L’occupation prolonge la détention administrative d’Abdul-Jabbar Jarrar le jour du premier anniversaire du martyre de sa femme Wafa’

Le 5 août 2025, les forces d’occupation ont infligé à Abdul-Jabbar Jarrar, 64 ans, de Jénine – emprisonné depuis 18 mois sans accusation ni procès en vertu d’un renouvellement d’ordonnance de « détention administrative » – six nouveaux mois d’emprisonnement toujours sans accusation ni procès et sur base d’un « dossier secret ». Le renouvellement de sa détention administrative marquait également le premier anniversaire du martyre de sa femme, Wafa’ Jarrar, mère et activiste sociale à Jénine, décédée à la suite de ses blessures et de la négligence médicale dont elle avait souffert après avoir été enlevée de sa maison familiale en mai 2024.

 

Abdul-Jabbar Jarrar et sa femme Wafa' Jarrar.

Abdul-Jabbar Jarrar et sa femme Wafa’ Jarrar.

 

 

Samidoun, 6 août 2025

Au moment des blessures de sa femme, de son arrestation, de sa libération et de son martyre, Abdul-Jabbar a été séparé d’elle et empêché de lui faire ses adieux. Aujourd’hui, sa détention administrative vient d’être renouvelée par l’occupation le jour même de ce pénible anniversaire. En mai, Abdul-Jabbar avait été diagnostiqué comme souffrant de la gale, une maladie de la peau qu’on a délibérément laissé se répandre dans les prisons sionistes en refusant aux détenus palestiniens des soins médicaux adéquats et l’accès à des fournitures sanitaires élémentaires.

 

Free Abdul-Jabbar Jarrar

 

Il est actuellement détenu à la prison du désert du Néguev et sa santé s’est gravement détériorée. Il a perdu plus de la moitié de son poids en raison de la politique d’affamement imposée aux prisonniers palestiniens dans une tentative systématique de « lent assassinat » au cours de leur emprisonnement.

Dirigeant du mouvement du Hamas, Abdul-Jabbar Jarrar a été arrêté à 32 reprises par l’occupation et il a passé plus de 16 ans dans les prisons de l’occupation et, durant un grand nombre de ces années, sous des ordonnances répétées de détention administrative. Tout jeune, il avait participé à des manifestations contre les forces d’occupation et il était devenu actif au sein du Bloc islamique alors qu’il était étudiant à l’Université d’Al-Khalil. Il avait rallié le mouvement du Hamas immédiatement après sa fondation en 1987.

 

 

Wafa’ Jarrar, 50 ans, est devenue martyre le 5 août 2024 après avoir été enlevée de chez elle à Jénine. Elle et Abdul-Jarrar étaient les parents de quatre enfants — Hudhayfah, Taqwa, Amjad et Zaytouna. L’armée d’occupation avait fait irruption dans sa maison, l’avait copieusement battue, lui fracturant 11 côtes et l’avait jetée dans une jeep militaire au moment même où une explosion dans la jeep l’avait sévèrement blessée aux jambes. L’armée sioniste l’avait alors emmenée à l’hôpital, où on lui avait amputé les deux jambes à hauteur des cuisses, sans lui demander son consentement ni celui de sa famille.

Malgré ses graves blessures, elle s’était vu infliger pour commencer quatre mois de détention administrative, c’est-à-dire un emprisonnement sans accusation ni procès. Toutefois, afin de ne pas être tenues pour responsables de son état de santé, les forces d’occupation l’avaient relâchée au bout de dix jours, le 30 mai. Pendant ce temps, on avait dit à la famille qu’elle était dans le coma dans un hôpital sioniste et on avait aussi induit délibérément la famille en erreur en lui fournissant à diverses reprises des renseignements incomplets et mensongers sur son état de santé, tout en bloquant l’information en d’autres occasions.

L’occupation avait retenu les jambes amputées de Wafa Jarrar, refusant de les rendre à la famille pour les enterrer avec le reste de sa dépouille. Elle avait prétendu les avoir « mises au rebut ».

Wafa Jarrar, l'épouse d'Abdul-Jabbar Jarrar et l'association qu''elle a fondée

Wafa Jarrar et l’association qu »elle a fondée

 

Activiste et éducatrice bien connue et hautement appréciée, elle était la coordinatrice de l’Association des familles des martyrs et prisonniers du gouvernorat de Jénine. Elle était très largement respectée dans la ville de Jénine en particulier et dans les villes de Cisjordanie en général et elle était connue pour sa participation engagée dans les veillées de solidarité réclamant la libération des prisonniers et le retour des corps des martyrs détenus par l’État sioniste.

En 2021, elle avait été candidate sur la liste du Hamas (intitulée « Jérusalem est notre promesse »), avant que les élections ne soient annulées par l’Autorité palestinienne.

Elle avait également décroché un baccalauréat en langue arabe lui permettant d’enseigner la méthodologie et elle avait terminé son master en langue arabe à l’Université d’An-Najah.

Le 5 août 2024, l’ordre de détention administrative d’Abdul-Jabbar expirait ; l’occupation aurait pu le libérer afin qu’il puisse rejoindre ses enfants et pleurer ensemble la perte de Wafa’. En lieu et place, elle avait renouvelé sa détention pour six nouveaux mois le jour même du martyre de sa femme – et elle l’a encore renouvelée depuis six mois plus tard et cette fois encore, pour l’anniversaire de cette date douloureuse.

