Quel est le but ultime d’Israël ?

Yitzhak Brik, l’ancien ombudsman de l’armée israélienne, dans Haaretz : « Israël a entamé une descente en vrille existentielle et pourrait très bientôt atteindre un point de non-retour. »

 

Quel est le but ultime d'Israël ? Photo : 2 septembre 2024. Lors d'une manifestation, la captive libérée Ilana Gritzewsky tient une fusée éclairante à proximité de six cercueils factices, après que plusieurs otages ont été retrouvés morts par l'armée israélienne à Gaza.

2 septembre 2024. Lors d’une manifestation, la captive libérée Ilana Gritzewsky tient une fusée éclairante à proximité de six cercueils factices, après que plusieurs otages ont été retrouvés morts par l’armée israélienne à Gaza. (Photo : Eyal Warshavsky / SOPA Images)

 

Maureen Clare Murphy, 6 septembre 2024

 

À Washington, où l’espoir est éternel, surtout à l’approche d’élections nationales, l’administration Biden est finalement près d’annoncer le capotage des négociations du cessez-le-feu.

La grande question est de savoir ce qui va venir après cela.

Les manifestants et les travailleurs en grève en Israël ont mis le pays à l’arrêt après que, samedi 31 août, les corps de six otages ont été retrouvés par l’armée dans un tunnel de Gaza.

Les autorités israéliennes ont déclaré que les captifs avaient été abattus et tués à courte distance quelques jours déjà avant que leurs corps n’aient été retrouvés.

Quelques jours plus tôt, un citoyen palestinien d’Israël, capturé dans un kibboutz le 7 octobre, avait été retrouvé vivant dans un tunnel, non loin de l’endroit où l’on allait retrouver les corps des six captifs abattus. Le corps d’un autre captif mort a été découvert récemment dans une autre zone.

Il apparaît que les Brigades Qassam, l’aile armée du Hamas, ont confirmé que les six personnes retrouvées samedi avaient bel et bien été abattues par leurs combattants – ou du moins se sont-elles contentées de donner cette impression.

Abu Obeida, nom d’emprunt du porte-parole des Brigades Qassam, a déclaré lundi que les combattants qui gardaient les captifs avaient reçu de nouvelles instructions sur la façon d’agir en cas d’approche de l’armée israélienne.

Abu Obeida a ajouté que les nouvelles instructions avaient été transmises après l’incident de Nuseirat, le camp de réfugiés de la partie centrale de Gaza où près de 300 Palestiniens avaient été tués au cours d’un raid qui avait permis à l’armée israélienne de libérer quatre captifs.

L’insistance du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en faveur de pressions militaires plutôt que d’un accord avec le Hamas signifierait que les captifs restants pourraient retourner en Israël dans des cercueils, a ajouté Abu Obeida.

Les Brigades Qassam se sont mises également à diffuser des vidéos qui, ont-elles dit, constituaient les ultimes messages des captifs retrouvés abattus samedi.

La première vidéo montrait Eden Yerushalmi, 24 ans, implorant pour que Netanyahou et le gouvernement israélien

« fassent ce qui est nécessaire pour nous libérer dès maintenant ».

La déclaration de Yerushalmi sur vidéo, diffusée par les Brigades Qassam, a été réalisée sous la contrainte, étant donné qu’elle était détenue contre sa volonté. Les vidéos des autres captifs qui ont suivi réitèrent plusieurs messages identiques adressés à Netanyahou.

Dans la vidéo – non datée –, elle dit que Netanyahou avait accepté de libérer un millier d’otages en échange de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en 2006 par les combattants palestiniens et détenu par le Hamas à Gaza pendant plus de cinq ans.

« Ils demandent moins d’un quart de ce nombre pour chacun d’entre nous »,

déclare Yerushalmi, avant d’insister pour que les Israéliens descendent dans les rues afin de protester.

« Tout ce qui nous est arrivé est dû à l’échec de l’État d’Israël et de ses forces sécuritaires le 7 octobre »,

dit-elle avant de dire à quel point elle aime sa famille, qui lui manque tellement.

Alors que Yerushalmi s’exprimait sur son propre sort et celui des autres captifs détenus à Gaza depuis le 7 octobre, on pouvait dire la même chose d’Israël dans son ensemble.

La mort des six captifs – il était prévu que cinq d’entre eux, dont Yerushalmi, soient libérés en première phase d’un accord d’échange et de cessez-le-feu – ne fera qu’élargir les fissures déjà béantes dans la société israélienne et accélérer la détérioration de la confiance entre ses citoyens et l’État.

 

Un état de « disgrâce morale »

Netanyahou, quasi unanimement perçu comme la seule partie responsable de l’échec d’un accord entre Israël et le Hamas, n’a pas changé d’avis ces derniers jours et il a même doublé la mise sur sa stratégie de « pression maximale » sur le Hamas.

