L’Union européenne répand de nouveaux mensonges sur BDS

Une fois de plus, une personnalité importante de l’Union européenne répand des mensonges sur le mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) en faveur des droits palestiniens.

Ali Abunimah, 3 juillet 2020

Depuis belle lurette, la coordinatrice de l’UE pour l’antisémitisme, Katharina von Schnurbein, répand des calomnies et des mensonges sur les activistes des droits palestiniens. (Photo : Andreas Gebert Reuters)

Depuis belle lurette, la coordinatrice de l’UE pour l’antisémitisme, Katharina von Schnurbein, répand des calomnies et des mensonges sur les activistes des droits palestiniens. (Photo : Andreas Gebert Reuters)

Mercredi, Katharina von Schnurbein, la coordinatrice du bloc pour l’antisémitisme, a accueilli et partagé des suggestions émanant de groupes pro-israéliens et supposées « faire de l’Europe un lieu plus inclusif pour les étudiants juifs ».

https://twitter.com/kschnurbein/status/1278417464423047169?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1278417464423047169%7Ctwgr%5E&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fali-abunimah%2Feu-spreads-more-lies-about-bds

Mais les propositions émanant de l’Union européenne des étudiants juifs et de sa section allemande, la JSUD, réclament en fait une condamnation officielle du mouvement BDS, tout en ne s’appuyant que sur des calomnies et des affabulations.

Le document affirme que « BDS est un mouvement antisémite ciblant l’existence des juifs en Europe ».  

Il prétend également que

« les responsables et partisans de BDS cherchent régulièrement à tenir les juifs pour collectivement responsables des actions du gouvernement israélien ».

Ce n’est absolument pas ce que vise le mouvement.

« Il est à tout le moins choquant que Katharina von Schnurbein, une bureaucrate non élue de l’UE agissant davantage comme une avocate du régime d’apartheid d’Israël et de ses crimes de guerre, trempe dans une propagande et des affabulations racistes antipalestiniennes »,

a déclaré dans The Electronic Intifada Omar Barghouti, un défenseur des droits humains palestiniens et l’un des cofondateurs du mouvement BDS.

« Mais, avec ce dernier mensonge éhonté à propos du mouvement BDS non violent dirigé par les Palestiniens, elle est encore descendue plus bas qu’auparavant. »

Barghouti a insisté sur le fait que le mouvement

« se dresse catégoriquement contre toutes les formes de racisme, dont l’antisémitisme, comme le dit explicitement sa déclaration de principe antiraciste et comme le prouvent au-delà de tout doute ses quinze années de militantisme progressiste et intersectionnel pour les droits de l’homme ».

« BDS vise de façon cohérente la complicité, et non l’identité », a ajouté Barghouti.

« Il croit qu’il n’y a rien de juif dans l’épuration ethnique, le siège, l’occupation militaire et la politique meurtrière d’apartheid d’Israël contre les Palestiniens, et qu’Israël ne parle pas au nom de toutes les communautés juives, pas plus qu’il ne les représente. »  

Comme cul et chemise avec le lobby pro-israélien

Par contre, von Schnurbein assimile le fait d’être juif au soutien à Israël.

Elle ne partage ni n’accueille favorablement les propositions et idées des organisations et des personnalités juives et israéliennes qui soutiennent les droits palestiniens ou qui critiquent les efforts officiels en vue d’assimiler la défense des droits palestiniens à l’antisémitisme.

Et, récemment, son bureau a rejeté la demande d’European Jews for a Just Peace (Juifs européens pour une paix juste) – une coalition de 12 groupes répartis dans 10 pays – en vue de rallier le groupe de travail de l’UE autour de l’antisémitisme.

L’organisation objecte que les critères d’admission au sein du groupe de travail ont été brusquement et délibérément récrits en plein processus de sa demande d’affiliation, et ce, afin d’exclure les organisations qui ne suivent pas la ligne officielle pro-israélienne de l’UE.

L’administration de l’UE

« nous a manifestement refusés parce qu’elle ne veut, au sein du groupe de travail, que des organisations juives qui soutiennent la politique israélienne »,

a expliqué un porte-parole d’European Jews for a Just Peace.

N’empêche que von Schnurbein continue à entretenir des relations très étroites avec le lobby pro-israélien et les organisations communautaires juives qui sont hostiles envers les Palestiniens.

Une victoire juridique à un moment crucial

Depuis des années, Israël et ses apologistes tentent de décrire le mouvement BDS comme antijuif, dans un effort d’inciter les autorités gouvernementales à réprimer le mouvement en tant que propagateur d’un « discours haineux ».

Mais cette assimilation a été rejetée dans une décision unanime de la Cour européenne des droits de l’homme, le mois dernier.

La décision – qui fait date – a estimé que les condamnations pénales notifiées en France contre des activistes qui appelaient au boycott des marchandises israéliennes violaient la garantie de liberté d’expression formulée dans la Convention européenne des droits de l’homme.

Les juges européens ont rejeté le raisonnement des tribunaux français selon lequel l’appel au boycott des marchandises israéliennes équivaut à inciter la haine et la discrimination.

Un palmarès de haine

L’Union européenne des Etudiants juifs et le JSUD, les groupes qui soutiennent les propositions favorablement accueillies par von Schnurbein, ont un beau passé d’hostilité à l’égard des Palestiniens.

L’UEEJ se définit comme une « organisation sioniste », alors que les campagnes du JSUD ont pour but d’amener les autorités allemandes à imposer une interdiction pure et simple de BDS, et ce, afin de protéger Israël des critiques émanant des militants des droits de l’homme.

L’UEEJ a qualifié les massacres par Israël de Palestiniens dans la bande de Gaza de « prétendus abus » et a affirmé que la « paix » viendrait quand « les dirigeants de Gaza préféreraient l’humanité à la haine, quand ils cesseraient de tirer sur nos enfants tout en se cachant derrière les leurs ».

Cette propagande déshumanisante – qui n’est qu’un pot-pourri de hasbara israélienne – tend à absoudre Israël du massacre d’enfants palestiniens via le mensonge raciste prétendant que les parents palestiniens entendent sacrifier leurs enfants dans le seul but de présenter Israël sous des apparences horribles.  

Calomnies et mensonges

Ce n’est pas la première fois non plus que von Schnurbein sème des calomnies et des affabulations sur les défenseurs des droits humains palestiniens.

L’an dernier, par exemple, elle a accusé des militants BDS d’avoir manifesté contre le chanteur américain Matisyahu uniquement parce qu’il est juif. C’était un mensonge.

Matisyahu avait fait l’objet des protestations de ces militants parce qu’il avait récolté de l’argent au profit de l’armée israélienne et qu’il avait soutenu l’assaut contre une flottille en route vers Gaza, assaut qui avait tué dix activistes – en non en raison de sa religion ou de son ethnicité.

Au vu de cette décision marquante de la Cour européenne des droits de l’homme et

« étant donné les tentatives manifestement antidémocratiques et répressives de von Schnurbein de réduire au silence des citoyens européens défendant les droits palestiniens, sa position est devenue intenable »,

a déclaré Omar Barghouti.

« Nous demandons à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de la licencier immédiatement, de désigner à sa place quelqu’un qui assumera ce mandat important avec intégrité, transparence et sans abus de pouvoir. »

Von Schnurbein n’a toujours pas répondu à une demande de commentaire.

 


Publié le 3 juillet 2020 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country: A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse.

Vous aimerez aussi...