Charleroi pour Gaza : paroles de Palestinien.ne.s et photos

Plusieurs centaines de personnes ont participé au rassemblement « Stop au génocide à Gaza » organisé par la Plate-forme Charleroi-Palestine, ce samedi 4 novembre à Charleroi.

Les intervenants de la Plate-forme ont dénoncé la barbarie de l’occupant et salué le courage du peuple palestinien, qui reste debout, malgré ses immenses souffrances, de Gaza à Jénine, de Jérusalem à Haïfa.

Exprimant le soutien de la Plate-forme Charleroi-Palestine à la résistance palestinienne, ils ont rappelé qu’Israël est un État colonial et qu’il faut libérer la Palestine, du fleuve à la mer.

 

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Isabelle Sabbe

Saluant la décision des syndicats belges de refuser le transport d’armes vers Israël à partir des aéroports, ils ont rappelé qu’Elbit, le plus gros exportateur d’armes israélien (“testés à Gaza”) est propriétaire de deux entreprises en Belgique (OIP). Que l’entreprise Scioteq de Courtrai vend à Elbit des écrans pour les stations de contrôle des drones Hermes. Que l’entreprise Solvay fournit à Elbit des fibres destinées à ces mêmes drones. Que plusieurs de ces entreprises bénéficient de facilités de la part des régions flamande et wallonne.

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Véronique Vercheval

Les intervenants de la Plate-forme ont appelé au boycott d’Israël, au boycott de Carrefour, entreprise coloniale en Palestine, qui distribue des vivres aux soldats israéliens et ils également insisté pour qu’on rejoigne la Marche européenne samedi 11 novembre à Bruxelles, qui démarrera à 14 h, gare du Nord.

 

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Véronique Vercheval

 

Photo : Isabelle Sabbe

Nos amis palestiniens ont réalisé une banderole avec les noms des 3.400 enfants assassinés à Gaza. Ce sont les chiffres du 2 novembre, ces chiffres augmentent de jour en jour à un rythme infernal.

 

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Véronique Vercheval

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Véronique Vercheval

 

La parole aux Palestiniennes et aux Palestiniens

Lors de ce rassemblement, la Plate-forme Charleroi-Palestine a choisi de donner la parole aux premiers concernés : celles et ceux qui ont leurs familles à Gaza, qui souffrent avec eux, qui n’arrivent pas à trouver le sommeil, qui subissent des remarques racistes par leurs collègues travailleurs sous l’emprise de la propagande de guerre dans nos médias. Celles et ceux qui résistent.

Les témoignages étaient forts, émouvants, dénonçant la machine de guerre nommée Israël, et appelant à l’arrêt du génocide.

 

Nabila

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

A gauche sur la photo : Nabila, au micro : Rami  (Photo : Isabelle Sabbe)

 

Nabila est une artiste, mère de cinq enfants. Elle est née dans une famille de réfugiés palestiniens en Libye. Elle a vécu 20 ans à Gaza, avant de s’installer avec sa famille en Belgique.

Ce qui se passe à Gaza est le génocide de personnes qui souffrent d’une grande injustice et de l’occupation depuis 75 ans. Cela se poursuit aujourd’hui par une attaque barbare, d’une violence excessive, avec des bombardements de civils incapables eux-mêmes de se défendre ou de protéger leurs enfants. Leurs habitations sont détruites alors même qu’ils se trouvent encore à l’intérieur. Et les écoles et les hôpitaux où ils se réfugient sont également bombardés. Plus aucun endroit n’est sûr, à Gaza. Où ces personnes vont-elles aller ?

Israël procède à l’extermination et au déplacement de plus de deux millions de Palestiniens et ne respecte absolument aucune des lois internationales ou humaines. Dans ses bombardements, il se sert de certains explosifs et de phosphore blanc, qui sont interdits par toutes les conventions internationales. Le monde est censé surveiller tous ces crimes, mais il ne le fait pas.

En ce qui concerne les enfants, les femmes et les civils, le nombre d’enfants tués dépasse 3826, ce 4 novembre 2023. Ces enfants ne sont pas que des chiffres, ils ont des noms, ils ont des rêves, des espoirs et des aspirations pour l’avenir… Ils ont des familles qui les aiment tels qu’ils sont. Toute cette terreur a tué leur innocence, a éteint à jamais leurs rires et leurs espoirs après qu’ils ont connu toute cette peur et cette violence. Il faut absolument sauver les enfants de Gaza ! Sauvez-les !

 

Rami

Né dans le camp de réfugiés Khan Younis, est un ami palestinien de longue date de notre Plate-forme.  Son épouse Ingie a perdu de nombreux membres de sa famille.

Bonjour à tous, …

Les manifestants répondent : Nous sommes tous des Palestiniens…

Mesdames et Messieurs, la guerre ne s’est jamais arrêtée à Gaza.

Je suis gazaoui et j’ai vécu à Gaza pendant plusieurs années. Depuis une semaine, je n’ai plus aucune nouvelle de ma famille. Silence. C’est grave pour moi. La guerre a commencé le 7 octobre, cela fait 27 jours. Des femmes et des enfants sont morts pour rien. NON. Tout le monde voit cela à la TV, des enfants sont malheureusement morts sur les routes.

Aujourd’hui, je suis ici pour dire : « Il faut arrêter les massacres à Gaza, il faut arrêter les massacres à Gaza. » Depuis 15 ans, les Gazaouis sont en cage, ce n’est pas grand, une toute petite cage pour 2 200 000 personnes.

Israël a coupé l’électricité, la nourriture…

Les gens crient : « Israël assassine les enfants de Palestine », Rami ajoute : « Israël terroriste. »

Personne ne peut faire cela avec des gens si on est civilisé.

Moi, sur les médias, je ne vois qu’une chose : Ce sont surtout des femmes et des enfants, là-bas, morts. Ils ont détruit des hôpitaux, des ambulances.

Ils disent que tous les gens doivent quitter le nord de Gaza pour aller dans le sud. Ils ont oublié que, dans le sud, il y a déjà un million de personnes. Ils attaquent Rafah et Khan Younès dans le sud de Gaza.

Il faut que tous ensemble nous disions : « IL FAUT ARRÊTER LA GUERRE ! »

 

Jaïda

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Véronique Vercheval

 

Je m’appelle Jaïda, je suis belge, d’origine palestinienne. Ma mère vient de Jaffa et mon père de Gaza.
J’ai eu la chance de passer 3 mois cet été à Gaza et plus précisément à Khan Younis dans le sud.
Je sais malheureusement que, quand je retournerai, plus rien ne sera pareil, je ne reconnaîtrai pas les rues, ni les bâtiments.
Tous les lieux que j’ai aimé découvrir et fréquenter n’existent plus ou sont entourés de décombres.
Il en est malheureusement de même pour ma famille, elle ne sera plus pareille car j’ai perdu un de mes cousins assassiné lors d’un bombardement israélien.

Émue, Jaïda interrompt son discours. Les manifestants la soutiennent en scandant : « Free free Palestine »

Mais je sais que je suis chanceuse car d’autres Gazaouis de mon entourage ont perdu des membres de leur famille par dizaines: 20,30,40,… nous n’avons plus le temps de vivre notre deuil qu’une autre mauvaise nouvelle arrive.

Depuis le 7 octobre, j’entends des choses difficiles à digérer, une personne de mon entourage m’a dit il y a quelques jours qu’elle me souhaitait beaucoup de courage et qu’elle vivait la même chose mais de l’autre côté. Je lui ai demandé si elle était israélienne, elle m’a expliqué qu’elle était juive et qu’elle avait de la famille en Israël. Je ne vous dis pas mon choc ! Non, ce n’est pas la même chose ! Les Israéliens peuvent sortir d’Israël, les Israéliens ont de l’électricité, les Israéliens ont de l’eau, les Israéliens ont du réseau pour communiquer avec leurs familles à l’étranger ou communiquer entre eux ! Et surtout, Israël a eu le soutien de toute la planète et sous toutes ses formes! Envoi de renforts armés, envoi d’argent, une plus grande place donnée dans les médias,…

En ce moment, on profite que nos yeux sont rivés sur Gaza pour continuer les massacres en Cisjordanie ! On vole nos territoires et nos maisons, on nous kidnappe et on nous torture et on nous emprisonne !
Mes amis à Jénine ont perdu des membres de leurs familles assassinés par l’armée israélienne, et l’armée leur a volé le cheval de métal qui était symbole de la victoire de la résistance de la ville en 2002.
Il en est de même pour les Palestiniens qui vivent en Israël, ces Palestiniens n’ont pas les mêmes droits que les Israéliens et actuellement se font harceler et attaquer !

Encore une chose, il est important de rappeler que la cause palestinienne n’est pas une cause religieuse ! En Palestine, il y a des musulmans, des chrétiens, des juifs et des athées ! Notre cause est une cause politique !

Enfin, une remarque sur les termes utilisés ! On nous parle de guerre et de conflit ! Pire encore, on parle d’Israël face au Hamas ! Un pays face à un parti politique, un mouvement ! C’est faux ! Il ne s’agit pas de conflit ni de guerre ! Nous ne sommes pas égaux, nous n’avons pas les mêmes moyens !
Il s’agit d’une colonisation, il s’agit d’un système d’apartheid et ce qu’Israël fait en ce moment à Gaza est un génocide !

Nous demandons un cessez-le-feu immédiat, l’ouverture des frontières et qu’Israël soit sanctionné à la Cour pénale internationale pour ses crimes qui durent depuis 75 ans !

 

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Isabelle Sabbe

 

La Plate-forme Charleroi-Palestine est membre du réseau international de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun. Nous avons invité deux jeunes Palestiniennes, Dounia et Iman, de Samidoun Bruxelles qui expriment leurs sentiments, leurs appels militants, tout en contextualisant le combat de leur peuple.

 

Dounia

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Dounia. Photo : Véronique Vercheval

 

Salamu alaykom !

Je suis palestinienne mais je n’ai jamais été en Palestine. Je n’ai jamais vu la ville de mes origines, Burqa.

Nous, de la diaspora, assistons au martyre de notre peuple depuis plus de 75 ans par le biais des journaux, de la radio, des écrans de télévision et, aujourd’hui, de nos téléphones.

Malgré tous les contrecoups, nous savons que nous gagnerons la bataille.

Nous vivons pour voir les Palestiniens résister jour après jour.

Nous avons vu des prisonniers s’évader en se servant de cuillers. Nous avons vu l’armée sioniste encore et toujours battre en retraite comme des lâches face aux forces de la résistance, comme ce fut le cas à Jénine. Nous voyons notre peuple réinventer la vie et la résistance de jour en jour. Et, le 7 octobre, nous avons vu Gaza se ruer hors de sa prison.

La diaspora est confrontée à un combat différent de celui de nos frères et sœurs en Palestine. Nous devons affronter le fait qu’on nous impose le silence, nous devons faire face aux entités sionistes enracinées en Europe et qui sortent de leurs tours d’ivoire pour nous faire taire parce que nos slogans sont trop bruyants. Notre soutien à la résistance, à une existence dans la dignité, est trop menaçant. Ils disent que notre désir de respirer sans le garrot colonial autour de nos cous est antisémite.

Notre combat n’est rien, comparé à celui de nos frères et sœurs à Gaza quand ils sont ciblés par les missiles impérialistes. Notre combat n’est rien comparé à celui de notre peuple en Cisjordanie, quand il se fait traîner en prison et avilir par les forces sionistes et leurs collaborateurs. Il n’est rien comparé à l’apartheid et à la violence qu’on inflige à notre peuple en Palestine ’48.

Le pire de tout, c’est que tous nos martyrs sont ramenés à des tragédies, à des nombres, à des masses anonymes. Nos martyrs sont remis en question, ils deviennent tout simplement une crise humanitaire, détachée de leur histoire de lutte et de résilience.

Et ce n’est pas cela que nous défendrons.

Si vous êtes présent.e.s ici, aujourd’hui, c’est parce que c’est une injustice, ceci est un appel mondial à mettre fin au colonialisme sous toutes ses formes. Il ne s’agit pas que d’une crise humanitaire. Ni d’un désastre naturel. Le monde où nous, Palestiniens, vivons aujourd’hui, est un monde calculé politiquement, un monde colonial, un monde créé par l’homme.

Nous sommes ici aujourd’hui pour dire aux sionistes que les gens n’ont pas besoin de leur accréditation. Nous n’avons pas besoin de leur permission pour dire « Gloire à nos martyrs » ou pour célébrer la résistance qui, à jamais, continuera à vivre, qu’importe le nombre de morts que nous enterrerons.

Nous, de la diaspora palestinienne, nous continuerons de nous battre, de nous battre pour notre droit au retour, de nous battre pour notre droit de protester, de nous battre pour notre terre et notre peuple.

Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre !

Shukran !

 

Iman

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Au milieu de la photo : Iman au micro (Photo : Isabelle Sabbe)

 

Salamu alaykom, frères et sœurs !

Je vais essayer de faire bref, car je sais que nous tous voulons que nos voies soient entendues. Permettez-moi de commencer en saluant la résistance et nos martyrs qui se battent sur les lignes de front de notre combat.

Un combat qui a débuté bien longtemps avant le 7 octobre. Avant le 7 octobre, quelque 5 000 Palestiniens étaient dans les prisons israéliennes, dont un grand nombre sans procès, en détention administrative. Aujourd’hui, ce nombre a doublé : Ils sont 10 000 Palestiniens dans les prisons israéliennes. Nous savons, depuis 2011, que la seule façon de libérer nos prisonniers, c’est par le biais d’un échange de prisonniers ! La résistance est prête, pour un échange de prisonniers. Pourtant, l’entité sioniste refuse ! Voilà comment elle apprécie la valeur de ses citoyens !

Un message à l’UE et au gouvernement belge :

– Vous ne pouvez masquer votre complicité

– Votre soutien politique, économique et militaire en est une preuve flagrante

– Nous exigeons un arrêt complet du soutien accordé à l’entité sioniste

– Pas de résolutions creuses, non contraignantes, mais des actions concrètes

– Voilà un mois que le génocide a commencé et votre silence est assourdissant

Mais ne vous y trompez pas, alors que nos gouvernements sont restés silencieux, les peuples se font entendre plus fort que jamais. Nous voulons la justice !

Un message à tous les partisans de la cause palestinienne :

– parlez sans arrêt de la Palestine, ne laissez pas les sionistes vous réduire au silence

– continuez à participer à des protestations

– continuez à mettre la pression sur vos gouvernements afin qu’ils rompent leurs liens avec Israël, boycottez toutes les entreprises qui ont des liens avec Israël

– exigez la fermeture d’Elbit, la plus grosse fabrique d’armes d’Israël ! Pas de place pour de telles usines en Belgique !

Et faites-le savoir autour de vous !

Gloire à nos martyrs !

Notre résistance se bat pour la justice ! La justice, c’est ce qui a amené la résistance palestinienne a sortir de Gaza ! La résistance est justifiée quand un peuple est occupée !

 

Le slogan lancé par Iman, a été reprise par les manifestants : « Résistance justifiée, quand on peuple est occupé ». Pensées à nos grand-parents, qui ont combattu l’occupation nazie pendant la deuxième guerre mondiale.

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Véronique Vercheval

 

 

Avant de clôturer l’événement, une animatrice de la Plate-forme Charleroi-Palestine a expliqué qu’ Israël a intensifié sa terreur au sein des prisons palestiniennes. Omar Hamza Daraghmeh, 58 ans, est mort sous la torture le 23 octobre, Arafat Yasser Hamdan, 25 ans, le 24 octobre. 

Elle a appelé au soutien des prisonniers politiques palestiniens en Europe.

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

 

Amin Abu Rashed est détenu aux Pays-Bas depuis le 22 juin 2023. Pendant des décennies, Amin Abu Rashed a été l’un des principaux dirigeants de la communauté palestinienne aux Pays-Bas, fondant et participant à de nombreuses organisations communautaires ainsi qu’à des initiatives de solidarité.

Georges Ibrahim Abdallah est d’origine libanaise et palestinien de par son engagement pour la cause depuis sa jeunesse. En tant que jeune professeur, il a rencontré les réfugiés palestiniens de la Nakba dans les camps du Liban. Il a rejoint la résistance palestinienne. Libérable depuis 1999, il est toujours détenu dans la prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrenées en France. Georges Abdallah est entré dans sa 40e année d’emprisonnement. Il est ainsi le plus ancien prisonnier politique en Europe.

Avec les centaines de participants, nous avons crié : La Palestine vaincra ! Libérez Georges Abdallah !

 

Charleroi pour Gaza : rassemblement du 4 novembre 2023

Photo : Isabelle Sabbe

 

Merci à Isabelle Sabbe et Véronique Vercheval pour les belles photos.

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