Il s’est entêté sur ses positions lors d’une conférence de presse lundi soir, insistant pour maintenir une force israélienne le long du fameux couloir Philadelphi, à la frontière entre Gaza et l’Égypte, bien que le ministre de la défense Yoav Gallant ait répété dimanche, lors d’une réunion de cabinet, que cette exigence était une « contrainte dénuée de la moindre nécessité ».

« Le fait que nous faisons passer le corridor de Philadelphi avant la vie des otages constitue une disgrâce morale »,

aurait dit Gallant.

La ligne dure de Netanyahou lui a valu les louanges de ses alliés d’extrême droite Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, les ministres israéliens de la sécurité nationale et des finances. Smotrich aurait dit que

« si nous cédons aux exigences du Hamas, comme le veut Gallant, nous avons d’ores et déjà perdu la guerre. »

Le Forum des otages et des familles manquantes qui, depuis des mois, réclame un accord en vue d’assurer la libération des dizaines de captifs toujours détenus à Gaza, a souhaité « voir le pays trembler », après la découverte de samedi.

Dimanche, le président américain Joe Biden a répété une fois de plus la rengaine de son administration disant qu’ils

« travaillaient contre la montre pour obtenir un accord qui assurerait la libération des otages restants »

et blâmant ces « violents terroristes du Hamas » de la mort des six captifs.

Mais, comme l’a déclaré le journaliste Mohammad Alsaafin, Biden et son administration

« ont choisi la survie de Netanyahou et l’annihilation de Gaza avant tout », y compris la vie des captifs à Gaza.

Lundi 2 septembre, Biden a reconnu que Netanyahou ne s’était pas suffisamment employé à dégager un accord en vue d’échanger les captifs et de mettre un terme à la guerre à Gaza et il a déclaré que son administration était « très près » de présenter un ultimatum à Israël et au Hamas.

Mais, à moins que les EU n’utilisent vraiment leur poids sur Israël – via des embargos sur les armes, en se retenant d’exprimer leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU et via d’autres moyens – il y a peu de raison de croire qu’une proposition « à prendre ou à laisser » émanant de la Maison-Blanche se soldera par un accord en vue de mettre fin au bain de sang à Gaza et d’épargner la vie des captifs encore détenus à Gaza.

 

Peu de chance d’arriver à un accord

Sans pression extérieure, les possibilités d’accord ont toujours été quasiment inexistantes, d’autant que le principal belligérant – Netanyahou – a maintes fois dit clairement qu’il n’avait nullement l’intention de mettre un terme à ce qu’il décrit comme une guerre existentielle.

Les quelque 100 captifs – la plupart étant des enfants, des femmes et des travailleurs étrangers – relâchés au cours de la semaine de trêve en novembre, ont été libérés par le Hamas

« en échange d’une contrepartie absolument négligeable, selon lui »,

a écrit l’analyste de Haaretz, Amos Harel.

À l’époque, explique Harel, le Hamas pensait que l’échange allait aboutir à un second accord plus favorable sans qu’Israël conquière le sud de Gaza. Mais ce second échange n’a pas été atteint et Israël a lancé son offensive terrestre à Khan Younis et à Rafah, tuant des dizaines de milliers de Palestiniens de plus et n’épargnant aucune région de l’enclave.

Pendant ce temps, les EU ont mis sur pied des négociations entre le Hamas et Israël tout en continuant de financer et d’armer de dernier et en lui fournissant une couverture diplomatique.

Le fait que les six captifs retrouvés morts samedi ont été renvoyés en Israël dans des sacs mortuaires et non vivants est la conséquence plutôt macabre mais prévisible de la mascarade de cessez-le-feu qui dure depuis des mois et qui n’a servi qu’à prolonger le génocide perpétré par Israël à Gaza.

C’est Washington – qui a fourni plus de 50 000 tonnes d’armes à Israël depuis le 7 octobre – qui a insisté pour qu’un cessez-le-feu soit négocié entre un gouvernement qui perpètre un génocide et ses victimes, plutôt qu’imposé via l’application des lois internationales.

 

20 août 2024. Des enfants blessés sont traités à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza, après le bombardement par Israël d'un marché.

20 août 2024. Des enfants blessés sont traités à l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza, après le bombardement par Israël d’un marché. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

 

Pour Israël et les EU, le but initial de ces négociations autour d’un cessez-le-feu

« était de servir de feuille de vigne à Israël pendant qu’il poursuivait sa campagne génocidaire dans la bande de Gaza »,

estime l’analyste Mouin Rabbani.

Les EU se sont inquiétés pour la forme de la libération des ressortissants israéliens et étrangers détenus à Gaza. Mais, en même temps, l’insistance de Washington en vue d’atteindre un cessez-le-feu via des négociations bilatérales, alors que cela sapait les demandes de cessez-le-feu émanant du Conseil de sécurité de l’ONU, n’a fait que prolonger leur captivité.

