L’AIJD félicite Georges Abdallah pour sa libération et appelle à la libération des prisonniers politiques
L’Association internationale des juristes démocrates (AIJD) adresse ses chaleureuses félicitations et souhaite la bienvenue à Georges Ibrahim Abdallah, au peuple libanais, à son équipe juridique et au mouvement populaire qui le soutient en France et au niveau international, à l’occasion de sa libération après près de 41 ans d’emprisonnement en France.
Georges Abdallah, né au Liban en 1951 et enseignant de profession, a été impliqué dans le mouvement palestinien basé dans les camps de réfugiés au Liban et dans la résistance nationale contre l’invasion israélienne en 1978 et 1982. Il était cofondateur de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL), qui avait pour objectif de résister à l’occupation israélienne continue du sud du Liban. Il a été arrêté en France le 24 octobre 1984 et, après une première détention pour détention de faux passeport, il a ensuite été jugé pour complicité de meurtre dans le cadre des assassinats à Paris, en 1982, de deux attachés militaires américain et israélien.
Son procès a été entaché de graves irrégularités, notamment l’implication d’un de ses avocats comme informateur des services de renseignement français, la DGSE, et une campagne médiatique l’associant à tort, ainsi que ses frères, à divers attentats dans le pays. Même le procureur français dans l’affaire avait requis une peine de 10 ans, mais un avocat privé représentant les États-Unis avait plaidé pour une peine à perpétuité, que le juge avait ensuite prononcée.
Il était libérable depuis 1999 ; à deux reprises, en 2003 et 2013, la justice française avait approuvé sa libération conditionnelle et son retour au Liban. Cependant, à ces deux occasions, de hauts responsables politiques français ainsi que le département d’État américain, étaient intervenus pour bloquer sa libération et le garder en prison pour des raisons politiques.
Au cours de la décennie écoulée, le mouvement pour la libération d’Abdallah a pris de l’ampleur en France, dans toute l’Europe et dans son pays natal, le Liban. De nombreux membres de l’Assemblée nationale française et du Parlement européen ont réclamé sa libération. En 2009, l’AIJD avait cosigné un appel aux Nations unies qui mettait son cas en lumière et elle a de nouveau réclamé sa libération en 2020. L’Association libanaise des juristes démocrates, notre organisation membre, a appelé à plusieurs reprises à son rapatriement au Liban.
En sus du travail acharné de son équipe juridique en France, une campagne populaire de grande envergure a émergé, réclamant sa libération et comprenant des manifestations annuelles devant la prison de Lannemezan, où il était détenu. Des dizaines de milliers de personnes en France ont participé à des manifestations, des campagnes de pétition et autres événements afin d’exiger sa libération. Dans le contexte de l’actuel génocide israélien à Gaza, l’emprisonnement de Georges Abdallah était régulièrement évoqué comme un aspect de la complicité continue de la France dans ce génocide, aux côtés de la répression des manifestants anti-génocidaires et de la poursuite du commerce d’armes franco-israélien.
Finalement, le 17 juillet 2025, après de nombreux retards dans le traitement de son dernier recours, la Cour d’appel de Paris a ordonné la libération de Georges Abdallah ; contrairement aux précédentes décisions de libération conditionnelle ou de remise en liberté, aucune signature de responsables politiques n’était requise et un éventuel recours de l’État ne pouvait pas suspendre cette décision. Le 25 juillet, Georges Ibrahim Abdallah est rentré au Liban, où il a été accueilli par des centaines de personnes à l’aéroport de Beyrouth. Et, alors qu’il allait rejoindre sa ville natale de Qobeiyat, les routes avoisinantes étaient noires de personnes venues saluer sa libération et, parmi elles, des familles de Libanais tués lors des attaques israéliennes contre le Liban entre septembre et novembre 2024. , alors qu’il rejoignait sa ville natale de Qobeiyat.
Georges Abdallah a prononcé plusieurs discours à sa sortie, remerciant ses soutiens et appelant à une action immédiate afin de mettre fin au génocide et à la famine imposée au peuple palestinien de Gaza :
« Mon retour sur cette terre était inévitable, car je suis convaincu que la résistance y est enracinée et ne peut donc être déracinée. Avec la résistance, le chemin du retour n’est jamais perdu, ni pour moi ni pour mes camarades emprisonnés (…) Mon message aujourd’hui est de soutenir la résistance plus que jamais (…) La résistance en Palestine doit continuer et s’intensifier. Elle doit être à la hauteur de la situation actuelle, où l’on voit des enfants réduits à l’état de squelettes ambulants. »
Il a appelé à l’action les parties arabes et internationales, en particulier l’Égypte, afin d’ouvrir le passage de Rafah pour l’entrée de l’aide humanitaire et de mettre fin au génocide israélien.
Alors que Georges Abdallah est enfin libéré, nous le saluons après des décennies d’injustice. Au Liban, Israël continue de violer quotidiennement le cessez-le-feu de novembre 2024, en menant des incursions illégales, des assassinats extrajudiciaires et des meurtres ciblés quasiment chaque jour. Les États-Unis cherchent en outre à interférer dans les affaires internes du Liban, en violant sa souveraineté, par des menaces de sanctions économiques unilatérales, tout en continuant à armer et financer illégalement le génocide israélien à Gaza et en Palestine.
La libération de Georges Abdallah est un exemple, après des décennies, de la capacité d’un plaidoyer juridique engagé et d’un mouvement populaire à obtenir la libération d’un prisonnier politique. Nous tirons notre inspiration de cette victoire pour poursuivre le combat juridique et populaire en vue de mettre fin au génocide à Gaza et de libérer d’autres prisonniers politiques, y compris les prisonniers palestiniens et libanais dans les prisons israéliennes, ainsi que Selçuk Kozağaçlı, membre du Bureau de l’AIJD, emprisonné en Turquie pour son engagement en faveur de la défense juridique.
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Publié le 30 juillet 2025 sur le site de l’IAJD
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine