Carrefour complice et acteur de la colonisation israélienne
Dans un rapport publié le 16 novembre, sept ONG et syndicats mettent en évidence le fait que l’accord signé par le groupe Carrefour en mars 2022 avec deux entreprises israéliennes impliquées dans la colonisation de la Palestine rend le groupe Carrefour complice de cette colonisation.
Communiqué de l’AFPS, Al-Haq, Confédération générale du travail (CGT), Fédération commerces et services de la CGT, Ligue des droits de l’Homme, Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Union syndicale Solidaires
Le 16 novembre, l’Association France Palestine Solidarité, Al-Haq, la Confédération générale du travail (CGT), la Fédération commerces et services de la CGT, la Ligue des droits de l’Homme, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et l’Union syndicale Solidaires publient un rapport intitulé “Les liaisons dangereuses du groupe Carrefour avec la colonisation israélienne” .
Le groupe français Carrefour a signé en mars 2022 un accord avec les entreprises israéliennes Electra Consumer Products et Yenot Bitan visant à franchiser leurs enseignes de distribution. Ces entreprises sont des acteurs directs et indirects de la colonisation de la Palestine par Israël, crime de guerre condamné par l’ONU.
Les magasins de Yenot Bitan sont présents dans au moins trois colonies israéliennes majeures. Au moment où ce rapport a été rédigé, les produits Carrefour étaient déjà disponibles sur le site internet de Yenot Bitan et dans ses magasins. Par leurs activités de grande distribution, Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan participent à la viabilité économique de colonies, dont l’existence est régulièrement condamnée par l’ONU, l’Union européenne et de nombreux pays dont la France.
La société Electra Consumer Products est détenue par la holding israélienne Elco Ltd, dont la filiale Electra Ltd participe à la colonisation par la construction et l’entretien d’infrastructures coloniales (routes, bâtiments publics, universités, transports, logements, distribution de l’eau, télécommunications, services et fournitures de matériel à l’armée et à l’administration israéliennes dans leurs activités de colonisation). Electra Ltd figure sur la liste des 112 entreprises participant à la colonisation, établie par l’ONU en 2020.
Par cet accord, Carrefour ignore ses obligations françaises et internationales, d’ordre juridique et éthique, de respect des droits de l’Homme : il s’agit notamment des principes directeurs établis par l’ONU en matière de diligence raisonnable pour le respect des droits humains, et de la loi française de 2017 sur le devoir de vigilance des entreprises. Le plan de vigilance établi par Carrefour en 2018 est de ce point de vue très insuffisant puisqu’il ne prévoit pas de protéger les populations autochtones.
Les organisations signataires du rapport demandent que Carrefour mette fin à ce partenariat conformément à ses obligations, et que le gouvernement français renforce ses recommandations aux entreprises concernant les risques juridiques et réputationnels qu’elles prennent en s’associant à la colonisation.
Les organisations signataires de ce rapport font également partie de la coalition française pour l’initiative citoyenne européenne #StopColonies demandant la fin du commerce entre l’Union européenne et tous les territoires colonisés.
La colonisation est un crime de guerre, qui se déroule devant nos yeux. Elle est particulièrement promue par les partis israéliens majoritaires à l’issue des dernières élections. Les entreprises, notamment Carrefour, l’Etat et l’Union européenne doivent prendre toutes leurs responsabilités face à cette situation inacceptable.
Le 16 novembre 2022
Association France Palestine Solidarité, Al-Haq, la Confédération générale du travail (CGT), la Fédération commerces et services de la CGT, la Ligue des droits de l’Homme, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et l’Union syndicale Solidaires
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Publié le 16 novembre 2022 sur Association France Palestine Solidarité
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Lisez également cet article publié le 14 mars sur The Electronic Intifada qui annonçait l’accord :
Carrefour unit ses forces à celles des profiteurs des colonies israéliennes.
Trouvez ci-dessous un extrait de cet article.
Fournisseur de l’armée israélienne
Carrefour gère des centaines de supermarchés et d’épiceries dans le monde entier – mais toujours pas en Israël, jusqu’à présent.
Ça va changer, puisque le géant de la distribution entre en partenariat avec la société israélienne Electra Consumer Products et la chaîne de supermarchés qui lui appartient, Yenot Bitan.
« Ce partenariat verra les banderoles Carrefour plantées en Israël avant la fin de l’année 2022 et permettra à tous les magasins Yenot Bitan, qui sont actuellement plus de 150, d’avoir accès à tous les produits étiquetés Carrefour avant cet été »,
a déclaré Carrefour.
Selon cet accord, Carrefour va également ouvrir des « magasins franchisés » en Israël.
Cela signifie que Carrefour va faire équipe avec des sociétés qui sont directement complices dans l’occupation et la colonisation de peuplement de la Cisjordanie par Israël – qui sont des crimes de guerre.
D’après ce qu’il annonce, Carrefour va par conséquent tirer profit de la vente de ses produits dans les colonies avant la fin de cette année.
Electra Consumer Products, le propriétaire de Yenot Bitan, fait partie d’une famille de sociétés qui utilisent la marque Electra en Israël. Elles partagent la même société apparentée, ELCO.
Les marques Electra sont profondément impliquées dans la colonisation par Israël des terres palestiniennes occupées.
Electra Consumer Products a
« installé des conditionneurs d’air dans des bâtiments publics des colonies de Modiin Illit, Maaleh Adumim et Givat Zeev en Cisjordanie »,
affirme Who Profits, une organisation qui tient à l’œil la complicité des sociétés avec la colonisation israélienne.
Diverses autres sociétés Electra sont plus impliquées encore dans la construction des colonies et de leurs infrastructures et elles aident même l’armée israélienne.
Une filiale, FK Electra, par exemple, a fourni des générateurs à au moins un check-point israélien en Cisjordanie occupée et a « fourni des générateurs à l’armée israélienne au cours de l’offensive contre Gaza en 2014 », déclare Who Profits.
Par conséquent, Electra est repris dans la banque de données de l’ONU des firmes impliquées dans les colonies des territoires palestiniens occupés.