Gaza : le Hamas prend un surcroît de mesures
Le gouvernement du Hamas a accéléré ses mesures en vue de limiter la propagation du coronavirus dans la bande de Gaza, suite à l’annonce des deux premiers cas confirmés dans l’enclave.
Malgré le blocus israélien imposé à la bande depuis plus de dix ans, l’infection par le Covid-19 a déjà été confirmée chez deux personnes, âgées de 60 à 70 ans, toutes deux de retour du Pakistan.
« Depuis bien des années, nous sommes habitués à vivre en ne comptant que sur nous-mêmes et dans des conditions extrêmes »,
a déclaré Nawal Eliwa, 55 ans, alors qu’elle faisait ses courses.
« Mais cette douleur a frappé le monde entier, cette fois, et pas seulement Gaza. Nous ne savons pas si cela aidera le monde à comprendre ce qui se passe à Gaza, une fois que la crise sera terminée. »
Du fait qu’il n’y a qu’une fraction des Palestiniens de Gaza qui peuvent entrer ou sortir, le territoire a été quelque peu isolé de l’épidémie de coronavirus.
Plus de 1 300 personnes revenant de l’étranger ont été placées dans des centres de quarantaine le plus souvent aménagés dans des écoles et des hôtels vides.
Des mesures supplémentaires
Le gouvernement du Hamas a imposé des mesures supplémentaires, dont la fermeture de tous les restaurants et cafés, ainsi que des salles de mariage.
Il a également suspendu les prières du vendredi et a invité les fidèles à prier chez eux, mais il n’a toutefois pas appliqué la fermeture complète des mosquées.
Les autorités ont interdit les marchés hebdomadaires dans toutes les villes.
La crainte de voir l’infection se répandre s’est intensifiée parmi la population de l’enclave, incitant de nombreux résidents à rester chez eux.
Bien qu’ils soient généralement à court d’argent, les gens se constituent des stocks de marchandises.
« J’achète certaines des denrées dont j’ai besoin à la maison pour au moins une semaine mais, du fait qu’il n’y a pas assez d’argent, j’essaie de ne couvrir que les besoins essentiels. Je crains malheureusement qu’il n’y ait bientôt une pénurie de nourriture »,
a déclaré Eliwa.
La bande de Gaza est affligée de taux de pauvreté et de chômage très élevés parmi sa population de deux millions d’habitants environ.
Malgré les propos se voulant rassurants du ministère de l’Économie disant qu’il y a assez de denrées de base pour plusieurs semaines, l’intensité des achats de denrées essentielles s’est accrue de façon significative et les prix des légumes et des denrées alimentaires ont eux aussi augmenté.
« Comme d’habitude, et en dépit du manque de liquidités, les marchandises affluent toujours depuis le passage de Karm Abu Salem, ce qui empêche la pénurie de marchandises sur les marchés »,
a déclaré le porte-parole du ministère, Abdel-Fattah Mousa.
La course contre la montre
Les gens de Gaza craignent que le secteur de la santé de l’enclave, qui a beaucoup souffert suite à des années de siège, à trois guerres et aux manifestations de la Grande Marche du Retour, ne soit plus en mesure de faire face à une importante propagation de la pandémie.
Ashraf Al-Qidra, un porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, a expliqué que le secteur de la santé était très fragile et qu’il s’était effondré en raison du siège.
« Il y a 56 ventilateurs, et nous avons demandé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de nous faire parvenir des équipements. Un certain nombre d’entre eux seront destinés à Gaza »,
a-t-il ajouté à l’adresse de MEE.
L’OMS a également fourni des kits de test et des équipements de protection personnelle, mais a déclaré que cela ne pourrait certes pas suffire sans soutien international additionnel.
Avec l’aide de l’OMS, le ministère de la Santé a tranformé une école de Rafah en un centre de lutte contre le Covid-19, complété d’une unité de soins intensifs de 36 lits pour les personnes infectées et de 30 autres pour les patients avec des symptômes moins graves, a déclaré Majdi Thuhair, un autre porte-parole du ministère de la Santé.
Abdel-Nasser Soboh, directeur de l’antenne de l’OMS à Gaza, a expliqué à MEE que le confinement était toujours possible, mais que les préparatifs en vue d’une épidémie devaient commencer dans l’immédiat.
« Ce que nous devons faire dès maintenant, c’est être en mesure de nous déplacer rapidement afin de renforcer les capacités du système de santé »,
a-t-il déclaré.
Gisha, une organisation israélienne de défense de la liberté de mouvement, a expliqué dans une déclaration que l’occupation et le contrôle actuels par Israël de « nombreux aspects de la vie à Gaza » signifiait qu’il a la responsabilité de protéger les droits et les conditions de vie des résidents de l’enclave.
Adam Khalil à Gaza, Palestine
Publié le 23 mars 2020 sur Middle East Eye
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Dont l’Appel (vidéo) du Dr Muhanna de l’Union des comités de santé à Gaza