Les EU opposent leur veto à la résolution de cessez-le-feu du Conseil de sécurité

Les EU ont réaffirmé leur engagement dans le génocide israélien en exerçant leur veto lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le complexe résidentiel « ville de Hamad » financé par le Qatar à Khan Younis, après des frappes aériennes israéliennes, le 2 décembre. (Photo : Mohammed Talatene / DPA)

Le complexe résidentiel « ville de Hamad » financé par le Qatar à Khan Younis, après des frappes aériennes israéliennes, le 2 décembre. (Photo : Mohammed Talatene / DPA)

 

Maureen Clare Murphy, 9 décembre 2023


L’administration Biden a réaffirmé son engagement dans l’actuel génocide israélien en exerçant son veto lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU ce vendredi.

Les EU se sont opposés au projet de résolution qui aurait demandé un cessez-le-feu immédiat à Gaza ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle de tous les captifs détenus à Gaza. Treize États ont voté en faveur de la résolution alors que le Royaume-Uni s’est abstenu.

 

Richard Mills, le vice-ambassadeur des EU à l’ONU, a déclaré qu’un cessez-le-feu immédiat

« ne ferait que planter les semences de la prochaine guerre du fait que le Hamas n’a nul désir de voir une paix durable. Notre but ne devrait pas être de mettre un terme à la guerre aujourd’hui, mais de faire cesser la guerre pour toujours. »

Mills n’a pas fait mention de l’objectif manifeste de l’armée israélienne de détruire les fondements de la vie à Gaza en vue de fomenter une expulsion massive des Palestiniens du territoire vers l’Égypte.

Amnesty International a déclaré que le veto des EU témoignait d’un

« mépris grossier envers la souffrance des civils, face à un bilan effarant en vies humaines ».

Une coalition d’organisations internationales, dont Oxfam International et Save the Children International a déclaré qu’elle avait été « atterrée » par l’incapacité de faire passer une résolution en faveur d’un cessez-le-feu, ajoutant qu’il était

« injustifiable que des membres du Conseil de sécurité s’opposent à une résolution réclamant la fin des combats alors que les motifs humanitaires d’un cessez-le-feu sont aussi manifestes ».

Avant le vote de vendredi, António Guterres avait invoqué l’Article 99 du Conseil de sécurité, un « bouton de secours » rarement utilisé qui permet au secrétaire général de l’ONU de soulever

« toute question qui pourrait aggraver des menaces existantes pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

C’est vendredi que Guterres a mis en garde le Conseil de sécurité contre

« le haut risque d’effondrement total du système de soutien humanitaire à Gaza, effondrement qui aurait des conséquences dévastatrices ».

 

Et d’ajouter :

« Nous anticipons qu’il en résulterait une rupture complète de l’ordre public et une pression accrue en faveur de la déportation massive vers l’Égypte »,

avec des conséquences potentiellement dévastatrices « pour la sécurité de toute la région ».

À Gaza, au moins 17 177 Palestiniens ont été tués lors d’attaques israéliennes et des milliers d’autres ont été portés manquants sous les décombres depuis l’opération militaire surprise du Hamas qui a vu la défaite du commandement sud de l’armée israélienne le 7 octobre.

Israël dit que 1 200 personnes ont été tuées lors de cette attaque dirigée par le Hamas et qui a débuté le 7 octobre. Parmi ces morts figurent 300 membres de l’armée, bien que des preuves ont émergé ces derniers jours qu’un nombre inconnu de personnes ont en fait été tuées ce même jour par des tirs de l’armée israélienne.


La complicité de Washington dans le génocide

Craig Mokhiber, un ancien haut responsable de l’ONU, a déclaré que le veto de Washington ce vendredi, la veille du 75e anniversaire de la Convention sur le Génocide, prouve davantage encore

« sa complicité dans le génocide en Palestine ».

« Des milliers de personnes sont mortes depuis son dernier veto et des milliers d’autres vont encore mourir maintenant », a-t-il ajouté.

 

Il s’avère qu’il n’y a que très peu de recours, à l’ONU, qui permettrait de modifier la dynamique politique empêchant un cessez-le-feu désespérément nécessaire à Gaza tant qu’elle se verra opposer un veto ferme des EU, qui fournissent du matériel ainsi qu’un soutien diplomatique à la campagne israélienne d’extermination.

L’administration Biden a demandé au Congrès d’approuver la vente de 45 000 obus de char à Israël en vue de les utiliser à Gaza, rapportait l’agence Reuters vendredi.

Alors que la vente est sous examen des commissions des affaires étrangères tant à la chambre qu’au sénat, le département d’État insiste pour obtenir une approbation accélérée de la transaction.

Jeudi, Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a reconnu de façon détournée que des civils enduraient bien des souffrances à Gaza.

« Il demeure impératif qu’Israël impose une priorité à la protection des civils »,

a déclaré Blinken.

« Et il reste un fossé entre (…) l’intention de protéger les civils et les résultats réels que nous voyons sur le terrain ».

La prémisse affirmant qu’Israël a l’intention de protéger les civils est manifestement fausse.

Des déclarations de dirigeants politiques et militaires israéliens prouvent des intentions génocidaires, comme le prouve également le massacre de civils dans leurs foyers, la destruction ou les dommages infligés à 60 pour 100 des unités de logement de Gaza et les opérations militaires qui ont rendu le système médical de Gaza pratiquement inutilisable.

Luis Moreno Ocampo, un ancien procureur principal de la CPI, a déclaré que

« le siège de Gaza même, c’est une extermination et une persécution qu’on peut appeler un crime contre l’humanité et c’est une forme de génocide ».

L’UNRWA « au bord de l’effondrement » à Gaza

Les institutions humanitaires qui travaillent sur le terrain à Gaza ont lancé un cri d’alarme sans précédent juste avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU de ce vendredi.

Le directeur de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens et la principale fournisseuse d’aide humanitaire au territoire, a averti qu’elle était « au bord de l’effondrement » à Gaza.

Philippe Lazzarini a déclaré que,

« sans abri et aide assurés, les civils de Gaza risquent la mort ou seront forcés de se rendre en Égypte, voire plus loin encore ».

Le chef de l’UNRWA, qui a expliqué que plus de 130 employés de l’agence avaient été tués à Gaza depuis le 7 octobre, a ajouté qu’au cours de ses 35 années d’expérience, il n’avait

« jamais rédigé une telle lettre annonçant la mort de nombreux membres de mon équipe et l’effondrement du mandat que je suis censé remplir. »

Il a demandé aux président de l’Assemblée générale de l’ONU d’

« entreprendre immédiatement des actions en vue d’appliquer un cessez-le-feu humanitaire immédiat », de faire respecter les lois internationales et de « protéger les perspectives d’une solution politique qui soit vitale pour la paix ».

Médecins sans frontières (MSF) a déclaré vendredi que l’inaction du Conseil de sécurité et les vetos des États membres, principalement ceux des EU,

« les rendent complices du massacre en cours ».

« C’est une guerre totale qui n’épargne en aucun cas les civils »,

a ajouté l’ONG.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 30 novembre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine


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