S’organiser face à la dissolution et à la répression

S’organiser face à la dissolution et à la répression – un guide pour une réponse pratique et politique face à la répression et à la dissolution.

 

S’organiser face à la dissolution et à la répression. Photo : 1er mars 2025 – Des étudiants manifestent à Amsterdam contre la répression de l’État et la violence envers les voix pro-palestiniennes et contre les lourdes peines prononcées contre trois étudiants après les campements de solidarité en mai 2024. Un étudiant a été condamné à deux mois de prison pour avoir escaladé un bulldozer, tandis qu’un autre a été condamné pour avoir jeté une bouteille d’eau. Une fois de plus, la manifestation d’aujourd’hui a été réprimée et marquée par la violence. Trois personnes ont été arrêtées : deux étudiants et une mère – Photo : Wahaj Bani Moufleh / Activestills

1er mars 2025 – Des étudiants manifestent à Amsterdam contre la répression de l’État et la violence envers les voix pro-palestiniennes et contre les lourdes peines prononcées contre trois étudiants après les campements de solidarité en mai 2024  – Photo : Wahaj Bani Moufleh / Activestills

 

 

Dans un article publié le 4 juillet 2025, Samidoun annonça le lancement d’une nouvelle brochure :

Que faire si, vous aussi, on vous accuse de « terrorisme » ?

Le Réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens lance un nouveau zine : « Que faire si, vous aussi, on vous accuse de ‘terrorisme’ ? », inspiré par notre propre expérience d’avoir été interdit en Allemagne et catalogué « spécialement désigné comme terroriste mondial (SDTM) » par les États-Unis et « entité terroriste » par le Canada, ainsi que par les tentatives en cours de l’État britannique en vue de proscrire Palestine Action en tant qu’organisation « terroriste ».

Naturellement, tout cela est également influencé par des années de répression étatique ciblant un large éventail de luttes et de mouvements de libération, depuis le Mouvement noir de libération jusqu’aux guerriers autochtones des indépendantistes portoricains, sans parler de la désignation comme « terroristes » par les puissances impérialistes des organisations de résistance palestiniennes, libanaises, yéménites, iraniennes, philippines et autres.

Le zine présente les leçons ainsi que l’analyse politique de notre expérience et de celles d’autres personnes et organisations qui ont été ciblées par l’État pour être désignées, répertoriées et sanctionnées. Comme le faisait remarquer Pawel Wargan sur X/Twitter :

« Les désignations terroristes ont été inventées pour punir les mouvements de libération dans le Sud. Aujourd’hui, avec Samidoun et Palestine Action, on cible les mouvements de solidarité dans le Nord – il s’agit d’un précédent dangereux qui ouvre la porte à la criminalisation de toute opposition politique réellement sensée. »

Cela signifie que nous devons nous attendre à ce que l’arme de la désignation « terroriste », l’interdiction politique, la proscription et la dissolution soit utilisée bien plus fréquemment. Ces derniers mois, outre l’attaque actuelle contre Palestine Action — au cours de laquelle le parlement britannique a déjà voté la proscription du mouvement d’action directe —, la France a dissous le Collectif Palestine Vaincra et menace également Urgence Palestine de dissolution ; le gouvernement belge d’extrême droite « Arizona » menace de créer une structure juridique toute neuve afin d’interdire Samidoun et d’autres organisations œuvrant pour la Palestine ; le parlement néerlandais, de droite, tente lui aussi d’interdire Samidoun ; l’Allemagne a déjà interdit Palestine Solidarity Duisburg et les sionistes s’emploient à faire interdire Masar Badil, le Mouvement alternatif de la voie révolutionnaire palestinienne ; et les États-Unis ont désigné comme SDTM l’Association Addameer de soutien des prisonniers et de défense des droits humains ainsi que cinq autres ONG palestiniennes.

Ceci n’est qu’un petit échantillon d’exemples des diverses formes de répression d’État appliquées par les puissances impérialistes en défense de leur projet sioniste en Palestine et dans la région et de leur génocide en cours. Dans ce contexte, il est important pour les organisateurs de se préparer politiquement, juridiquement et sur le plan pratique à affronter des formes de répression de plus en plus intenses et à poursuivre leur lutte pour la libération de la Palestine et pour le soutien de la résistance palestinienne et régionale.

