hauts responsables de l’UE n’aient pas posé de questions à propos des liens entre IBM et l’armée israélienne avant d’avoir avalisé un projet visant à concrétiser un avenir dans lequel la collaboration entre humains et IA « occuperait une position centrale ».

 

David Cronin, 24 avril 2024 
 
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Le recours par Israël à l'intelligence artificielle (IA) pour sélectionner des cibles à Gaza au cours de l'actuel génocide a fait la une de nombreuses publications.
Les rares personnes qui ont examiné de près comment Israël teste ses nouvelles technologies sur les Palestiniens pourraient être surprises. Israël avait signalé précédemment que son attaque de mai 2021 contre Gaza lui avait donné l'occasion d'expérimenter dans l'IA.
La réponse adéquate à ces signaux aurait été de cesser de financer la moindre recherche en IA impliquant des firmes et des institutions israéliennes. L'UE a précisément adopté l'approche contraire.
En septembre 2023, l'UE autorisait un projet visant à concrétiser un avenir dans lequel la collaboration entre humains et IA « occuperait une position centrale ».
Parmi les participants au projet figure IBM Israël, une filiale du géant installé aux EU.
IBM a un passé très long et ignoble de livraison de technologie à des violateurs des droits humains. Parmi ses clients du passé, il y a eu le gouvernement allemand de l'ère nazie et, après cela, le régime d'apartheid de l'Afrique du Sud.
Plus récemment, IBM s'est vu accorder une série de contrats de gestion de centres de soutien technologique au profit de l'armée israélienne. La robotique est l'une des fonctionnalités essentielles des tout derniers de ces centres.
Il est quasiment certain qu'on peut trouver des produits d'IBM dans tout l'attirail d'outils utilisé par Israël au cours du présent génocide.
Il semble que les hauts responsables de l'UE n'aient pas posé de questions à propos des liens entre IBM et l'armée israélienne avant d'avoir avalisé le projet susmentionné en septembre.
J'ai vu un exemplaire d'un « contrôle éthique » effectué sur le projet – baptisé HumAIne – à la requête de l'UE. Il s'agissait simplement de cocher des cases.
Le contrôle finissait par conclure que HumAIne « concernait exclusivement des applications civiles ». La seule recommandation significative était qu'« il fallait désigner un conseiller éthique indépendant ayant accumulé une grande expertise en la matière », de façon à pouvoir contrôler le projet.
La recommandation ne s'adressait pas aux connexions entre IBM et l'armée israélienne. Elle faisait simplement référence à des « préoccupations éthiques » concernant le projet, et tout spécialement « l'engagement d'humains dans l'évaluation des systèmes IA ».
Alors que HumAIne a été approuvé par la démocratie de Bruxelles avant la déclaration de la guerre contre Gaza en octobre, c'est après celle-ci que l'UE a donné son aval à l'octroi à Israël de toute une série de nouvelles subventions à la recherche.
IBM Israël fait partie des bénéficiaires de ces nouvelles subventions et va participer à un projet sur les innovations dans le partage des données, projet autorisé par l'UE à la mi-novembre.
« Rien à redire »
L'ignorance n'est pas une excuse pour le manque de curiosité de l'UE à propos d'IBM et de ses étroites relations avec l'armée israélienne. Alors que IBM Israël a reçu 130 subventions européennes pour la recherche d'une valeur de près de 93 millions de USD depuis 2007, les hauts responsables de Bruxelles ont eu amplement le temps d'examiner de près les activités de la firme.
Le fait qu'ils ont choisi de ne pas le faire est symptomatique de l'attitude du « rien à redire » qui prévaut généralement.
Fin février, un groupe de membres du personnel de l'UE a adressé une lettre à Johannes Hahn, le commissaire européen pour le budget et l'administration. Cette lettre traduisait une profonde inquiétude quant à la façon dont les institutions de l'UE avaient exprimé leur soutien à Israël et maintenu des relations étroites avec ce même État.
Après avoir fait remarquer que la Cour internationale de Justice avait admis qu'il était plausible de prétendre qu'Israël violait la Convention sur le Génocide, la lettre exprimait sa crainte que les gens de l'UE ne puissent être complices du génocide de Gaza. Elle insistait pour que les juristes internes de l'UE préparent des directives pour le personnel travaillant au (ou avec le) Moyen-Orient sur la manière d'éviter d'être tenus pour responsables de complicité dans le génocide.
Bien que la lettre ait été envoyée depuis près de deux mois, Hahn n'a toujours pas répondu.
Quand j'ai contacté son porte-parole, cette semaine, il m'a été dit que Hahn « avait pris note » de la lettre et qu'« une réponse était en préparation ».
La nature cavalière de ce bref commentaire est très instructive. L'élite politique européenne continue de caresser Israël dans le sens du poil et ce, sur fond d'holocauste à Gaza.

IBM a tout un passé d’affaires avec les violateurs des droits humains. (Photo : Dominika Zarzycka / SOPA Images / SIPA USA)

 

David Cronin, 24 avril 2024

Le recours par Israël à l’intelligence artificielle (IA) pour sélectionner des cibles à Gaza au cours de l’actuel génocide a fait la une de nombreuses publications.

Les rares personnes qui ont examiné de près comment Israël teste ses nouvelles technologies sur les Palestiniens pourraient être surprises. Israël avait signalé précédemment que son attaque de mai 2021 contre Gaza lui avait donné l’occasion d’expérimenter dans l’IA.

La réponse adéquate à ces signaux aurait été de cesser de financer la moindre recherche en IA impliquant des firmes et des institutions israéliennes. L’UE a précisément adopté l’approche contraire.

En septembre 2023, l’UE autorisait un projet visant à concrétiser un avenir dans lequel la collaboration entre humains et IA « occuperait une position centrale ».

Parmi les participants au projet figure IBM Israël, une filiale du géant installé aux EU.

IBM a un passé très long et ignoble de livraison de technologie à des violateurs des droits humains. Parmi ses clients du passé, il y a eu le gouvernement allemand de l’ère nazie et, après cela, le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud.

Plus récemment, IBM s’est vu accorder une série de contrats de gestion de centres de soutien technologique au profit de l’armée israélienne. La robotique est l’une des fonctionnalités essentielles des tout derniers de ces centres.

Il est quasiment certain qu’on peut trouver des produits d’IBM dans tout l’attirail d’outils utilisé par Israël au cours du présent génocide.

Il semble que les hauts responsables de l’UE n’aient pas posé de questions à propos des liens entre IBM et l’armée israélienne avant d’avoir avalisé le projet susmentionné en septembre.

J’ai vu un exemplaire d’un « contrôle éthique » effectué sur le projet – baptisé HumAIne – à la requête de l’UE. Il s’agissait simplement de cocher des cases.

Le contrôle finissait par conclure que HumAIne « concernait exclusivement des applications civiles ». La seule recommandation significative était qu’« il fallait désigner un conseiller éthique indépendant ayant accumulé une grande expertise en la matière », de façon à pouvoir contrôler le projet.

La recommandation ne s’adressait pas aux connexions entre IBM et l’armée israélienne. Elle faisait simplement référence à des « préoccupations éthiques » concernant le projet, et tout spécialement « l’engagement d’humains dans l’évaluation des systèmes IA ».

Alors que HumAIne a été approuvé par la démocratie de Bruxelles avant la déclaration de la guerre contre Gaza en octobre, c’est après celle-ci que l’UE a donné son aval à l’octroi à Israël de toute une série de nouvelles subventions à la recherche.

IBM Israël fait partie des bénéficiaires de ces nouvelles subventions et va participer à un projet sur les innovations dans le partage des données, projet autorisé par l’UE à la mi-novembre.

 

« Rien à redire »

L’ignorance n’est pas une excuse pour le manque de curiosité de l’UE à propos d’IBM et de ses étroites relations avec l’armée israélienne. Alors que IBM Israël a reçu 130 subventions européennes pour la recherche d’une valeur de près de 93 millions de USD depuis 2007, les hauts responsables de Bruxelles ont eu amplement le temps d’examiner de près les activités de la firme.

Le fait qu’ils ont choisi de ne pas le faire est symptomatique de l’attitude du « rien à redire » qui prévaut généralement.

Fin février, un groupe de membres du personnel de l’UE a adressé une lettre à Johannes Hahn, le commissaire européen pour le budget et l’administration. Cette lettre traduisait une profonde inquiétude quant à la façon dont les institutions de l’UE avaient exprimé leur soutien à Israël et maintenu des relations étroites avec ce même État.

Après avoir fait remarquer que la Cour internationale de Justice avait admis qu’il était plausible de prétendre qu’Israël violait la Convention sur le Génocide, la lettre exprimait sa crainte que les gens de l’UE ne puissent être complices du génocide de Gaza. Elle insistait pour que les juristes internes de l’UE préparent des directives pour le personnel travaillant au (ou avec le) Moyen-Orient sur la manière d’éviter d’être tenus pour responsables de complicité dans le génocide.

Bien que la lettre ait été envoyée depuis près de deux mois, Hahn n’a toujours pas répondu.

Quand j’ai contacté son porte-parole, cette semaine, il m’a été dit que Hahn « avait pris note » de la lettre et qu’« une réponse était en préparation ».

La nature cavalière de ce bref commentaire est très instructive. L’élite politique européenne continue de caresser Israël dans le sens du poil et ce, sur fond d’holocauste à Gaza.

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David Cronin est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Europe Israël : Une alliance contre-nature (Ed. La Guillotine – 2013) et  Europe’s Alliance With Israel: Aiding the Occupation (Pluto Press, 2011 – L’Alliance de l’Europe avec Israël contribue à l’occupation). Il a participé à la rédaction du rapport “The israeli lobby and the European Union”. 
Son dernier livre est : Balfour’s Shadow: A Century of British Support for Zionism and Israel (Pluto Press – Londres 2017).

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Publié le 24 avril 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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