Plus récemment, les négociations autour du cessez-le-feu ont également servi à retarder une riposte du Hezbollah et de l’Iran à l’assassinat par Israël des dirigeants de la résistance à Beyrouth et à Téhéran – des actes de provocation apparemment destinés à déclencher une guerre plus étendue avec l’Iran comme le souhaitaient certains à Tel-Aviv, mais à laquelle s’opposait Washington.

Le renouvellement de la poussée américaine en faveur des négociations de cessez-le-feu, fin août, a également permis à l’armée américaine d’envoyer des renforts dans la région en anticipation des frappes de représailles du Hezbollah et de l’Iran.

Entre-temps, la mascarade des négociations a permis à la vice-présidente des EU et candidate à la présidence, Kamala Harris, de jeter un os à ronger aux mécontents hostiles au génocide en prétendant que l’administration s’employait nuit et jour en vue de dégager un accord, alors qu’elle refuse de réclamer un embargo sur les armes afin de mettre fin a massacre.

 

Les négociateurs parlent entre eux

La rupture des pourparlers de cessez-le-feu se sentait depuis longtemps.

Alors que le Hamas participait au sommet du Caire, fin août, il n’a pas pris part aux pourparlers du préambule à cette réunion d’un haut niveau.

Le Hamas a au contraire insisté sur un plan de mise en œuvre de la proposition qu’il avait acceptée début juillet, avant que son principal interlocuteur et dirigeant, Ismail Haniyeh, ne soit assassiné à Téhéran à la fin du mois.

La non-participation du Hamas avant le sommet du Caire a permis aux « médiateurs de parler entre eux », comme l’a dit l’ancien diplomate britannique Alastair Crooke dans une interview destinée à l’émission Judging Freedom.

Pendant ce temps, Washington annulait les récents progrès en tentant d’imposer au Hamas une proposition répondant aux nouvelles exigences de Netanyahou.

De hauts responsables israéliens restés dans l’anonymat et présentés par le magazine d’information en ligne Ynet comme étant proches des négociations ont déclaré que le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait fait capoter les pourparlers en affirmant que la balle était dans le camp du Hamas et en propageant un faux optimisme à usage domestique plus ou moins au moment de la Convention nationale démocratique.

Selon ces sources, Blinken a ainsi donné à Netanyahou l’occasion d’exiger que les troupes israéliennes restent déployées le long du corridor Philadelphi – un motif de rupture directe tant pour l’Égypte que pour le Hamas.

La proposition déjà acceptée par le Hamas est en ligne avec le plan en trois phases mis en évidence fin mai par le président américain Joe Biden et la Résolution 2735 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en juin et qui accueillait favorablement le proposition de cessez-le-feu de Biden.

Les revendications non négociables du Hamas portent sur le retrait total des forces israéliennes de Gaza, sur le droit des Palestiniens de se déplacer librement dans tout le territoire et sur l’ouverture des passages afin de laisser entrer l’aide et les marchandises désespérément nécessaires pour que les gens puissent se mettre à reconstruire leur existence après plus de onze mois d’une guerre génocidaire.

À la mi-août, s’appuyant sur un examen de documents inédits détaillant les positions d’Israël dans les négociations, The New York Times disait que c’était Netanyahou qui avait manœuvré tant et plus en coulisse afin de faire capoter un accord dans le même temps qu’il présentait le Hamas comme étant la partie intransigeante.

 

Ce que veut Netanyahou

Lors de la dernière poussée vers un accord, Netanyahou a ajouté des conditions dont il savait qu’elles seraient un motif de rupture pour le Hamas, frustrant ainsi sa propre équipe de négociation alors que les Américains continueraient d’accuser les Palestiniens d’avoir provoqué l’impasse.

Le porte-parole de la sécurité nationale à la Maison-Blanche, John Kirby, a réitéré ce point de discussion jeudi, en déclarant que

« le principal obstacle à l’obtention d’un cessez-le-feu est le Hamas »,

et ce, malgré toutes les preuves du contraire.

Netanyahou a également insisté pour maintenir des troupes dans le corridor de Netzarim afin d’inspecter les Palestiniens qui retournaient vers le nord de Gaza et de poursuivre le contrôle direct du passage de Rafah. Toutefois, cette dernière exigence a été rejetée par l’Égypte.

Le Premier ministre israélien veut aussi un pouvoir de veto à propos de certains prisonniers palestiniens susceptibles d’être libérés dans le cadre d’un accord et afin que certains prisonniers palestiniens libérés soient expulsés de leur terre natale – cette condition a été rejetée avec véhémence par le Hamas et par les Palestiniens plus généralement.

Le vendredi 30 août, le cabinet de Netanyahou

« a décidé de maintenir la présence de l’armée dans le corridor comme élément d’un accord sur la libération des otages »

et seul le ministre de la défense, Yoav Gallant, a voté contre la mesure, a rapporté Haaretz.

Au cours de cette réunion à huis clos, Gallant aurait dit à Netanyahou que son insistance à vouloir garder le corridor Philadelphi « allait tuer tous les otages » – ce qui laisser prévoir le sort des six captifs découverts morts le lendemain.

Netanyahou semble avoir fait la paix avec son choix.

Selon Aluf Benn, journaliste à Haaretz, Netanyahou perçoit les captifs israéliens à Gaza

« comme une nuisance médiatique, un bélier politique pour ses opposants et une façon de se détourner du but qu’est l’occupation prolongée de la bande de Gaza ».

« En pratique, un arrangement à long terme en vue du « lendemain de guerre » est en préparation. Israël contrôlera le nord de la bande de Gaza et en chassera les 300 000 Palestiniens qui s’y trouvent encore »,

écrit Benn.

« La droite israélienne envisage un peuplement juif dans la région, qui dispose d’un vaste potentiel immobilier d’une topographie idéale, d’une vue sur la mer et de la proximité du centre d’Israël »,

ajoute Benn.

La recolonisation de la partie nord de Gaza se fera progressivement –

« acre par acre, mobile home par mobile home, avant-poste par avant-poste – exactement comme à Hébron, Elon Moreh et Gilad Farm »

en Cisjordanie, estime Benn.

Le sud de Gaza

« sera laissé au Hamas, qui devra d’occuper des habitants plongés dans la ruine par le siège israélien, même après que la communauté internationale aura perdu tout intérêt dans l’histoire et se sera tournée vers d’autres crises ».

Une autre indication du plan de Netanyahou en vue d’un déploiement à durée indéterminée à Gaza réside dans la nouvelle désignation d’un général de brigade à la tête de l’Administration civile israélienne qui a été rétablie dans la bande de Gaza – « reflet de l’appareil similaire opérant en Cisjordanie », estime le spécialiste du droit international Itay Epshtain – avec les deux généraux censés rendre leurs comptes à Smotrich.

Mais un plan en vue d’un déploiement militaire israélien à durée indéterminée dans n’importe quelle partie de Gaza, et plus encore un transfert de colons, présume une défaite du Hamas – une affaire très loin d’être entendue – et Netanyahou ne dispose pas d’une stratégie du « lendemain de guerre » qui soit susceptible de concrétiser cette vision.

La bataille de Gaza est devenue une guerre d’usure au cours de laquelle les forces qui tiendront le coup le plus longtemps émergeront victorieuses. Et, avec Israël qui est en train de tomber à court de soldats et de matériel, alors que Qassam, à coup sûr, reconstitue ses rangs, l’issue probable n’est certes pas favorable à Israël.

 

Pourquoi Netanyahou veut la guerre

Alors que les négociations sont dans une impasse, les factions de la résistance palestinienne peuvent considérer une confrontation militaire totale entre les organisations régionales de résistance et Israël comme le seul moyen possible d’apporter une solution accélérée pour mettre fin au génocide à Gaza.

Dans une lettre de la résistance palestinienne publiée le 20 août sur le canal Telegram du Djihad islamique, les combattants palestiniens demandaient à leurs homologues au Liban d’activer leur rôle de front de soutien et de participer pleinement à la bataille en vue de libérer la Palestine.

« Il est temps d’avancer vers l’ouverture de la passe de Khaybar une fois de plus et d’œuvrer à l’élimination absolue d’Israël’ »,

dit la lettre.

Mais le Hezbollah, qui prétend que le combat pour la destinée de la Palestine sera livré et remporté par des mains palestiniennes, est très désireux d’éviter une confrontation à grande échelle et a soigneusement calibré ses réponses aux provocations israéliennes en vue d’éviter de donner à Tel-Aviv un prétexte pour en déclencher une nouvelle, et l’Iran a fait de même.

Entre-temps, le Hezbollah poursuit lui aussi une guerre de longue haleine qui, en même temps que l’actuelle résistance du Hamas, a déjà causé de graves préjudices « à l’économie, aux relations internationales et à la cohésion sociale d’Israël », s’il faut en croire l’ancien ombudsman de l’armée israélienne, le général Yitzhak Brik.

L’armée israélienne, déjà mise à rude épreuve et subissant de lourdes pertes à Gaza, n’a guère envie de provoquer une guerre avec l’Iran. Comme l’explique Brik,

« l’armée israélienne ne dispose pas de suffisamment de forces pour mener une guerre sur plusieurs fronts ».

Tout le monde, ami et ennemi, semble d’accord pour dire que Netanyahou, qui promet à tout moment une « victoire totale » à Gaza, n’a aucun intérêt à atteindre un accord avec le Hamas en vue de libérer les captifs et de mettre un terme à la guerre.

