Une année de guerre qui n’en finit pas
Interrogez n’importe quel Arabe sur l’événement le plus douloureux de l’année écoulée et il vous répondra : Nous avons découvert que l’ampleur de notre déshumanisation atteint un degré tel qu’il est impossible d’encore fonctionner de la même manière dans le monde.
Lina Mounzer (*), 4 octobre 2024
Voici un peu moins d’un an, une semaine après le début du génocide d’Israël contre Gaza, je m’apprêtais à rédiger mon premier éditorial pour TMR (**) et le numéro spécial Palestine que nous avions préparé. Je venais de faire mes débuts au magazine, un mois plus tôt, en septembre 2023. Et ç’avait été le 7 octobre. Même avant que je ne sois au courant de cette violence ou du nombre des victimes israéliennes, le simple fait de voir des images de Palestiniens de Gaza en train de défoncer au bulldozer les clôtures censées les maintenir à l’intérieur de l’enclave et de les aplatir dans leur hâte à faire éclater leur prison à ciel ouvert, je savais que le prix de cette seule transgression allait être impitoyable et horrible.
Mais ensuite sont venus les comptes rendus de ce qui s’était passé lorsque les combattants du Hamas avaient pénétré dans les colonies encerclant l’enclave : les soldats faits prisonniers, les tueries dans les kibboutzim, l’indescriptible chaos du festival de musique. Et les personnes brûlées vives dans leurs voitures, ou s’enfuyant – encore que… nous interrogions-nous tous et toutes, les combattants avaient-ils amené avec eux d’énormes barils de kérosène pour provoquer de tels dégâts par le feu ? Je veux bien l’admettre aussi, la première fois que j’ai entendu l’allégation à propos des bébés décapités, j’ai été sceptique, mais je ne l’ai pas rejetée d’emblée. Le chiffre de quarante ne semblait certainement pas plausible, mais il devait en avoir eu au moins… un ou deux, à coup sûr, s’il y avait des témoins oculaires pour le prétendre… Et si le président des États-Unis en personne avait affirmé avoir vu des photos de la chose… Qui irait mentir à propos d’une chose aussi horrible ? D’une chose aussi facilement réfutable ?c
Dans leur évaluation de l’attaque du Hamas, les journalistes du monde entier étaient catégoriques. Ils nous ont parlé d’atrocités. Atrocités, atrocités, boucherie, sauvagerie, cruauté – le mal dans toute sa violence, dans toute sa monstruosité. Son énormité, son horreur. L’humanité individuelle des existences perdues n’a jamais été mise en question. Pas plus que ne l’a été la nature dépravée de ceux qui ont commis ces crimes. La tentative même de fournir un contexte, d’impliquer simplement que l’histoire n’avait pas jailli comme cela, toute faite, de l’éther ce jour-là, ce 7 octobre, était jugée obscène. (***)
Israël a déclaré la guerre immédiatement, et les premières frappes aériennes contre Gaza ont été lancées cet après-midi même. Ce soir-là, le nombre de morts à Gaza dépassait déjà le chiffre de 200. Le dimanche 8 octobre, nous, au Liban, savions déjà que le Hezbollah était entré dans la mêlée. Il était impossible d’imaginer le contraire. Les rues de Beyrouth étaient étrangement calmes dans la chaleur oppressante. Magasins, restaurants et cafés étaient fermés ; nous anticipions tous la guerre. Mais la guerre n’est pas venue chez nous à ce moment-là. Les « règles d’engagement » entre Israël et le Hezbollah ont fait mine de basculer mais sont restées stables. Le Sud-Liban a été pilonné, des journalistes ont été ciblés, nos terres agricoles ont brûlé sous le phosphore blanc. Mais ce qui se passait à Gaza était si incroyablement violent qu’il était impossible de penser à autre chose.
C’était si incroyablement violent que nous avons tous senti qu’il était impératif de reconnaître, de répondre, de dire quelque chose, quelque chose à ce propos, surtout ceux d’entre nous qui vivaient ou travaillaient dans la région. J’ai fait part de mon intention d’écrire un éditorial pour TMR et je l’ai tapé avec frénésie en une seule soirée. « S’ils changent un seul mot dans l’intention de l’édulcorer d’une façon ou d’une autre », fulminais-je en moi-même, « je claque la porte. » Je ne savais pas encore très bien, toutefois, à quel point toute notre équipe était ferme dans ses principes, solidaire et engagée. Je venais seulement de commencer à travailler là. Je ne savais pas encore si c’était le genre d’opération plus soucieuse d’apaiser les bailleurs de fonds que de secouer les lecteurs.
J’y reviens maintenant parce que, en regardant en arrière, je peux voir un an plus tard à quel point tout un tas de choses ont été claires dès le départ. Primo, la violence était si bouleversante qu’elle avait tout de suite coupé le monde en deux : ceux qui savaient ce qui se passait et ceux qui ne voulaient rien entendre, et il semblait impératif d’adopter une position et de déterminer qui la partageait. Secundo, c’était si indubitablement un génocide que je n’avais pas eu le moindre problème à utiliser le mot dans mon éditorial. Après tout, les Israéliens avaient déclaré leur intention si effrontément que leurs déclarations allaient finir comme preuves devant la Cour internationale de Justice. Tertio, les actions d’Israël et le soutien indéfectible des EU suggéraient qu’une guerre régionale n’était pas seulement « possible, mais imminente ».
« Au moment précis où j’écris ces lignes », débutais-je, « en ce moment même où vous les lisez, Gaza est réduit en poussière sous les bombardements israéliens. » Je terminais l’éditorial par une affirmation :
« Alors qu’il n’y a pas de récompense pour toute cette mort, cette destruction et ce traumatisme permanent (…) utilisons au moins les mots qu’ils ne veulent pas que nous utilisions : Occupation. Apartheid. Colonisation. Expulsion forcée. Nettoyage ethnique. Nakba. Génocide. Continuons de les utiliser, et avec insistance ! »
Aujourd’hui, près d’un an plus tard, alors que j’écris les mots que voici, il n’y a plus seulement Gaza, il y a le Liban aussi, et la Cisjordanie, qui sont réduits en poussière sous les bombardements israéliens. Les prétendues « règles d’engagement » ont toutes été pulvérisées, de même que chaque loi humanitaire, et chaque ligne rouge au-delà de laquelle nous n’aurions jamais pu imaginer que la guerre pourrait aller. Et pourtant, elle y va. Et plus loin encore. Et encore. Et encore. Pendant une année entière, elle nous a tous emmenés dans un gouffre qu’on ne peut quitter mais uniquement traverser d’un bout à l’autre. Nous avons en effet usé tous les mots que, naguère encore, il semblait inconcevable d’utiliser publiquement pour désigner Israël. Oui : occupation, apartheid, colonisation, expulsion forcée, nettoyage ethnique, Nakba, génocide. Nous les avons tous utilisés, scandés au mégaphone dans les rues et les villes du monde, adressés à des présentateurs d’infos, prononcés sur des estrades, devant les tribunaux internationaux ou répétés par écrit – dans des discussions, articles, éditos, messages sur les médias sociaux, commentaires et tracts, etc., etc., etc. Nous les avons tous utilisés, usés jusqu’à la trame, répétés jusqu’à la saturation sémantique. Et la guerre continue toujours. Et encore. Et encore. Et encore. Rien ne change. Mais tout a changé.
Dans l’arène de la guerre, rien n’a changé, sauf que tout change : les décomptes des morts, l’horreur des atrocités, le nombre d’hôpitaux bombardés, d’écoles bombardées, d’universités détruites, de journalistes ciblés, les records pulvérisés – le plus grand nombre d’enfants amputés de la planète, la famine la plus rapidement orchestrée par l’homme dans le monde – le territoire détruit et dévoré par les flammes.