Le cas d’Abdul-Jabbar et de Wafa’ Jarrar illustre le recours systématique à la négligence médicale, à la torture, à la violence et à l’affamement dirigé contre les prisonniers palestiniens en tant que politique officielle du régime sioniste. Cette ordure fasciste d’Itamar Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité publique, a ordonné qu cette politique soit appliquée aux plus de 10 800 Palestiniens détenus dans les geôles sionistes – ce qui s’est traduit par le martyre d’au moins 76 prisonniers palestiniens depuis le 7 octobre 2023 (dont Ahmad Tazaz’a, 20 ans, le 3 octobre), sans parler de la torture systématique, des agressions sexuelles et physiques, de la torture psychologique, de l’affamement et du refus de soins médicaux aux prisonniers palestiniens détenus à Sde Teiman, Anatot et dans les autres infâmes camps de torture de l’armée.

Au contraire de cette politique, la résistance palestinienne a pris soin de ses prisonniers de guerre – bien qu’ils fussent des soldats de l’occupation colonisant la Palestine, opposés à un peuple occupé nanti du droit de résister – en respectant les normes les plus élevées sur le plan des soins et de la moralité. Si les soldats de l’occupation étaient soumis aux mêmes normes d’affamement imposées au peuple palestinien à Gaza dans l’ensemble dans le cadre du génocide, s’ils devaient manger les mêmes rations que les combattants palestiniens qui les gardent, le régime sioniste exigerait une réunion de toute urgence au Conseil de sécurité des Nations unies. Les politicards impérialistes du monde entier dénoncent l’affamement des prisonniers de guerre sionistes tout en ne remuant pas le petit doigt pour entreprendre des actions en vue de mettre fin à l’affamement forcé et savamment orchestré du peuple palestinien ou d’imposer un embargo sur les armes au régime sioniste.

En l’honneur d’Abdul-Jabbar Jarrar, de Wafa’ Jarrar, de tous les martyrs et martyres, des prisonniers, de la résistance et du peuple palestinien de Gaza, de toute la Palestine occupée et de l’exil, il est plus que temps de passer à des actions d’une grande ampleur.

La crise réelle des prisonniers qui souffrent de la faim, des mauvais traitements et de la violence est un phénomène qui se reproduit sur base quotidienne pour plus de 10 800 prisonniers palestiniens – parmi lesquels des Libanais et des Syriens – entassés dans les prisons sionistes. Cela requiert qu’on passe à l’action et qu’on se mobilise ; et qu’on le fasse en même temps pour les deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza soumis à un génocide total via les bombardements, l’affamement de masse, la destruction des sites de soins de santé,le nettoyage ethnique organisé et les massacres directs et gratuits sur base quotidienne.

Nous exigeons le désarmement de l’entité sioniste ; un embargo total sur les armes, et dans les deux sens ; un boycott total dans les domaines militaire, diplomatique, économique, académique, culturel et sportif ; des poursuites à l’encontre des génocidaires devant les tribunaux internationaux et palestiniens ; le retrait complet des forces sionistes de Gaza, de toute la Palestine occupée, du Liban et de la Syrie ; et la libération de tous les prisonniers palestiniens, libanais et syriens dans les prisons sionistes, impérialistes et réactionnaires et qui y ont été emprisonnés pour avoir résisté au génocide, à l’occupation et au colonialisme.

Nous devons prendre position pour les martyrs, pour les martyrs emprisonnés que l’occupation continue d’emprisonner après leur mort et nous devons témoigner pour eux. Dressez-vous pour défendre les blessés, les travailleurs des soins de santé qui luttent pour sauver des vies sous les bombes. Dressez-vous pour la résistance héroïque qui combat chaque jour pour une Palestine libre. Dressez-vous pour les prisonniers qui affrontent l’occupant jour après jour derrière les barreaux en se cramponnant à l’idée de la liberté.

Affrontez les usines d’armement qui commercent avec les entreprises de l’occupation ou qui sont la propriété directe d’entreprises de l’occupation – comme Elbit Systems — par des blocus et par l’action directe. Mettez à l’arrêt l’économie du génocide.
Assiégez les ambassades de l’occupation et leurs partenaires impérialistes complices. Fermez leurs portes et faites en sorte qu’il leur soit impossible de poursuivre leur sale business génocidaire.
Bloquez les rues, cadenassez les bâtiments et institutions gouvernementaux des centres impérialistes. Le génocide est priorité d’une urgence extrême. Jour après jour, des Palestiniens se font massacrer et il est clair que les États impérialistes n’exerceront pas des pressions pour mettre fin au génocide à moins que leurs propres intérêts ne soient remis en question directement.
Poursuivez l’intensification des actions devant les ambassades des régimes réactionnaires arabes complices. Ces régimes doivent s’inquiéter de leur propre avenir et ils vont devoir créer des contre-pressions face aux sionistes et aux impérialistes.
Où que vous soyez, organisez-vous, intensifiez vos actions et agissez. Intensifiez notre organisation et notre mobilisation, ne laissez pas retomber le soufflé, faites plus de bruit, soyez plus visibles et provoquez une plus grande obstruction dans le business de la machine de guerre. Il est clair que le génocide ne cessera pas tant que ses perpétrateurs bénéficieront de l’impunité ; si nous ne pouvons nous fier aux tribunaux, ni compter sur leurs décisions, il va nous falloir – il nous faut ! – imposer la responsabilisation populaire en recourant à l’action ?

Aujourd’hui, la résistance palestinienne est sur les lignes de front de la défense de Gaza, de la Palestine, de la nation arabe, du monde islamique et de l’humanité dans sa totalité ! Nos actions doivent être à la hauteur de l’exemple qu’elles montrent chaque jour, afin de mettre un terme à la famine orchestrée par l’homme, afin de mettre un terme à l’affamement, afin de mettre un terme au génocide – et de combattre pour une Palestine libre, du fleuve à la mer !

 

Affiche : “Gloire à la martyre Wafaa Jarrar”, l'épouse de Abdul-Jabbar Jarrar

 

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Publié le 6 août 2025 sur Samidoun
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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