L’Allemagne envisage de nouveaux contrats avec les marchands de génocide israéliens

L’Allemagne est en deuxième position d’importance, derrière les EU, en tant que fournisseur extérieur d’armes à Israël au cours de la décennie écoulée.

 

L'Allemagne envisage de nouveaux contrats avec les marchands de génocide israéliens. Photo : Partenaires dans le génocide : l'Allemand Olaf Scholz et l'Israélien Benjamin Netanyahou.

Partenaires dans le génocide : l’Allemand Olaf Scholz et l’Israélien Benjamin Netanyahou. (Photo : Gouvernement allemand)

David Cronin, 14 mai 2024

La « déclaration d’indépendance » d’Israël – proclamée il y a 76 ans cette semaine – invoque l’Holocauste dans un effort en vue de conférer une légitimité à une entreprise coloniale de peuplement.

Le massacre à l’échelle industrielle perpétré par le régime nazi de l’Allemagne a bien montré qu’il existait une nécessité urgente de résoudre le problème de l’« itinérance » juive en « rétablissant l’État juif en Eretz-Israël », affirmait le document.

La juxtaposition d’une histoire récente et extrêmement douloureuse et d’une référence à quelque chose remontant à quelques millénaires plus tôt était perverse.

Les figures de pointe du mouvement sioniste prétendaient qu’aussi bien l’Holocauste que la Bible leur donnaient le droit d’établir un État juif en Palestine, qu’ils appelaient désormais « Eretz-Israël » ou le « Grand Israël ».

La promesse, dans la déclaration, de garantir l’égalité quelle que soit la religion ou la race n’a rien changé dans la façon dont Israël s’est auto-affirmé un État juif. Les Palestiniens, dont la plupart n’étaient pas juifs, se voyaient par définition accorder un statut inférieur.

En outre, la promesse d’égalité était annulée par les faits sur le terrain.

La déclaration était sortie à une époque où la Nakba avait toujours cours. Quelque 800 000 Palestiniens ont été expulsés de chez eux par les forces sionistes, entre 1947 et 1949.

 

L’instrumentalisation du traumatisme juif

Les horreurs de l’Holocauste ne donnaient pas le droit au mouvement sioniste de développer un système d’apartheid en Palestine. Sans nul doute ces horreurs ne donnent pas non plus le droit à Israël de perpétrer un génocide à Gaza aujourd’hui.

Pourtant, en d’innombrables occasions, les dirigeants d’Israël ont instrumentalisé le traumatisme collectif juif afin de tenter d’obtenir du soutien à leur comportement agressif.

L’Allemagne – l’État le plus directement responsable de l’Holocauste – a contribué à cette instrumentalisation.

David Ben-Gourion – le premier Premier ministre d’Israël et l’homme qui a proclamé à haute voix la « déclaration d’indépendance » de mai 1948 – s’est assuré un important soutien de l’Allemagne de l’Ouest.

Bien qu’Israël n’ait pas été fondé avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne lui a payé des réparations d’État pour l’Holocauste. Ce financement s’avéra une source vitale de revenus.

Le soutien avait une forte dimension militaire, que l’élite israélienne entendait bien garder secrète. En 1963, certains hommes politiques se mirent en colère quand ils apprirent que des troupes israéliennes étaient entraînées en Allemagne.

La coopération militaire se poursuit toujours actuellement.

L’Allemagne est en deuxième position d’importance, derrière les EU, en tant que fournisseur extérieur d’armes à Israël au cours de la décennie écoulée.

Le Nicaragua s’en est pris dernièrement à ces exportations d’armes en introduisant une plainte à la Cour internationale de Justice (CIJ), plainte qui prétend que l’Allemagne a violé la Convention sur le Génocide. En répondant que le nombre de licences accordées pour les acheminements d’armes vers Israël ont diminué depuis octobre, l’Allemagne ne disait pas toute la vérité.

Alors qu’il est possible que l’Allemagne vende moins d’armes à Israël, elle continue néanmoins à collaborer étroitement avec des firmes qui participent au génocide à Gaza.

Récemment, l’Allemagne a approuvé des vols de drones Heron dans son espace aérien. Le Heron est fabriqué par une firme appartenant à l’État d’Israël : Israel Aerospace Industries (IAI).

Cette même IAI s’est vantée de jouer un « rôle incontournable » dans la guerre contre Gaza et elle vient précisément d’annoncer des bénéfices records.

Entre-temps, au début de ce mois, IAI a accueilli la visite de responsables du ministère allemand de la Défense, et ce, dans la semaine même où Israël tenait sa Journée du Souvenir de l’Holocauste – une journée « symboliquement » importante, selon The Jerusalem Post.

Les participants à la visite ne semblent pas avoir été trop distraits par le symbolisme. Ils ont discuté de la possibilité que IAI vende ses armes Arrow 3 à l’Allemagne.

La Lufthansa, la compagnie aérienne allemande, négocie un contrat portant sur des drones avec Elbit Systems, une autre très importante forme d’armement israélienne.

IsraelDefense – un site internet sur le commerce des armes – a rapporté qu’un accord provisoire avait été dégagé en janvier entre la Lufthansa et Elbit Systems, bien qu’aucun contrat officiel n’ait encore été signé. Le contrat impliquerait la livraison à la marine allemande de toute une série de drones Hermes 900 Starliner, en provenance d’Elbit.

Elbit regroupe ses drones en ce qu’il appelle des « familles ».

Un drone faisant partie de la « famille » Hermes a été honteusement utilisé dans l’assassinat de travailleurs humanitaires de World Central Kitchen, le mois dernier – un incident qui a même déclenché la colère de certains des alliés les plus fidèles d’Israël.

L’Allemagne cite sa propre histoire lorsqu’elle est contrainte d’expliquer pourquoi elle aide Israël dans ses crimes actuels.

Il y a une logique sinistre, derrière cet argument.

Au 20e siècle, l’Allemagne était tellement convaincue de sa propre pureté raciale qu’elle a gazé des gens qu’elle considérait comme des êtres inférieurs.

Au 21e siècle, l’Allemagne soutient Israël quand ce dernier qualifie les gens de Gaza de « bêtes humaines » et les soumet en toute impunité à la terreur et à la famine.

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David Cronin est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Europe Israël : Une alliance contre-nature (Ed. La Guillotine – 2013) et  Europe’s Alliance With Israel: Aiding the Occupation (Pluto Press, 2011 – L’Alliance de l’Europe avec Israël contribue à l’occupation). Il a participé à la rédaction du rapport “The israeli lobby and the European Union”. 
Son dernier livre est : Balfour’s Shadow: A Century of British Support for Zionism and Israel (Pluto Press – Londres 2017).

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Publié le 14 mai 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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