Samidoun : « Nous osons prendre la parole pour les prisonniers et détenus palestiniens »
Il y a l’histoire et il y a le modèle de procédé selon lequel les organisations sionistes et juives s’unissent afin de planifier l’oblitération des Palestiniens. Aujourd’hui, elles mobilisent afin de criminaliser les activités de Samidoun, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens.
Onze organisations sionistes ont annoncé la mise sur pied d’une alliance en vue d’inclure le réseau Samidoun dans les listes du terrorisme. Dirigée par un « groupe de réflexion juridique » appelé le Centre Zakhour, la cabale réunit entre autres le réseau d’ONG Monitor aux États-Unis, l’organisation B’nai B’rith, le Centre d’Israël pour les Affaites juives au Canada, l’association les Amis d’Israël en Belgique, ainsi que des centres et associations sionistes en Norvège, au Danemark, en Suède et en Islande, la Société nationale juive au Royaume-Uni et la fondation Stand with Us (Soyez avec nous).
Ce sont d’importantes organisations juives racistes de droite en Europe et en Amérique du Nord. Elles fonctionnent en coopérant avec les ambassades d’Israël de plusieurs capitales occidentales et, bien sûr, elles bénéficient du soutien de bon nombre de députés du Congrès américain, dont la réélection dépend du soutien de ces organisations suprémacistes juives.
En Écosse, en 2015, la cible de ces organisations haineuses était la campagne BDS palestinienne. Elles s’étaient réunies à Glasgow afin de mettre au point la façon de criminaliser l’activisme propalestinien : Elles avaient organisé une journée de formation politique
« afin de défendre les supposés crimes de guerre et crimes contre l’humanité d’Israël et de contrer la campagne BDS palestinienne ».
Selon la Campagne écossaise de solidarité avec la Palestine, une organisation politique indépendante, non gouvernementale et non affiliée au moindre parti, avec des membres issus de nombreuses communautés en Écosse,
« un diplomate de l’ambassade d’Israël dirigeait l’événement, auquel assistaient diverses organisations dont le SCoJeC, (Conseil écossais des communautés juives), qui fournissait un conférencier à l’événement. Précédemment, le SCoJeC avait prétendu être ouvert à tous les Juifs écossais et n’était donc pas une organisation partisane pro-israélienne ».
Ce modèle de mobilisation des juifs du monde entier au service du sionisme et, par la même occasion, d’oblitération de la réalité de la Palestine et des Palestiniens en mots et en actes, remonte en fait bien avant 2015. Pour gagner le soutien des masses juives dans tous les pays, Theodor Herzl avait organisé le premier Congrès sioniste en 1897. Nous connaissons tous les conséquences dévastatrices d’un tel lobbying et de telles alliances.
Mais il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui, l’ascendant et le caractère insidieux du projet sioniste sont repoussés comme ils ne l’ont jamais été auparavant. En Écosse, par exemple, la tentative sioniste en vue de criminaliser BDS a été contrée par
« une large coalition de près de 70 organisations de la société civile, parmi lesquelles des syndicats, des organisations caritatives, des ONG, des associations confessionnelles, des organisations de défense de la justice climatique et des droits humains et des organisations de solidarité avec les députés afin qu’ils rejettent cette dangereuse proposition de loi au parlement »
Pour les partisans de BDS, les propositions de loi anti-boycott que les « comités d’experts juridiques » sionistes soutiennent activement partout dans le monde sont dangereuses parce qu’elles menacent d’
« éroder la démocratie locale, de restreindre la liberté d’expression et de saper les campagnes en faveur de la justice sociale et climatique. Les campagnes de boycott et de désinvestissement ont longtemps été utilisées pour militer pacifiquement en faveur d’un changement progressiste (…) dans le monde entier ».
En défense de leur soutien à BDS contre Israël spécifiquement, ils citent les conclusions, comme cela a été fait Human Rights Watch, disant que
« les autorités israéliennes commettent bel et bien les crimes contre l’humanité que sont l’apartheid et la persécution ».
Alors qu’il se dit entièrement d’accord avec les efforts précités, le réseau Samidoun va plus loin encore que les activistes pro-BDS dans son soutien aux prisonniers palestiniens et à la lutte palestinienne de libération en général. Le réseau affirme la résistance des prisonniers palestiniens à l’occupation et la colonisation en cours de la Palestine. Il ne rechigne pas à soutenir leur poursuite légitime de l’autodéfense contre un colonisateur brutal, y compris via la lutte armée.
Le réseau Samidoun considère les prisonniers et détenus palestiniens (ils sont actuellement plus de cinq mille, dont 1.200 en détention administrative) comme les véritables dirigeants de la lutte palestinienne de libération qui dure depuis plusieurs décennies. Mais, ayant avec succès noirci la résistance palestinienne (sous toutes ses formes) en la qualifiant de « terrorisme », Israël étend sa logique égoïste à toute organisation qui plaide en faveur de ce genre de résistance.
Dans une déclaration adressée à l’Agence d’information Wattan, Charlotte Kates, la coordinatrice internationale du réseau Samidoun, explique le contexte de ce dernier effort sioniste concerté en vue de briser le soutien international aux inébranlables tentatives palestiniennes de libérer leur patrie « du fleuve à la mer » quels que les coûts et les obstacles :
« La nouvelle campagne sioniste débarque dans le contexte de l’attaque frénétique dirigée par Netanyahou et Ben-Gvir contre le peuple palestinien, et de l’escalade des campagnes de violence et de répression contre le mouvement des prisonniers (…) L’annonce de la nouvelle alliance sioniste dans le but de cibler le réseau Samidoun vient quelques jours après qu’a été rendue publique la décision d’un tribunal hollandais en faveur de Samidoun. Le tribunal a décrété qu’il ne pouvait être permis de criminaliser le coordinateur du réseau Samidoun aux Pays-Bas, Thomas Hofland, en raison de plaintes sionistes contre son discours et sa position politique et contre le fait d’avoir scandé le slogan « la Palestine sera libre du fleuve à la mer » lors de marches et manifestations organisées par les communautés palestiniennes et arabes et les partisans du peuple palestinien aux Pays-Bas. »
Le réseau Samidoun reconnaît que
« la solidarité internationale est une arme indispensable pour soutenir tous les prisonniers palestiniens, lesquels incarnent la résistance d’un peuple tout entier qui combat pour la libération de la Palestine et ce, de la rivière à la mer ».
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Publié le 25 août 2023 sur le blog de Rima Najjar
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine