Livestream : Un génocide, mais un échec militaire
Extraits du livestream de l’Electronic Intifada : l’assassinat du journaliste Anas al-Sharif et la plainte de la Fondation Hind Rajab, l’échec de l’Opération « Chariots de Gédeon » et le le plan de Netanyahou d’occuper la ville de Gaza, ainsi que le blanc seing que l’ONU accorde à Israël pour violer des Palestiniens.
Eli Gerzon, 19 août 2025
La Fondation Hind Rajab a introduit une plainte auprès de la Cour pénale internationale contre les Israéliens soupçonnés d’avoir assassiné le journaliste palestinien Anas Al-Sharif à Gaza, le 10 août.
« Ce n’est qu’un début »,
a déclaré le responsable de l’organisation, Dyab Abou Jahjah, lors du livestream de The Electronic Intifada, le 14 août.
« Nous ne cesserons jamais de les poursuivre, dans toutes les juridictions possibles. »
Israël a assassiné le correspondant d’Al Jazeera en même temps que cinq autres journalistes de radiodiffusion et un civil. Al-Sharif avait également remporté un prix Pulitzer en tant que membre d’une équipe de Reuters, et ce, dans la catégorie de la Photographie de l’actualité en direct, pour sa couverture du génocide en 2024. Reuters a rapporté la mort d’Al-Sharif sans vérifier les faits concernant l’affirmation sans fondement d’Israël disant qu’il était un militant du Hamas.
Abou Jahjah a expliqué comment la Fondation Hind Rajab avait analysé les unités de drones de l’aviation israélienne et avait déterminé avec une grande confiance que c’était l’escadrille israélienne du Serpent noir ou celle des Oiseaux de feu qui avait assassiné les journalistes.
Abou Jahjah a également affirmé que la division de cyberguerre de l’armée israélienne, Unit 8200, « communique directement avec les escadrilles de drones et participe activement aux assassinats ».
Il a expliqué qu’avoir une expérience de travail avec Unit 8200 peut apporter du prestige aux personnes qui cherchent un emploi aux EU ou en Europe.
« Ce sont tous les segments de ce génocide qui (…) sont normalisés comme si c’était quelque chose dont il y avait lieu d’être fier »,
a-t-il dit.
Travaillant en association avec le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH), la Fondation Hind Rajab a introduit un plainte auprès de la CPI dans laquelle elle citait nommément les commandants de ces unités ainsi que des officiers de haut rang dont le chef d’état-major de l’armée.
La Fondation Hind Rajab a également contribué à faire arrêter en juillet deux soldats israéliens en visite en Belgique dans le cadre du festival de musique Tomorrowland.
Les autorités belges ont relâché les soldats mais elles ont également transmis le dossier à la CPI tout en affirmant que la Belgique avait toujours jurisprudence en la matière.
Il s’agit néanmoins d’un précédent significatif qui pourrait amener davantage de pays à exercer leur juridiction universelle et à arrêter des soldats israéliens en visite sur leur territoire.
« C’est la première fois qu’il est rapporté que des Israéliens ont été arrêtés et ont été menottés pour des crimes commis contre des Palestiniens »,
a déclaré Abou Jahjah.
L’opération « Chariots de Gédéon » a été un échec, admet Israël
Israël « s’est retiré de ses positions défensives partout », après avoir mis fin à l’opération « Chariots de Gédéon » – un effort en vue de s’assurer le contrôle de Gaza – expliqué notre rédacteur contributeur Jon Elmer au cours de son rapport sur la résistance.
Elmer prédit pour les prochaines semaines que les combattants de la résistance vont se concentrer sur le lancement de roquettes du fait que les troupes israéliennes ne seront pas présentes dans les zones où ils peuvent les combattre de très près.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a participé à un blitz médiatique où il a été question de son plan d’invasion et d’occupation de la ville de Gaza.
Mais, le 7 août, il a eu une réunion avec son cabinet de la sécurité, réunion au cours de laquelle son propre chef de l’armée, le général Eyal Zamir, a dit que l’armée était opposée au plan parce qu’elle était épuisée et qu’elle manquait d’effectifs.
Quelque 20 000 soldats israéliens ont été retirés du champ de bataille pour blessures. Et certains soldats refusent de retourner au combat.
Nombre d’adolescents israéliens refusent en tout premier lieu de participer au génocide et ils brûlent leurs papiers de conscription.
Néanmoins, des membres du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou se sont prononcés en faveur de l’invasion. Et Netanyahou s’est plaint que Zamir n’était pas parvenu à concrétiser les objectifs de l’opération « Chariots de Gédéon ».
« Tout le monde est très conscient en Israël : au sein de l’establishment sécuritaire, de l’establishment politique et dans tout Israël, que l’opération a été un échec – un génocide, mais un échec militaire »,
a expliqué Elmer.
Finalement, le cabinet a approuvé le plan de Netanyahou d’occuper la ville de Gaza malgré les fortes objections soulevées par certains membres du cabinet.
Elmer a également examiné par le détail les mécanismes qui ont permis à des soldats et mercenaires israéliens de tuer 1 900 personnes à Gaza sur les sites de distribution d’aide de la Gaza Humanitarian Foundation.
Ces sites requièrent qu’il faille se déplacer sur plus d’un kilomètre au travers des zones définies par Israël comme zones d’évacuation où l’on tire pour tuer.
L’ONU accorde à Israël un blanc seing pour violer des Palestiniens
Le directeur exécutif Ali Abunimah a dirigé une discussion sur le fait que l’ONU avait ajouté le Hamas à une liste noire d’organisations soupçonnées d’avoir commis des viols caractérisés ou d’autres formes de violence sexuelle en temps de conflit armé.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a entrepris cette action en se basant sur un rapport établi en 2024 par Pramila Patten, sa représentante spéciale sur les questions de violence sexuelle en temps de conflit armé.
Abunimah et l’éditeur associé Asa Winstanley ont analysé ce rapport à plusieurs reprises – tout récemment encore, le 10 juillet – et ont prouvé qu’il ne contenait aucune preuve ne serait-ce que d’un seul viol commis par des Palestiniens le 7 octobre 2023.
Des experts de l’ONU ont examiné des milliers de photos et de vidéos et n’ont pu découvrir la moindre preuve tangible de viol dans aucune d’entre elles. Ils n’ont découvert aucune preuve médico-légale non plus ni n’ont rencontré la moindre victime et, à ce jour, pas une seule n’a été identifiée.
Par contre, selon Haaretz, l’ONU a vérifié 12 cas de violences sexuelles commises par les forces israéliennes sur sept Palestiniens, dont des viols, des tentatives de viol et des tortures sexuelles.
Des organisations des droits humains ont répertorié de nombreux témoignages supplémentaires de violences sexuelles, d’humiliations et de tortures de Palestiniens par les forces israéliennes.
Pourtant, Israël n’a pas été ajouté à cette même liste. Il a uniquement été prévenu qu’il pourrait l’être en 2026.
Abunimah a fait remarquer qu’en 2023, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, n’avait pas ajouté Israël à la « liste de la honte » qui reprend les noms de gens ayant commis de graves abus à l’encontre des droits des enfants en des temps de conflit armé.
Et ce, malgré le fait qu’Israël a été cité par l’ONU comme l’un des
« pays à avoir enregistré les nombres les plus élevés de violations graves en 2022 »,
selon Virginia Gamba, la représentante spéciale de l’ONU pour les enfants en temps de conflit armé.
« C’est pour vous donner le contexte dans lequel il convient d’évaluer la décision de l’ONU »
a déclaré Abunimah.
« Absolument dégoûtant et corrompu. »
Vous pouvez visionner l’émission (en anglais) sur YouTube, Rumble ou Twitter/X, ou vous pouvez l’écouter (toujours en anglais) sur votre plate-forme de podcast préférée.
Vidéo EI : Jour 678. Assassiner les témoins du génocide (en anglais)
Tamara Nassar a produit et dirigé l’émission. Michael F. Brown a contribué à l’assistance de pré-production et votre serviteur à l’assistance de post-production.
Vous pouvez visionner sur notre canal YouTube les anciens épisodes du livestream de The Electronic Intifada.
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Publié le 19 août 2025 sur The Electronic Intifadah
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine