La féministe palestinienne Khalida Jarrar condamnée à deux ans de prison
Dans le cadre de la dernière injustice perpétrée dans les tribunaux militaires israéliens illégaux, Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne de gauche, féministe et défenseuse des droits des prisonniers a été condamnée à deux ans de prison en Israël, ce lundi 1er mars 2021.
Cela signifie qu’elle sera libérée fin octobre 2021, deux ans après son arrestation la plus récente par plus de 70 soldats armés de l’occupation israélienne, qui avaient fait irruption chez elle le 31 octobre 2019. Cette sentence a été prononcée quelques jours à peine après que la féministe palestinienne Khitam Saafin s’est vu infliger quatre mois supplémentaires de détention administrative (emprisonnement sans accusation ni procès). Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network (Réseau Samidoun de soutien aux prisonniers palestiniens) dénonce cette condamnation injuste infligée à Khalida Jarrar et réclame sa libération immédiate en même temps que celle de ses compagnes palestiniennes également emprisonnées.
Devant un tribunal militaire israélien, la dirigeante politique de renommée internationale a été accusée « d’occuper un poste au sein d’une organisation interdite », le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP). À l’instar de tous les partis politiques palestiniens importants, le parti de gauche FPLP est qualifié d’« organisation interdite » par l’occupation israélienne. Ces accusations sont venues après de précédentes attaques antipalestiniennes de la presse à sensation contre Jarrar et ses camarades.
https://youtu.be/XEoG4UBKT7I?t=15
Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network insiste pour que les organisations féminines, les mouvements sociaux et toutes les personnes de conscience du monde entier mettent en exergue les luttes, les expériences et la résistance de Khalida Jarrar, de Khitam Saafin et de toutes les femmes palestiniennes – dont celles qui sont détenues dans des prisons israéliennes – dans le cadre des activités de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2021. Parmi ces activités – au cours de cette Journée et par la suite – figure le boycott d’Israël, de ses institutions académiques et culturelles et des entreprises complices de la politique d’Israël, comme HP, Puma, Teva Pharmaceuticals et G4S, entre autres.
L’occupation israélienne cherche à étendre et consolider sa colonisation de la Palestine en emprisonnant des dirigeants palestiniens comme Khalida Jarrar et en attaquant les organisations qui défendent les prisonniers et détenus palestiniens.
Jarrar a été arrêtée huit mois à peine après sa libération à l’issue de 20 mois de détention administrative (emprisonnement sans accusation ni procès) par Israël – elle avait été arrêtée par les forces d’occupation en 2017. Au cours de sa détention, de 2017 à 2019, plus de 275 organisations avaient signé un appel international en faveur de sa libération. L’attaque de 2019 par les forces israéliennes d’occupation avait également eu lieu au moment où elle se préparait à donner à l’Université de Bir Zeit des cours sur le droit international et le mouvement palestinien. Il s’en était suivi la suppression forcée de sa classe et, en même temps, un ciblage systématique des étudiants en raison de leurs activités politiques et estudiantines sur le campus.
Jarrar défend depuis très longtemps la liberté des prisonniers palestiniens et elle a été naguère vice-présidente et directrice exécutive de l’association Addameer de soutien aux prisonniers et des droits humains. Elle est également membre du comité palestinien qui a accédé au Statut de Rome de la Cour pénale internationale et qui a présenté des preuves à ce même organe international à propos des crimes israéliens toujours en cours.
Son arrestation – et toute une vague de propagande médiatique israélienne la prenant pour cible – a connu un regain de battage au moment précis où la procureure principale de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, faisait savoir qu’elle recommandait que la CPI lance une enquête officielle sur les crimes de guerre israéliens et les crimes contre l’humanité perpétrés en Palestine. Aujourd’hui, la sentence infligée à Jarrar vient quelques semaines à peine après que la CPI a affirmé la validité de sa juridiction sur la Palestine occupée, et ce, malgré les objections de l’occupation israélienne et de l’impérialisme mondial qui la soutient.
Depuis sa dernière arrestation en 2019, Khalida Jarrar a continué de résister et de prendre la parole, rompant ainsi l’isolement que le régime israélien a tenté de lui imposer. Elle a rédigé la préface du livre de Ramzy Baroud, These Chains Will Be Broken (Ces chaînes seront brisées), qui raconte le vécu de prisonniers et de détenus palestiniens :
« En réalité, ce ne sont pas que des récits de prison. Pour les Palestiniens, la prison est un microcosme de la lutte bien plus large d’un peuple qui refuse d’être asservi sur sa propre terre et qui est déterminé à reconquérir sa liberté, avec la même volonté et la même énergie exprimées par toute nation triomphante après avoir été auparavant colonisée. »
Les filles de Jarrar, Suha et Yafa, ont transmis un message spécial de leur mère adressé au Palestine Writes Literature Festival qui s’est tenu en décembre 2020. Cette lettre parle du régime de surveillance et de l’interdiction d’accès aux ouvrages littéraires et culturels qui frappe les prisonniers palestiniens et le travail d’éducation qu’ils organisent eux-mêmes, de même que leur créativité et leur résistance du moment. Elle écrit :
Depuis la prison israélienne de Damon, située au sommet du mont Carmel à Haïfa, je vous adresse mes salutations au nom de moi-même et de mes 40 camarades, toutes combattantes palestiniennes pour la liberté détenues dans des prisons israéliennes.
Nous adressons nos salutations et nos respects légitimes à tous les écrivains, érudits, intellectuels et artistes qui disent la vérité et qui réclament la liberté et la justice pour tous et qui défendent le droit des gens à l’autodétermination tout en s’opposant à la domination coloniale raciste.
À cette occasion, permettez-moi, s’il vous plaît, d’également adresser nos salutations et notre soutien à tous les écrivains, érudits, intellectuels et artistes arabes qui rejettent la normalisation avec le système israélien d’implantation coloniale et qui ont refusé d’accepter les accords de normalisation entre les Émirats, Bahreïn et le Soudan d’une part et l’entité sioniste d’autre part. Ce sont des prises de position de ce genre qui représentent les véritables liens entre notre peuple au sein du monde arabe et qui nous fortifient de l’intérieur, nous, les prisonniers.
Bien que, physiquement, nous soyons gardés emprisonnés derrière des barrières et des barreaux, nos âmes restent libres et s’élèvent en flèche vers les cieux de la Palestine et du monde entier. Qu’importe la dureté des pratiques et des mesures punitives imposées par l’occupation israélienne, notre voix libre continuera à s’exprimer au nom de notre peuple qui a enduré des catastrophes horribles, la déportation, l’occupation et des arrestations. Il continuera également à faire connaître au monde cette forte Volonté palestinienne qui, infatigablement, rejettera et défiera le colonialisme sous toutes ses formes. Nous œuvrons à établir et à consolider les valeurs humaines et à lutter pour obtenir une libération sociale et économique qui unira les peuples libres du monde entier.
En 2014, elle s’était opposée – avec succès – à une tentative israélienne de l’arracher de son domicile familial à el-Bireh afin de la déporter à Jéricho. Ce n’est que neuf mois plus tard, en avril 2015, qu’elle avait été arrêtée par les forces israéliennes d’occupation et placée en détention administrative (emprisonnement sans accusation ni procès). Après des protestations au niveau mondial, elle avait dû comparaître devant les tribunaux militaires israéliens et répondre de douze accusations s’appuyant sur ses activités politiques, allant de la tenue de discours à la présence à des manifestations de soutien aux prisonniers palestiniens. Elle avait purgé 15 mois dans une prison israélienne et n’avait été libre ensuite que pendant 13 mois avant d’être arrêtée à nouveau en 2017.
Nous réclamons la libération immédiate de Khalida Jarrar et nous nous engageons à nous organiser pour la libération de tous les prisonniers palestiniens et de la Palestine, du fleuve à la mer !
Vous pouvez vous servir l’image des médias sociaux ci-dessous afin de rallier la campagne en vue de la libération de Khalida Jarrar et de ses compagnons et compagnes emprisonnés pour raisons politiques. Déchargez ici et partagez abondamment !