La résistance palestinienne est une des toutes premières causes de la crise actuelle

Article publié en anglais sous le titre :  « La trajectoire descendante d’Israël. La résistance palestinienne à l’occupation est une des toutes premières causes de la crise actuelle »

 

 

4 novembre 2022. Des combattants de la résistance palestinienne de la Brigade Balata lors d’une parade militaire dans le camp de réfugiés de Balata, dans la périphérie de Naplouse.

4 novembre 2022. Des combattants de la résistance palestinienne de la Brigade Balata lors d’une parade militaire dans le camp de réfugiés de Balata, dans la périphérie de Naplouse. (Photo : Nasser Ishtayeh / SOPA Images via ZUMA Press Wire / APA Images)

 

Abdel Bari Atwan, 29 mars 2023

Avant de discuter des actuels développements que connaît l’État israélien occupant et de la dissension massive qui frappe ses rangs, il convient de noter qu’une importante cause sous-jacente de la crise n’est autre que l’intifada armée émergente en Cisjordanie et dans les territoires de 1948, plus précisément les brigades qui dirigent cette intifada dans des lieux comme Naplouse et Jénine, sans oublier le puissant impact de leurs opérations sur les colons israéliens et leurs chefs.

Ce sont ces brigades qui ont modifié les règles sur le terrain et qui ont horrifié l’establishment en place, qui ont causé la venue au pouvoir de la droite fasciste israélienne et de ses dirigeants, tels Ben-Gvir et Smotrich, lesquels, en compagnie de leur mentor Netanyahou, constituent les principales figures de la crise.

Israël a connu la sécurité, la stabilité et la prospérité économique pendant plus de trente ans. Il a manœuvré avec cynisme la transformation de l’Autorité palestinienne en un client et un outil afin d’écraser toute résistance pour le compte de ses institutions sécuritaires, afin de protéger des colons et de rendre l’occupation israélienne la moins coûteuse de l’histoire.

Les brigades qui ont repris l’héritage palestinien de la résistance ont modifié tout cela et ont ébranlé les fondements de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité d’Israël. Israël aura beau réconcilier ses différences internes, restaurer le calme ainsi qu’un certain degré de cohésion, l’intifada armée en Cisjordanie ne s’arrêtera pas. Elle persistera pendant autant d’années qu’il lui faudra pour libérer complètement les territoires occupés.

Toute une variété de raisons expliquent pourquoi des États s’effondrent (pas seulement des régimes – des régimes peuvent tomber et être modifié sans que l’État en soit affecté). Jusqu’à un certain point, plusieurs de ces facteurs s’appliquent aujourd’hui à l’occupant israélien, dont :

1. L’effondrement du pouvoir de la loi et la propagation de l’agitation au point que le pouvoir est incapable de contrôler la situation et de faire prévaloir l’autorité de l’État et de ses institutions. Natanyahou et la proposition de son gouvernement d’imposer des « réformes » et de modifier le système judiciaire a été l’étincelle qui a déclenché les protestations et les troubles.

2. La désintégration de l’armée, l’affaiblissement de sa doctrine et les incidences de la mutinerie. Le refus des réservistes, principalement des forces aériennes, d’effectuer leur service militaire, est très éloquent sur ce plan. (Le mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne avait déjà volé en éclats en 2006).

3. Un mauvais choix de conseillers. L’alliance de Netanyahou avec les très méprisables arabophobes Ben-Gvir et Smotrich en est un excellent exemple.

4. La confluence d’une gestion bancale et du déclin économique avec la corruption. N’oublions pas que la raison pour laquelle Netanyahou veut modifier le système judiciaire réside dans son désir de voir lever les accusations de corruption auxquelles il doit faire face. Feu Yasser Arafat m’avait fait remarquer un jour que, de tous les nombreux gouvernements et peuples avec lesquels il avait traité, aucun n’était plus corrompu que les Israéliens.

5. La détérioration des conditions économiques et les protestations répandues au sein du monde du travail. Les toutes dernières protestations ont paralysé l’État d’occupation et ont fermé ses aéroports. Les grands patrons israéliens ont mis en garde contre une fuite des capitaux à grande échelle ainsi que contre un exode des investisseurs dans les hautes technologies.

6. L’émigration massive. Les chiffres israéliens montrent que l’immigration dans l’autre sens est la plus élevée de tous les temps. Des journalistes « libéraux » écrivent qu’Israël n’est plus l’endroit qui convient pour élever des enfants et ils conseillent à leurs lecteurs d’émigrer. Les ambassades occidentales sont inondées de demandes de récupération de citoyenneté ou d’obtention de visas d’entrée.

Israël aujourd’hui vit ses plus mauvais jours, avec son front interne qui s’effondre à mesure que de tous côtés montent des menaces extérieures émanant d’un Axe de résistance de plus en plus fort et couvrant le Liban, le Yémen, Gaza et l’Irak. L’avenir réserve toute une série de surprises déplaisantes pour l’État occupant et ses partisans en Europe et en Amérique, ainsi que pour ses amis arabes, anciens et nouveaux, en pleine normalisation.

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Abdel Bari AtwanAbdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du site Rai al-Youm (“L’opinion d’aujourd’hui”, un site qui se veut nationaliste arabe, antisaoudien et antisioniste). Il est l’ancien directeur du quotidien Al-Quds Al-Arabi et l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

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Publié le 29 mars 2023 sur Rai al-Youm

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Lisez également : Masar Badil : Les actions de résistance amplifient la crise de l’occupation et révèlent ses contradictions

Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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