Dans un contexte révolutionnaire, les activités artistiques jouaient un rôle clé dans la mobilisation et l’éducation au retour.
La littérature éducative de la révolution palestinienne répondait directement aux besoins d’un peuple réfugié plongé au beau milieu d’un combat anticolonial de libération.
Le Centre de planification de l’OLP développa des programmes de cours et autres matières d’enseignement explicitement destinés à couvrir les besoins éducatifs nationaux d’une nouvelle génération d’enfants réfugiés palestiniens.
À partir de la fin des années 1960, le mouvement scout Ashbal et Zahraat (les Lionceaux et les Fleurs) connut un succès de plus en plus grand. Cette initiative de scoutisme révolutionnaire fut lancée dans le camp de réfugiés de Karameh et se répandit rapidement à d’autres sites palestiniens. Ces groupes de scouts masculins et féminins se réunissaient après les cours et durant les vacances d’été.
Un magazine spécial pour les scouts, Al-Ashbal, fut publié par le Fatah pour ses jeunes membres et les thèmes nationaux et révolutionnaires palestiniens étaient véhiculés de cette façon, de même que par le biais de chants scouts.
Les enfants palestiniens apprenaient leur histoire et leur héritage via la danse et les arts de la scène et bon nombre de ces groupes faisaient des tournées internationales. Dans un contexte révolutionnaire, ces activités artistiques jouaient un rôle clé dans la mobilisation, elles stimulaient le moral des enfants réfugiés et elles leur inculquaient un sentiment de dignité et d’enracinement.
Des initiatives d’éducation créative étaient mises sur pied à grande échelle, dans les camps de réfugiés.
Par exemple, dans le camp de réfugiés de Baq’aa, en Jordanie, les partis œuvraient ensemble, en compagnie d’artistes de premier plan, pour introduire l’éducation artistique dans le camp.
Certains initiatives étaient publiées, fournissant ainsi aux enfants une possibilité d’exutoire à leur créativité. Ces publications généraient également la solidarité locale et internationale en partageant leur univers avec des publics qui n’étaient pas familiarisés avec la vie dans les camps de réfugiés.
L’éducation technique fut elle aussi introduite au profit des familles des martyrs, afin d’assurer l’autosuffisance dans les camps, et ce fut surtout la Samed qui s’en chargea, une institution palestinienne de production dépendant de l’OLP et qui avait été constituée en 1969.
L’éducation était dispensée bien au-delà du simple cadre de la classe d’école, et ce, via l’art de l’affiche et les graffiti et, sur les murs de chaque camp de réfugiés, de chaque quartier palestinien, étaient fixés des tableaux sur lesquels on inscrivait le vocabulaire de la révolution.
Cette méthode permettait la circulation de masse des idées centrales de la libération et de la résistance à la dépossession, dans le même temps qu’elle soutenait la culture plus large du retour, profondément enracinée dans l’esprit collectif palestinien (thaqafat al-awda).
L’enseignement comprenait des matières destinées aux jeunes d’un âge un peu plus avancé et chaque mouvement politique palestinien développait ses propres programmes d’éducation des cadres.
Les membres lisaient toute une variété de textes reflétant l’orientation idéologique de leur parti et, souvent, ils discutaient de leurs lectures lors des réunions de cellule hebdomadaires. À partir des années 1950, des camps d’été furent organisés pour les cadres, leur permettant de développer leurs connaissances idéologiques et pratiques, de recevoir un entraînement au combat et à la résistance et de rencontrer pour la première fois d’autres membres arabes et palestiniens de leur mouvement.
Des brochures spécialisées familiarisaient les cadres avec les principes organisationnels et les codes comportementaux révolutionnaires, telles la critique et l’autocritique.
Dans les années 1970, le Fatah et le FPLP mirent en place des écoles de cadres plus avancées, proposant ainsi des cours sur la théorie révolutionnaire et un vaste choix de sujets politiques. Des conférenciers spécialisés se chargeaient d’enseigner ces programmes et les classes de fin d’études étaient tenues par des dirigeants de parti.
À l’intérieur des Territoires palestiniens occupés, il y eut beaucoup d’enseignement révolutionnaire à l’intérieur des prisons de l’occupation militaire et chaque mouvement avait son programme d’éducation hautement développé et ses propres cours.
Des groupes spéciaux de lecture étudiaient et commentaient des textes révolutionnaires dont les exemplaires avaient été recopiés à la main. De plus, ce matériel circulait largement entre les différents mouvements, de sorte que de nombreux débats et discussions ouvertes pouvaient avoir lieu dans le milieu fermé de la prison.
Karma Nabulsi est chargée de cours en politique au collège St Edmund Hall de l’université d’Oxford.
Avec son équipe elle a réalisé un cours en ligne sur la révolution palestinienne.
Le cours est disponible sur : The Palestinian Revolution
Le texte ci-dessus est le neuvième chapitre de la partie
Apprendre la révolution
Traduction : Jean-Marie Flémal
Mise en page + quelques photos et liens supplémentaires : la rédaction de ce site