Baerbock, la ministre allemande des AE affirme avoir vu une vidéo – inexistante en réalité – sur les viols du 7 octobre

Samedi, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a prétendu avoir vu une vidéo filmée par un membre du Hamas le 7 octobre 2023 et montrant une femme israélienne en train de se faire violer.

 

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Ali Abunimah, 27 mai 2024

Il se fait que cette vidéo n’existe tout simplement pas.

Baerbock a pris la parole lors d’un prétendu Festival de la Démocratie à Berlin, lequel célébrait le 75e anniversaire de la Constitution de la république fédérale, et c’est à ce moment même qu’elle a été confrontée à des citoyens qui protestaient contre le soutien du gouvernement allemand au génocide d’Israël à Gaza.

En tentant de justifier la complicité de l’Allemagne, Baerbock a riposté par une dose de propagande mensongère et a prétendu qu’elle avait vu une bande vidéo sur un viol – inexistante en réalité – au cours de l’une de ses sept (au moins) dernières visites en Israël depuis le 7 octobre 2023.

« On m’a montré le film, qui n’a été enregistré ni par moi ni par le gouvernement israélien, mais bien par les combattants du Hamas avec – comment les appelle-t-on ? – leurs caméras GoPro fixées sur leurs casques »,

a affirmé Baerbock.

« Et savez-vous ce que j’ai vu, là ? La pire des choses que vous pourriez imaginer »,

a affirmé la ministre des Affaires étrangères.

« Je l’ai regardée parce que je voulais savoir, parce que je voulais savoir ce qui s’était passé. Et voir une femme violée devant une caméra. »

« Vous voulez m’interrompre quand je parle de femmes violées, violées devant une caméra ? »

s’est emportée Baerbock alors que les protestations continuaient de fuser.

On peut découvrir l’échange sur la vidéo en bas du présent article, avec des sous-titres en anglais.

Au moins huit protestataires anti-génocide ont été éloignés de force par les agents de la sécurité, selon l’agence d’information allemande DPA, qui s’est bien abstenue d’émettre la moindre remarque sur le mensonge de Baerbock ou de le mentionner.

 

Aucune violence sexuelle n’a été filmée

Depuis qu’Israël s’est mis à diffuser des bobards sur les prétendus viols massifs du 7 octobre, à aucun moment, aucune source officielle israélienne n’a prétendu qu’il existait la moindre vidéo montrant un viol en cours.

Cela a été confirmé par un article publié dans Haaretz le mois dernier.

« Des enquêtes initiées par Haaretz dans trois institutions de l’establishment de la défense, il ressort que le matériel de renseignements collecté par la police et les agences de renseignement, dont les prises de vue extraites des caméras corporelles des terroristes, ne contient pas de documentation visuelle du moindre acte de viol »,

a déclaré le quotidien de Tel-Aviv.

L’équipe de l’ONU, dirigée par Pramila Patten, a elle aussi visionné des milliers de photos et de vidéos fournies par le gouvernement israélien et a conclu dans son rapport publié en mars que,

« dans l’évaluation médico-légale des photos et vidéos disponibles, aucune indication tangible de viol n’a pu être identifiée ».

Malgré les parti-pris pro-israéliens du rapport de l’ONU, ce rapport confirme lui aussi qu’

« aucune preuve digitale dépeignant spécifiquement des actes de violence sexuelle n’a été découverte dans les sources ouvertes ».

Pourtant, le récit bidon sur les viols reste une importante pierre de touche pour les partisans du génocide d’Israël, en leur permettant de conférer une justification et une tournures féministes à la boucherie perpétrée par Israël à Gaza, où les victimes les plus nombreuses du massacre et de la campagne de famine sont les femmes et les enfants.

 

Une propagande de type nazi

Il devrait être particulièrement choquant qu’une ministre de premier plan du gouvernement d’Olaf Scholz recoure à une tactique de propagande bien connue depuis l’époque d’Adolf Hitler, le précurseur de Scholz en tant que dirigeant de l’Allemagne.

Comme le fait remarquer le Musée américain du Mémoral de l’Holocauste, l’administration hitlérienne de l’Allemagne se servait d’une propagande d’atrocités sinistre qui « dépeignait les juifs comme des parasites culturels errants, rongés par le sexe et par l’argent », comme des « sous-hommes » et comme « de dangereux ennemis du Reich », et ce, afin de mobiliser le soutien ou l’acquiescement du public en faveur des persécutions antijuives du gouvernement allemand.

Les mensonges du gouvernement d’Hitler s’appuyaient sur des stéréotypes antijuifs préexistants, de la même façon que son successeur à Berlin aujourd’hui, dirigé par le chancelier Scholz, s’appuie sur un sectarisme anti-musulman très répandu afin de faire paraître crédibles les allégations anti-palestiniennes à propos des atrocités.

Les mensonges de Baerbock devraient être perçus dans ce contexte et devraient également faire l’objet d’une enquête pénale en tant qu’incitation au génocide relevant de la Convention de 1948 sur le Génocide.

 

Un haut responsable de l’UE diffuse des mensonges à propos de viol

En l’absence complète de preuves crédibles pour soutenir la propagande d’atrocités israélienne sur les viols massifs, de hauts responsables occidentaux favorables au génocide ont de plus en plus recouru à des mensonges directs.

La semaine dernière, par exemple, Israël a diffusé une vidéo montrant cinq de ses soldates capturées en tant que prisonnières de guerre par les combattants du Hamas, le 7 octobre.

Selon Reuters, le gouvernement israélien a perçu la diffusion de ce clip sous-titré de trois minutes sur les médias nationaux et internationaux comme une occasion de renforcer le soutien ».

En dehors des sous-titres fournis par des Israéliens, les traductions déviées, les manipulations et les affabulations étaient apparemment destinées à suggérer que les soldates capturées avaient été prises comme esclaves sexuelles – un mensonge frénétiquement poussé en avant par les médias occidentaux pro-israéliens.

Même avec ces distorsions évidentes et ces traductions faussées, il est clair que la vidéo ne montre personne en train de se faire violer et, pourtant, cela n’a pas empêché Katarina von Schnurbein, la « coordinatrice de l’Union européenne concernant l’antisémitisme », de donner sa fausse idée de la chose.

« La vidéo d’aujourd’hui, présentant des femmes israéliennes brutalisées et violées le 7 octobre, est horrible »,

a prétendu la haute fonctionnaire notoirement pro-israélienne.

« Le fait de savoir que certaines sont toujours aux mains de leur bourreaux donne la nausée. »

 

Biden ment de nouveau

Le président américain Joe Biden, le principal pourvoyeur d’armes et facilitateur du génocide d’Israël, continue lui aussi de ventiler sa propagande sur les atrocités. La semaine dernière, il a prétendu dans un discours d’envoi au Morehouse College qu’il avait

« vu des photos de Palestiniens qui attachaient une mère et sa fille à l’aide d’une corde, leur versaient du kérosène sur le corps, y boutaient le feu et les regardaient mourir ».

Depuis le 7 octobre 2023, aucune photo ni vidéo d’un incident de ce genre n’a jamais été publiée ni rapportée comme existante.

La dernière affabulation de Biden rappelle sa fausse allégation, peu après le 7 octobre, disant qu’il avait vu des photos de bébés israéliens décapités par des combattants palestiniens, un mensonge au sujet duquel la Maison-Blanche s’était d’ailleurs rétractée, à l’époque.

Cette propagande sur les atrocités destinée à justifier et à susciter le soutien à la campagne d’extermination de Tel-Aviv, vient au moment où Israël intensifie ses attaques contre Rafah, quelques jours à peine après que la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël de cesser son offensive militaire contre la ville la plus au sud de Gaza.

Les horreurs absolues qui ressortent de l’attaque incluent des images réelles de corps carbonisés et d’enfants décapités – des enfants palestiniens décapités par des armes sans aucun doute livrées par les États-Unis ou par l’Allemagne.

 

Un haut responsable allemand reconnaît les crimes israéliens

Le fait que de telles atrocités sont devenues monnaie courante est bien connu du gouvernement allemand, comme la chose ressort clairement, sans la moindre ambiguïté, des commentaires émis par le vice-chancelier Robert Habeck un jour plus tôt.

« Bien sûr, Israël doit adhérer aux lois internationales, et la famine, la souffrance de la population palestinienne, les attaques contre la bande de Gaza – comme nous le voyons aujourd’hui, dans les procédures des tribunaux – sont incompatibles avec les lois internationales »,

a déclaré Habeck samedi.

« Cela signifie, et c’est effectivement le cas, qu’Israël a dépassé la ligne, et qu’il ne peut pas le faire. »

Parlant de l’actuelle offensive contre Rafah, Habeck a affirmé :

« Le gouvernement fédéral a dit à plusieurs reprises que c’était mal, qu’Israël n’avait pas le droit de mener cette attaque, du moins pas de la manière dont il a procédé auparavant dans la bande de Gaza : en bombardant les camps de réfugiés, etc. »

Avec l’administration Biden, l’Allemagne a été le supporter le plus fidèle dès le début du génocide de Gaza, en approuvant de grandes quantités de ventes militaires à Tel-Aviv.

Les réserves tardives de Habeck couvrent ou mitigent le rôle de l’Allemagne dans ce génocide et dans la propagande sur les atrocités qui l’a alimenté.

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Vidéo EI : La ministre allemande des Affaires étrangères ment quand elle prétend avoir vu une “vidéo de viol” filmée le 7 octobre. Vidéo (EI) visible sur YouTube.

 

 

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

Publié le 27 mai 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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