Le soutien de Biden au génocide à Gaza attise une guerre plus étendue encore

Depuis plus de cent jours, on estime que l’engagement inébranlable du président Joe Biden en faveur du génocide israélien à Gaza a coûté la vie à 32 200 Palestiniens, mis à rude épreuve l’intégrité des lois internationales et semble à présent menacer les intérêts mêmes des États-Unis, puisque Washington intensifie une guerre régionale qu’il n’a pourtant pas voulue, prétend-il.

 

Le soutien de Biden au génocide à Gaza attise une guerre plus étendue encore. Hhoto : 12 janvier 2024. Sana’a, Yémen. Un ado tient une roquette factice lors d’une manifestation contre l’opération menée par les EU afin de protéger la navigation commerciale en mer Rouge. (Photo : Osamah Yahya / ZUMA Press Wire)

12 janvier 2024. Sana’a, Yémen. Un ado tient une roquette factice lors d’une manifestation contre l’opération menée par les EU afin de protéger la navigation commerciale en mer Rouge. (Photo : Osamah Yahya / ZUMA Press Wire)

 

Maureen Clare Murphy, 19 janvier 2024

Biden s’est fermement positionné comme un partenaire à part entière de la campagne militaire d’Israël, bien que, plus d’une fois, il ait reconnu la nature indiscriminée de ses bombardements sur Gaza en admettant essentiellement qu’il contribuait ainsi à des crimes de guerre en les encourageant.

Et c’est ainsi que Biden et ses secrétaires d’État et à la défense sont poursuivis pour leur incapacité à empêcher un génocide et pour leur complicité dans ce même génocide qui se déroule à Gaza.

Le soutien inconditionnel – « sans la moindre divergence » – de l’administration Biden à Israël a donné tellement de latitude que Tel-Aviv ne dispose d’aucun moyen de faire marche arrière dans ses objectifs de guerre déclarés, bien qu’il n’en ait réalisé aucun jusqu’à présent. Des douzaines de captifs sont toujours à Gaza et le commandement du Hamas est resté intact, sans parler de la résistance menée par les multiples factions contre les forces terrestres israéliennes.

Aucune victoire ne se profile à l’horizon pour Israël, et c’est le moins qu’on puisse dire.

 

Les EU s’enfoncent eux-mêmes dans une position tout aussi insoluble en alimentant en bombes une poudrière régionale, déclenchant ainsi une série de conséquences qu’il leur sera de plus en plus difficile de contrôler.

Washington bombarde maintenant le Yémen, bien qu’il reconnaisse que cela n’a guère d’effet dissuasif, après que les EU et le Royaume-Uni ont lancé des frappes aériennes sur le pays la semaine dernière, suite à une prétendue attaque de missiles et de drones en direction d’un cargo américain et des navires de guerre qui l’escortaient, quelques jours plus tôt.

L’administration Biden prétend que les EU ne sont « pas intéressés (…) par une guerre contre le Yémen », comme l’a déclaré vendredi dernier le porte-parole de la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby. The New York Times s’interrogeait le même jour :

« La guerre régionale dont personne ne voulait est là. Quelle sera son ampleur ? »

La réponse dépend du temps pendant lequel les EU prolongeront le génocide à Gaza, puisque ces escalades régionales sont une conséquence directe de la politique moralement et stratégiquement désastreuse de Washington.

Les frappes aériennes des EU et du Royaume-Uni au Yémen ont été lancées le premier jour des sessions autour du génocide à la Cour internationale de justice de La Haye cette semaine.

Les EU s’opposent à ces procédures (c’est avec arrogance que le secrétaire d’État Antony Blinken a rejeté la plainte sud-africaine pour génocide contre Israël, la qualifiant de détournement d’attention « sans mérite », alors que le porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, disait qu’elle était « dénuée du moindre fondement factuel imaginable »). Washington s’oppose à toute mesure réelle en vue de réclamer des comptes à Israël, de même qu’il s’oppose aussi au moindre effort vers la mise en place d’un cessez-le-feu, en empêchant à l’avance le Conseil de sécurité de l’ONU de lancer un appel juridiquement contraignant en faveur d’une telle mesure.

Biden est lui-même responsable de cette situation difficile au niveau régional puisqu’il s’est immiscé comme partenaire à part entière dans le génocide israélien contre les Palestiniens à Gaza.

Le soutien de son administration à la campagne militaire israélienne, qui a désormais franchi le cap des cent jours, s’est traduit par des hostilités entre Israël et le Liban, lesquelles sont au bord d’une guerre à grande échelle.

Le soutien matériel et diplomatique de Washington à la campagne génocidaire a incité des attaques contre des cibles américaines en Syrie et en Irak, où les frappes américaines du 4 janvier – qui ont tué un dirigeant de milice à Bagdad – ont soulevé la colère du gouvernement de ce pays.

Et, aujourd’hui, les EU sont engagés dans une confrontation militaire directe avec Ansar Allah (les partisans de Dieu), le gouvernement de facto du Yémen, qui, depuis des semaines, entretient un blocus maritime censé empêcher les navires commerciaux d’atteindre les ports israéliens.


Les objectifs d’Ansar Allah

Ansar Allah a fait savoir clairement que son intervention en mer Rouge visait à exiger un coût économique de la part d’Israël pour le génocide à Gaza, une forme de pression destinée à mettre un terme au bain de sang et à la catastrophe humanitaire.

La solidarité du Yémen avec Gaza a été forcée par l’expérience yéménite même d’une occupation militaire étrangère et d’une famine issue d’un blocus et d’une soumission, des années durant, à une campagne aérienne de l’Arabie saoudite appuyée par Washington et Londres. Il est certain qu’Ansar Allah et ses partisans perçoivent le sort des Palestiniens à Gaza et celui du peuple du Yémen comme étant interconnectés et qu’entreprendre des actions en vue de court-circuiter le génocide à Gaza sert également à protéger la sécurité à long terme du Yémen lui-même.

 

L’objectif d’Ansar Allah est en contradiction directe avec la politique américaine de prolongation de la guerre et de protection d’Israël de toute pression significative en vue d’y mettre un terme.

Jake Sullivan, le conseiller de Biden en matière de sécurité nationale, a déclaré cette semaine que les bombardements du Yémen par les EU et la Grande-Bretagne en réponse à l’intervention d’Ansar constituaient une « action défensive ». Il a prétendu que son administration créait

« les conditions en faveur de la désescalade » par le biais d’une « combinaison de dissuasion constante et de diplomatie inébranlable ».

Les assertions de Sullivan se situent naturellement à l’opposé de la réalité – il serait assez difficile pour Washington de revendiquer son autodéfense dans la mer Rouge – et les frappes violent à la fois la Charte des Nations unies et la Constitution américaine. Mercredi, loin d’un geste diplomatique, le département d’État a qualifié Ansar Allah d’organisation terroriste, préparant ainsi la voie à des sanctions qui,

« en tout premier lieu, porteront préjudice à des civils »,

comme l’a expliqué le lendemain DAWN, l’organisation de surveillance des droits humains.

Mohammed Al-Bukhaiti, un membre de l’aile politique d’Ansar Allah, a déclaré qu’avant les frappes aériennes américano-britanniques contre le Yémen, son organisation n’avait ciblé que des navires en route vers des ports israéliens ou appartenant à des identités israéliennes (toutefois, DAWN dit qu’il s’est avéré que « certains des navires attaqués par Ansar Allah n’avaient aucune connexion avec Israël »). Al-Bukhaiti a ajouté que le but n’était pas de couler ou de saisir les navires, mais de les obliger à changer de route et à dégager ainsi un moyen d’appliquer des pressions économiques sur Israël.

Les attaques yéménites contre le transport maritime n’ont pas résulté en rapports mentionnant des blessés ou des morts, au contraire des frappes mortelles des EU et de la Grande-Bretagne.

 

Al-Bukhaiti a déclaré que les frappes américano-britanniques avaient établi de nouvelles règles permanentes d’engagement en mer Rouge.

« C’est le moment que nous avons attendu : que la bataille se joue directement entre nous et l’Amérique et la Grande-Bretagne »,

a dit Al-Bukhaiti, ajoutant que, désormais, le monde distinguait clairement les deux camps :

« Le Yémen, qui tente courageusement de faire cesser le génocide [à Gaza] et l’Amérique et la Grande-Bretagne, qui protègent les perpétrateurs. »

Lundi, Yahya Sare’e, le porte-parole des Forces armées yéménites, a déclaré que

« tous les navires et vaisseaux de guerre américains et britanniques impliqués dans l’agression contre notre pays sont considérés comme des cibles hostiles par les Forces armées yéménites ».

Il a répété que le blocus contre la navigation israélienne allait se poursuivre 

“jusqu’à ce que cesse l’agression et que soit levé le siège du peuple palestinien dans la bande de Gaza ».

Plus tard, le même jour, les Gardes de la Révolution iranienne ont attaqué ce qu’ils ont qualifié de centres d’espionnage dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien,

« dans une zone située non loin du consulat des EU »,

selon Reuters.

 

Les conséquences du génocide américano-israélien à Gaza se sont propagées plus loin, géographiquement parlant, puisque, cette semaine, l’Iran et le Pakistan se sont opposés via des frappes aériennes l’un contre l’autre le long de leur frontière commune.

Plus la guerre s’étirera en longueur à Gaza, plus grand sera le risque d’une escalade régionale plus grave encore, ont expliqué clairement le secrétaire général de l’ONU et d’autres hauts responsables.

Il s’avère que c’est ce que cherche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou : une conflagration très longue et compliquée, afin de sauver sa propre peau et de forcer les EU à intervenir dans une potentielle confrontation militaire avec l’Iran.

Dans son discours à l’occasion des cent jours de guerre, Netanyahou a déclaré qu’en sus de sa campagne à Gaza, Israël avait

« une autre mission existentielle constante, à savoir empêcher l’Iran de pouvoir se constituer un armement nucléaire ».

« Telle est ma mission. Telle est notre mission », a ajouté Netanyahou. « Je l’ai dit au secrétaire d’État Blinken. Ce doit être votre principale mission aussi. »

 

Pas de bons choix ?

La semaine dernière, un gros titre dans Foreign Policy disait :

« Biden n’opère pas de bons choix au Yémen. »

Cela semble présupposer qu’un cessez-le-feu à Gaza n’est pas une option ou, si c’en est une, qu’elle n’est pas bonne et que le recours à la force est le seul plan d’action disponible pour Biden (bien que manifestement inefficace, puisque les EU reconnaissent maintenant que leurs frappes aériennes ont à peine fait une brèche dans les capacités militaires d’Ansar Allah).

Mais, du fait que s’engager dans la voie diplomatique pour mettre un terme au génocide à Gaza n’est pas perçu comme un choix raisonnable par Biden (et, apparemment, pas davantage par les porte-parole de l’empire), les EU sont disposés à risquer les vies des habitants de la région de même que celles de leurs forces armées – le tout pour servir un but on ne peut plus répréhensible.

 

Aussi moralement dégoûtante que puisse être l’actuelle politique de Biden, elle ne constitue rien d’autre qu’un prolongement de sa désastreuse politique moyen-orientale dans son ensemble qui, jusqu’au 7 octobre, cherchait à contourner les Palestiniens, y compris ceux qui étaient en état de siège à Gaza, et la totalité de leurs aspirations et de leurs droits inaliénables.

Le soutien américain à la campagne militaire israélienne à Gaza est une extension d’efforts de longue haleine en vue d’imposer un changement de régime dans le territoire après que le Hamas a pris le contrôle de ses affaires internes en 2007 et qu’Israël a imposé un blocus sévère accompagné de punitions collectives appliquées par l’Égypte et ses alliés.

Le siège de Gaza était et est toujours une forme de punition collective visant à appliquer des pressions économiques sévères sur les Palestiniens, dans le but d’obtenir d’eux qu’ils se tournent contre le Hamas, lequel refuse de renoncer à la lutte armée contre l’occupation et la colonisation israéliennes.

Entre-temps, Washington soutient l’Autorité palestinienne, qui est profondément impopulaire parmi les Palestiniens, puisqu’elle fait à peine plus que servir de bras policier autoritaire de l’occupation israélienne.

Des négociations bilatérales ont été bloquées du fait que les dirigeants israéliens de plusieurs gouvernements ont été fermes dans leur opposition à un État palestinien.

Ayant très correctement identifié une impasse, mais sans aborder le rôle clé joué par les EU dans le soutien matériel à une occupation éternelle de la part d’Israël, les deux dernières administrations de Washington ont cherché à marginaliser totalement les revendications du peuple palestinien à propos de ses droits. Ces deux administrations ont poursuivi les accords de normalisation entre Israël et les États voisins despotiques tout en traitant la situation palestinienne comme s’il s’agissait de quelque chose qu’on pouvait ignorer ou « gérer indéfiniment selon un mode conflictuel ».