Nombreux sont ceux qui ont mis en évidence l’intérêt personnel de Netanyahou à faire reporter le plus loin possible son procès de corruption en tant que motivation principale à la prolongation de la guerre. Mais il y a plus que cela, là-dessous.

Comme l’expliquait Alastair Crooke dans Judging Freedom,

« ce que les Israéliens cherchent, c’est une nouvelle Nakba, la procédure consistant à expulser tous les Arabes des terres situées entre le fleuve et la mer ».

Le fait d’éloigner les Palestiniens de leur patrie de façon à pouvoir les remplacer par des colons juifs a toujours été l’unique principe organisateur de l’État. Ses représailles au lendemain de l’attaque du 7 octobre ont fourni une occasion d’accélérer ce processus.

« Le but a toujours été Gaza d’abord, puis la Cisjordanie et, ensuite, le nettoyage complet de la région »,

a déclaré Crooke à propos de la stratégie opportuniste d’Israël après le 7 octobre.

Par conséquent, Netanyahou n’a aucun intérêt à éloigner les troupes de Gaza, et il pourrait reprendre le massacre après n’importe quel échange de prisonniers,

« parce que Gaza a besoin d’être débarrassé de la population palestinienne »

afin de concrétiser le plan bien plus vaste de son cabinet, estime Crooke.

Le cabinet de Netanyahou veut une guerre régionale qui amènera les États-Unis à combattre pour le compte d’Israël et à détruire l’Iran et le Hezbollah ainsi que d’autres organisations régionales alliées à la résistance palestinienne.

Après avoir reçu un nombre record de standing ovations lors de son discours au Congrès américain en juillet dernier, Netanyahou a tout fait pour provoquer une conflagration régionale – une remarque soulevée par Alexander Mercouris lors d’un épisode récent de son show The Duran.

Ces provocations comprenaient l’assassinat du dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran (attribué à Israël, qui n’a ni confirmé ni infirmé sa responsabilité), quelques heures après celui de l’important commandant du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth (dans ce cas, Israël en a revendiqué la responsabilité) et en sabotant à maintes reprises les négociations du cessez-le-feu dirigées par les EU.

Selon l’analyste John Mearsheimer, les gens qui, en Israël, poussent à la guerre régionale perçoivent sans doute cette dernière comme une opportunité historique d’expulser plus de Palestiniens encore de leur patrie, à l’instar des épisodes de nettoyage ethnique qui ont eu lieu entre les guerres de 1948 et 1967.

Une guerre fournirait une couverture pour « réduire » la population palestinienne de Gaza – et c’est, dit-on, l’un des buts stratégiques de Netanyahou – alors que la destruction de l’Iran signifierait la perte de la principale source de soutien matériel à la résistance palestinienne.

Le fait d’éliminer tout exercice d’autodétermination de la part des Palestiniens – que ce soit par le biais de la résistance armée ou autrement – est impératif pour un gouvernement israélien qui rejette catégoriquement le moindre compromis avec les Palestiniens.

Pour Israël,

« il y a victoire si vous éliminez une solution diplomatique possible en vue d’un État palestinien »

et ce, en faveur de l’apartheid ou d’un nettoyage ethnique, comme l’expliquait l’analyste Glenn Diesen lors d’une conversation avec Mearsheimer et Mercouris au cours de l’émission The Duran.

 

Netanyahou encourage les pyromanes israéliens

Netanyahou a sapé la dissidence émanant de l’armée – qui bénéficie toujours de la confiance du public israélien, bien qu’elle se soit quelque peu effilochée – en encourageant certaines figures de sa coalition d’extrême droite au pouvoir.

Il a permis à Ben-Gvir, un disciple de Meir Kahane qui fait peu d’effort pour masquer ses croyances suprémacistes juives totalement antilibérales, de mettre sur pied sa propre milice en lui confiant le contrôle de la police nationale israélienne, des gardes frontaliers et du service carcéral et en rendant donc ces services totalement indépendants de la supervision du ministère de la défense.

Ronen Bar, le chef de l’agence israélienne des renseignements intérieurs, a récemment écrit à Netanyahou pour lui dire que les dirigeants des violents extrémistes juifs

« veulent faire en sorte que le système perde son contrôle, ce qui provoquerait des dégâts indescriptibles pour Israël ».

Ils sont guidés par une idéologie qui prétend qu’

« il est plus facile de détruire le tissu social existant que de le réparer »,

a expliqué Bar. Leur vue du monde tire une ligne de séparation « entre judaïsme et démocratie » et met en danger

« la sécurité de l’État et son existence même, tout en sapant la confiance dans les institutions de l’État ».

