Il est plus que temps que l’on s’indigne des ingérences d’Israël dans les affaires européennes

Afin d’ « acheter de l’influence », plus d’une vingtaine de visites au Moyen-Orient ont été organisées par Elnet, une importante organisation pro-israélienne, depuis qu’Israël a entamé sa guerre génocidaire contre Gaza en octobre dernier.

Benjamin Netanyahou après avoir entendu l’annonce, cette semaine, de la Cour pénale internationale. (Photo : Debbie Hill / UPI)

David Cronin, 21 mai 2024

Faire du lobbying pour Israël peut être lucratif.

David Siegel dirige l’organisation appelée Friends of the European Leadership Network (FELN- Amis du Réseau de la direction européenne). Sa fonction requiert un salaire annuel excédant les 350 000 dollars.

Ces quelques derniers jours, Siegel les a passées à remercier ces hommes politiques occidentaux qui critiquent volontiers la Cour pénale internationale (CPI) après que son procureur principal a cherché des mandats en vue d’arrêter Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant, le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense, ainsi que des acteurs de premier plan du Hamas. Exprimer son indignation envers la démarche de la CPI est une preuve de « clarté morale », a prétendu Siegel.

Siegel a passé la plus grande partie de sa carrière à travailler pour le gouvernement israélien et pour le lobby qui le soutient. Avant d’assumer ses fonctions actuelles, il était le principal représentant d’Israël dans les États-Unis du sud-ouest (une région qui inclut la Californie, l’Arizona, le Colorado et Hawaï).

FELN, dont le siège se trouve à Skokie, un faubourg de Chicago, aide à rassembler le soutien de l’élite à Israël.

Selon un « registre de la transparence » géré par la bureaucratie bruxelloise, il finance la quasi-totalité du budget du Réseau de la direction européenne (Elnet), une importante organisation pro-israélienne.

Ce n’est pas un hasard si Elnet est financé avant tout à partir des EU. Depuis des années, l’organisation imite le modus operandi du lobby pro-israélien outre-Atlantique.

Une activité clé a consisté à acheter de l’influence du côté des représentants et autres personnalités de l’establishment en les attirant dans des voyages de propagande tous frais payés.

Plus d’une vingtaine de ces visites au Moyen-Orient ont été organisées par Elnet depuis qu’Israël a entamé sa guerre génocidaire contre Gaza en octobre dernier.

Une guerre féministe ?

Dans la semaine écoulée, Elnet s’est arrangé pour qu’une délégation composée exclusivement de femmes en provenance d’Europe visite le parlement israélien, la Knesset.

De façon prévisible, l’exercice tendait à présenter Israël comme menant une guerre féministe. Des allégations fabriquées de toutes pièces et disant que le Hamas se livrait à des violences sexuelles ont été répétées dans une tentative en vue de justifier la conduite barbare d’Israël à Gaza, où la plupart des victimes palestiniennes sont des femmes et des enfants.

Elnet est particulièrement actif au Parlement européen. Les élections à cette assemblée auront lieu en juin et une partie de la couverture d’avant le vote a impliqué une campagne de peur.

Ce genre de couverture a également impliqué de présumer que le Kremlin envisageait de remplir le parlement de bon nombre de ses amis.

Alors que les allégations d’ingérence russe sont très exagérées, on ignore l’évidence manifeste qu’Israël et son réseau de lobbying ne cessent de corrompre des hommes politiques.

Il n’y a pratiquement jamais eu le moindre examen de la façon dont les positions adoptées par le Parlement européen dernièrement ont été des copier/coller de points de discussion initialement préparés par le lobby pro-israélien.

Pas plus qu’il n’y a eu de demandes d’enquête sur la façon dont Elnet et des réseaux similaires courtisent les députés au moyen de voyages de propagande gratuits. Au contraire, on s’est senti obligé d’être horrifié lorsqu’il s’est avéré que le Qatar s’était engagé dans un comportement semblable.

En tant que seule institution de l’Union européenne directement élue, le Parlement européen sert de feuille de vigne démocratique à un système généralement opaque et auquel on ne peut réclamer de comptes. Enlevez la feuille de vigne et vous verrez que bien des députés sont redevables à des groupes de pression.

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David Cronin est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Europe Israël : Une alliance contre-nature (Ed. La Guillotine – 2013) et  Europe’s Alliance With Israel: Aiding the Occupation (Pluto Press, 2011 – L’Alliance de l’Europe avec Israël contribue à l’occupation). Il a participé à la rédaction du rapport “The israeli lobby and the European Union”. 
Son dernier livre est : Balfour’s Shadow: A Century of British Support for Zionism and Israel (Pluto Press – Londres 2017).

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Publié le 21 mai 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine