Victoire juridique pour les militants BDS de Valence (Espagne)
Un tribunal espagnol vient de relaxer 8 militants BDS de Valence, en Espagne, accusés d’avoir appelé au boycott du chanteur Matisyahu parce qu’il est juif.
Les juges ont reconnu que les militants BDS avaient protesté contre la présence de ce chanteur (de son vrai nom Matthew Paul Miller) au festival de musique espagnol Rototom Sunsplash (reggae) en 2015, non pas parce qu’il est juif, mais en raison de ses positions pro-israéliennes, rapporte Ali Abuminah sur le site The Electronic Intifada.
Le tribunal de Valence a statué que les militants exerçaient leur droit à la liberté d’expression dans la poursuite d’objectifs politiques légitimes, et s’est appuyé en cela sur le jugement de la Cour Européenne des Droits de l’homme (CEDH). (Jugement du 11 juin dernier : condamnation de l’Etat français à verser des dommages et intérêts à des militants de Mulhouse injustement condamnés pour avoir appelé au boycott de produits israéliens).
Les juges ont cité cette décision historique affirmant que le fait d’exhorter au boycott d’Israël en raison de sa politique n’est pas de la discrimination, mais un discours politique protégé.
Le fameux chanteur américain est en fait un supporter actif du colonialisme israélien.
Il s’était produit pour les Amis des Forces de défense israéliennes ; il a fait la une d’un gala à New York pour collecter des fonds pour StandWithUs, un groupe anti-palestinien de droite ayant des liens étroits avec le gouvernement israélien. En avril 2015, il a diverti les délégués à la conférence du puissant groupe de pression israélien AIPAC.
Il avait auparavant justifié l’attaque israélienne de mai 2010 contre le Mavi Marmara, qui a tué neuf humanitaires turcs alors que leur bateau naviguait dans les eaux internationales dans le cadre d’une flottille vers Gaza.
Miller a même nié l’existence des Palestiniens. « Il n’y a jamais eu de pays appelé Palestine», a-t-il affirmé en 2012.
Les militants en Espagne célèbrent donc une grande victoire juridique contre les efforts du lobby israélien pour punir le soutien aux droits des Palestiniens. La plainte contre eux a été déposée par l’avocat pro-israélien Abel Isaac de Bedoya, président du soi-disant Comité juridique contre la discrimination, qui a plaidé, que le mouvement BDS encourage l’antisémitisme. (refrain connu…).
Leur victoire révèle également un mensonge que les responsables de l’Union européenne répandent pour discréditer le BDS, le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions, souligne Ali Abuminah.
En 2019, Katharina von Schnurbein, la « coordinatrice de la lutte contre l’antisémitisme de l’UE », n’a cessé de reprendre à son compte la diffamation contre les militants de Valence et de présenter le mouvement BDS comme antisémite.
Ce mensonge est relayé dans un nouveau manuel publié par l’UE pour promouvoir la définition de l’IHRA de l’antisémitisme, qui assimile la critique d’Israël et de son idéologie raciste d’État, le sionisme, à de l’antisémitisme.
Le manuel de l’UE répertorie la controverse Miller sous le titre «Incidents antisémites », affirmant de manière mensongère que le festival espagnol «a annulé la représentation d’un chanteur juif américain parce qu’il a refusé de faire une déclaration condamnant les actions de l’État d’Israël».
« L’UE doit retirer son «manuel», s’excuser et mettre fin à tous ses efforts pour dénigrer, faire taire et intimider les citoyens européens qui exercent leurs droits démocratiques pour mettre fin aux crimes israéliens »,
souligne The Electronic Intifada, qui note au passage que Von Schnurbein n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Publié le 19 janvier 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : CAPJPO-EuroPalestine
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