Bar a également dit que d’autres « coups d’éclat » comme la récente visite de Ben-Gvir au complexe de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem lors de la fête juive de Tisha b’Av, qui a amené des centaines de juifs à prier en sa compagnie en violation provocatrice du statu quo fragile qui règne sur le lieu saint,

« pourrait aboutir à verser du sang en abondance et à changer la face d’Israël au point de la rendre méconnaissable ».

Soulignant cette menace réelle, les professeurs Yoram Peri et Gabi Weimann écrivent dans Haaretz que la demande de Ben-Gvir de permettre aux juifs de prier sur le lieu saint et d’y construire une synagogue

« couvre un objectif à plus long terme : démolir la mosquée al-Aqsa et bâtir le Troisième Temple à sa place ».

Sous Ben-Gvir, estiment Peri et Weimann,

« le rêve d’un Troisième Temple se matérialise progressivement », le temple « étant destiné à devenir l’expression ultime de la souveraineté juive ».

Entre-temps, Ben-Gvir a fait distribuer des milliers de fusils aux juifs israéliens en Israël et en Cisjordanie alors que s’amplifie la violence des colons contre les Palestiniens et leurs biens – accroissant ainsi

« le risque de provoquer un scénario de cauchemar »,

selon Eyal Lurie-Pardes, un professeur invité à l’Institut du Moyen-Orient.

 

La voie israélienne vers l’auto-destruction

Même le Conseil des Relations extérieures publie de sévères mises en garde contre l’actuelle trajectoire d’Israël.

« Le pays est sur une voie de plus en plus antilibérale, violente et destructrice »,

déclarent Ilan Z. Baron et Ilai Z. Saltzman, tous deux professeurs dans des universités américaines, dans un récent article édité dans la publication très influente du Conseil, Foreign Affairs.

Baron et Saltzman reconnaissent qu’en 1968, à la suite de l’occupation par Israël de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, des hauteurs du Golan et de la péninsule du Sinaï, l’homme de science et philosophe Yeshayahu Leibowitz avait mis en garde contre le fait que

« la fierté nationale et l’euphorie » qui avaient suivi cette conquête ne ferait que « mener Israël, d’un nationalisme fier et naissant, vers un ultranationalisme extrême et messianique ».

Cette idéologie extrémiste allait déboucher en dernier recours sur de la « violence » et sur la défaite du projet sioniste en Palestine, avait anticipé Leibowitz.

« Un Israël antilibéral deviendrait également un État voyou »,

écrivent Baron et Saltzman. Même si les EU continuent de fournir leur soutien économique, d’autres gouvernements clés

« mettraient un terme à leur coordination avec Israël dans les questions de sécurité, au maintien des accords commerciaux avec Israël et aux achats d’armes de fabrication israélienne ».

Cela laisserait Israël entièrement dépendant de Washington

« à un moment où de plus en plus d’Américains remettent en question le soutien inconditionnel de leur pays à l’État juif »,

ajoutent les professeurs.

(Les forces aériennes israéliennes sont déjà dépendantes de l’aide américaine, a expliqué récemment un officier supérieur à Haaretz, en disant que, sans les armes américaines, l’armée ne pourrait plus supporter la guerre à Gaza que pendant quelques mois supplémentaires.)

Entre-temps, selon Baron et Saltzman,

« l’État perdrait de plus en plus son monopole sur le recours légitime à la force, et des divisions pourraient s’enflammer au point de déclencher une guerre civile ».

Les émeutes à la base militaire de Sde Teiman après que des soldats soupçonnés d’avoir violé un détenu palestinien avaient été arrêtés et interrogés sont un signe avant-coureur de ce vers quoi le corps politique israélien fait route.

Baron et Saltzman prévoient

« un affaiblissement de l’autorité centrale de l’État qui pourrait laisser présager d’un dénouement plus choquant encore » – un processus qui pourrait déjà être en cours.

Ceci laissera le gouvernement dans l’impossibilité ou l’absence de volonté

« de satisfaire à aucune de ses autres responsabilités politiques traditionnelles, y compris assurer la sécurité et un système législatif stable de gouvernance qui garantisse la responsabilisation ».

Même si une guerre civile était évitée,

« un Israël en guerre avec lui-même s’avérerait toujours instable et l’économie s’effondrerait, laissant Israël dans une situation d’État en faillite »,

estiment Baron et Saltzman.

Ils affirment qu’un tel scénario n’est pas inévitable et qu’il n’est pas trop tard

« pour qu’Israël se sauve de son propre déclin et trouve une autre voie vers l’avant ».

Mais bien des Israéliens qui reconnaissent la trajectoire descendante de l’État s’en vont déjà ou souhaitent le faire.

Un quart des Juifs israéliens et plus d’un tiers des citoyens palestiniens d’Israël

« quitteraient Israël et émigreraient vers un autre pays, si on leur donnait une opportunité pratique de le faire »,

montrait un sondage dont Haaretz avait fait état en juillet.

Les résultats du sondage

« reflètent une défiance certaine à l’égard de la direction politique et militaire d’Israël »,

ajoutait le journal.

Gil Fire, le directeur adjoint d’un important hôpital de Tel-Aviv, a déclaré le mois dernier à Haaretz que les médecins sont de moins en moins engagés en faveur d’Israël et quittent le pays.

Fire a ajouté qu’alors que, dans le passé, des propositions plus attrayantes guettaient les médecins israéliens,

« aujourd’hui, il s’agit d’un vecteur différent : le vecteur social ». « Les pays ont besoin d’élites, de professionnels superbes et, si vous leur crachez dessus, ils ne resteront pas ici »,

a ajouté Fire.

« Et, s’ils ne sont plus ici, le système est susceptible de mourir. »

 

Les EU précipitent la disparition d’Israël

Les EU ont une part de responsabilité loin d’être négligeable dans le fait de faire descendre Israël le long de la voie de la facilité, en lui fournissant leur soutien inconditionnel, avec immunité absolue à la clef, quand il organise son génocide des Palestiniens et quand Tel-Aviv agit à l’encontre de son principal intérêt : sa survie.

Dans un document de 16 pages (*) expliquant ses raisons dans l’attaque du 7 octobre, le Hamas a déclaré que les desseins du gouvernement d’extrême droite dirigé par Netanyahou en vue de chasser les Palestiniens de leur patrie, entre autres facteurs, requéraient de sa part d’entreprendre ce qu’il appelait une action de défense et d’empêcher la liquidation de la cause palestinienne.

Les EU ont joué un rôle clé en tentant de liquider le mouvement de libération de la Palestine par le biais de leur interminable processus de paix d’Oslo, de leur approche d’une gestion indéfinie du conflit et leur poussée à des accords de normalisation entre Israël et les États arabes autocratiques dans le but de mettre les Palestiniens sur la touche.

 

Quel est le but ultime d'Israël ? Photo : 29 août 2024. Un bloc d'immeubles détruit suite au retrait de l'armée israélienne de la zone est de Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza.

29 août 2024. Un bloc d’immeubles détruit suite au retrait de l’armée israélienne de la zone est de Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

 

Tels sont les moyens par lesquels Washington a permis à Israël de consolider son contrôle et d’accélérer la colonisation de la terre palestinienne.

Cette activation d’Israël par Washington a fourni les conditions pour la montée de Ben-Gvir et de ses semblables – une situation dont les EU reconnaissent aujourd’hui qu’elle est une menace majeure pour la sécurité d’Israël, même si les Américains doublent la mise avec leurs mesures catastrophiques à brève échéance.

Les EU ne se soucient certainement pas du sort des Palestiniens et sont heureux que Tel-Aviv applique sa solution finale à Gaza, où des dizaines de milliers de Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été tués ces 11 derniers mois.

Dans la dernière semaine d’août, Israël a lancé sa plus grande opération militaire en Cisjordanie depuis deux décennies, consistant essentiellement à ouvrir un autre front de guerre contre la résistance, alors que les Palestiniens de ce territoire sont particulièrement conscients que rien ne fera cesser Israël de leur infliger ce qu’ils ont perpétré à Gaza.

L’alternative au soutien du génocide qui s’accélère dans toute la Palestine est une option bien pire du point de vue de Washington : une reconnaissance et une résolution des causes profondes de ce que l’on appelle par euphémisme le conflit israélo-palestinien.

 

Le point culminant du sionisme

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour la Cisjordanie et la bande de Gaza, situe le génocide de Gaza dans le cadre du processus dynamique et structurel du colonialisme de peuplement, avec l’extermination génocidaire et l’annihilation représentant le point culminant de ce processus.

Et, si le génocide de Gaza représente le point culminant de ce processus colonial de peuplement, Ben-Gvir et Smotrich peuvent représenter le point culminant de son expression idéologique : le sionisme.

Alors qu’il évite le langage relatif au droit international et aux droits des Palestiniens, il s’avère que Washington au moins reconnaît à quel point Ben-Gvir et le courant de la société israélienne qu’il représente constituent une menace directe pour l’État.

Le porte-parole du département d’État Matt Miller disait récemment que

« les actuelles déclarations et actions imprudentes » de Ben-Gvir « (…) ne font que semer le chaos et exacerber les tensions »,

alors qu’Israël doit se concentrer sur les menaces régionales.

« Elles sapent directement la sécurité d’Israël »,

a-t-il ajouté.

Les départements américains de l’État et du Trésor ont imposé tardivement des sanctions à une poignée d’individus et d’organisations proches de Ben-Gvir, et plus récemment à l’organisation de vigilantes des colons Hashomer Yosh, qui est financée par le gouvernement israélien, et à Yitzhak Levi Filant, le coordinateur de la sécurité civile à la tristement célèbre colonie de peuplement de Yitzhar, en Cisjordanie.

