Royaume-Uni. Shahd Abusalama – lobby sioniste : 1-0

Shahd Abusalama, professeure palestinienne et activiste bien connue, vient d’être réintégrée dans ses fonctions d’enseignante à l’Université de Sheffield Hallam.

Shahd Abusamala (Photo : via son compte Twitter)

Shahd Abusamala (Photo : via son compte Twitter)

Nora Barrows-Freidman, 28 janvier 2022

L’annonce est venue une semaine après que l’université anglaise avait suspendu les cours de Shahd Abusalama à la suite d’une campagne de diffamation menée par des partisans d’Israël.

Cela montre bien qu’une pression soutenue – et un refus de présenter ses excuses pour des déclarations de soutien des droits palestiniens – peut porter ses fruits, quels que soient les efforts des lobbys pro-israéliens.

« L’université a admis aujourd’hui qu’elle avait agi indument de bien des façons »,

a expliqué Shahd Abusalama ce jeudi à The Electronic Intifada.

« Mais la réintégration, en ce qui me concerne, n’a pas fait disparaître les dommages mentaux qui m’ont déjà été infligés. »

Shahd Abusalama n’a pas encore fait savoir qu’elle acceptait sa réintégration par l’université.

Et de déclarer que des changements majeurs doivent être apportés aux mesures de l’université en vue de protéger ses futurs enseignants contre des attaques racistes.

Elle a également insisté sur le fait qu’elle et ses sympathisants allaient continuer à exercer des pressions sur l’administration afin qu’elle laisse tomber son enquête en cours.

« Je suis victime de cyberharcèlement ainsi que d’une campagne de calomnie malveillante, politiquement motivée, qui tente de saper ma crédibilité et la vérité de mon expérience vécue sous l’occupation israélienne »,

a déclaré Shahd Abusalama.

« Je dois continuer ce combat pour faire en sorte qu’il y ait des excuses publiques reconnaissant les dommages mentaux qui ont été infligés, de même que les mesures inadéquates de l’université quand il s’agit de protéger ses étudiants les plus vulnérables. »

Une plainte anonyme

Il ne lui a pas été permis de lire les allégations faites contre elles et l’université poursuit toujours l’enquête résultant de la plainte, a expliqué Shadh Abusalama.

Et on ne l’a toujours pas informée au sujet des personnes qui ont introduit la plainte.

« J’attends des excuses et je réclame une liste des allégations ; en même temps, je veux qu’on laisse tomber l’enquête »,

a-t-elle encore ajouté.

L’enquête, dont les termes ne sont pas clairs,

« a débuté sur des bases douteuses et faussées et elle se servait de la définition de l’IHRA comme cadre d’appréciation »,

a-t-elle expliqué.

La définition de l’antisémitisme utilisée par l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) est régulièrement utilisée par les groupes de pression pro-israéliens afin de calomnier et de censurer les partisans des droits palestiniens en confondant les critiques à l’égard d’Israël et le sectarisme ou racisme antijuif.

Prendre cette plainte au sérieux, a ajouté Shahd Abusalama, équivaut à renforcer la légitimité de la définition de l’IHRA

« et à ignorer qu’elle est défectueuse – et à ignorer les milliers de juifs qui se sont exprimés contre l’IHRA et sa définition bancale, conçue comme un bouclier censé protéger Israël des critiques ».

La réponse de la communauté

Les représentants de Shahd Abusalama au sein de l’University & Colleges Union (UCU) l’accompagnaient lors de la confrontation avec l’administration ce jeudi.

À la réunion, les représentants de l’UCU ont déclaré que l’université

« admettait qu’il y avait eu des problèmes dans la façon dont on avait traité son cas »,

ajoutant que l’union

« continuera de soutenir Shahd tant qu’on n’aura pas laissé tomber la moindre enquête contre elle ».

Pendant ce temps, près de 140 organisations estudiantines britanniques ont signé une lettre de soutien à Shahd Abusalama.

Les organisations estudiantines demandent que l’université

« applique des mesures visant à créer un environnement sûr pour elle (Shahd Abusalama) quand elle reprendra ses fonctions ».

Des excuses publiques devraient être présentées, ont-elles ajouté,

« en raison du tort infligé à Shahd et à sa tolérance face à une telle transformation de l’antisémitisme en arme politique ».

La lettre des étudiants condamne aussi la campagne de diffamation contre le professeur David Miller, « qui a été licencié bien qu’il ait été lavé de toute accusation » par deux enquêtes indépendantes commanditées par l’Université de Bristol.

« Cette tactique sioniste fréquemment utilisée vise à réduire au silence et à réprimer les voix palestiniennes et leurs sympathisants »,

dit encore la lettre.

Shahd Abusalama a expliqué à The Electronic Intifada que le large courant de soutien qu’elle a reçu de la part des étudiants

« prouve à quel point ces étudiants se sentent menacés par l’atmosphère de plus en plus hostile qui a infiltré les universités, où la liberté d’expression et la recherche sur la décolonisation devraient normalement être célébrées et bien accueillies ».

Vérité et responsabilisation

Une manifestation a été organisée par des étudiants et des sympathisants sur le campus de l’Université de Sheffield Hallam le 26 janvier, la veille de la réintégration de Shahd Abusalama dans ses fonctions.

D’autres organisations estudiantines ont également exprimé leur soutien et leur solidarité avec la jeune professeure.

Et son cas a attiré l’attention internationale.

« Nous devrions reconnaître que ce soutien provient de la soif de vérité et de responsabilisation des gens, ainsi que de leur soif d’action quand il s’agit de la Palestine »,

a déclaré Shadh Abusalama.

« Ils en ont assez des stratégies de déformation qui visent à légitimer l’apartheid, la criminalisation des voix palestiniennes et le détournement de l’attention des crimes d’Israël »,

a-t-elle ajouté.

« Si nous ne prenons pas la parole maintenant, nous contribuons alors à créer une atmosphère plus hostile encore, laquelle ne sera bonne pour personne. »

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Publié le 28 janvier 2022 sur The Electronic Intifada, sous le titre : La professeure palestinienne réintégrée dans ses fonctions après les attaques du lobby pro-israélien au Royaume-Uni
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Lisez également :

Au Royaume-Uni, le lobby pro-israélien vise une professeure d’université palestinienne

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