Le Royaume-Uni admet que les activistes de Palestine Action ont « forcé » Elbit à vendre son usine

Un procureur du gouvernement britannique a admis devant un tribunal, cette semaine, que les activistes de Palestine Action avaient « forcé à la fermeture », un peu plus tôt cette année, une usine appartenant à une firme d’armement israélienne.

Les activistes ont été envoyés en prison après avoir mis à sac les bureaux d’une fabrique d’armement israélienne. (Photo : Guy Smallman)

Asa Winstanley, 19 mai 2022

Cet aveu va à l’encontre des allégations exprimées à l’époque par Elbit Systems, qui était encore propriétaire de l’usine, à ce moment-là. Il tombe au moment où le Royaume-Uni durcit sa répression envers Palestine Action en emprisonnant neuf de ses activistes cette semaine.

Elbit a prétendu que la vente en janvier de l’usine de fabrication de pièces de drones Ferranti à Oldham, près de Manchester, dans le nord de l’Angleterre, était tout simplement un signe de ce que la firme « consolidait sa position sur le marché ».

Le fabricant des drones meurtriers a également prétendu dans la presse locale que la vente faisait « partie de l’application permanente de notre stratégie de développement au Royaume-Uni ».

Elbit n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaire qu’on lui a adressées jeudi.

Palestine Action a mené une campagne soutenue d’action directe contre le site entre août 2020 et la vente d’Elbit en janvier 2022. Elbit dispose encore de neuf autres sites disséminés dans le Royaume-Uni et eux aussi sont régulièrement visés par l’organisation.

L’aveu est venu mardi de la bouche de Paul Kelly, un avocat travaillant pour le Crown Prosecution Service (CPS – Service des poursuites de la Couronne), une entité gouvernementale britannique.

Kelly s’est exprimé au tribunal lors d’un procès relatif aux efforts de Palestine Action en vue de forcer Elbit de quitter le Royaume-Uni.

Il a demandé au juge traitant l’affaire de refuser la liberté sous caution aux neuf activistes qui avaient mis à sac le QG régional d’Elbit dans la ville anglaise de Bristol, a dit Palestine Action dans une déclaration.

« Très inhabituel »

La requête de l’avocat avait été initialement rejetée par le juge, qui avait informé six des activistes qu’ils allaient être libérés sous caution. Mais le CPS était allé en appel et les neuf activistes ont donc été renvoyés en prison.

(Au moment de la publication du présent article, jeudi soir, six des neuf inculpés s’étaient finalement vu accorder la liberté sous caution. Les trois autres restent en détention. On s’attend à ce que les six soient libérés ce soir et cet article a donc été remis à jour dès que nous en avons su un peu plus.)

Selon Palestine Action, l’intervention du CPS était « très inhabituelle », puisque les activistes de l’organisation étaient habituellement libérés sous caution après avoir entrepris leurs actions contre la firme d’armement.

À ce jour, très peu des affaires préparées par la police contre Palestine Action ont été traitées au tribunal. La plupart des affaires devant l’être effectivement ont été annulées avant le procès en justice.

En janvier, le CPS a laissé tomber une affaire qui devait être jugée au tribunal d’East London, après avoir admis qu’elle n’offrait « aucune perspective réaliste de condamnation ».

En décembre dernier, la première affaire de Palestine Action traitée au tribunal s’était soldée par un acquittement complet. Trois activistes de Palestine Action ont été jugés non coupables de dommages criminels après avoir entrepris une action en vue de perturber les activités d’une filiale d’Elbit à Shenstone, près de Birmingham.

Les avocats qui représentaient les trois activistes ont prétendu qu’ils avaient recouru à une action proportionnée afin d’empêcher un crime bien plus grave encore en Palestine – celui de la violence israélienne contre les Palestiniens, comme la guerre de mai 2021 contre Gaza.

Un activiste qui assistait à l’audience du tribunal du magistrat de Bristol, mardi, a déclaré à The Electronic Intifada que Paul Kelly, l’avocat du CPS, avait « dit explicitement que Palestine Action avait déjà forcé à la fermeture une usine à Oldham ».

Ceci avait été repris dans l’argumentation de Kelly insistant pour que les neuf activistes se voient refuser la liberté sous caution.

Dans sa déclaration, Palestine Action a expliqué : « Le CPS utilise le succès de Palestine Action comme une raison pour emprisonner des activistes. »

L’appel contre la mise en liberté sous caution et le durcissement de la sécurité privée autour des sites d’Elbit font partie de « tentatives coordonnées en vue de réprimer les activistes et de court-circuiter le succès croissant du mouvement », a encore expliqué l’organisation.

Le groupe des neuf activistes emprisonnés sur demande comprend les dissidents israéliens Ronnie Barkan et Stavit Sinaï.

Dans une déclaration sur vidéo, Ronny Barkan a expliqué qu’ils avaient entrepris cette action pour protester contre « le rejet de la moindre trace d’égalité et de droits pour les peuples indigènes devenus une minorité dans leur propre pays ».

Les activistes avaient choisi le 15 mai, puisque c’était la Journée de la Nakba, qui marque l’expulsion de 800 000 Palestiniens par les milices sionistes en 1948.

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Publié le 19 mai 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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