Le Liban pour cible

Le Liban est une cible de premier choix pour Israël et ce pays est de toutes les conspirations en vue de semer au Liban une zizanie sectaire susceptible de le plonger dans une guerre civile.

Abdel Bari Atwan, 1er février 2022

Le ministre intérimaire libanais de l’Information, Abbas al-Halabi, annonçait ce lundi le désamorçage de 17 réseaux d’espionnage gérés par l’État d’occupation israélien et l’arrestation de plus de 20 ressortissants libanais, palestiniens et syriens impliqués dans ces mêmes réseaux.

C’est une importante réussite, pour les forces sécuritaires libanaises, surtout étant donné les circonstances politiques et économiques difficiles du pays. Cela confirme que, dans le même temps où d’autres gouvernements arabes peuvent se hâter à normaliser leurs relations avec Israël, ce dernier, pour le Liban, reste un occupant raciste et un ennemi.

La mise au jour de ces réseaux et leur ampleur ne devraient pas constituer une surprise. Le Liban est une cible de premier choix pour Israël et ce pays est de toutes les conspirations en vue de semer au Liban une zizanie sectaire susceptible de le plonger dans une guerre civile.

Le Hezbollah et ses forces de résistance, aidées par un énorme arsenal de missiles et une vaste expérience de combat et d’organisation acquise en Syrie et en Irak de même qu’au Liban, sont perçus comme une menace existentielle par l’État d’occupation israélien, après qu’ils ont infligé à son armée deux défaites humiliantes en 2002 et 2006. D’où les efforts incessants de ses renseignements pour implanter au Liban des espions et des agents et pour y semer des graines de sédition.

Malgré 30 ans d’efforts acharnés, la plupart de ses tentatives d’infiltration de la résistance libanaise ont échoué, de même que ses tentatives d’assassinat de son dirigeant Hassan Nasrallah. Les personnalités du Hezbollah que les Israéliens sont parvenus à atteindre se trouvaient pour la plupart hors du Liban, entre autres, son commandant militaire, feu Imad Mughniyeh.

Le Liban est dans l’œil d’un cyclone d’opérations de renseignement et psychologiques du fait qu’il est l’un des rares États arabes qui continuent à croire et à adhérer à la résistance. La plupart de ses forces politiques patriotiques, qui constituent une majorité, croient en la nécessité de libérer tous les territoires arabes occupés – en Palestine et dans les hauteurs du Golan, outre les fermes libanaises de Cheeba et sept autres villages occupés dans le sud – et en l’affirmation de la souveraineté du Liban sur tous ses gisements pétroliers et gaziers offshore de la Méditerranée orientale.

Il est à porter au crédit du Hezbollah qu’il traite avec sagesse avec ses adversaires, particulièrement quand d’importants principes nationaux sont en jeu. Il s’est élevé au-dessus de ses divergences idéologiques et politiques avec certaines factions palestiniennes et il a accueilli leurs dirigeants dans son bastion au sud de Beyrouth. Il sait que certains de leurs associés ont été impliqués dans des bombardements qui ont visé le faubourg et provoqué des pertes humaines civiles, mais il a refusé d’en parler afin d’éviter de saper leur image aux yeux de ses propres partisans et du public libanais en général, et d’éviter également la discorde et un bain de sang.

Le Liban continue à tenir bon sur le plan de ses principes nationaux. Les crises et conspirations qui visent sa sécurité et sa stabilité peuvent faire partie du prix à payer pour cela. Il mérite par conséquent le respect et l’appréciation. Ses ennuis actuels finiront sûrement par passer, comme l’ont déjà fait tant de problèmes antérieurs.

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Abdel Bari AtwanAbdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du site Rai al-Youm (“L’opinion d’aujourd’hui”, un site qui se veut nationaliste arabe, antisaoudien et antisioniste). Il est l’ancien directeur du quotidien Al-Quds Al-Arabi et l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

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Publié le 1er février 2022 sur le site Rai al-Youm
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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