Comme le fait remarquer la brochure :

« De même que l’entité sioniste craint la résistance palestinienne, les puissances impérialistes craignent la diaspora palestinienne et ses partisans qui n’ont pas cessé de se dresser, surtout depuis le début de l’opération Déluge d’Al-Aqsa et du génocide sioniste. Elles craignent un mouvement populaire fort qui menace leurs intérêts économiques et politiques en Palestine et dans la région. La répression est un signe de force pour le mouvement palestinien et celui de la solidarité internationale. Ce mouvement a mobilisé les plus grandes manifestations pour la Palestine de l’histoire, il a coûté aux entreprises israéliennes et sionistes des milliards de dollars de pertes et, en faveur de la lutte de libération de la Palestine, il a uni des millions de personnes du monde entier ainsi que pratiquement tous les mouvements sociaux de chaque pays. »

La brochure comprend des analyses, des conseils de la part d’organisateurs qui ont déjà expérimenté la désignation et la répression, des suggestions d’astuces sécuritaires afin de soutenir votre organisation et des ressources pour de nouvelles lectures. Elle est disponible au téléchargement afin d’être imprimée et d’être largement diffusée dans votre région et en ligne !

 

Que faire si, vous aussi, on vous accuse de « terrorisme » ? Un guide pour une réponse pratique et politique face à la répression et à la dissolution.

Que faire si, vous aussi, on vous accuse de « terrorisme » ? Un guide pour une réponse pratique et politique face à la répression et à la dissolution.

 

 

RETROUVEZ LE TEXTE DE LA BROCHURE CI-DESSOUS.

 

S’organiser face à la dissolution et à la répression

Félicitations

Vous êtes ici parce que la classe dirigeante voit en vous une menace pour son existence – quel honneur, vraiment ! Si vous, à titre individuel, ou votre organisation êtes repris·es sur la liste ou êtes menacé·es de l’être, vous êtes en bonne compagnie et vous n’êtes pas seul·es.

De même que l’entité sioniste craint la résistance palestinienne, les puissances impérialistes craignent la diaspora palestinienne et ses partisan•nes qui n’ont cessé de se mobiliser, particulièrement depuis le début de l’opération Déluge d’Al-Aqsa et l’accélération du génocide sioniste. Les puissances craignent un mouvement populaire fort qui menacerait leurs intérêts économiques et politiques en Palestine et dans la région.

La volonté de le réprimer montre la force du mouvement palestinien et du mouvement international de solidarité. Ce mouvement a mobilisé les plus grandes manifestations propalestiniennes de l’histoire, il a coûté aux entreprises israéliennes et sionistes des milliards de dollars de pertes et il a réuni en faveur de la lutte de libération de la Palestine des millions de personnes du monde entier ainsi que pratiquement tous les mouvements sociaux de chaque pays.

 

Lutter contre l’isolement

Les désignations terroristes constituent une tentative d’isoler le berceau populaire international de la résistance palestinienne et des victoires de notre mouvement des prisonnier·es. Soyons clair•es, ces désignations et dissolution sont des actes de génocide, purement et simplement. La dernière série de désignations par le département américain du Trésor le montre clairement – toutes ces désignations visent manifestement à faire progresser la politique génocidaire américano-sioniste d’affamement actuellement imposée au peuple palestinien dans son ensemble et en particulier à Gaza. La dissolution du Collectif Palestine Vaincra en France ou de Samidoun en Allemagne s’inscrit dans la même dynamique.

Ces attaques ont pour but de couper l’aide indépendante, arabe, palestinienne, islamique et internationale et les lignes vitales de soutien aux Palestinien·nes sous siège et génocide et elles cherchent à soumettre le peuple palestinien à l’« aide » conditionnelle fournie par les puissances impérialistes et les institutions qui sont leurs complices.

Face à la criminalisation, il importe avant tout de rester proche de vos camarades, de maintenir et de pérenniser vos relations d’organisation et de ne pas disparaître. Ne faites pas le travail de l’État en vous retirant et en vous isolant. Collectivisez le risque en agissant tel un front uni face à la répression. Isoler les organisations réprimées, interdites ou désignées comme terroristes n’est ni une réponse ni une stratégie efficace pour le mouvement! Le silence sur la répression, le refus de soutenir les organisations réprimées ou la réticence à travailler avec elles ne fait que renforcer la stratégie de division de l’Etat et ne protège personne, au contraire.

