Le président « centriste » nouvellement élu d’Israël, Isaac Herzog ? Un inquiétant raciste !!!
Début juin, les parlementaires israéliens ont élu un nouveau président pour le pays – l’ancien dirigeant du Parti travailliste : Isaac Herzog.
La présidence israélienne est surtout une fonction destinée aux cérémonies. Herzog entrera en charge en juillet.
Mais il est significatif que le nouveau chef d’État présente un beau palmarès de violence et de racisme et qu’il a soutenu et soutient encore toutes les guerres menées par Israël contre le peuple palestinien.
Photographies extraites de la pub électorale raciste d’Isaac Herzog en 2015. (Photo : voir vidéo ci-dessous)
Asa Winstanley, 11 juin 2021
C’est un raciste anti-arabe et un ancien officier, fier de l’avoir été, de la tristement célèbre agence d’espionnage israélienne et il s’est exprimé de façon on ne peut plus virulente contre le mariage des juifs et juives avec des non-juifs et non-juives.
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett, de l’extrême droite montante, a favorablement accueilli la désignation de Herzog en disant de lui qu’il était « un sioniste au grand cœur ».
Au cours de sa campagne manquée de 2015 pour le poste de Premier ministre, la liste électorale de Herzog avait diffusé une publicité dans laquelle Palestiniens et Arabes étaient déshumanisés, stéréotypés et perçus comme de très bonnes cibles de massacre.
Comme l’expliquait cette publicité, Herzog est un vétéran de la tristement célèbre agence d’espionnage israélienne, Unit 8200. Faisant partie des renseignements militaires d’Israël, Unit 8200 est bien connu pour sa surveillance des foules, ses opérations de chantage et sa violence qui cible la population palestinienne tout entière.
Vous pouvez visionner la publicité de Herzog en entier, avec sous-titres en anglais, dans la vidéo ci-dessous.
La publicité électorale de Herzog en 2015 consistait en une série de brèves interviews en compagnie de ses anciens acolytes de Unit 8200, qui ne tarissaient pas d’éloges à son propos.
« Il comprend la mentalité arabe », dit de Herzog Yuval Albashan, l’un de ses anciens camarades.
« Il a vu les Arabes dans maintes circonstances différentes. Il les a vus au-travers du viseur d’un fusil et il les a vus derrière le viseur d’un fusil. »
En plein discours d’Albashan, la publicité s’interrompt sur une image de manifestants arabes non violents. La mire d’un viseur de fusil s’arrête un instant sur un homme, un musulman, visiblement, au centre de la foule, impliquant qu’il constitue une cible parfaite pour qu’on l’abatte.
Ces images, en fait, ne proviennent même pas de la Palestine et ne représentent en aucun cas des Palestiniens. D’une banderole de protestation visible dans la vidéo, il s’avère que la scène provient d’une manifestation – peut-être en Égypte ou en Tunisie – dans le contexte du Printemps arabe.
L’emploi de ces images par Herzog renforce le message raciste prétendant que tous les Arabes et musulmans sont indiscernables et qu’ils valent d’égale manière qu’on les tue.
Ceci rappelle comment, récemment, le Premier ministre entrant Bennett a utilisé une image du Pakistan dans une vidéo justifiant le massacre par Israël de civils à Gaza.
Les images et les allégations concernant une « mentalité arabe » que l’on trouve dans la publicité de Herzog reflètent une pensée raciste et colonialiste classique – comme si des centaines de millions d’Arabes pouvaient être réduits à un stéréotype que serait en mesure de décoder un prétendu expert du genre de Herzog.
Tous ceux qui ne veulent pas voir à quel point tout simplement cette terminologie est raciste devraient considérer quelle serait la réponse d’un homme politique de n’importe où prétendant « comprendre la mentalité juive » ou se vantant d’apercevoir « les juifs » via « la lunette d’un fusil ».
En 2014, des lanceurs d’alerte de Unit 8200 ont révélé de nouveaux détails de ses opérations de furetage universel, qui font intrusion dans chaque aspect de l’existence des Palestiniens vivant sous occupation israélienne.
L’un de ces détails révélés par plusieurs lanceurs d’alerte montrait qu’une pratique commune de l’unité consistait à marquer d’un X les casques d’écoute chaque fois que les renseignements fournis avaient été utilisés avec succès pour descendre un Palestinien.
La chose avait été appelée « du sang sur le casque ». Quelle quantité de sang palestinien le nouveau président d’Israël a-t-il eu sur son casque ?
Aussi répugnant que cela puisse paraître, un comportement d’une telle violence est considéré comme très susceptible de rapporter des voix, en Israël.
« Des infiltrés venus d’Afrique »
La publicité a été produite par l’Union sioniste, une alliance électorale entre le Parti travailliste de Herzog et l’ancienne ministre du Likoud et criminelle de guerre israélienne fugitive, Tzipi Livni.
Après que Herzog avait perdu ces élections face au dirigeant du parti de droite Likoud, Benjamin Netanyahou, la conclusion que le dirigeant des travaillistes avait dégagée était que son parti n’avait pas été suffisamment raciste ou violent.
L’année suivante, toujours fidèle à ce point de vue, il avait déclaré au cours d’un meeting du Parti travailliste en chute libre que le problème était que les électeurs israéliens les avaient perçus comme des « gens aimant les Arabes » – et c’était quelque chose à éviter, avait-il ajouté.
Dans le préambule des élections de 2015, Herzog avait également tenté de séduire la droite en modifiant sa position précédente et en votant l’expulsion des demandeurs d’asile érythréens.
Les traitant d’« infiltrés venus d’Afrique », Herzog tenta même après les élections de déborder Netanyahou par la droite, prétendant que son gouvernement n’était « tout juste bon qu’à suggérer » de les renvoyer.
Mais, pour les partisans d’Israël en Occident, le palmarès raciste de Herzog ne pose aucun problème.
Le groupe de pression pro-israélien en Grande-Bretagne, le Mouvement travailliste juif, a adressé à Herzog ses félicitations enthousiastes :
We would like to wish mazal tov to @Isaac_Herzog, a former chairman of our Israeli sister party @HavodaParty, on being elected Israel’s 11th President 🇮🇱🎉 pic.twitter.com/HmSf4KMzsR
— Jewish Labour Movement (@JewishLabour) June 2, 2021
L’ancien député travailliste britannique de droite, Mike Gapes, a affirmé que Herzog était « un homme d’expérience, modéré et intègre » et il a rappelé le moment, en 2017, où Herzog les avait guidés, lui et d’autres députés travaillistes de Grande-Bretagne, dans une visite autour du parlement israélien.
À cette même époque, c’était Jeremy Corbyn qui dirigeait le Parti travailliste britannique et le Parti travailliste israélien de Herzog avait été impliqué dans de constants efforts pour renverser et calomnier le dirigeant britannique tout en le traitant d’« antisémite ».
Douglas Alexander – un ancien ministre travailliste sous Tony Blair – a parlé avec le même enthousiasme de « l’expérience, l’intégrité et l’autorité » de Herzog, alors que Michael Dugher, un autre ancien député travailliste notoire de droite, s’est montré encore plus flatteur en parlant du « grand cerveau politique » qu’était Herzog.
Pour ces personnes, semble-t-il, les Arabes sont moins que des humains.
L’opposition aux mariages mixtes
Les haines fanatiques de Herzog ne se limitent pas aux Palestiniens ni aux autres Arabes.
Now in English in Israeli MSM: Named to head world’s largest Jewish non-profit – the parastatal @JewishAgency – Israel’s retiring “Leader of the Opposition” @HerzogMK slams romantic relationships between Jews and non-Jews in the USA as “an actual plague” https://t.co/CxXLcp5bYz
— David Sheen (@davidsheen) June 25, 2018
En 2018, peu après avoir été remplacé comme chef du parti travailliste et nommé patron de l’Agence juive d’Israël. Herzog a déclaré en hébreu, sur la TV nationale, qu’il y avait actuellement aux États-Unis « une peste » constituée de juifs « mariés ou vivant en couple avec des partenaires non juifs » et que cette situation nécessitait qu’on la combatte via « une campagne », et qu’il fallait absolument y remédier.
Le journaliste David Sheen qui est le premier à avoir dénoncé les commentaires de Herzog en anglais, a répondu que c’était une preuve de plus montrant comment les partis prétendument « centristes » d’Israël sont en fait tout aussi racistes que les partis d’extrême droite.
“I have lots of friends in the US & I encountered something I termed an actual plague. I saw my friends’ children married or coupled with non-Jewish partners! & the parents beat their breasts… & were suffering. Listen it’s every family in the US! & we’re talking about millions!”
— David Sheen (@davidsheen) June 24, 2018
In summary: It’s 2018 & a leading “liberal” zionist can think – & say out loud, on nation-wide TV – that Jews & non-Jews who fall in love with one another & decide to spend their lives together are “an actual plague” which he hopes to find a “solution” for https://t.co/yHaS6ti5Vs
— David Sheen (@davidsheen) June 24, 2018
Le journaliste israélien Yossi Gurvitz a de son côté expliqué que Herzog diffusait « le même message » que l’extrême droite juive d’Israël, mais qu’il le faisait selon un style de présentation différent, « d’une façon bien plus posée ».
La réponse initiale de Herzog à la dénonciation par David Sheen de sa rhétorique haineuse a consisté à prétendre que le rapport initial, publié dans un journal en hébreu, était « une citation erronée ».
Mais des images du clip télévisé original ont bientôt fait leur apparition et elles montraient que le rapport initial l’avait cité correctement. Herzog a plus tard défendu ses commentaires en anglais adressés à The Forward, une publication juive américaine. Il a déclaré euphémiquement que « le discours sur les relations entre les diverses religions était différent en Israël ».
C’est assez vrai, quoique hors sujet.
Un héritage raciste
De tels commentaires racistes de la part du nouveau président d’Israël n’ont rien d’étonnant, au vu de ses ancêtres politiques.
En 1935, son père irlandais Chaim Herzog avait choisi de s’établir en Palestine, alors occupée par les Britanniques.
Après avoir rallié la principale milice sioniste, il avait aidé les forces impériales britanniques à mater le soulèvement palestinien, connu sous le nom de révolte arabe, entre 1936 et 1939.
En 1967, quand Israël envahit et occupa ce qui restait de la Palestine historique, Chaim Herzog fut le premier à être désigné gouverneur militaire de la Cisjordanie.
Herzog senior fut plus tard nommé chef des Renseignements militaires d’Israël, la même agence d’espionnage que son fils rallierait finalement en tant qu’officier dans sa branche des signaux, Unit 8200. Tout au long des années 1980 et au début des années 1990, Chaim Herzog fut le sixième président d’Israël.
De nos jours, des organisations sionistes de l’Occident se prétendant de gauche critiquent des groupes israéliens de la droite actuelle, comme Lehava, qui mènent une campagne violente contre les mariages mixtes.
Mais ces mêmes organisations semblent n’avoir rien à dire quand des dirigeants israéliens prétendument de gauche, comme Isaac Herzog, font la promotion d’idées racistes exactement pareilles.
Publié le 11 juin 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