Et, dans ce monde qui regarde, tout a changé, sauf que rien ne change : les déclarations, toujours les mêmes, les excuses, les justifications, toujours les mêmes, la réduction au silence, la censure, la répression, toujours les mêmes, l’indifférence des grands de ce monde, le fait d’insister sur « le droit d’Israël à l’autodéfense », l’en-vapeur-toute-vers-la-troisième-guerre-mondiale, toujours les mêmes.
Nombre d’entre nous revoient les horreurs séminales de l’année comme s’ils faisaient défiler une bobine macabre de faits saillants. C’était le moment (où ils ont bombardé la premier hôpital / où ils ont abattu des gens qui se précipitaient pour obtenir des rations de farine / où leurs snipers ont tué des enfants en bas âge d’une balle dans la tête / où ils ont abattu la petite Hind Rajab puis tué les paramédicaux envoyés à sa rescousse / où ils ont laissé mourir les bébés dans les incubateurs / lâché les chiens sur un jeune homme souffrant du syndrome de Down / brûlé des gens vifs dans leurs tentes / violé des prisonniers et déclenché une émeute afin de pouvoir continuer d’en violer… C’était le moment où tout a changé. Et pourtant rien n’a changé.
La guerre se poursuit. Encore. Les meurtres, les atrocités, les massacres se poursuivent. Leur justification se poursuit. Le droit d’Israël à l’autodéfense reste sans fin, ne cesse de s’étendre, les mots « droit » et « autodéfense » sont suffisamment souples et malléables pour engloutir toute transgression imaginable envers l’humanité et aussi un tas d’autres qu’on ne peut imaginer avant de les recracher dans de petites phrases digestes adaptées aux infos de soirée ou aux gros titres dans lesquels toute mention du meurtrier est supprimée. La presse occidentale nous traduit dans la langue qui la met le plus à l’aise avec notre élimination. Nos quartiers ne sont pas les endroits où nous jouions et grandissions et élevions des enfants et rendions visite à des amis, ils sont des « bastions ». Les corps de nos hommes ne sont pas les poitrines bien-aimées contre lesquelles nous nous reposions, ce ne sont pas les mains que nous tenions ou qui nous tenaient, ce ne sont pas les bras solides qui nous soulevaient, ni les douces lèvres qui nous donnaient un baiser en nous disant bonne nuit. Ce sont des « suspects », ce sont des « activistes », ce sont des « terroristes » et leur mort est toujours justifiable parce que ce sont des hommes et que nos hommes sont des scélérats et que c’est ainsi que cela a toujours été, et que c’est ainsi que nous avons toujours été, à leurs yeux.
Rien n’a changé. Parce que le monde nous a toujours perçus – les Palestiniens, les Libanais, les Arabes, les gens du Moyen-Orient – de cette façon, et ce n’est que maintenant que nous nous en rendons compte, nous aussi. Ou, plutôt, nous voyons l’ampleur que cela a pris, le caractère incontournable de la chose. Le fait que même ceux qui se prenaient pour des exceptions – à cause de nos passeports ou de nos langues ou religions ou politiques – n’en sont pas.
En tant qu’écrivaine, j’ai toujours cru en la puissance des mots. Les mots adéquats, l’adéquate combinaison des mots, ressemblant toujours à une sorte d’incantation magique, capable de débloquer un passage, aussi exigu soit-il, vers un monde d’un autre genre. « Puisque les mots sont si importants, si dangereux », écrivais-je dans ce premier éditorial, « montrons donc que ce qui se déroule à Gaza, juste sous les yeux du monde, est exactement ce que c’est : un génocide. »
Et pourtant j’en suis arrivée au point où les mots font défaut. Non pas parce que les mots mêmes ne sont pas à la hauteur de la tâche consistant à décrire la sauvagerie, mais parce que je finis par accepter l’incapacité de ces mots à provoquer le moindre changement chez certains auditeurs. À transmettre la magnitude de la perte et de l’horreur, à affirmer l’unique et irremplaçable humanité de ceux que nous avons perdus tout au long de l’année écoulée – et la magnitude de chaque perte individuelle – à ceux qui ne sont pas enclins à nous percevoir comme des êtres humains. L’échec ne se situe pas dans le langage même, mais bien dans la sous-structure pourrie du monde dans lequel ce langage est censé fonctionner. Car qu’y a-t-il de malaisé à comprendre chez un médecin de Gaza décrivant l’amputation de membres effectuée sans anesthésie ou chez un médecin de Beyrouth disant qu’il n’a « jamais dû enlever plus d’yeux » ? Quel surplus d’éloquence pourrait aider à la compréhension d’une telle horreur ?
Hier soir, sur X, je suis tombée sur un message dans lequel l’utilisateur citait le témoignage suivant d’une infirmière praticienne :
« Chaque jour, je voyais des bébés mourir. Ils étaient nés en bonne santé. Leurs mères étaient tellement sous-alimentées qu’elles ne pouvaient pas allaiter et nous manquions de lait maternisé ou d’eau potable pour les nourrir, de sorte qu’ils mouraient littéralement de faim. »
Commentaire de l’utilisateur : « Les mots manquent. »
Mais, vraiment, quels autres mots aurait-il fallu ?
Non, le problème n’est pas dans le langage, mais dans le fait que certains d’entre nous ont été si délibérément déshumanisés qu’aucune description de la barbarie de nos souffrances ou de notre mort ne pourrait suffire à prouver notre humanité. En fait, plus la barbarie est grande, plus insistante est l’affirmation jubilante disant que nous l’avons méritée. L’Occident cherche à préserver l’image de sa propre humanité face à l’oblitération complète de la nôtre. Comment peuvent-ils être coupables d’homicide alors que ceux qu’ils tuent sont simplement des « terroristes » ou des « bêtes humaines » ? En fait, non seulement ils ne sont pas coupables d’homicide, mais ils sont également des héros qui assainissent le monde.
J’ignore quel langage il est possible d’utiliser avec des gens qui ne vous percevront jamais comme des humains. Qui entendront toujours un animal braire quand vous ouvrez la bouche. Conscients de ce que nous serons mal interprétés, nous aussi nous essayons de nous traduire pour l’Occident dans chaque sens du terme, afin de rendre notre souffrance intelligible. Nous nous adressons à eux dans leurs langues. Nous disons : Imaginez qu’il s’agissait de votre ville. Imaginez qu’il s’agissait de vos enfants. Car nous ne pouvons tout simplement pas supposer qu’ils verront nos enfants et leur attribueront la même innocence, la même promesse, la même douceur irrésistible qu’aux leurs. Nous traduisons nos paysages. Nous disons : « Imaginez deux millions de personnes entassées sur une bande de terre de la taille de… » Nous disons : « Beyrouth est une ville cosmopolite à la vie nocturne animée. » Imaginez, les exhortons-nous, vos enfants tués, votre ville bombardée, votre avenir parti, votre sentiment de soi effacé.
En effet, interrogez n’importe quel Arabe sur l’événement le plus douloureux de l’année écoulée et il vous répondra : Nous avons découvert que l’ampleur de notre déshumanisation atteint un degré tel qu’il est impossible d’encore fonctionner de la même manière dans le monde.
