Une délégation de la Plate-forme à la rencontre de la Palestine au Liban
Anne-Marie, Cheyenne, Didier, Jean-Marie, Karin, Martine, Myriam, Pierre et Valérie : nous sommes sept femmes et trois hommes, partis au Liban au mois de mars 2019 à la rencontre de la résistance palestinienne et libanaise. Un voyage de solidarité à l’initiative à l’initiative de la Plate-forme Charleroi-Palestine de Belgique. Voici un survol des activités du groupe.
Les camps de réfugiés palestiniens
Nous avons visité les camps d’Aïn al-Helweh (à Saïda), de Nahr al-Bered (à Tripoli) et de Chatila (à Beyrouth).
A Aïn al-Helweh, nous avons salué la famille de Mustapha Awad. (*). Rencontre très émouvante, où la famille a exprimé son désarroi de savoir Mustapha toujours en prison en Israël. Les parents sont fiers de leur fils bien-aimé. « Il a voulu aller au bout de ses rêves, voir la terre de ses grands-parents », dit la maman de Mustapha.
Nous avons pu apporter un soutien en médicaments au dispensaire de Nahr al-Bared et faire un don au Centre des jeunes de Chatila.
Nous sommes revenus avec des broderies palestiniennes traditionnelles, réalisées dans le camp d’Ain al-Helweh et diffusé par Samira Salah.
Nous avons assisté à un spectacle de danse « debkeh » de jeunes et à un meeting pour les droits des femmes dans le camp d’Ain Helweh.
La clé du retour
Nous avons appris que les réfugiés palestiniens ne céderont jamais sur la question du retour et qu’ils réclament la libération de toute la Palestine, « du fleuve jusqu’à la mer ».
A Chatila, un réfugié de ’48 qui a 98 ans nous dit qu’il ne quittera pas le camp : il veut retourner dans son pays et nous montre les clés de sa maison.
Nous avons rencontré Salah Salah et son épouse Samira, des responsables palestiniens qui sont également réfugiés de ’48 et qui continuent d’œuvrer pour les Droits civiques jusqu’à l’accomplissement du Droit au Retour.
Les Palestiniens au Liban mettent toute leur espoir dans la jeunesse palestinienne qui se mobilise semaine après semaine dans les Marches du Retour à Gaza et dans des jeunes comme Ahed Tamimi et Basil al-Araj, symboles de la résistance en Cisjordanie occupée et dans le mouvement de solidarité internationale, en particulier BDS.
La résistance contre l’envahisseur israélien
Nous avons visité le musée de la résistance Mleeta.
Nous nous sommes rendus sur les vestiges du camp de concentration de Khiam dans le Sud-Liban.
Nous nous sommes rendus à la frontière du Liban avec la Palestine occupée en 1948, ce qui est devenu l’Etat d’Israël maintenant. Nous avons compris que les Libanais du Sud, tellement attachés à leur terre, ne permettront jamais une énième invasion des troupes israéliennes : le Hezbollah les attend de pied ferme. C’est ce qu’un responsable nous a confirmé aussi lors d’une rencontre avec des membres du groupe.
Le boycott de l’État israélien
Nous avons rencontré des membres de « La Campagne libanaise pour boycotter les partisans d’Israël » (CBSI : The Campaign to Boycott Supporters of Israel- Lebanon), avec Samah Idris : des activistes libanais et palestiniens, particulièrement actifs sur le boycott culturel d‘Israël. Parmi ses nombreux succès : l’annulation de deux concerts de la chanteuse belge Lara Fabian au Liban. La Campagne existe depuis 2002, avant même la création du mouvement BDS et elle lutte contre toute forme de normalisation avec l’Etat israélien, tout en revendiquant la libération de toute la Palestine, par tous les moyens. Ces militants qui ont connu l’occupation israélienne, qui vivent dans une région menacée directement par les intentions coloniales d‘Israël, nous apprennent aussi que les fermes de Chebaa, à la frontière du Sud, sont toujours sous occupation israélienne.
Nous avons participé à une conférence contre la « normalisation » avec l’Etat d’Israël à Beyrouth. Elle était organisée par The Global Campaign to Return to Palestine et se déroulait dans une église orthodoxe syrienne, avec des représentants des communautés musulmanes, chrétiennes et druzes.
La solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah
Nous avons pu rencontrer Robert Abdallah, le frère de Georges et, à diverses occasions, nous avons pu exprimer, avec des Palestiniens, la demande urgente de la libération de Georges, emprisonné depuis 36 ans en France.
Avec des milliers de Libanais et de Palestiniens, nous avons marché dans les rues de Saida en hommage à Marouf Saad, député nassériste, assassiné en 1975 par l’armée libanaise, alors qu’il marchait en tête d’un cortège pour défendre les pêcheurs de Saida, ville de la résistance. La délégation y a rejoint le Collectif libanais pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
Les suites
Nous avons rencontré des associations, des partis et personnalités palestiniens et libanais. Plusieurs d’entre elles/eux ont ont évoqué la disparition de Maher Al-Yamani, dirigeant du FPLP. Nous partageons leur tristesse.
Nous remercions tous les amis et associations qui nous ont reçu.e.s et nous avoir permis de mieux prendre connaissance de la réalité que vivent le peuple palestinien et libanais. Un grand merci en particulier à Samira, Youssif, Marwa, Mariam et Alexandra qui nous ont permis de réaliser ce voyage de la solidarité et à Jaida, notre super accompagnante et traductrice palestinienne de Belgique. Merci aux jeunes, femmes et hommes extra-ordinaires que nous avons rencontré.e.s… Nous ne vous oublions pas…
Nous sommes rentré.e.s, plus déterminé.e.s que jamais à soutenir la cause palestinienne.
Et déjà, nous sommes là, avec dans nos têtes des tas de projets : des témoignages sous différentes formes, le soutien à un projet et l’organisation d’un prochain voyage. Vous en ferez partie ?
Myriam De Ly
Photos : les membres de la délégation
(*) Mustapha a finalement été libéré le jeudi 28 mars