Les allégations d’Israël à propos du massacre de l’hôpital s’écroulent rapidement
Les hauts responsables et les partisans d’Israël y sont allés de déclarations fausses et contradictoires dans un effort en vue de nier toute responsabilité pour une frappe aérienne qui a tué mardi des centaines de Palestiniens dans l’hôpital arabe al-Ahli de Gaza.
Ali Abunimah, 17 octobre 2023
Mais les tentatives de rejet se sont rapidement avérées bancales.
https://twitter.com/Aldanmarki/status/1714381390660202642
Un compte officiel du gouvernement israélien sur Twitter (désormais X), a posté et ensuite rapidement retiré une vidéo dont il disait qu’elle soutenait les allégations israéliennes selon lesquelles l’hôpital avait en fait été frappé par une roquette palestinienne défectueuse.
Israel posted and then quickly deleted a video it claimed showed that Islamic Jihad was responsible for Baptist hospital massacre in Gaza. Their usual lies will not cover up this atrocity. Left is original @israel tweet, right is edited version. pic.twitter.com/mKWSFvEPRg
— Ali Abunimah (@AliAbunimah) October 17, 2023
The timestamp on the video was over 1/2 hour after the bomb exploded at the hospital. The IDF quickly edited out the video but the internet is forever and their lies are exposed. https://t.co/4NIQFeqwYU
— Jeffrey Higgins (@ayuuknica) October 17, 2023
Dans sa version publiée actuelle, le tweet du gouvernement israélien essaie toujours de faire porter le blâme du missile lancé par erreur au Djihad islamique, une organisation palestinienne de résistance dans la bande de Gaza. Mais la vidéo a été retirée.
Breaking: IDF Spokesperson
From the analysis of the operational systems of the IDF, an enemy rocket barrage was carried out towards Israel, which passed through the vicinity of the hospital when it was hit.
According to intelligence information, from several sources we have,…
— Israel ישראל (@Israel) October 17, 2023
Plus tard, le même compte a publié une autre vidéo, avec des prises de vue en provenance d’Al Jazeera, prétendant qu’elle montrait
« l’instant où le Djihad islamique avait lancé une roquette qui avait dévié de sa course et frappé un hôpital de Gaza, tuant ainsi des centaines de personnes ».
Mais des observateurs avaient rapidement contesté ce récit aussi, en faisant remarquer que l’effet de la roquette dont on voit le lancement est très éloigné de l’explosion massive qui a lieu au sol – une déflagration bien plus forte que ce que permet une arme palestinienne.
An Al Jazeera broadcast documented the moment that the Islamic Jihad launched a rocket which misfired and hit a hospital in Gaza, killing hundreds. pic.twitter.com/ypZTdJobzk
— Israel ישראל (@Israel) October 17, 2023
Emerging video exposing the Israeli lie about the hospital massacre being due to a misfired rocket by Islamic jihad.
Here you can see the launched rocket by Islamic jihad extremely distant to the hospital.Also according to Analysis so far:
" The explosion was very large for… https://t.co/Mwgu9JU5XY— Rajai Abukhalil (@Rajaiabukhalil) October 17, 2023
D’autres comptes pro-israéliens – pas nécessairement officiels – ont également partagé d’anciennes vidéos et informations dans un effort en vue de disculper Israël.
Old video shared with a claim that Hamas failed launch of rocket and misfired a hospital in Gaza.
The video was shared in 2022 too. pic.twitter.com/T7Ext2uJ4I— Mohammed Zubair (@zoo_bear) October 17, 2023
Une déflagration massive
Une vidéo confirmée de l’attaque contre l’hôpital montre également une explosion massive, bien plus forte que tout ce qui est susceptible d’avoir été provoqué par une roquette palestinienne à la trajectoire déviée.
« La vidéo, filmée à l’extérieur de l’hôpital et vérifiée par The Washington Post, enregistre les premiers sons d’une explosion – un puissant vrombissement dans l’air, puis une explosion. La caméra opère ensuite un panoramique pour montrer ces flammes et des panaches orange de fumée »,
rapporte ce journal.
Video of the moment of the blast at Al Ahli Hospital, geolocated by The Post, captures a whirring through the air and then a blast, followed by orange flames: https://t.co/9C6AYwyP02 pic.twitter.com/Fa7T2DinCj
— Evan Hill (@evanhill) October 17, 2023
Des prises de vue de la scène du massacre montrent les corps sans vie de petits enfants et des douzaines et des douzaines de corps recouverts.
Video from the bombing scene at Al Ahli National Hospital bombed by Israeli warplanes killing more than 800 Palestinian pic.twitter.com/HgLItkaMAs
— Local Focus – Security Alerts (@LocalFocus1) October 17, 2023
https://twitter.com/LocalFocus1/status/1714347393364209873?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1714347393364209873%7Ctwgr%5E6fa36932504534cb2dde5e1961a4af3d8febdb3e%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fali-abunimah%2Fisraels-spin-about-hospital-massacre-quickly-comes-apart
Wael Dahdouh, un correspondant d’Al Jazeera dans la bande de Gaza, opérant depuis al-Ahli, a dit qu’on avait surtout découvert des membres arrachés.
« Il est rare de trouver un corps entier avec toutes ses parties »,
a-t-il dit.
« Plus nous nous sommes avancés à l’intérieur de l’hôpital, plus nous avons découvert des scènes choquantes. »
L’hôpital avait déjà été attaqué à deux reprises par Israël
Le massacre de mardi n’était pas la première attaque contre l’hôpital al-Ahli.
Les Amis américains du diocèse épiscopal de Jérusalem, qui collecte des fonds pour l’hôpital, ont déclaré que le centre de traitement diagnostique du cancer de l’hôpital avait été frappé par un tir de roquette israélien le 14 octobre, blessant quatre membres du personnel.
Yousef Abu al-Rish, un important spécialiste de la santé à Gaza, a expliqué à Al Jazeera que, le lendemain de l’attaque samedi contre l’hôpital al-Ahli, l’armée israélienne avait appelé le directeur de l’hôpital pour lui dire que « nous vous avons prévenu hier avec deux obus » et lui ordonner de faire évacuer le site.
Much needed context. Follow our live updates here: https://t.co/cw3BFpFrmN pic.twitter.com/4TlxSZVYrT
— Ali Harb (@Harbpeace) October 18, 2023
Avant la frappe contre l’hôpital al-Ahli, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait répertorié près de 60 attaques contre les soins de santé, lesquelles s’étaient traduites par la mort de 16 travailleurs des soins de santé et des dégâts dans 26 dispensaires de soins. Quatre d’entre eux, dans le nord de Gaza, avaient été évacués et « ne sont plus opérationnels », selon l’ONU.
Une tentative de brouillage des pistes
En de tels moments, Israël a l’habitude de déverser des flots de propagande afin de brouiller les pistes et de rejeter le blâme sur autrui et de créer un discours médiatique dominé par l’incertitude et la controverse, exactement comme il l’avait fait après que les soldats avaient assassiné la correspondante d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, l’an dernier.
https://twitter.com/TamaraINassar/status/1714447162187112474?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1714447162187112474%7Ctwgr%5E6fa36932504534cb2dde5e1961a4af3d8febdb3e%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fali-abunimah%2Fisraels-spin-about-hospital-massacre-quickly-comes-apart
Cette stratégie a déjà fonctionné avec un succès partiel. Le site internet du New York Times, par exemple, a publié ce gros titre sur sa première couverture : « Israéliens et Palestiniens s’accusent mutuellement de l’explosion à l’hôpital de Gaza qui a tué des centaines de personnes. »
Dear journalists. Friendly reminder. Take official Israeli statements with a healthy dose of skepticism when reporting on what happens inside Gaza. pic.twitter.com/GwclmQ8f2N
— Ayman (@AymanM) October 17, 2023
D’aucuns s’en attribuent le crédit
Mais, alors qu’une partie du gouvernement israélien tentait de rejeter sa responsabilité dans l’attaque contre l’hôpital, un représentant israélien au moins s’en réjouissait.
Hananya Naftali, un haut fonctionnaire responsable de la « guerre digitale » en ligne d’Israël, a déclaré dans un tweet aujourd’hui supprimé que les forces aériennes israéliennes « avaient frappé une base terroriste du Hamas à l’intérieur d’un hôpital à Gaza ».
A key spokesperson of the IDF, @HananyaNaftali, admits that #Israel was behind the mass slaughter of more than 800 civilians at the al-Ahli hospital in #Gaza.
He promptly deleted the confession. pic.twitter.com/3iJsnI8EQb
— Denis Rogatyuk (@DenisRogatyuk) October 17, 2023
« Un nombre élevé de terroristes sont morts »,
a-t-il dit, ajoutant :
« Cela fend le cœur de voir le Hamas lancer des roquettes depuis des hôpitaux (…) et utiliser des civils comme boucliers humains. »
Après avoir effacé le tweet, Naftali est repassé au message et s’est mis à cracher les mêmes allégations du gouvernement israélien accusant les Palestiniens d’avoir bombardé leur propre hôpital.
Un autre compte – se faisant passer faussement pour un journaliste d’Al Jazeera – a prétendu que c’était le Hamas qui avait effectué l’attaque.
Disclaimer: The X / Twitter account @_Faridakhan falsely claims Al Jazeera affiliation. We want to clarify: This account has no ties to Al Jazeera, its views, or content. Exercise caution, verify information prior to publishing.
— Al Jazeera PR (@AlJazeera) October 17, 2023
D’autres comptes pro-israéliens ont partagé des vidéos prétendant confirmer qu’une roquette mal tirée avait provoqué le carnage de l’hôpital, mais ces allégations ont-elles aussi été infirmées par Evan Hill, un journaliste en criminalistique visuelle du Washington Post.