Le dernier jour de 2023, j’avais écrit un long fil de discussion sur X dans lequel j’anticipais la propagation de la guerre à tout le Liban. « Je circule dans Beyrouth », avais-je écrit,
« en essayant de mémoriser tous ses détails que j’aime. Je n’ai pas la moindre idée du temps que ma ville va rester debout. Chaque fois que j’éprouve de l’horreur à ce propos, chaque fois je pense, non, ça ne pourrait pas arriver à Beyrouth, ça ne pourrait jamais être permis, je comprends à quel point c’est profondément stupide. Comment Beyrouth est-elle meilleure ou plus méritante que Gaza ? En quoi chaque Libanais est-il différent des gens de Gaza qui ont assisté au balayage de la carte de leur univers tout entier, et ce, avec la permission du monde ? Et qu’ai-je jamais vécu en Occident ou de sa part qui me permet de me bercer de l’illusion que le Liban, que tout pays de notre région en dehors de l’entité sioniste, est perçu d’une autre manière que la Palestine ? »
Maintenant que c’est une réalité, maintenant que ma Beyrouth bien-aimée se fait pulvériser avec sadisme et que je suis forcée de subir la répétition des mêmes justifications et excuses qui ont été utilisées – et le sont toujours – pour justifier et excuser la destruction totale de Gaza, j’ai de plus en plus de mal à imaginer ce que je pourrais encore dire. Je sais seulement que cela ne m’intéresse plus d’encore me traduire. Cela ne m’intéresse plus « d’écrire pour l’Occident » à l’instar de naguère, ni de chercher des endroits s’appuyant sur le prestige de leur plate-forme. « Nous perçoivent-ils comme des êtres humains ? » C’est le seul test décisif qui m’intéresse encore, arrivée à ce point. Je ne veux pas devoir essayer de convaincre qui que ce soit.
Ç’a été une bénédiction, à tout le moins, en cette année de silence, d’obtenir ce boulot de rédactrice. De travailler avec des auteurs de la région et d’ailleurs, qui m’ont tous aidée à réfléchir, au-delà de la douleur irradiante de ces instants, à réfléchir à un futur possible. Non seulement mes collègues de TMR n’ont soulevé aucune objection contre tout ce que j’avais à dire, mais tout le monde s’est mobilisé pour tenter de trouver la meilleure façon de se montrer à la hauteur de cette occasion, de répondre à cette grave urgence dans laquelle nos mots et notre humanité nous sont refusés. Mais, au-delà de ça, j’ai été l’une des rares à avoir la chance, cette année écoulée, de travailler avec des collègues qui m’ont laissé suffisamment d’espace pour faire mon deuil et m’accompagner dans ce deuil, qui ont gentiment pris le relais quand je ne pouvais pas fonctionner à cause de l’anxiété, du chagrin ou de la terreur, avec des collègues auteurs qui ont eu du mal sur le plan de l’énergie et des délais, pour donner un sens au moment présent et qui ont trouvé les moyens de surmonter tous ces obstacles.
Je ne peux plus faire état de l’un ou l’autre genre de théorie unique de la foi en l’écriture. Je pensais que c’était un moyen par lequel nous affirmions nos droits à la vie et à la joie. Par lequel nous faisions appel à nos semblables pour tenter de former une communauté. Mais, à ce point du génocide, il est apparu clairement que nous ne faisons pas appel à des êtres humains, mais à des systèmes. On ne peut pas plaider, avec un système. Il faut le renverser.
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(*) Lina Mounzer (1978) est une écrivaine et traductrice libanaise. Elle a contribué à de nombreuses publications de premier plan, dont Paris Review, Freeman’s, The Washington Post et The Baffler, ainsi qu’aux anthologies « Tales of Two Planets » (Penguin, 2020) et « Best American Essays » (HarperCollins, 2022). Elle est actuellement rédactrice en chef de The Markaz Review.
(**) The Markaz Review
(***) NDLR : Trouvez ici, des articles concernant le 7 octobre, publiés sur ce site, comprenant de nombreuses analyses réfutant la version israélienne.
Un livre à lire également : « 7 octobre, enquête sur la journée qui a changé le monde«
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Publié le 4 octobre 2024 sur The Markaz Review
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine