À Marseille, une fresque a été taguée du mot « censuré » en grandes lettres après que la police de la ville française avait déclaré qu’elle constituait un danger pour « l’ordre public ». La fresque représentait un large drapeau palestinien et l’effigie de Georges Abdallah, le communiste libanais combattant pour la Palestine et qui est emprisonné en France depuis 32 ans.
La fresque avait été réalisée par le DIP Social Klub dans le cadre d’une semaine contre le racisme et de toute une série d’événements qui ont eu lieu les 23 et 24 mars dans le quartier marseillais de La Savine afin d’unir la lutte contre le colonialisme, le combat réclamant plus de justice pour les immigrés et la lutte pour la libération des prisonniers politiques. La fresque avait été approuvée par le complexe de logements où elle a été réalisée. Il y a également eu des manifestations artistiques et culturelles, des exposés par des habitants du quartier, des films et des débats concernant les cas de Georges Ibrahim Abdallah, Salah Hamouri, Ahmad Sa’adat et autres prisonniers palestiniens.
Toutefois, moins de 24 heures plus tard, la police intervenait et exigeait le retrait de la fresque ; les organisateurs ont fait savoir qu’ils ont été soumis à d’intenses pressions politiques pour la faire disparaître. En outre, des militants ont également subi des pressions afin d’effacer les graffiti antimilitaristes couvrant les murs de leurs quartiers, tel, par exemple, le slogan « Non à l’armée dans nos quartiers ! Oui à la guerre contre la précarité ! »
La censure de la fresque fait partie des attaques dont fait l’objet pour l’instant le militantisme en faveur de la Palestine et de la solidarité. Dernièrement encore, un tribunal administratif a contraint la ville de Stains (93 – Seine-Saint-Denis) de faire disparaître une banderole de soutien au prisonnier palestinien Marwan Barghouti, et a également condamné pour « discrimination » des militants BDS en faveur du boycott des produits israéliens en raison des violations des droits de l’homme des Palestiniens, bien que les actions de ces militants ne visent que des produits. Le Premier ministre français Manuel Valls – qui, précédemment, en tant que ministre de l’Intérieur, était intervenu pour rejeter la demande de mise en liberté conditionnelle d’Abdallah alors qu’elle avait été approuvée par l’appareil judiciaire français – a dénoncé à plusieurs reprises la solidarité avec la Palestine et l’organisation des BDS et a menacé de les faire interdire par le pouvoir de l’État.
Le 8 mars, lors de la marche de la Journée internationale des femmes, une militante a été arrêtée et accusée de promouvoir la « haine » sur le seul motif qu’elle portait un T-shirt avec la mention BDS.
Ces actes ont lieu en même temps que l’application de « l’État d’urgence », qui s’est traduit par des milliers de perquisitions domiciliaires sans mandat, la militarisation des communautés, l’imposition de résidence surveillée à des militants prévoyant des manifestations, la fermeture de mosquées et de commerces et les protestations massives qu’a déclenché la proposition d’une nouvelle législation du travail par le gouvernement Hollande-Valls. Cette législation constitue une attaque frontale contre les droits des travailleurs et elle plongera dans la précarité les jeunes et les étudiants au moment où ils feront leurs premiers pas sur le marché de l’emploi.
Publié le 26 mars 2016 sur Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network
Traduction : Jean-Marie Flémal