A lot of people sharing this footage, but it does not actually show a failing projectile — only a rocket barrage and then a glow from an apparent explosion. The clearer video is in my next tweet. https://t.co/NgAWBGYywL
— Evan Hill (@evanhill) October 17, 2023
This video taken from a livestream does appear to show a rocket interception, followed by a small explosion on the ground in the distance, followed by a different and far larger explosion at Al Ahli Hospital https://t.co/qfOJryZqfv
— Evan Hill (@evanhill) October 17, 2023
Les journalistes n’en veulent pas
Les tentatives précoces d’Israël en vue d’inverser les faits et de détourner la vérité ne sont pas parvenues non plus à convaincre d’autres journalistes.
Un correspondant de la BBC à Jérusalem fait partie des nombreuses personnes qui ont fait remarquer que l’ampleur des dégâts était bien plus grande que ce qui avait jamais été causé par des roquettes palestiniennes. Le correspondant de MSNBC y est allé d’une observation similaire.
@MSNBC raises questions about Israeli denial of hospital strike (1/2) https://t.co/o4El5xRu9Q pic.twitter.com/1fdfVioy5h
— Mahan Mirza (@MirzaMahan) October 17, 2023
BBC reporter: "The Israeli military.. have said they are investigating, but its hard to see what else this could be, really, given the size of the explosion, other than an Israeli air strike, or several air strikes" pic.twitter.com/EkNFMtRgnY
— Saul Staniforth (@SaulStaniforth) October 17, 2023
https://twitter.com/MazMHussain/status/1714373637464023393?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1714373637464023393%7Ctwgr%5E6fa36932504534cb2dde5e1961a4af3d8febdb3e%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fali-abunimah%2Fisraels-spin-about-hospital-massacre-quickly-comes-apart
Elior Levy, un correspondant du diffuseur public israélien, a exprimé sa frustration concernant l’extrême pauvreté de la documentation présentée par l’armée israélienne pour étayer ses allégations selon lesquelles le massacre avait été provoqué par une roquette mal tirée.
« Même un millier de rapports ne serviront à rien sans documentation visuelle »
a-t-il dit.
Menaces et attaques contre des sites de soins de santé
L’horreur de mardi, qui a tué des centaines de personnes selon les premières estimations émanant des autorités sanitaires de Gaza, est de loin la pire attaque de cette campagne militaire qui en était à sa onzième journée d’affilée ce mardi et qui vise les civils de l’ensemble de l’enclave côtière.
Cela vient après qu’Israël a déjà attaqué à de multiples reprises des sites et des travailleurs médicaux un peu partout à Gaza.
PRCS: We have repeatedly warned of targeting medical teams and hospitals. Today, Al-Ahli Ma'madani Hospital, tomorrow, Al-Quds Hospital, and at least 24 other hospitals are threatened with evacuation. Urgent international action is needed to protect medical teams in #Gaza
— PRCS (@PalestineRCS) October 17, 2023
Ces derniers jours, Israël a ordonné à plusieurs hôpitaux du nord de Gaza d’évacuer complètement. Ils ont répondu que c’était impossible. L’OMS a qualifié cet ordre israélien de « sentence de mort ».
Evacuation orders by Israel to hospitals in northern Gaza are a death sentence for the sick and injured
As the @UN's agency responsible for public health, the World Health Organization (WHO) strongly condemns Israel's repeated orders for the evacuation of 22 hospitals treating… pic.twitter.com/lTFIsmLRe0
— World Health Organization (WHO) (@WHO) October 14, 2023
L’OMS a confirmé mardi que l’hôpital arabe al-Ahli
« était l’un des 20 hôpitaux du nord de Gaza à être confrontés à des ordres d’évacuation en provenance de l’armée israélienne ».
« Il a été impossible d’exécuter cet ordre d’évacuation étant donné l’actuelle insécurité, l’état critique de bien des patients, le manque d’ambulances et de personnel, la faible capacité en lits du système de santé et le manque d’abris alternatifs pour les personnes déplacées »,
a ajouté l’OMS.
À Washington, le Pentagone n’a pas hésité un seul instant à répéter les allégations israéliennes sans fondement disant que le Hamas opérait depuis les hôpitaux.
Mais il s’avère que cette ligne constitue une justification américaine de l’attaque israélienne contre l’hôpital, plutôt que comme une négation du fait que c’est Israël qui a effectué ce bombardement.
It’s official, Biden Admin supports the Ahli Hospital massacre https://t.co/K6ws92zf6T
— Mark Ames (@MarkAmesExiled) October 17, 2023
Malgré le soutien prévisible émanant de l’administration Biden, les premières indications sont que les tentatives maladroites d’Israël en vue de se disculper de cette horreur convainquent bien peu de personnes ne figurant déjà pas parmi ses apologistes les plus fidèles.
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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.
Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse
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Publié le 17 octobre 2023 sur The ElectronicIntifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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