PHR-I reconnaît avoir contribué à diffuser de fausses allégations à propos des viols du 7 octobre

Le « document de prise de position » publié par Physicians for Human Rights – Israel (PHR-I), Médecins pour les droits humains – Israël a fait office des mois durant de point de discussion clé pour les propagandistes israéliens.

 

Le rapport de Physicians for Human Rights - Israel (PHT-I) a joué un rôle clé dans la diffusion des fausses allégations de viol massif le 7 octobre. Titre du rapport : La violence sexuelle et de genre comme arme de guerre lors des attaques du Hamas, le 7 octobre (nov. 2023).

Le rapport de Physicians for Human Rights – Israel (PHR-I) a joué un rôle clé dans la diffusion des fausses allégations de viol massif le 7 octobre. Titre du rapport : La violence sexuelle et de genre comme arme de guerre lors des attaques du Hamas, le 7 octobre (nov. 2023).

 

Ali Abunimah, 19 mai 2024

Une organisation israélienne de défense des droits humains fait marche arrière dans son soutien aux allégations non fondées d’Israël à propos d’une campagne systématique de violence sexuelle de la part des combattants du Hamas, le 7 octobre.

Le « document de prise de position » publié par Physicians for Human Rights – Israel (PHR-I, Médecins pour les droits humains – Israël) a fait office des mois durant de point de discussion clé pour les propagandistes israéliens.

« Il devient plus évident que la violence perpétrée contre les femmes, les hommes et les enfants a également inclus des crimes sexuels et liés au genre très répandus »,

prétendait le document de prise de position.

Mais, aujourd’hui, l’organisation de défense des droits humains désire se disculper des dégâts provoqués par ses allégations irresponsables en proposant des justifications et des excuses à propos de la raison qui l’a poussée à publier un rapport truffé de mensonges, lesquels ont été précisément utilisés pour justifier et attiser le génocide israélien à Gaza.

« Lors des investigations très poussées menées durant les mois qui ont suivi la publication du document de prise de position, en novembre, certains témoignages mentionnés par ce même document ont été contestés ou jugés invérifiables, et d’autres pourraient faire l’objet à l’avenir d’un semblable examen »,

a déclaré PHR-I ce mois-ci dans une déclaration de « clarification » qu’elle a également ajoutée à la version en ligne de son rapport de novembre.

« Nous regrettons leur inclusion dans le document de prise de position »,

déclare l’organisation, affirmant qu’« une bonne partie des informations n’étaient pas accessibles au moment où le document a été initialement rédigé ».

 

Une astuce pour sauver la face

PHR-I reconnaît également qu’elle

« manque de suffisamment du personnel, des ressources ou des outils professionnels nécessaires pour mener à bien des investigations complètes et compétentes »

du genre qu’elle encourageait dans son document de novembre.

L’organisation prétend aujourd’hui que son appel a contribué à

« hâter une enquête par un organisme professionnel – une équipe dirigée par la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour les questions de violence sexuelle en période de conflit, Madame Pramila Patten ».

Ceci, toutefois, n’est qu’une astuce supplémentaire destinée à sauver la face.

Israël et ses propagandistes ont présenté le rapport publié par l’équipe de Madame Patten début mars comme un soutien de l’ONU à leurs mensonges sur les viols massifs – la chose a été facilitée par la façon dont les auteurs de l’ONU se sont mis en quatre dans leurs tentatives en vue de prêter crédit aux affirmations israéliennes.

Mais l’équipe Patten n’avait pas de mandat pour mener une enquête indépendante et s’appuyait presque entièrement sur des informations fournies par Israël et des organisations israéliennes, y compris des menteurs et affabulateurs confirmés tels les gens de l’organisation extrémiste juive ZAKA.

Et, en fait, malgré la façon dont le rapport de l’ONU a été proposé dans les médias traditionnels, l’équipe Patten a fini par démystifier bon nombre des allégations israéliennes les plus sensationnalistes ayant trait à la violence sexuelle, comme nous l’avons montré dans un récent épisode du livestream de The Electronic Intifada.

Par exemple, des membres de l’équipe de l’ONU ont examiné des milliers de photos et de vidéos que leur avait fournies Israël et ils ont conclu qu’

« aucune indication tangible de viol ne pouvait être identifiée ».

L’équipe Patten a également reconnu que certaines des allégations israéliennes d’atrocités les plus largement répandues et sensationnalistes – celles dont on a dit qu’elles avaient eu lieu au kibboutz de Be’eri – étaient

« dénuées de fondement ».

« Partout, l’équipe en mission a été incapable d’établir s’il y avait eu de la violence sexuelle au kibboutz de Be’eri »,

dit le rapport de l’ONU – une formulation généreuse bien calculée pour masquer le fait que l’équipe de l’ONU n’a pas vu la moindre preuve crédible.

 

Madame Patten voudrait se désister

Alors qu’elle avait été heureuse au début d’être utilisée par Israël, il s’avère désormais que Pramila Patten – qui n’est pas une actrice indépendante, mais une personne politique du secrétaire général de l’ONU – aimerait beaucoup se désister d’avoir été le visage onusien de la propagande israélienne sur les atrocités.

Très adulée il y a peu encore par Israël, Madame Patten a apparemment déplu aux diplomates du régime génocidaire à New York, la semaine dernière, quand elle s’est retirée d’un briefing du Conseil de sécurité organisé par le gouvernement américain et intitulé :

« La condamnation de la prise d’otage en Israël le 7 octobre en tant qu’outil psychologique du terrorisme ».

La session s’est poursuivie sans Madame Patten et, de façon prévisible, a été utilisée comme plate-forme de la propagande israélienne sur les atrocités, y compris les allégations de viol sans le moindre fondement.

 

Se cacher derrière le rapport de l’ONU

En s’écartant de son rapport irresponsable de novembre, PHR-I affirme toujours

« qu’en raison de la nature fragmentée des souvenirs traumatiques, ces derniers sont souvent exprimés de multiples façons incomplètes, confuses ou contradictoires. Par conséquent, il n’est ni indiqué ni juste que des personnes dénuées de l’expertise et des outils requis évaluent la crédibilité des témoins ».

« Par conséquent, dorénavant, nous nous appuierons sur le rapport Patten et, quand ils seront disponibles, sur les rapports et documents additionnels produits par des organismes enquêteurs compétents »,

déclare l’organisation.

« Nous continuerons de contrôler leurs découvertes et rapports tout en tirant les conclusions professionnelles qui s’imposeront. »

On ne voit pas clairement à quels autres « organismes enquêteurs compétents » PHR-I peut faire allusion, puisque aucune autre enquête indépendante crédible ne semble avoir eu lieu.

Une initiative largement vantée, une prétendue « commission civile » d’enquête sur les crimes sexuels supposés du 7 octobre, a été dénoncée comme frauduleuse par les médias israéliens.

Se dissimuler de la sorte derrière le rapport Patten équivaut à un rejet du rôle des journalistes indépendants dont le travail s’est avéré instrumental dans la démystification des faux récits d’atrocités que PHR-I a contribué à propager au début.

PHR-I devrait reconnaître en lieu et place qu’il n’a pas recouru à une expertise spéciale pour dénoncer les mensonges d’Israël et que des journalistes indépendants l’avaient fait avant que l’équipe « professionnelle » de Madame Patten ne confirme ses conclusions (les conclusions de PHR-I, NdT).

Il aurait simplement dû accorder une attention constante aux preuves – ou au manque de preuves – et refuser de se laisser entraîner dans le délire collectif.

 

Trop court et trop tard !

Après plus de sept mois de génocide israélien à Gaza – un terme que PHR-I refuse toujours d’utiliser – l’organisation reconnaît que

« le gouvernement israélien et d’autres entités ont exploité les rapports sur la violence sexuelle de façon manipulatrice et cynique ».

Et d’ajouter :

« La violence sexuelle et les allégations de violence sexuelle ne doivent jamais être instrumentalisées en tant qu’outils de guerre ou de propagande. »

Trop court et trop tard !

Bien qu’il s’agisse d’une organisation israélienne, il est toutefois utile de reconnaître que, depuis de nombreuses années, PHR-I a joué un rôle constant dans le soutien des Palestiniens qui ont mené des grèves de la faim prolongées contre leur emprisonnement sans accusation ni procès par Israël.

La crédibilité et la confiance que PHR-I peut avoir thésaurisées par le biais de ce travail durant de nombreuses années a pris un coup sévère et peut-être même fatal.

Les dégâts causés à la réputation de PHR-I ne seront pas réparés – pour autant qu’ils puissent l’être – par ce mea culpa partiel et qualifié sur son rôle dans la diffusion de propagande génocidaire, anti-palestinienne sur de prétendues atrocités, et ce, au nom du régime de Tel-Aviv.

*****

Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

Publié le 19 mai 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

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