Plus d’un millier d’activistes bloquent et sabotent des entreprises qui livrent des armes à Israël
Une action de masse a eu lieu ce lundi 23 juin, un millier de militant·es ont envahi plusieurs sites liés à la production d’armement, ou au transit d’armes vers l’état colonial israélien.
24 juin 2025, Bruxelles dévie
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Deux sites qui rendent directement possible le génocide du peuple palestinien et le projet colonial d’Israël dans la région ont été ciblés par la campagne Stop Arming Israël : un site Syensqo à Bruxelles et un site d’Elbit OIP à Tournai.
« La campagne Stop Arming Israel exige l’arrêt de la production de matériel militaire et son transit vers Israël depuis la Belgique. L’action entend rendre effectif l’embargo militaire visant Israël décrété par la Belgique en 2009, et exiger des sanctions à l’encontre d’Israël, notamment l’annulation de l’accord d’association UE-Israël. » Communiqué de Stop Arming Israël
« À 7h45 ce matin, plusieurs groupes de centaines d’activistes de Stop Arming Israel ont convergé sur des installations de Syensqo (entreprise belge, spin-off de Solvay*) à Bruxelles afin de mettre complètement à l’arrêt les activités de l’entreprise. Les différents accès ont été bloqués, la façade du bâtiment repeinte de peinture rouge, et des banderoles dénonçant l’implication de Syensqo dans le génocide à Gaza ont été déployées. » Communiqué de Stop Arming Israël
Plus tôt dans la nuit, près de 150 personnes se sont introduites dans un entrepôt militaire appartenant à OIP (lui même détenu par l’entreprise israélienne Elbit) à Tournai. Au moment de s’introduire sur le site, les militant.es présent.es ont entrepris des actions de sabotages. Parmi celles-ci, des tanks ainsi que les bureaux de l’entreprise ont été fortement endommagés.
L’entreprise OIP, appartenant à Elbit, est le plus grand fabricant privé d’armes d’Israël. C’est elle qui fournit la plupart des équipements militaires utilisés (85%) par l’armée israélienne. Une militante déclare : « Elbit n’est autre que le bras armé industriel du génocide en cours en Palestine. Que cette entreprise ait des succursales en Belgique et y génère des bénéfices est inacceptable. »
À Bruxelles, l’entreprise visée était Syensqo. Elle vend ses produits à UAV Tactical Systems Ltd (codétenu par Elbit), ces derniers permettent de construire le drone Hermès 450 utilisé par l’armée israélienne. Sacha, une participante de l’action, explique : « Syensqo fournit sciemment le composant clé d’un appareil largement connu pour son usage dans des crimes de guerre par Israël. Syensqo ne peut ignorer sa complicité dans le génocide en cours : une campagne d’interpellation a visé les actionnaires en mai dernier.»
La police est intervenue environ trois heures après le début du blocage du site Syensqo, vers 10h30. Un important dispositif a été déployé. Plusieurs violences policières ont eu lieu durant les arrestations sur les différents sites ou en marge de ces derniers. Les blocages mis en place par les militant·es ont néanmoins ralenti l’intervention policière.
Une militante dénonce la réaction de l’Etat face à l’action: « La répression du gouvernement nous dévoile ses priorités. Au lieu d’agir pour arrêter un génocide, on réprime les personnes qui veulent arrêter la machine de guerre. »
A Tournai, « l’action coup de poing » a causé d’importants dégâts. Le CEO d’OIP/Elbit a déclaré que 1 million d’euros de dégradations sont à constater.
Des affrontements ont eu lieu lors des interventions de police pour évacuer les militant·es à Syensqo et lors de la traque de l’autre groupe sur le site OIP, vers Tournai.
« En Belgique, Stop Arming Israel dénonce au moins 10 entreprises participant à l’armement d’Israël : OIP-Elbit, Safran, Thales, BMT Aerospace, Sabca, Caterpillar, Challenge Handling, Maersk, Scioteq et Syensqo. Toutes ces entreprises sont impliquées à divers degrés via le transit d’armes ou la production de matériel militaire en Belgique pour leur utilisation en Israël. L’armée israélienne bénéficie d’une impunité totale non seulement pour ses actions en Palestine, mais aussi pour ses agressions commises au Liban, en Syrie, en Iran ou au Yémen. » explique Stop Arming Israël dans un communiqué
« Stop Arming Israel s’inscrit dans un mouvement international de solidarité pour la libération de la Palestine. Pour le collectif, «Le génocide commence ici. Nous avons le devoir moral de couper les chaînes d’approvisionnement de l’armée israélienne. L’impunité et les crimes du gouvernement israélien doivent cesser. Face à la complicité de nos gouvernements, nous agissons pour appliquer des sanctions nous-mêmes et rendre effectif l’embargo militaire que la Belgique est censée appliquer.» » conclut le communiqué.
Au total, près de 700 militant·es ont été arrêté·es. Parmi elles et eux, 600 amené·es, aux casernes d’Etterbeek et relâché·es au compte goutte et 95 autres, détenu·es jusqu’à la fin de l’après-midi dans un garage de la police de Tournai. Toutes les arrestations étaient administratives, sauf à Tournai où 6 arrestations judiciaires ont eu lieu.
Un rassemblement de soutien aux personnes arrêtées et plus généralement en soutien à l’action Stop Arming Israël a été organisé en face des casernes de la police fédérale à Etterbeek en milieu d’après-midi. Les manifestant·es sont resté·es jusque tard dans la nuit pour accueillir les personnes arrêtées à leurs sorties.
Cette action contre la complicité de l’Etat belge avec le régime colonial israélien, qui commet un génocide en Palestine, est sans précédent en Belgique.