Les variations souvent répétées de l’administration Biden de la rengaine disant que

« Israéliens et Palestiniens méritent des mesures égales de liberté, de dignité, de sécurité et de prospérité »

ne sont pas très éloignées du langage « Peace to Prosperity » (paix à la prospérité) utilisé par l’administration Trump pour décrire son cadre structurel à l’égard des Palestiniens et des Israéliens.

Ce programme « Peace to Prosperity » de l’administration Trump a tenté de se substituer au but palestinien de libération nationale, et ce, via des incitations économiques, tout en maintenant un état permanent d’occupation militaire et d’apartheid.

La chose en soi était une resucée de l’approche de l’administration Obama consistant à soutenir la « paix économique » en Cisjordanie occupée sous la bannière de la « construction d’un État » palestinien.

Adalah, une organisation qui milite pour les droits des Palestinien en Israël, a dit que la proposition de Trump n’était

« rien de plus qu’une tentative en vue de contourner les barrières juridiques internationales et d’ignorer le droit des Palestiniens à l’autodétermination ».

 

L’héritage de Biden

Fondamentalement, peu de chose a changé quand Biden est entré en fonction, puisque son administration a continué d’encourager la politique clé de normalisation de Trump tout en mettant les Palestiniens sur la touche.

Avant le 7 octobre, l’administration Biden avait mis sous l’éteignoir les demandes relatives aux droits d’un peuple colonisé en recourant au langage des « tensions entre Israéliens et Palestiniens », comme l’illustrait parfaitement un discours optimiste prononcé par le conseiller en sécurité nationale, Jack Sullivan, lors de l’Atlantic Festival, fin septembre.

« La quantité de temps que je dois passer sur la crise et le conflit au Moyen-Orient aujourd’hui, en comparaison avec tous mes prédécesseurs, en remontant jusqu’au 11 septembre a été significativement réduite »,

avait dit Sullivan à l’époque.

La crise du Moyen-Orient constituera certainement l’héritage de Biden sur le plan de la politique étrangère, avec les horreurs du génocide à Gaza qui éclipsent potentiellement ne serait-ce que la désastreuse guerre par procuration encouragée par Washington et qui s’est traduite par une impasse sanglante en Ukraine.

L’opération militaire du Hamas, le 7 octobre, cherchait à perturber les efforts en vue de liquider la cause palestinienne après un quart de siècle de « processus de paix » bidon dirigé par les EU et qui n’a fait que donner du temps à Israël pour confisquer plus de terre palestinienne encore et y installer ses colonies.

Osama Hamdan, un membre du bureau politique du Hamas, a expliqué dans la publication turque TRT que cette opération militaire était une réponse à la colonisation accélérée de la terre palestinienne par le gouvernement Netanyahou. Il avait ajouté que l’opération avait pleinement réalisé son objectif, qui consistait à remettre la cause de la libération palestinienne à l’ordre du jour international.

Vidéo : Pourquoi le Hamas a-t-il attaqué Israël le 7 octobre ? (TRT, sur YouTube)

 

« Si, en effet, le but du Hamas était de porter la cause palestinienne exactement aux premières loges du dialogue international, vous avez mille fois raison, il y est parvenu »,

avait répondu l’interviewer de TRT.

« Il y a des pays qui avaient peut-être rangé la solution à deux États et l’avenir des Palestiniens quelque part à l’arrière-plan de leurs activités mais, aujourd’hui, le monde entier en parle »,

avait ajouté le présentateur de TRT.

De même, l’ouverture par le Hezbollah du front longeant la frontière libanaise avec Israël, le 8 octobre, en solidarité avec Gaza, et l’intervention militaire des organisations de la résistance au Yémen et en Irak remodèlent la dynamique de pouvoir dans la région.

Lors d’un discours récent, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a insisté en disant que seul un cessez-le-feu à Gaza permettrait des pourparlers en vue de faire cesser les hostilités du côté de la frontière libano-israélienne.

De même, Nasrallah a déclaré que la sécurité en mer Rouge était entièrement dépendante de la fin de l’agression israélienne contre Gaza.

Il avait également rejeté les tentatives des EU en vue de classer les organisations de résistance comme des mandataires de Téhéran, et il avait dit que le Yémen agissait indépendamment et que

« la réponse yéménite avait été décidée par les seuls Yéménites ».


Biden double la mise

Biden double la mise sur la politique qui a créé les conditions de la crise catastrophique en Palestine et de l’escalade vers une guerre régionale.

