Trump et Netanyahou se préparent à l’annexion de la Cisjordanie
Le plan de « paix » pour le Moyen-Orient récemment dévoilé par l’administration Trump donne le feu vert à l’annexion par Israël de blocs de colonies et de larges surfaces de terre de la Cisjordanie occupée.
Mardi, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a exprimé son souhait de construire 3 500 maisons destinées à des colons juifs dans la zone appelée E1, à l’est de Jérusalem, en Cisjordanie occupée.
C’est le dernier grand espace ouvert entre Jérusalem, à l’ouest, et l’énorme colonie israélienne de Maaleh Adumim, à l’est, où vivent près de 40 000 colons.
Tous les gouvernements israéliens successifs se sont promis de construire en zone E1 mais les pressions internationales les ont toujours dissuadés de le faire.
Si Israël construit des colonies en cet endroit, il séparera les parties nord et sud de la Cisjordanie occupée l’une de l’autre, excluant ainsi la possibilité d’un État palestinien d’un seul tenant.
E1 tombe en Zone C, c’est-à-dire dans les 60 pour 100 de la Cisjordanie occupée qui restent sous contrôle israélien complet, conformément aux accords d’Oslo de 1993.
Bloquer toute possibilité d’un État palestinien peut être précisément ce vers quoi va Netanyahou, dans sa certitude de bénéficier du soutien de l’administration Trump.
« J’ai donné des instructions en vue de publier immédiatement le dépôt du plan de construction de 3 500 unités de logement en E1 »,
a déclaré Netanyahou lors d’une conférence qui s’est tenue à Jérusalem voici moins d’une semaine avant que débute le troisième tour d’élections en Israël en un an.
« La chose a toujours été reportée depuis six ou sept ans. »
La construction par Israël de colonies en territoire occupé est un crime de guerre à propos duquel le procureur de la Cour pénale internationale a décidé récemment qu’il fallait enquêter officiellement.
L’opposition antérieure
Le plan en vue de coloniser E1 a été défendu pour la première fois par le Premier ministre Yitzhak Rabin en 1994, peu après qu’Israël avait signé les accords d’Oslo avec l’Organisation de libération de la Palestine.
Six des successeurs de Rabin l’avaient appuyé.
Netanyahou avait fait une promesse similaire en 2012, annonçant des plans en vue de construire environ 3 000 logements en E1.
L’administration Obama avait critiqué, tant publiquement qu’en privé, les commentaires de Netanyahou à l’époque, et ce, par inquiétude vis-à-vis de la solution à deux États déjà moribonde.
De même, à plusieurs reprises, l’Union européenne a mis en garde Israël pour qu’il ne construise pas en E1.
Mais, alors que les pressions ont fait reporter certains projets spécifiques, ces gouvernements n’ont entrepris aucune mesure pratique pour faire cesser le colonisation agressive menée par Israël dans toute la Cisjordanie.
Ces derniers temps, divers gouvernements ont émis les critiques habituelles sur l’entreprise israélienne de colonisation. Mais ces déclarations, selon toute vraisemblance, ne seront jamais suivies d’actions en vue d’imposer quelque coût que ce soit à Israël.
Netanyahou a plus de poids que jamais, en sachant qu’il peut en toute quiétude ignorer les critiques édentées de l’Europe, tout en comptant sur le plein soutien américain.
« Il était de mise que Netanyahou pouvait se permettre partout n’importe quel projet de colonie, tant qu’il ne touchait pas à E1 »,
avait déclaré Peace Now, l’association qui tient les colonies à l’œil.
« Avec l’administration américaine actuelle, il peut aussi bien avoir le beurre que l’argent du beurre ».
Le plan de « paix » pour le Moyen-Orient récemment dévoilé par l’administration Trump donne le feu vert à l’annexion par Israël de blocs de colonies et de larges surfaces de terre de la Cisjordanie occupée.
Le comité d’annexion
Netanyahou a lancé sa nouvelle annonce le lendemain de sa rencontre avec les membres d’un comoté mixte américano-israélien occupé à mettre en carte des zones de la Cisjordanie occupée dont l’annexion par Israël bénéficiera de la bénédiction de l’administration Trump.
Le Premier ministre a emmené toute l’équipe dans une visite d’Ariel, une colonie israélienne située dans le centre de la Cisjordanie occupée.
« Pour le processus de mise en carte, il convient de considérer chaque vallée, chaque section, chaque recoin et chaque ligne. C’est du sérieux. Nous déterminons ici des lignes qui ont des implications historiques »,
a déclaré Netanyahou.
Et d’ajouter qu’Israël pouvait affirmer immédiatement sa souveraineté sur ces zones, et que la reconnaissance américaine suivrait.
La journaliste israélien Tal Shalev a posté sur Twitter une photo de ce qu’elle a appelé « le comité américano-israélien de mise en carte de l’annexion ».
Dans le groupe, on voit l’ambassadeur des États-Unis en Israël David Friedman et le ministre israélien du Tourisme Yaris Levin.
L’annexion de Hébron
Pendant ce temps, il y a eu 26 ans ce mardi que le colon juif américain Baruch Goldstein faisait irruption dans la mosquée Ibrahimi de la ville de Hébron en Cisjordanie occupée et qu’il y massacrait 29 hommes et garçons palestiniens occupés à leurs prières de Ramadan.
Aujourd’hui, Netanyahou promet l’annexation du site sacré, connu des juifs sous l’appellation de tombeau des Patriarches, en même temps que les blocs d’implantation juifs à l’intérieur et autour de la ville palestinienne.
« Nous appliquerons la souveraineté israélienn sur Kiryat Arba et sur la communauté juive de Hérbon, y compris le tombeau des Patriarches et les voies qui y mènent »,
aurait dit Netanyahou au cours de l’inauguration de Nofei Cramim, une nouvelle colonie de 210 logements.
Netanyaha a également déclaré qu’il autorisait l’installation d’un élévateur accessible aux chaises roulantes et menant au site religieux.
Dans une tentative de blanchir l’annexion prévue de la zone, il a qualifié toute l’opération d’« acte humanitaire et acte de souveraineté ».
Naftali Bennett, le ministre iusraélien de la Défense, a expliqué qu’Israël privé de la souveraineté sur le site religieux était comparable aux États-Unis sans le mémorial Lincoln.
« Je m’oppose fermement à céder ne serait-ce qu’un pouce de terrain aux Arabes »,
a-t-il ajouté.
La division de Jérusalem
Lundi, le gouvernement israélien a sorti des soumissions en vue de la construction de plus de 1 000 unités de logement dans la colonie de Givat Hamatos au sud de Jérusalem.
L’expansion de la colonie avait été msie en attente en raison de l’opposition de l’administration Obama en 2014.
Si elle devait se réaliser, l’expansion de la colonie séparerait les quartiers palestiniens de Beit Safafa et de Sharafat de Jérusalem-Est occupée.
Les deux quartiers ont déjà souffert dans le passé de graves nuisances dues à l’installation de colonies.
Tamara Nassar (rédactrice assistante à The Electronic Intifada)
Publié le 25 février 2020 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal
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