Israël tue un avocat et un ouvrier alors que son armée intensifie ses agressions
Si la fournée récente d’agressions, tueries, invasions et arrestations israéliennes se poursuivait, il ne faudrait pas attendre longtemps avant que les organisations de la résistance palestinienne à Gaza ne se mettent à riposter.
Tamara Nassar, 13 avril 2022
L’armée israélienne a tué deux Palestiniens en Cisjordanie occupée et en Israël, au cours de ces dernières 48 heures.
Mercredi matin, alors qu’il déposait ses neveux à l’école, un avocat palestinien a été tué par les forces d’occupation israéliennes au cours d’un raid dans la ville cisjordanienne de Naplouse.
Muhammad Hasan Assaf a été mortellement touché dans la poitrine, ce qui en fait le 12e Palestinien tué par les balles israéliennes depuis le début de ce mois.
Âgé de 32 ans, l’avocat travaillait pour la commission de l’Autorité palestinienne chargée de combattre le mur de séparation israélien en Cisjordanie occupée. Il vivait dans le village de Kafr Laqif, dans le gouvernorat de Qalqiliya, au sud-ouest de Naplouse.
Assaf « combattait toujours l’occupation dans tous les domaines de confrontation » ainsi que dans ses tribunaux, a expliqué son organisation dans une déclaration déplorant son décès.
Dix autres Palestiniens ont été blessés, principalement par des balles israéliennes, et l’un d’eux a été écrasé par un véhicule militaire israélien, rapporte le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.
Les soldats et les colons israéliens ont envahi Naplouse mercredi, sans doute pour réparer les dégâts infligés au tombeau de Joseph, un site archéologique considéré comme sacré à la fois par les musulmans, les chrétiens et les juifs.
Les colons israéliens font régulièrement des incursions sur le site tout en étant solidement escortés par l’armée israélienne.
Lors d’un briefing avec des soldats israéliens, juste avant l’invasion, un commandant militaire a invoqué l’idée que « la Terre [d’Israël] avait été promise à Abraham, notre patriarche », sans doute dans l’intention de motiver davantage ses hommes, rapporte le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz.
Un travailleur tué
Ailleurs, mardi, un travailleur palestinien a été mortellement abattu par la police israélienne dans la ville d’Ashkelon, dans le sud d’Israël.
La police israélienne a prétendu qu’un de ses agents s’était approché d’Abdullah Srour parce qu’il le « soupçonnait ». Durant l’inspection, la police a dit que Srour aurait sorti un couteau et qu’il aurait tenté de poignarder l’agent.
L’agent, dont on dit qu’il a été légèrement blessé, a abattu et tué Srour. L’homme de 40 ans venait de la ville de Hébron, en Cisjordanie occupée.
La police israélienne a publié une photo qui, prétend-elle, représente le couteau utilisé par Srour.
Avant cela, Israël avait déjà publié la photo d’une arme en prétendant qu’elle avait été utilisée par un Palestinien qu’elle avait abattu. Il s’était avéré par la suite que la photo datait de plusieurs années avant les faits.
La famille de Srour aurait rejeté les allégations israéliennes disant qu’il avait tenté de commettre une agression. Elle a ajouté que Srour la soutenait en travaillant sur un chantier de construction en Israël.
Un week-end très tendu
Ces dernières semaines ont assisté à une forte recrudescence des tensions à travers la Palestine historique, du fait que l’appareil de l’occupation israélienne a intensifié ses séries d’homicides et d’arrestations de Palestiniens.
Ceci a lieu après que les Palestiniens ont commis plusieurs agressions en Israël et en Cisjordanie dans ce qui constitue apparemment une riposte à l’occupation militaire incessante d’Israël et au système d’apartheid qu’il a érigé afin de consolider cette même occupation.
Les raids israéliens ont été particulièrement meurtriers dans la région de Jénine, où Israël impose des restrictions sévères et « applique très sévèrement des punitions collectives aux Palestiniens », a rapporté l’organisation de défense des droits Al-Haq dans une déclaration.
On s’attend à ce que ce week-end soit particulièrement tendu, du fait que le congé de la Pâque juive coïncide avec le deuxième vendredi du Ramadan.
Il paraît que l’organisation extrémiste du Mouvement des fidèles du Mont du Temple offre un « prix en espèces » à toute personne qui accomplit avec succès des rituels du sacrifice – tel l’abattage d’un animal – sur le site de la mosquée al-Aqsa, lors des congés juifs, rapporte le journal de droite Israel Hayom.
Le Hamas a émis une mise en garde en disant que si ces rituels avaient lieu, ils allaient « franchir toutes les lignes rouges » et seraient considérés comme une « agression directe contre les croyances et sentiments de notre peuple ».
Le but ultime du prétendu mouvement du Temple – déclaré ouvertement par nombre de ses adhérents – est la destruction de la mosquée al-Aqsa et du dôme du Rocher en vue de les remplacer par un temple juif.
Toutefois, les activistes du mouvement du Temple occultent souvent ce but et prétendent qu’ils désirent simplement que les juifs disposent d’une plus grande facilité d’accès au site pour y prier, ramenant ainsi l’affaire à une question d’égalité et de droits civils.
Suite à la mise en garde du Hamas, le cabinet du Premier ministre israélien a nié que les Juifs israéliens prévoyaient de se livrer à des rituels de sacrifice sur le site de la mosquée al-Aqsa.
Des commentateurs ont calculé que, si la fournée récente de tueries, invasions et arrestations israéliennes se poursuivait, il ne faudrait pas attendre longtemps avant que les organisations de la résistance palestinienne à Gaza ne se mettent à riposter.
Le Djihad islamique a déjà perdu certains de ses combattants au cours des agressions israéliennes, ces dernières semaines.
C’est la campagne israélienne de déportation de force de familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est occupée, qui a débouché à la confrontation à grande échelle entre Israël et les Palestiniens l’an dernier.
La mise en garde du Hamas à propos des provocations sur le site d’al-Aqsa devrait être prise au sérieux, surtout du fait que c’est précisément l’aile militaire du Hamas qui, à l’origine, a sorti l’ultimatum le 10 mai l’année passée, exigeant qu’Israël retire ses forces d’al-Aqsa et de Sheikh Jarrah et qu’il libère les détenus.
Lorsque le délai a expiré, le Hamas a lancé des roquettes sur Jérusalem, déclenchant une offensive militaire israélienne de 11 jours contre la bande de Gaza, offensive qui allait anéantir des familles palestiniennes entières et raser jusqu’au sol plusieurs immeubles résidentiels.
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Publié le 13 avril 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine