Prétendus viols : Le chancelier allemand Olaf Scholz répète le mensonge de sa ministre Baerbock

Bien que la chose ait définitivement été dénoncée comme un mensonge, le chancelier Olaf Scholz est devenu le dernier dirigeant allemand à affirmer que les combattants du Hamas se sont filmés en train de violer des Israéliennes le 7 octobre.

 

Leipzig, Allemagne, 1er juin 2024. Un manifestant anti-génocide agite un drapeau palestinien au moment où le chancelier allemand Olaf Scholz prend la parole lors d'un rassemblement en vue des élections au Parlement européen.

Leipzig, Allemagne, 1er juin 2024. Un manifestant anti-génocide agite un drapeau palestinien au moment où le chancelier allemand Olaf Scholz prend la parole lors d’un rassemblement en vue des élections au Parlement européen. (Photo : Sebastian Willnow / DPA)

 

Ali Abunimah, 6 juin 2024

En réalité, selon les sources mêmes du gouvernement israélien et de l’ONU, ces vidéos n’existent pas.

Le journaliste Florian Warweg a posté une vidéo de Scholz qui, le 1er juin, à Leipzig, a pris la parole au nom de son Parti social-démocrate lors d’un rassemblement en vue des élections européennes.

Au beau milieu des protestations de la foule contre le rôle de son gouvernement dans le génocide présentement perpétré par Israël à Gaza, Scholz a prétendu :

« Les terroristes du Hamas ont enregistré tout cela afin que leur perfidie, leurs meurtres, leurs viols puissent être vus dans le monde entier. »

Ceci s’est passé quelques jours à peine après que la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait prétendu avoir visionné personnellement une vidéo filmée par un guerrier du Hamas à l’aide de sa caméra GoPro et montrant un viol en pleine perpétration.

De telles vidéos n’existent pas

Mais, comme l’a reporté The Electronic Intifada, de telles vidéos n’existent pas, et le fait est confirmé par les sources du gouvernement israélien et une équipe de l’ONU qui a visionné des milliers de photos et des dizaines d’heures de vidéos fournies par le gouvernement israélien ou obtenues de sources ouvertes.

L’équipe de l’ONU, dirigée par Pramila Patten, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU sur la violence sexuelle en temps de conflit armé, a conclu dans son rapport publié en mars que,

« dans l’évaluation médicolégale des photos et vidéos disponibles, aucune indication tangible de viol n’a pu être identifiée ».

Le mois suivant, le journal israélien Haaretz rapportait :

« Des enquêtes lancées par Haaretz dans trois institutions de l’establishment de la défense, il ressort que le matériel de renseignements collecté par la police et par les services de renseignement, y compris les prises de vue tirées des caméras corporelles des terroristes, ne contient aucun enregistrement visuel d’actes de viol proprement dits. »

 

Berlin répond évasivement et ment

Il s’avère que Warweg est le seul journaliste qui, en Allemagne, ose défier l’escalade dans la propagande d’atrocités du gouvernement.

La semaine dernière, lors de la conférence de presse habituelle du gouvernement, Warweg a demandé à la ministre des Affaires étrangères de fournir de plus amples détails sur l’endroit, la date et les personnes avec lesquelles Baerbock avait visionné les prétendues vidéos de viol.

Du fait qu’aucune vidéo de ce genre n’existe, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Christian Wagner, n’a pas pu fournir de réponse et, en lieu et place, a recouru à la diffamation et à la calomnie à l’encontre du journaliste.

Warweg a de nouveau défié le gouvernement lors de sa conférence de presse du 5 juin.

Le journaliste a demandé au porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Sebastian Fischer, de

« nous dire quand, où et avec quels autres représentants du ministère Mme Baerbock avait visionné cette séquence [vidéo] ? »

« Vous avez déjà posé exactement les mêmes questions à mon collègue Christian Wagner »,

a répondu Fischer.

« C’était déjà le sujet d’une autre conférence de presse. Vous pouvez le vérifier dans les minutes, ou simplement regarder votre propre vidéo. Alors, vous aurez les réponses. »

Mais, comme l’a répondu Warweg avec à-propos, Wagner n’avait fourni aucune réponse.

 

Une réminiscence de la propagande nazie

L’Allemagne est actuellement au centre d’un dossier introduit par le Nicaragua à la Cour internationale de Justice à propos du rôle de Berlin dans le génocide perpétré par Israël à Gaza – un génocide que les dirigeants allemands continuent de couvrir et de nier.

En effet, mercredi, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a affirmé que

« le chancelier est convaincu qu’Israël met tout en œuvre pour se conformer aux lois internationales ».

L’un des crimes désignés par la Convention de 1948 sur le Génocide consiste en l’incitation au génocide.

En 2003, trois journalistes ont été accusés par un tribunal international pour leur rôle dans l’incitation au génocide du Rwanda en 1994 et ont été condamnés à de longues peines d’emprisonnement.

Parmi les crimes, selon un résumé officiel du jugement, figurait

« la description d’une femme tutsi en tant que femme fatale, avec le message disant que les femmes tutsi étaient des agents de séduction de l’ennemi ».

La propagande décrivant comme déviantes sexuelles un groupe de personnes ciblées en vue d’un génocide a également été la tactique utilisée par un prédécesseur du chancelier Scholz à la tête de l’Allemagne, Adolf Hitler.

La propagande de l’administration hitlérienne décrivait les juifs « comme des voleurs méprisants menaçant les filles blondes et pures », selon Edna Friedberg, du musée américain en mémoire de l’Holocauste. C’est exactement ce que font aujourd’hui le chancelier Scholz et ses ministres avec les Palestiniens.

Du fait que leur pays est confronté à des examens judiciaires pour son rôle dans la campagne israélienne d’extermination, il est surprenant que les dirigeants allemands n’aient pas cessé de s’engager obstinément dans de telles incitations et affabulations – au moins afin d’éviter un risque juridique personnel, sinon en vertu d’un sentiment élémentaire de décence humaine, que des décennies de déclarations de regret pour les crimes de l’Allemagne ne sont manifestement pas parvenues à instiller en eux.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

Publié le  6 juin 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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