Axios rapporte que les EU ont été frustrés, avec Israël, du fait que, pour certaines raisons, le gouvernement de Netanyahou refuse de

« discuter sérieusement des plans d’après-guerre et rejette le plan américain prévoyant de réformer l’Autorité palestinienne et de lui donner un rôle à Gaza débarrassé du Hamas ».

Un responsable américain a dit à Axios que Blinken aurait déclaré à Netanyahou et à son cabinet de guerre que leurs plans d’après-guerre pour Gaza – qui envisagent

« un groupe de travail multinational afin de reconstruire l’enclave »

sans la présence de l’Autorité palestinienne, comme le rapporte Reuters – constituaient une approche utopique.

Mais l’administration Biden souffre de ses propres délires – pour commencer, le fait de présumer qu’il y aura un « Gaza après le Hamas » (comme l’a fait remarquer Nasrallah, du Hezbollah, l’armée israélienne n’a rien accompli, ces cent derniers jours, hormis tuer et détruire) et, ensuite, le sentiment qu’elle pourrait imposer de nouveau l’Autorité palestinienne à une population qui la tient en grand mépris.

Elle est incapable de concevoir la notion selon laquelle les Palestiniens – et les Palestiniens seuls – devraient déterminer la façon d’être gouvernés. En effet, ce rejet catégorique de l’autodétermination palestinienne occupe le cœur du conflit et s’obstiner à la rejeter ne fera que garantir plus de souffrance et de bain de sang encore.

Et pourtant l’administration Biden suit toujours le même cap.

Selon HuffPost, le conseiller politique à la Maison-Blanche Brett McGurk, qui a joué un rôle clé dans le modelage de la politique du Moyen-Orient tant sous Trump que sous Biden, « dirige à Washington le planning pour le Gaza d’après-guerre ». McGurk envisage la reconstruction de Gaza avec, comme pierre angulaire, la normalisation des liens entre Israël et l’Arabie saoudite.

« Le plan de McGurk recourrait à un encouragement de l’aide à la reconstruction émanant de l’Arabie saoudite et peut-être aussi d’autres pays riches du Golfe, tels le Qatar et les Émirats arabes unis, afin de faire pression en même temps sur les Palestiniens et les Israéliens »,

rapportait HuffPost, qui citait trois responsables américains sans toutefois les nommer.

« Selon cette vision, les dirigeants palestiniens accepteraient un nouveau gouvernement à la fois pour Gaza et pour la Cisjordanie occupées et ils seraient d’accord pour réduire leurs critiques à l’égard d’Israël, dans le même temps qu’Israël accepterait que son influence reste limitée à Gaza. »

Selon HuffPost, des esprits critiques au sein du gouvernement américain disent que le programme de McGurk reflète

« l’approche de l’administration Biden d’avant le 7 octobre prévoyant de traiter les Palestiniens comme une question secondaire » et que ce même programme pourrait condamner la région à des « cycles de violence sans précédent ».

Traiter les Palestiniens comme une question secondaire pourrait constituer une description trop généreuse des calculs de l’administration Biden. Dans sa déclaration « marquant les 100 jours de captivité des otages à Gaza », Biden n’a aucunement fait mention des dizaines de milliers de Palestiniens tués pendant ce temps, ni des centaines de Palestiniens arrêtés par les troupes israéliennes tant à Gaza qu’en Cisjordanie.

Il semblerait que ni les souffrances des Palestiniens ni leurs aspirations politiques ne reçoivent la moindre considération ou sympathie de la part de la Maison-Blanche de Biden.

 

Le programme d’« après-guerre » de McGurk dénote non seulement l’indifférence de Washington envers les droits et desiderata des Palestiniens, mais aussi un refus de reconnaître la nouvelle réalité modelée depuis le 7 octobre par des forces de résistance de diverses nationalités.

Ces forces de résistance sont une réponse autochtone à une occupation et une guerre étrangères imposées ou soutenues par les EU.

Du fait que ces organisations de résistance sont arrivées à un état de maturation, Israël, qui est armé et protégé par Washington, ne peut plus faire ce qu’il veut aux Palestiniens sans que cela encoure désormais des frais, tant à lui-même qu’à son principal bienfaiteur.

Le génocide à Gaza renforce la croyance dans la région que la résistance est impérative – pas simplement comme dissuasion à la menace existentielle posée par Israël, mais comme seule et unique voie réaliste de libération, de souveraineté et d’autodétermination.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 19 janvier 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine


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