Leila Khaled réclame la mise en liberté de Mohammed al-Qiq et la justice pour Omar Nayef Zayed lors de rencontres au Parlement européen.
Le 8 février, Leila Khaled, icône de la résistance et dirigeante politique palestinienne, a été rejointe par des représentants de Samidoun (réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens), de la Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine (ECCP) et de la section européenne de l’Organisation de la jeunesse palestinienne pour une série de rencontres qui avaient lieu au Parlement européen à Bruxelles.
Leila Khaled s’est rendue dans les bureaux des députées européennes Martina Anderson (Irlande) et Ana Gomes (Portugal) du Parlement européen et elle a mis en épingle trois sujets : le combat des prisonniers palestiniens et, en particulier, les 76 jours de grève de la faim du journaliste palestinien Mohammed al-Qiq, emprisonné sans accusation ni procès ; les réfugiés palestiniens et le droit au retour, ainsi que les récentes restrictions budgétaires dans les services de soins de santé de l’UNRWA au Liban ; et, enfin, le cas d’Omar Nayef Zayed, un ancien prisonnier palestinien confronté aujourd’hui à une extradition de la Bulgarie, un État membre de l’UE.
Khaled a mis en exergue la souffrance des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et l’escalade de ces cinq derniers mois, y compris le recours de plus en plus fréquent à la détention administrative sans accusation ni jugement et la situation des détenus mineurs d’âge. Elle a insisté tout particulièrement sur l’affaire al-Qiq : son état de santé plus qu’alarmant, puisqu’il risque de mourir d’un jour à l’autre, son insistance pour être libéré de sa détention administrative et le ciblage particulier des journalistes palestiniens. « Leur rôle est de montrer ce qui se passe et, pour cette raison, on les abat, on les blesse, on les emprisonne et on les place en détention administrative », a expliqué Khaled.
Khaled a également commenté le cas du jeune Ahmad Manasrah (14 ans) et l’emprisonnement de dirigeants politiques comme Khalida Jarrar et d’Ahmad Sa’adat, de même que l’actuelle répression , de même que l’actuelle répression focalisée sur les Palestiniens : les démolitions de maisons, le siège de Qabatiya et les exécutions extrajudiciaires dans les rues palestiniennes.
Elle a également mis l’accent sur le cas d’Omar Nayef Zayed, un ancien prisonnier palestinien qui s’est évadé d’une prison israélienne et qui, ces 22 dernières années, a vécu en Bulgarie avec sa famille bulgare. Pour l’instant, il est confronté aux prises avec une mesure d’extradition vers Israël de la part du gouvernement bulgare, conformément à un accord d’extradition pour des « questions criminelles ». Le cas de Zayed – et cela vaut pour tous les prisonniers palestiniens – est une affaire politique, et non criminelle, et elle concerne Jérusalem occupée, un territoire sous occupation où les Palestiniens sont soumis à des tribunaux militaires. Khaled a mis en garde contre le danger que constituait cette affaire pour les autres Palestiniens en Europe, et particulièrement pour les anciens prisonniers et vétérans de la lutte, et elle a insisté pour que l’on accroisse les pressions afin d’empêcher tout État membre de l’UE d’extrader un ancien prisonnier palestinien vers Israël.
« Les réfugiés palestiniens veulent rentrer chez eux, y compris moi-même. Je suis toujours une réfugiée »
Leila Khaled, membre du Conseil national palestinien et secrétaire du comité du Front populaire de libération de la Palestine pour les réfugiés et le droit au retour, a encore insisté pour dire que l’importance primordiale, pour la cause palestinienne, du droit au retour des réfugiés, faisant remarquer qu’il est souvent passé sous silence et marginalisé alors qu’il se trouve au centre même de la lutte palestinienne. « Les réfugiés palestiniens veulent rentrer chez eux, y compris moi-même. Je suis toujours une réfugiée », a ajouté Khaled. Elle a également fait remarquer que toute véritable solution de la question palestinienne passait immanquablement par l’application du droit au retour des réfugiés palestiniens, en ajoutant que la Résolution 194 de l’ONU, la Déclaration universelle des droits de l’homme et les normes internationales bien établies soutiennent toutes ce droit refusé aux Palestiniens depuis qu’on les a chassés de chez eux voici 68 ans.
Elle a également fait état des coupes budgétaires auxquelles sont confrontés les réfugiés palestiniens au Liban, qui dépendent des services de santé assurés par l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), lequel s’»occupe uniquement des réfugiés palestiniens. Tous les autres cas de réfugiés sont traités par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Le budget de UNRWA est financé par des pays donateurs et il est soumis en permanence à des pressions politiques, dans une tentative d’éradiquer la lutte des réfugiés, a également mentionné Khaled ; actuellement, quand une crise budgétaire se présente, elle est toujours résolue sur le dos de ceux qui ont le moins de voix au chapitre, et les réfugiés palestiniens au Liban, qui sont confrontés à des coupes sombres dans le financement des services de santé, ont élevé à ce propos de multiples protestations partout dans le pays.
Elle a également fait remarquer le déplacement forcé continuel des réfugiés palestiniens de Syrie, souvent vers l’Europe, dans le même temps que leur droit au retour continue à leur être refusé.
Les représentants de Samidoun aux rencontres ont aussi discuté de la question de G4S dont le contrat avec le Parlement européen n’a pas été reconduit en 2011, alors qu’en fait, la firme continue à assurer la sécurité de la Commission européenne et d’autres institutions européennes, en dépit de son horrible palmarès sur le plan des droits de l’homme, et pas seulement en Palestine, où la firme fournit des chambres de contrôle et autres équipements aux prisons et aux check-points israéliens ainsi qu’aux centres de formation de la police, et ce, dans le monde entier.
Les participants aux rencontres ont insisté sur l’importance des actions menées par les parlementaires européens dans le cas d’al-Qiq, ainsi que sur leur urgence particulière, vu le risque de décès encouru quotidiennement par le prisonnier, mais aussi dans le cas des autres prisonniers palestiniens en général et dans celui d’Omar Nayef Zayed. Ils ont également réclamé des actions à propos du droit au retour des réfugiés palestiniens, un sujet qui est exclu en permanence des discussions européennes sur la Palestine et les droits des Palestiniens. Et ils ont aussi demandé l’application d’un véritable boycott dans toute l’UE contre les produits des colonies.
Dans les jours à venir, Samidoun accompagnera Leila Khaled dans la suite de ses rencontres avec des parlementaires et, en compagnie d’autres députés, assurera le suivi de la Coordination européenne des commissions et organisations à propos des discussions et des questions soulevées.
Publié le 9 février 2016 sur Samidoun
Traduction : Jean-Marie Flémal