Plus tôt, cette année, le gouvernement américain a imposé des sanctions à plusieurs colons à titre individuel et à une poignée d’avant-postes en Cisjordanie (des colonies qui ne sont pas officiellement reconnues par le gouvernement israélien).

Washington a également mis sur sa liste noire des organisations extrémistes fournissant de l’aide à des individus sanctionnés et empêchant l’aide humanitaire d’entrer à Gaza.

Les sanctions imposées par les EU encourageront sans doute des mesures du même acabit, mais plus extrêmes, de la part d’autres pays et, en particulier, d’États de l’UE.

Reuters rapportait le 29 août que Josep Borrell, le chef de la politique étrangère de l’UE, avait dit qu’

« il avait demandé aux Etats membres d’envisager l’application de sanctions à deux ministres israéliens en raison de leurs « messages haineux » à l’encontre des Palestiniens, lesquels messages contrevenaient aux lois internationales ».

« Il n’avait pas cité nommément les deux ministres »,

ajoutait Reuters. L’agence d’information faisait remarquer que, précédemment, Borrell avait déjà critiqué nommément Ben-Gvir et Smotrich

« pour des déclarations qu’il avait qualifiées de ‘sinistres’ et ‘pour incitation à des crimes de guerre’ ».

Pour des Palestiniens vivant en danger permanent, tout cela va sembler insuffisant et trop tardif, à l’instar de Londres qui a suspendu 30 licences d’exportation d’armes vers Israël après qu’un examen de deux mois de la conduite d’Israël à Gaza avait découvert « un risque manifeste » que les armes britanniques puissent être utilisées en violant les lois internationales humanitaires. Mais ces mesures représentent des fissures dans la muraille de l’impunité et confirmeront le statut d’Israël en tant qu’État voyou.

Comme l’a fait remarquer The Guardian,

« les suspensions représentent un dixième des 350 licences existantes et ne comprennent pas les composantes destinées au programme Joint Fighter Strike F-35 (le nouvel appareil de combat américain, NdT), à moins que les pièces fournies par le Royaume-Uni ne soient spécifiques à un appareil exclusivement utilisé par Israël ».

Les alliés les plus fidèles d’Israël ne recourent jamais qu’aux solutions les plus faciles. Entre-temps, Ben-Gvir et Smotrich s’agitent dans l’environ tout en jetant de l’huile sur le feu alors que leurs copains, les colons extrémistes, déclenchent littéralement des incendies au cours des pogroms qu’ils organisent dans les villages palestiniens.

Pour reprendre les mots du journaliste de Haaretz Zvi Bar’el, même en permettant à Ben-Gvir d’exercer ses fonctions, et à plus forte raison en lui laissant jouer le rôle de faiseur de roi au sein de la coalition au pouvoir autour de Netanyahou,

« le gouvernement israélien s’est mué en une organisation terroriste, avec Ben-Gvir qui agit en tant que son bras militaire ».

Le chef de cette organisation terroriste, Benjamin Netanyahou, se trouve à ce que le ministre de la Défense Yoav Gallant appelle un « carrefour stratégique » avec, comme choix, un accord de cessez-le-feu ou une guerre sur plusieurs fronts.

Netanyahou fonce vers cette dernière alors qu’il est en désaccord avec l’armée et que la société israélienne se détériore rapidement de l’intérieur.

Certains ont avancé comme idée que la motivation de l’armée israélienne pour une guerre d’anéantissement à Gaza était que si on ne pouvait pas éradiquer le Hamas en tant qu’autorité gouvernante, il ne fallait alors rien lui laisser du tout à gouverner.

Si la société israélienne devait éclater de façon irréparable, dans ce cas, ce seraient Netanyahou et ses alliés d’extrême droite qui n’auraient plus rien à diriger.

Yitzhak Brik, l’ancien ombudsman de l’armée israélienne, y est allé récemment d’une mise en garde dans Haaretz, disant que

« le pays se hâte réellement vers le bord d’un précipice ». Et d’ajouter que « si la guerre d’usure contre le Hamas et le Hezbollah se poursuit, Israël va s’effondrer dans un délai qui n’excédera pas un an ».

Et :

« Israël a entamé une descente en vrille existentielle et pourrait très bientôt atteindre un point de non-retour. »

Avec toutes ces mises en garde contre ce que l’analyste israélien Amos Harel appelle « la longue et incessante pente savonneuse », la récupération des corps des six otages et le soulèvement intérieur qui l’a suivi peuvent indiquer que le point de non-retour a en fait déjà été atteint.

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Publié le 6 septembre 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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(*) « Opération Déluge al-Aqsa : Notre récit »

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