Les avocats internationaux condamnent le raid de la police chez l’activiste des droits humains Charlotte Kates
L’Association internationale des avocats démocratiques (IADL) condamne sévèrement le raid policier récent et passablement inquiétant du département de la police de Vancouver (Canada) qui a ciblé le domicile de l’activiste des droits humains Charlotte Kates.
Depuis très longtemps déjà, Charlotte Kates est une avocate bien connue et infatigable des droits humains ; elle défend non seulement les Palestiniens mais aussi tous les peuples de la planète qui sont victimes de répression. Elle est également une affiliée de longue date à l’IADL. Celle-ci, qui a été fondée en 1946, est une organisation non gouvernementale vouée aux objectifs de la Charte de l’ONU et elle a un long passé de protection des défenseurs des droits humains.
Nous avons reçu des rapports dignes de confiance disant que le département de la police de Vancouver (VPD) n’a pas présenté de mandat au préalable et a recouru à une force excessive pour s’introduire au domicile de Charlotte. Les policiers sont arrivés à bord d’un transporteur blindé de la police et ont lancé des grenades incapacitantes. Ils ont immédiatement enfoncé sa porte et détruit des biens, brisant entre autres la fenêtre de sa chambre. Ils ont ensuite menotté Charlotte sans ménagement et l’ont fait sortir, l’emmenant à un bloc de là sans lui donner la possibilité d’enfiler des chaussures, puis ils lui ont dit qu’elle était libre d’aller. Des ordinateurs et des téléphones ont été saisis, dit-on. Un mandat a été laissé dans la maison portant entre autres une demande de perquisition à la recherche de preuves de « conspiration en vue d’incitation à la haine ». Le mandat dit aussi que les policiers cherchaient des « discours écrits » en provenance d’un rassemblement – auquel Charlotte n’avait pas participé (elle n ‘était même pas dans le pays quand il a eu lieu!).
Le VPD a fait intrusion chez elle en recourant à une force militarisée inutile dans le but d’humilier et d’instiller la crainte non seulement chez Charlotte, mais aussi parmi toute sa communauté et chez toute personne qui choisit de défendre les droits humains des Palestiniens et exprime vivement sa solidarité avec leur libération. Nous considérons que ces actions de la police canadienne se déroulent dans le contexte élargi d’une répression politique orchestrée en vue de réduire au silence les personnes qui s’expriment à propos de l’actuel génocide à Gaza et des violations de plus en plus nombreuses par Israël des lois internationales dans toute la Palestine occupée.
Voici plusieurs mois, le gouvernement canadien avait accusé Charlotte de « discours haineux » et ce, en violation de ses droits protégés à la liberté d’expression. Charlotte était ciblée par les forces de droite au Canada en raison de sa défense efficace de la Palestine et de son excellente analyse juridique de la lutte de libération palestinienne, y compris pour le droit à l’autodétermination et celui de résister, reconnu par les lois internationales. Malgré leurs tentatives en vue de criminaliser Charlotte, ils n’ont pu l’accuser, montrant clairement ainsi qu’ils abusaient des lois pour essayer de la réduire au silence en l’empêchant d’assister à des rassemblements et des rencontres publiques au Canada. Plus tard, ces restrictions ont été levées du fait de l’incapacité de l’État de produire des preuves en vue de procéder à une accusation. Malgré cela, son recours à la libre expression protégée, peu importe à quel point il pouvait être cinglant pour les oppresseurs, leurs alliés, leurs facilitateurs et leurs partisans, a été utilisé comme prétexte pour faire une descente arbitraire chez elle.
Il importe de faire savoir que cette descente a eu lieu un mois à peine après que le gouvernement canadien a rejoint le gouvernement américain dans la désignation arbitraire de Samidoun, une organisation à laquelle Charlotte était affiliée, comme « organisation terroriste ».
Nous savons que le Réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens est une coalition internationale d’activistes voués au soutien des prisonniers palestiniens dans leur combat pour la liberté, qu’elle est issue de la grève de la faim en 2011 des prisonniers des prisons israéliennes. Il n’y a aucune base crédible et indépendante permettant de prétendre que Samidoun a des liens avec l’une ou l’autre personne prétendument désignée comme terroriste.
Nous sommes informés que l’organisation cherche à accroître la conscientisation autour des conditions, des droits et des revendications des prisonniers politiques palestiniens. Ces prisonniers se trouvent au cœur de la lutte élargie pour la libération nationale palestinienne, ils sont confrontés quotidiennement à l’oppression israélienne et ils sont à la tête du mouvement en faveur de la justice.
Nous avons appris que le nombre de Palestiniens détenus dans les prisons coloniales s’est accru exponentiellement pendant le génocide en cours, avec près de 11 000 Palestiniens emprisonnés depuis le 7 octobre 2023, ce qui montre bien l’importance du travail de Samidoun.
L’IADL rejoint la National Lawyers Guild (Guilde nationale des avocats) des EU et autres dans leur condamnation de ces désignations du fait que celles-ci vont avoir un vaste effet dissuasif sur le travail de solidarité avec la Palestine en Amérique du Nord. Par-dessus tout, ces mesures sont destinées à perturber le raz-de-marée mondial sans précédent de soutien à la libération de la Palestine.
En tant qu’avocats internationaux engagés envers les droits fondamentaux individuels et collectifs des peuples et avec derrière nous une longue histoire d’opposition au fascisme, c’est notre vœu et notre devoir légal de nous exprimer contre le génocide et la répression partout dans le monde.
La répression de notre liberté d’expression pourtant protégée constitutionnellement au Canada et partout ailleurs dans le monde constitue un développement inquiétant à tout moment mais particulièrement aujourd’hui, alors que les mouvements sociaux sont confrontés au génocide israélien à Gaza, soutenu par les EU, à la guerre d’Israël contre le Liban et à la tendance générale au fascisme qui se développe un peu partout dans le monde.
C’est une entrave à l’État de droit et nous appelons toutes les personnes dotées d’une conscience à se dresser avec nous pour défendre les avocats des droits humains comme Charlotte et les mouvements sociaux qui pratiquent leur droit constitutionnel à la liberté d’expression, contre le génocide du peuple palestinien.
Nous devons riposter avant qu’il ne soit trop tard. Une attaque contre l’un de nous est une attaque contre nous tous!
International Association of Democratic Lawyers (IADL) ;
National Lawyers Guild International (NLG-US) ;
National Union of Peoples’ Lawyers (NUPL – Philippines) ;
Progressive Lawyers Association (CHD – Turkey) ;
American Association of Jurists (AAJ) ;
Arab Lawyers Union (ALU) ;
Frantz Fanon Foundation Arab Lawyers Association (UK) ;
Indian Association of Lawyers (IAL) ;
Portuguese Association of Democratic Lawyers ;
Haldane Society of Socialist Lawyers (UK) ;
Climate Activists for Palestine (Ireland).
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Publié le 18 novembre 2024 sur x.com
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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