 

Protégeons-nous

Les problèmes de sécurité les plus urgents auxquels sont confrontés les collectifs résident dans les personnes qui ont indûment accès aux décisions et informations sensibles. L’État impérialiste ou le mouvement sioniste n’ont nul besoin de recourir à un outil de piratage comme Pegasus si quelqu’un d’indésirable prend des captures d’écran de fils de discussion ou enregistre des réunions.

Rester fidèle à notre politique est l’une de nos meilleures protections. Un collectif organisé, qui prend le temps de discuter des enjeux politiques pour établir une ligne claire à laquelle souscrivent les membres est une cible moins aisée pour les tentatives de déstabilisation ou d’infiltration.

Dans le meilleur des cas, la constance et l’engagement pour une ligne politique claire et partagée contribueront à renforcer le collectif et à développer l’harmonie au sein du groupe.

« Meilleure » et plus développée sera votre politique, plus malaisé il sera pour des infiltrés soit de fausser la direction que prend votre organisation et de semer la discorde, soit de rester dans la clandestinité.

Une politique solide, ce n’est pas quelque chose qu’un infiltré peut facilement imiter de façon courante, sans que l’une ou l’autre chose ne paraisse manifestement anormale ; cette politique doit se cultiver en y consacrant du temps, beaucoup de soin et d’attention et en y travaillant collectivement.

Nous ne laisserons pas la répression nous amener à édulcorer nos revendications, nos tactiques ou nos lignes politiques de crainte que les médias ou le gouvernement ne nous ciblent – ils le feront quoi qu’il arrive.

 

 Lutte, défiance et protection

Ne paniquez pas, ne disparaissez pas

Depuis des dizaines d’années, le monde impérialiste et ses avant-postes comme « Israël » recourent à des listes et désignations terroristes pour criminaliser les mouvements de libération.

Le fait que vous ou votre organisation avez été catalogué·e comme « terroriste » par une entité impérialiste ne signifie nullement que vous avez fait quelque chose de mal. Nous devons nous rappeler, en fait, qu’être attaqué·e par l’ennemi n’est pas une mauvaise chose en soi, mais une bonne chose. Notre travail doit se poursuivre, quel que soit le nom ou l’organisation.

Le cadre même du « terrorisme » et le fait d’être considéré·e comme un·e « terroriste » émane de la logique suprémaciste blanche et existe afin de justifier des projets coloniaux de peuplement et impérialistes, comme le projet sioniste.

Nous devons exiger l’abolition des listes dites « terroristes », plutôt que de prétendre récupérer l’usage du terme « terrorisme » (comme lorsqu’on prétend qu’« Israël” est le véritable terroriste). Nous devrions plutôt nous montrer spécifiques et précis lorsque nous nommons nos ennemis, comme nous l’a rappelé récemment Ibrahim Traoré : « Ce n’est pas du terrorisme, c’est de l’impérialisme».

 

Une constante dans l’histoire de notre mouvement

L’histoire de notre mouvement est caractérisée par ces attaques et cette criminalisation. Nous savons que ces désignations sont une attaque contre le mouvement de libération de la Palestine ainsi que contre le droit à s’organiser des Palestinien·nes en exil et dans la diaspora.

De nombreux pays occidentaux et gouvernements soutenus par l’impérialisme ont élaboré leur législation antiterroriste à bien des égards à partir de la liste américaine des « organisations terroristes étrangères ».

La première mouture de l’actuelle liste des « organisations terroristes étrangères » a été établie par le gouvernement des États-Unis dans le but spécifique d’attaquer les organisations qui cherchaient à « perturber le processus de paix au Moyen-Orient » – c’est-à-dire la résistance palestinienne et arabe qui rejetait la tentative de liquider la lutte palestinienne par le biais du processus d’Oslo. Ce cadre politique – l’utilisation des désignations « terroristes » afin de punir les Palestinien•nes réticent•es et celles et ceux qui refusent de renoncer à leurs droits et à leur vision de la libération – continue de définir aujourd’hui encore l’usage de la liste « terroriste » à l’encontre des Palestinien·nes. L’étiquette de « terroriste » est utilisée pour imposer des conditions de défaite ou de reddition aux Palestinien·nes, alors que celles et ceux qui rejettent ces conditions et continuent de résister sont criminalisé•es.

En France et en Belgique, la “lutte contre le terrorisme” s’inscrit dans une longue histoire de répression des mouvements de libération – palestinien, arabe, révolutionnaire, communiste ou anarchiste; elle n’a fait que croître depuis le début de la “guerre globale contre le terrorisme” dans le sillage de l’allié US.

 

Collectif et unité

Préparez votre stratégie de défense

Élaborer un plan d’arrestation pour vous et vos camarades constitue une bonne manière de faire en sorte que vos besoins personnels et politiques seront assurés en cas d’incarcération politique. Constituez un formulaire de renseignements personnels qui répond à des questions pouvant aller de ce dont vous pouvez avoir besoin à l’intérieur (par exemple, vos médicaments quotidiens) aux spécificités d’une campagne de défense. Rappelez-vous qu’il est utile de connaître « la lettre de la loi » mais que ce n’est pas à partir de cela que devrait prendre corps votre stratégie de défense politique. Si la loi était morale et juste, les désignations « terroristes » n’existeraient tout simplement pas, pour commencer.

Quels que soient les conseils que pourraient vous donner des avocats, une politique de l’innocence et de déni de notre droit à résister ne fait en aucun cas progresser notre mouvement. Tout mouvement ou organisation qui lutte pour la Palestine doit se tenir avant tout aux côtés des forces régionales de la résistance et doit s’efforcer de faire tout ce qu’il peut pour être à la hauteur de l’exemple que ces forces donnent au quotidien.

 

Continuez, tout simplement

Nous savons que le meilleur moyen d’affronter les désignations et la répression réside dans l’intensification de notre organisation, notre action, notre mobilisation et notre résistance afin d’abattre les structures du colonialisme, de concrétiser le droit au retour des réfugié·es palestinien·nes et de soutenir la libération de tous•tes les prisonnier·es palestinien·nes et de la Palestine, du fleuve à la mer.

 

Autodéfense numérique

Rappelez-vous : OPSEC est important et réduit les risques, sans toutefois vous en protéger totalement des systèmes d’exploitation sécurisés

Google Pixels peut installer le système d’exploitation Graphene. Cela compliquera autant que faire se peut la tâche d’un adversaire désireux de géolocaliser votre appareil, d’intercepter des messages ou de vous pirater. Les utilisateurs d’iPhone peuvent ouvrir Lockdown Mode dans leurs paramètres pour se protéger des cyberattaques, dont celles des logiciels espions d’État. Toutefois, ceci limite de façon significative de nombreuses fonctionnalités utilisateur. Les utilisateurs de PC peuvent installer le système d’exploitation Tails sur leur ordinateur, gratuit et portable, qui protège contre la surveillance et la censure et qui opère en utilisant une clé USB et le réseau Tor pour exécuter vos tâches. Quand vous retirez la clé USB et que vous débranchez l’ordinateur, il ne reste aucune trace sur l’ordinateur et vous pouvez retourner à votre système d’exploitation (OS) habituel.


Créez des mots de passe plus forts

Les acteurs étatiques peuvent recourir à la technologie de force brute pour contourner facilement les mots de passe à 6 chiffres. Utilisez un code d’accès alphanumérique pour plus de sécurité sur vos appareils et désactivez l’accès aux dispositifs biométriques (Touch ID et/ou Face ID).

L’objectif immédiat de la police est davantage de connaître que de réprimer. Connaître, afin de réprimer au moment opportun, dans la mesure souhaitée, voire totalement. (Victor Serge)


Sauvegardez vos comptes numériques

  • Vous ne pouvez absolument pas compter sur la « raisonnabilité » de vos contenus en ligne, par exemple, en ne faisant jamais l’éloge de la Résistance ou en ne postant jamais de messages sur des personnalités comme Yahya Sinwar, à vous protéger des interdictions de réseaux sociaux (ou, bien sûr, des désignations « terroristes »).
  • Créez des comptes de sauvegarde Telegram et Meta, et sauvegardez votre chaîne YouTube sur Odysee, Rumble ou Peertube – en cas d’interdiction (ou avant) : vous pourrez rediriger les gens vers ces nouveaux canaux.
  • Commencez ce processus de sauvegarde à l’avance.
  • Faites sortir vos domaines organisationnels des EU, de la Grande-Bretagne ou de tout autre État occidental. ; Enregistrez-les en dehors de tout pays où la criminalisation est probable. Pourquoi ? Quand vous êtes désignée comme organisation terroriste, il est interdit aux entreprises et organisations de fournir des services à l’organisation reprise sur la liste (elles risquent des amendes importantes).
  • Transférez vos listes de contact et autres ressources vers des organisations ou coalitions alliées avant la désignation, de sorte qu’on puisse continuer de les utiliser.
  • Afin d’éviter la censure de la classe dirigeante, nous devons finalement devenir de moins en moins dépendant•es de la sphère numérique et faire preuve d’une créativité sans cesse accrue dans nos pratiques.

 

Messagerie cryptée

Les VPN (Virtual Private Networks) sont des réseaux virtuels privés qui masquent votre adresse IP à votre fournisseur d’accès internet (ISP), de façon à protéger votre activité en ligne contre tout traçage. Mullvad et Surfshark sont des VPN qui n’enregistrent pas vos données et qui hébergent plusieurs appareils.

Un navigateur Brave – ou Tor – devrait être utilisé pour une sécurité accrue, lorsqu’on navigue sur internet. Les deux protègent contre le tracking (suivi), contre les empreintes numériques et ils ne collectent pas vos données. Tor empêche également quelqu’un de surveiller votre connexion (votre ISP par exemple), de savoir quels sites internet vous visitez. Quand vous utilisez Tor, tout ce qu’une personne qui surveille vos habitudes de navigation peut voir, c’est que vous utilisez Tor comme navigateur. Du fait que Tor accroît votre sécurité, il fonctionne plus lentement qu’un navigateur comme Brave.

Tor + VPN ?

Un VPN opère via une application sur votre appareil, ce qui signifie que tout le trafic web de votre appareil est crypté, et pas uniquement ce que vous tapez dans votre navigateur. Ceci comprend le navigateur Tor quand il est utilisé. Cette combinaison est appelée Tor sur VPN ou Oignon sur VPN. Si vous vous connectez sur un VPN d’abord et ensuite sur Tor, vous réaliserez la combinaison avec succès. Tor sur VPN garantit que toute personne qui regarde ne peut même pas voir que vous utilisez Tor. Cette couche supplémentaire de confidentialité signifie que le navigateur va fonctionner plus lentement, lui aussi. Lancer le navigateur Tor et se connecter ensuite à un VPN n’augmente pas l’anonymat.

Messagerie cryptée

Les conversations en personne, sans appareil, sont toujours préférables quand il s’agit de transmettre des informations sensibles mais, évidemment, ce n’est pas toujours possible. Signal, Molly pour Android et Element (qui fonctionne de façon similaire à Discord) sont des outils de messagerie open-source (libres) qui utilisent le chiffrement de bout en bout. Bien que des applications comme Telegram, Facebook Messenger et WhatsApp hébergent toutes des options de chiffrement de bout en bout pour communiquer en ligne, ce sont des logiciels fermés, ce qui veut dire que les utilisateurs ne peuvent pas identifier d’autres problèmes possibles qui pourraient avoir un impact sur leur sécurité. Meta, Telegram et d’autres géants du numérique ont eux aussi un lourd passé de coopération avec la police.

Le mode de votre appareil est important

Le mode de votre appareil, qu’il soit allumé ou éteint, affecte considérablement la capacité d’un adversaire à y accéder avec une technologie de type Cellebrite ou MSAB’s XRY.

Le mode Before First Unlock (BFU – avant le premier déverrouillage) est probablement le plus sûr de votre téléphone. Si vous vous attendez à la saisie de votre appareil, il est recommandé de le désactiver pour le recrypter. Quels sont les moments où cela peut être nécessaire ? Avant une action directe, avant d’aller au lit ou avant de franchir une frontière internationale, par exemple. Jetez un coup d’œil sur ce guide* pour vérifier si votre appareil est vulnérable à l’accès de Cellebrite, puisque cela dépend de votre modèle de téléphone, vérifiez le système d’exploitation, pour voir s’il est déverrouillé, etc.

