Pas de répit dans les massacres d’enfants palestiniens par Israël
Les massacres incessants, les attaques, la destruction d’habitations, de biens et de terres, le blocage permanent de l’entrée des vivres, de l’aide humanitaire et des matériaux de base pour les infrastructures ne sont pas des événement isolés, mais « s’inscrivaient dans un modèle systématique indiquant une politique manifeste de la direction politique et militaire d’Israël en vue d’utiliser le cessez-le-feu comme couverture pour poursuivre le génocide contre les habitants de Gaza ».

Des personnes pleurent leurs proches tués lors des attaques israéliennes contre Khan Younis le 19 novembre. (Photo : Mohammed Salama / APA Images)
Nora Narrows-Friedman, 21 novembre 2025
Le texte qui suit est un condensé des informations communiquées lors du livestream du 20 novembre. Vous pouvez voir l’émission au complet ici.
À Gaza, Israël a tué et blessé des Palestiniens malgré le cessez-le-feu du 10 octobre, alors que l’aide humanitaire si désespérément nécessaire reste bloquée, aggravant de la sorte les multiples catastrophes qui frappent les Palestiniens à l’entrée de la saison d’hiver.
La destruction par Israël d’habitations et d’immeubles de l’autre côté de la – très vague et surtout invisible – prétendue ligne jaune s’est poursuivie, posant ainsi des menaces pour les Palestiniens qui tentent de regagner leurs maisons et retrouver leurs biens.
Le 18 novembre, dans les zones de la partie orientale de Khan Younis, le reporter Ibrahim al-Sallout a filmé
« des tirs continus accompagnés de bruits d’explosions, au beau milieu de toutes ces actuelles violations par Israël de l’accord de cessez-le-feu ».
Le 19 novembre, Israël a mené une série de frappes aériennes contre de multiples endroits de Gaza. Au moins 32 Palestiniens ont été tués, dont 12 enfants, rapporte le ministère de la Santé.
Les attaques ciblaient des civils palestiniens, hommes, femmes et enfants, dans des tentes et refuges surpeuplés à al-Zaytoun et Shujaiya, deux quartiers de la ville de Gaza.
Le reporter Faiz Osama a posté cette vidéo dans les médias sociaux tout de suite après une attaque de drone israélien contre un immeuble hébergeant des personnes déplacées à Shujaiya, attaque qui a tué au moins six personnes.

Mercredi, le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmoud Basal, a été filmé par le reporter Nahed Hajjaj à l’hôpital Al-Shifa, alors qu’il soulevait le corps sans vie d’une fillette
Le journaliste d’Al Jazeera, Hani Mahmoud, a déclaré :
« Tous ces bruits soudains d’explosions, la présence de drones dans le ciel, d’avions qui patrouillaient au-dessus des parties centrale et orientale de la bande de Gaza, tout prouvait qu’il s’agissait bien d’une campagne militaire. »
À Khan Younis, Israël a ciblé un groupe de personnes à l’intérieur d’un bâtiment de l’ONU, tuant au moins trois de ces personnes et en blessant plusieurs autres.
Outre les dizaines de Palestiniens tués, le ministère de la Santé a dit qu’au moins 88 personnes avaient été blessées dans cette série de raids aériens et de tirs de chars.
Mercredi, Tareq Abu Azzoum, d’Al Jazeera, a publié cette vidéo montrant des Palestiniens conduisant des blessés vers un hôpital, à la suite d’attaques israéliennes.
Le mardi 18 novembre, un Palestinien a été tué par un sniper israélien dans l’est du camp de réfugiés de Bureij, dans la partie centrale de Gaza, a annoncé Al Jazeera. L’attaque a eu lieu dans la prétendue zone de sécurité située au-delà de ligne jaune, où Israël assure un contrôle militaire.
Une attaque similaire a eu lieu le 17 novembre, quand Israël a tué deux Palestiniens, les accusant d’avoir traversé la ligne jaune et posé ainsi une menace pour ses forces armées.
Le même jour, des drones israéliens ont tiré sur une école abritant des familles déplacées à al-Daraj, un quartier de Gaza.
Le journaliste Ahmed al-Najjar a dit qu’au moins 10 Palestiniens avaient été blessés dans l’attaque
« durant ce ‘cessez-le-feu’ qui n’a jamais fait cesser les tirs israéliens ».
Israël commet des centaines de violations du cessez-le-feu
Mercredi, juste avant la série d’attaques contre Gaza et Khan Younis, le Bureau gouvernemental des méd ias de Gaza a déclaré que, depuis l’accord de cessez-le-feu du 10 octobre, Israël avait commis 393 violations de ce même cessez-le-feu, lesquelles avaient tué 279 Palestiniens et en avaient blessé 652 autres.
Le nombre de morts et de blessés – et les 35 Palestiniens au moins qui ont été enlevés –, a fait remarquer le bureau des médias,
« montre bien la détermination de l’occupation à saboter l’accord et à créer sur le terrain une réalité sanglante qui menace la sécurité et la stabilité dans la bande de Gaza ».
Euro-Med Human Rights Monitor avait déclaré le 10 novembre que les massacres incessants, les attaques, la destruction d’habitations, de biens et de terres, le blocage permanent de l’entrée des vivres, de l’aide humanitaire et des matériaux de base pour les infrastructures n’étaient pas des événements isolés, mais
« s’inscrivaient dans un modèle systématique indiquant une politique manifeste de la direction politique et militaire d’Israël en vue d’utiliser le cessez-le-feu comme couverture pour poursuivre le génocide contre les habitants de Gaza ».
En maintenant
« une offensive militaire déguisée et en perpétuant les tueries, l’affamement et la destruction systématique, Israël exploite l’absence de volonté internationale de protéger les civils et de réclamer des comptes aux auteurs de ces crimes ».
Euro-Med a mis en garde contre
« un grave développement : le démantèlement de l’unité géographique de la bande de Gaza en la transformant en une zone isolée et inhabitable. Cela risque d’instaurer une division géographique et démographique permanente et d’inciter la population au déplacement forcé comme seule possibilité de survie ».
Les inondations
Les pluies d’hiver et les inondations ont exacerbé la crise humanitaire et sanitaire dans tout Gaza.
Drop Site a produit cette compilation de prises de vue des inondations, accompagnée des commentaires du coordinateur humanitaire pour Gaza, Eyad Amawi.
Depuis le 14 novembre, plus de 18 000 ménages de Gaza ont été affectés par la pluie et les inondations, estime l’ONU.
« Des milliers de personnes ont perdu leurs abris, ont eu leurs possessions endommagées ou ont été déplacées de nouveau. Ce nombre continue de croître au moment où les partenaires terminent des évaluations supplémentaires afin de juger de l’ampleur des dégâts provoqués par la tempête »,
a déclaré l’ONU.
Le bureau gouvernemental des médias de Gaza a déclaré le 17 novembre que les habitants étaient confrontés à leur troisième hiver « sans protection » depuis le début du génocide.
Gaza, a ajouté le bureau des médias,
« assiste à une catastrophe humanitaire sans précédent, avec plus de 288 000 familles palestiniennes vivant une épreuve très dure sous des conditions météorologiques sévères et une absence totale des moindres éléments indispensables à la survie ».
Au moins 300 000 tentes et résidences mobiles sont nécessaires pour assurer un abri humain de base,
« mais le monde n’a pas agi comme il le fallait »,
a ajouté le bureau.
Israël a continué de bloquer également l’entrée de revêtements de sol pour protéger le fond des tentes, de couvertures, de matelas et de matériaux d’isolation thermique, de cliniques de santé mobiles avec eau et services sanitaires, d’éclairage et de fournitures d’énergie alternative.
Depuis le 10 octobre, au moins neuf tentatives des Nations unies et de leurs partenaires en vue de faire entrer des tentes ont été repoussées, a déclaré lundi le Bureau humanitaire de l’ONU.
L’ONG humanitaire internationale Save the Children a déclaré le 18 novembre :
« Les enfants de Gaza dorment à même le sol, sans abri, vêtus de shorts légers et de t-shirts imbibés d’eaux usées après que leurs tentes ont été inondées au cours d’un week-end de lourdes pluies, et cela les expose à des risques de maladie. »
Selon des données en provenance du cluster « abris » des organisations humanitaires à Gaza, a ajouté l’ONG,
« plus de deux tiers des enfants de Gaza – environ 700 000 – sont exposés à semblables risques en vivant dans des tentes qui tombent en pièces après deux ans de bombardements et de déplacements ».
Depuis l’annonce de la première phase du prétendu accord de cessez-le-feu en octobre, plus de 63 000 tentes, de 803 000 bâches et de 278 000 kits de literie restent bloqués aux passages frontaliers.
Israël a également interdit l’entrée de bois de construction et de caisses à outils, en raison des restrictions sur ce que les autorités israéliennes considèrent comme des éléments à « usage double », a expliqué l’agence.
Et, bien que l’on voie davantage d’articles sur les marchés, couvertures, matelas et vêtements neufs sont quasi introuvables partout et les enfants portent toujours des vêtements d’été tels shorts et t-shirts, tout en allant pieds nus pour la plupart.
« Du fait que les familles sont désespérées à propos de ce qui est indispensable à la survie, elles dépensent le peu qu’elles ont en nourriture plutôt qu’en vêtements neufs »,
a ajouté l’ONG.
Le journaliste Manar Bilal a enregistré ces images des inondations à al-Mawasi (Khan Younis), le week-end dernier.
Attaques de soldats et de colons en Cisjordanie
Les 18 et 19 novembre, en Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont mené des attaques contre le village de Beit Ommar, au nord de Hébron.
L’agence d’information Wafa a rapporté que, ce mardi, les forces d’occupation israéliennes avaient imposé un couvre-feu total et déclaré que le secteur était désormais une zone militaire fermée.
Middle East Monitor a expliqué que le siège israélien avait été imposé
« quelques heures après qu’un colon israélien avait été tué et trois autres blessés – dont l’un dans un état critique – au cours d’une attaque à la voiture-bélier et à l’arme blanche au carrefour de [la colonie] de Gush Etzion, dans le sud de la Cisjordanie. L’attaque avait été menée par deux Palestiniens – l’un originaire de Beit Ommar –, qui ont été abattus et tués par les forces israéliennes.
Mohammed Awad, un activiste des médias locaux, a expliqué à l’agence Wafa que l’armée empêchait les habitants, les équipages d’ambulance et autres véhicules de se déplacer dans la ville.
Selon Awad,
« les soldats israéliens ont occupé plus de 15 habitations dans divers quartiers et ont positionné des snipers sur les toits. L’armée a également intensifié ses patrouilles, surtout dans le centre-ville, où elle a empêché les fidèles de se rendre aux mosquées », a ajouté Wafa.
À l’aube, l’armée israélienne
« a mené une large campagne d’arrestations, arrêtant ainsi quelque 150 riverains. Les personnes arrêtées ont été emmenées vers une école locale, où elles ont été gardées et interrogées avant d’être finalement relâchées quelques heures plus tard ».
Cela a eu lieu après que, mardi, l’armée avait tiré sur des habitants dans la ville de Tulkarem, dans le nord, au cours d’une manifestation où les Palestiniens réclamaient le droit au retour dans leurs foyers au camp de réfugiés de Nur Shams. Les forces israéliennes ont imposé un siège de 10 mois à ce camp.
Le cameraman d’Al Jazeera, Fadi Yassin, s’est fait tirer dessus et a été blessé par les forces israéliennes alors qu’il couvrait la manifestation.
Yassin a dit qu’après que les habitants avaient été déplacés il y a dix mois,
« les réfugiés se sentaient abandonnés de tout le monde ».
Il a dit qu’il s’était tenu aux côtés de la manifestation, pour la filmer avec un collègue avant de réaliser quelques interviews.
« Un soldat tirait en l’air. Il a ensuite visé mes jambes. Une balle est entrée dans ma jambe gauche et est ressortie par la droite »,
a expliqué Yassin.
On rapporte également qu’un enfant de 12 ans a été abattu et blessé d’un éclat dans le cou. Al Jazeera a déclaré que l’armée avait fermé de nouveau le camp et empêché qui que ce soit d’y entrer.
Entre-temps, lundi, des colons israéliens ont incendié une maison et des véhicules et blessé un certain nombre de Palestiniens à Saït, une ville du sud de la Cisjordanie.
L’agence de presse Wafa a déclaré que les colons avaient agressé les Palestiniens avec des bâtons et des objets pointus. Les colons ont mené leur attaque sous la protection des soldats israéliens, qui ont empêché les voitures de pompiers et les ambulances d’atteindre la zone.
Mise en exergue de la résilience
Enfin, nous avons voulu mettre en évidence des personnes exprimant leur joie, leur détermination et leur résilience un peu partout à Gaza et ailleurs dans le monde.
Le 11 novembre, un usager des médias sociaux, Mahmoud Massri, a assisté à une fête de mariage dans les rues et il déclare :
« C’est merveilleux de voir un mariage à Gaza pour la première fois depuis deux ans. Voir mon peuple heureux de nouveau réchauffe vraiment le cœur. »
Et, dans toute la Palestine, des étudiants du secondaire ont célébré la réussite de leurs examens finaux, qu’on appelle tawjihi.
Dans le camp Refaat Alareer pour personnes déplacées, les diplômé.e.s ont été fêté.e.s.
Et notre contributeur Asem Alnabih, qui est en même temps le porte-parole de la municipalité de Gaza et un nouveau correspondant au service de Al-Araby TV, a publié cette photo de sa sœur Nesma, qui a elle aussi fêté ses résultats de tawjihi.

Alnabih explique :
« Il y a trois mois, j’ai rédigé un article sur ma sœur Nesma intitulé : ‘Ce que m’enseigne ma sœur à propos de la survie.’ »
Ce récit a été publié en septembre par The Electronic Intifada.
« Aujourd’hui, ses résultats d’examens ont été publiés : elle a obtenu 99,4 pour 100, elle est la première de tout Gaza »,
a écrit Alnabih sur les médias sociaux.
« Elle a survécu à cinq guerres et à un génocide et s’est toujours hissée au niveau le plus élevé. »
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Publié le 21 novembre 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine




