Tout en pratiquant le blanchiment de l’apartheid, la Belgique refuse de protéger les Palestiniens

Les Palestiniens – et surtout ceux de Gaza – ont souvent entrepris des voyages périlleux à destination de l’Europe. En abandonnant les Palestiniens dans les limbes dès leur arrivée chez nous, les autorités belges accroissent grandement leur niveau de stress.

La Belgique a fréquemment rejeté les requêtes du statut de réfugié introduites par des Palestiniens. (Photo : Nicolas Landemard / Le Pictorium)

David Cronin, 24 juin 2021

Les Gay Prides sont censées commémorer une rébellion.

Le 28 juin 1969, la police organisait un raid dans le bar Stonewall Inn, un lieu de rendez-vous pour homosexuels à New York, déclenchant ainsi des émeutes considérées aujourd’hui comme importantes dans l’histoire du mouvement LGBTQ.

Les gouvernements européens estiment qu’il est « branché » de hisser le drapeau arc-en-ciel chaque année, en juin.

Ces gouvernements peuvent néanmoins afficher une attitude sélective envers la liberté, attitude qui semble contradictoire avec l’esprit du Stonewall. Il leur est plus commode d’ignorer comment la révolte a éclaté à une époque de protestation contre le racisme et la guerre.

Les diplomates belges à Tel-Aviv ont marqué cette journée de Pride en organisant des activités en commun avec une organisation appelée Hoshen.

Cette même organisation Hoshen organise des ateliers de « formation de la sensibilité » autour des questions LGBTQ et ce, au sein de l’armée et de la police israéliennes.

Des ateliers de « formation de la sensibilité » pour des forces qui soumettent par la force tout un peuple devraient être traités avec mépris. Les Palestiniens ne peuvent tirer aucun réconfort du fait qu’on enseigne à leurs oppresseurs la façon de témoigner une plus grande ouverture d’esprit envers la communauté LGBTQ.

Le mois dernier, l’armée israélienne a tué plus de 250 personnes à Gaza.

Cette semaine encore, la police israélienne a aspergé de « skunk » – une arme chimique consistant en un liquide particulièrement nauséabond – toute la Vieille Ville de Jérusalem. Cela équivaut à inonder les environs de l’un des lieux les plus saints de l’Islam – la mosquée al-Aqsa en l’occurrence – à l’aide d’eau des égouts.

Dans les limbes

Alors que les représentants de la Belgique à Tel-Aviv ont activement participé au blanchiment de l’apartheid israélien, leurs collègues à Bruxelles même se sont montré particulièrement sévères à l’égard des Palestiniens.

Un total de 533 Palestiniens vivant en Belgique se sont vu refuser le statut de réfugié, cette année, selon les données les plus récentes disponibles. C’est plus de deux fois plus que le nombre de Palestiniens – 231, pour être précis – dont le statut de réfugié a été reconnu par les autorités belges au cours de la même période.

Voici quelques semaines, les autorités belges ont annoncé qu’elles avaient « provisoirement suspendu » l’émission de ces refus de statut de réfugié à l’adresse des Palestiniens. Le bureau du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides à Bruxelles a insisté sur le fait que cette suspension ne durerait que « très peu de temps » et « peut-être pas plus d’un mois ».

Les Palestiniens – et surtout ceux de Gaza – ont souvent entrepris des voyages périlleux à destination de l’Europe. En abandonnant les Palestiniens dans les limbes dès leur arrivée chez nous, les autorités belges accroissent grandement leur niveau de stress.

En mai, un juge belge a examiné les appels lancés par un certain nombre de Palestiniens dont les requêtes en faveur du statut de réfugié avaient été rejetées. Le juge a statué que l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, était incapable d’assurer une protection adéquate à Gaza en raison de ses difficultés financières et de la pandémie de COVID-19.

Des messages contradictoires

La pandémie n’a pas cessé. Plus de 340 000 cas de coronavirus ont été confirmés en Cisjordanie et à Gaza, à ce jour.  

Dans cet état d’urgence de la santé publique – encore exacerbé par l’extrême brutalité d’Israël – la réponse humaine de la part de la Belgique devrait être d’approuver toutes les demandes de statut de réfugié émanant des Palestiniens.

Cela signifierait l’abandon d’une politique introduite en 2018, conformément à laquelle la Belgique a régulièrement rejeté de telles demandes.

Plus de 1 200 requêtes de statut de réfugié introduites par des Palestiniens en Belgique ont été rejetées l’an dernier. C’était approximativement quatre fois le nombre de requêtes qui avaient été approuvées.

Hind Riad, une avocate travaillant à Bruxelles, prétend que le bureau du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides « ne veut pas prendre de décisions positives » quand les demandes émanent de Palestiniens.

Elle accuse le bureau de « mettre tout en œuvre pour éviter » de faire son travail, un travail qui, selon Riad, « consiste à assurer une protection à des personnes qui en ont besoin ».

Les messages en provenance des diverses branches administratives de la Belgique sont contradictoires.

Le Bureau du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides a déclaré récemment que la situation en Palestine « évoluait à un degré élevé ». Les choses pourraient s’améliorer dans un proche avenir, impliquait cette déclaration.

Sophie Wilmès, la ministre belge des Affaires étrangères, a utilisé un tout autre ton le mois dernier quand elle a fait allusion à un « cycle de violence ». En s’exprimant de la sorte, elle a reconnu en fait que la Palestine était un endroit particulièrement dangereux pour les Palestiniens.

Quand elle reconnaît ce genre de chose, la Belgique n’a plus aucune excuse lorsqu’elle claque la porte au nez des réfugiés.


Publié le 24 juin sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Print Friendly, PDF & Email

Vous aimerez aussi...