Aucune activité en ligne ou numérique n’est jamais vraiment anonyme ou indétectable, mais l’autodéfense numérique peut nous aider à échapper à, ou minimiser, l’intervention de l’État, au sabotage, à la surveillance et à la criminalisation. C’est particulièrement important quand nos activités organisationnelles défient les lois – des lois qui sont répressives, génocidaires et qu’il convient de contester afin de faire progresser les luttes de libération.

Dans nos pratiques de sécurité, toutefois, nous devons être suffisamment informés pour ne pas nous autocensurer ni surveiller les actions des uns et des autres. Cela profiterait à la machine de guerre impérialiste qui, historiquement, s’est appuyée sur une stratégie du « diviser pour régner » par le biais d’outils comme la propagation de l’alarmisme à propos d’« agitateurs extérieurs ». La prise de décision en OPSEC doit avoir pour fondement notre politique anti-impérialiste et elle doit être orientée vers une finalité. Réfléchissez de façon critique à la raison pour laquelle vous choisissez certaines pratiques. Posez-vous des questions importantes, comme : comment puis-je collectiviser le risque que je veux prendre ? Comment ce risque peut-il faire avancer notre lutte ? Décentralisez les infos OPSEC afin de vous donner les moyens, à vous et à vos camarades, d’acquérir des connaissances. Si nous savons comment nous protéger les uns les autres, nous serons mieux préparés à prendre des risques. Pratiquer l’OPSEC et mettre sur pied une culture sécuritaire disciplinée nous permettra de poursuivre notre chemin face à la répression.

Pour terminer, le fait, précisément, que vos adversaires savent qui vous êtes ne signifie pas que vous ne devriez pas avoir de bonnes pratiques sur le plan de la sécurité. De même, le fait même qu’ils savent qui vous êtes ne veut pas dire qu’ils vont agir. Moins ils en savent, mieux cela vaut.

 

Ensemble, nous sommes plus fort•es

Face à la répression politique et à la contre-insurrection, il faut se souvenir sans cesse de l’importance de rester fidèle à vos principes. Malgré les tentatives de vous isoler, vous et vos camarades, du mouvement, il est urgent de continuer le travail.

Les membres de Samidoun en Amérique du Nord continuent de s’organiser face aux efforts de contre-terrorisme de l’État, parce que nous savons que les risques et les sacrifices sont nécessaires dans la lutte.

En France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et ailleurs en Europe, même si la mobilisation est de plus en plus réprimée et criminalisée, il est fondamental de continuer le travail politique.

Nous savons aussi que l’escalade est requise si nous voulons faire avancer notre lutte, et si nous battons en retraite maintenant, nous faisons en fin de compte ce que l’État nous demande en cette ère de post-désignation, de dissolution de mouvements et de répression.

Nous devons trouver des moyens d’être créatifs et de continuer de nous organiser pour la libération de la Palestine, du fleuve à la mer. Puisque les désignations « terroristes » deviennent la norme, notre rejet et notre refus de ces outils du génocide doivent également être normalisés.

Si vous ou votre organisation faites face à la répression ou à la dissolution, vous pouvez contacter Samidoun à l’adresse samidoun@samidoun.net. Ensemble, nous sommes plus fort•es.

 

Pour en apprendre plus  

Theirs and Ours: Terrorism’s “Inclusivity” Argument by Musa D. Springer

Not Liking Someone Doesn’t Mean They’re a Cop: On Bad-jacketing

Samidoun : Les sanctions contre Addameer et cinq ONG palestiniennes sont des actes génocidaires de l’impérialisme américain

Reflections On Victor Serge’s « What Everyone Should Know About State Repression by James Yaki Sayles

The War Before, by Safiya Bukhari [Chapters 4 & 5]

IBON: A Quick Guide for Human Rights Defenders

War at Home: Covert Action Against U.S. Activists and What We Can Do About It by Brian Glick

Unityoffields.net

 

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Traduction de l’article de Samidoun et du texte de la brochure : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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