« Les Héros » (2) : Qu’est-ce que la cellule « Qassem Soleimani » ?
Le deuxième épisode du documentaire Les héros d’Al Mayadeen raconte les histoires des prisonniers de Gilboa et leur vie à l’intérieur et derrière les barreaux. Que sont la Brigade de Jénine et le secret de la Cinquième Cellule ?
Al Mayadeen, 30 septembre 2022.
Sur le côté droit de la cour de la prison se trouve un groupe de cellules, dont l’une deviendra le théâtre d’un événement capital, la cellule n° 5. selon l’appellation de l’occupation israélienne. Cependant, les prisonniers palestiniens avaient, pour la désigner, un autre nom, qui allait devenir une partie intégrante de l’histoire de la lutte palestinienne.
Dans le deuxième épisode de Les Héros, le commandant Mahmoud Al-Aridah raconte à Al Mayadeen l’histoire de la cellule Général Qassem Soleimani, le martyr d’Al-Quds. C’est le centre de l’histoire de l’opération Freedom Tunnel. Stratégique au plus haut point, cette dénomination était un message à l’occupation israélienne.
C’est ce que la fille du général martyr Qassem Soleimani a confirmé lorsqu’elle a découvert que les prisonniers avaient décidé d’appeler la cellule qu’ils utilisaient pour rompre avec les chaînes de l’occupation israélienne et envoyer une coup de tonnerre dans la soi-disant entité de l’occupation. Ils ont décidé de nommer la cellule historique d’après son père martyr.
Elle a vu combien c’était l’expression du lien profond que le général Soleimani avait avec les combattants palestiniens de la liberté, les prisonniers et le peuple dans son ensemble. Cela montrait que le général Qassem en faisait partie, et qu’il serait à jamais ancré dans leur mémoire, perçu comme vivant parmi eux. « Ces gens qui nous sont chers voient que le martyr Soleimani fait partie de ces opérations. »
Le prisonnier Mahmoud Al-Aridah, l’homme mécontent des chaînes de l’occupation israélienne, a maintes fois essayé de sortir de ses prisons injustes, forçant l’occupation israélienne à le transférer à plusieurs reprises dans toute la Palestine occupée jusqu’à ce qu’il se retrouve à Gilboa. Pour l’administration pénitentiaire israélienne, incarcérer Al-Aridah dans cette prison était un défi, car elle pensait qu’il ne pourrait jamais quitter ses quatre murs renforcés.
Cependant, le commandant Mahmoud a planifié avec détermination, puis il a frappé, exécutant une opération de liberté comme celle que l’occupation n’avait jamais vue.
Les prisonniers ont réussi là où les gens libres ont échoué
Il y eut un consensus sur le fait que le prisonnier Zakaria Al-Zubaidi fasse partie des Héros. Ce consensus a montré l’unité palestinienne, avec Zakaria comme compatriote palestinien de Jénine. Les Héros l’ont rapidement adopté comme l’un des leurs, envoyant de l’intérieur des prisons israéliennes un message de grande réussite car ceux qui étaient à l’extérieur n’avaient pas réussi à s’unir.
Dans le deuxième épisode des Héros, Al Mayadeen raconte l’histoire du prisonnier Zakaria Al-Zubaidi et parle de lui et de ses exploits. Zakaria constitue un certain type de symbolisme. En tant que commandant des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa dans le camp de réfugiés de Jénine, le fait que Al-Zubaidi soit devenu partie prenante de l’opération et a fait partie de l’équipe a eu une influence sur le peuple palestinien et sur les combattants de la liberté.
Al-Zubaidi a combattu les forces d’occupation israéliennes à plusieurs reprises et a participé à plusieurs opérations. Il était à l’origine d’un attentat à la bombe à Tel Aviv en 2004, à la suite duquel l’occupation israélienne l’a traqué longtemps. Son domicile a été perquisitionné à de nombreuses reprises, et il n’a pu participer à des réunions familiales pendant longtemps. Depuis 1988, il n’a jamais pu voir tous ses frères ensemble, car il y en a toujours au moins un en prison.
Ayham Kamamji : le poète combattant de la liberté
« En 2003, il est parti en opération dans une voiture piégée. Il n’a pas eu de chance. La voiture a mal fonctionné et il est recherché depuis »,
a déclaré Fouad Kamamji, le père du prisonnier Ayham.
Ayham est titulaire de deux baccalauréats de l’Université Al-Aqsa de Gaza et de l’Université ouverte d’Al-Quds, ainsi que d’une maîtrise de l’Université du Caire. Pendant sa détention, il était connu pour s’être toujours occupé de l’enseignement des jeunes prisonniers.
« Kamaji est un homme au grand cœur. Si jamais vous avez des ennuis, il vous aidera. Il résout les problèmes en prison et aide les hommes qui s’y trouvent à lire et à écrire »,
ont déclaré des proches d’Ayham Kamamji dans le deuxième épisode des Héros.
Kamaji a tué un colon israélien illégal à Ramallah, du moins c’est ce qu’on a rapporté Mais en réalité, ce n’était pas un civil mais un officier de l’armée de l’air de l’occupation israélienne. En outre, Kamamji était censé être jugé par l’Autorité palestinienne, mais l’occupation israélienne l’a piégé et l’a arrêté pendant son procès.
Lors de son procès public à la suite de l’opération Tunnel de la liberté, Kamamji est apparu comme étant, à Gilboa, la voix de la raison, parlant avec éloquence et courage de ses racines dans la résistance.
Munadel Nafi’at : un homme aux multiples exploits
Mahmoud Al-Aridah a déclaré à Al Mayadeen qu’en 2018, il a rencontré Munadel Nafi’at, qui avait été arrêté et relâché à plusieurs reprises avant de se retrouver à Gilboa et de choisir de devenir membre de l’équipe.
L’occupation israélienne s’est vengé sur la famille de Nafi’at, arrêtant son frère Qaisar aussitôt après son arrestation. Qaisar est actuellement à l’isolement. Pendant ce temps, son frère Majdou a été condamné à 22 mois de prison il y a quelques mois, et il peut avoir des visites.
Il a été arrêté pour la première fois avant d’être libéré grâce à l’accord d’échange de prisons Loyauté des Hommes libres, le 18 décembre 2011, entre les parties israélienne et palestinienne au cours de laquelle 1.400 prisonniers palestiniens ont été libérés des prisons de l’occupation israélienne. Depuis, il a été arrêté plusieurs fois.
Nafi’at a passé environ sept ans dans les prisons de l’occupation israélienne, y compris en détention administrative. Il a également été arrêté pour appartenance au Jihad islamique palestinien.
Qui est Mahmoud Chreim ?
L’ouvrier ; c’est ainsi que Mahmoud Al-Aridah l’appelle. Les ouvriers ont joué un rôle majeur dans le creusement du tunnel et l’exécution de l’opération Tunnel de la Liberté. Munadel Nafi’at, Mohammad Al-Aridah, Mahmoud Chreim et Mohammad Abu Bakr étaient des ouvriers qui travaillaient dur.
Mahmoud Chreim devait sortir de prison au cours du mois de l’opération Tunnel de la liberté. Cependant, il a choisi de rester et de faire partie de l’opération, ce qui lui a valu quatre années supplémentaires de prison.
Le frère de Mahmoud Chreim, Youssef, le décrit comme une
« personne calme qui aimait se battre et résister pour la libération de la mosquée al-Aqsa. C’est une personne formidable qui ne se souciait d’aucun mal qu’il subirait pour avoir mené cette opération, même si cela signifiait qu’il devrait subir un procès et encourir une peine plus longue. Tout ce qui l’intéressait, c’était ces six prisonniers qui risquaient la prison à vie et contribuaient à leur libération. C’est tout ce qui l’intéressait. »
« Un héros qui a traversé les barreaux des prisons de l’occupation israélienne »,
c’est ainsi que Mahmoud Al-Aridah a décrit Chreim, qui a été arrêté, avec Qusai Merhi, avant de terminer ses études et a également été condamné à quatre ans de prison supplémentaires pour avoir aidé Les Héros.
Jénine
Le prisonnier libéré Mohammad Jaradat parle de Jénine dans le deuxième épisode des Héros. Pourquoi Jénine ? Pourquoi tous les prisonniers qui ont participé à l’opération viennent-ils de Jénine ?
« Ces questions soulignent le lien qui existe entre le tunnel et le projet de ces frères d’atteindre le camp de réfugiés de Jénine, et certains d’entre eux y sont parvenus, sans parler de la prédisposition à la résistance dans le camp de réfugiés de Jénine. C’est un sentiment qui est toujours présent jusqu’à aujourd’hui, et même s’il est fluctuant, c’est toujours une épine dans le pied de la sécurité de l’occupation israélienne »,
a souligné Jaradat.
« Tout le monde parle de Jénine aujourd’hui comme la ville fer de lance de la résistance palestinienne en Cisjordanie. Naplouse, malgré toute sa grandeur et sa puissance, et en dépit d’être la région la plus peuplée de Cisjordanie, a perdu sa position au profit de [Jénine]. La mère du martyr Ibrahim Nabulsi est originaire de Jénine, et les habitants de Jénine ont traité son martyre comme s’il s’y avait eu lieu. Par conséquent, la Brigade Jénine est un excellent exemple de résistance palestinienne qui peut être utilisé comme modèle pour résister à l’occupation au niveau de la cause palestinienne, et c’est ce que tout le monde suit de près »,
a-t-il ajouté.
Le secrétaire général du Jihad islamique palestinien, Ziyad Al-Nakhalah, a qualifié la Brigade Jénine de « Brigade du tunnel » afin que l’opération Tunnel de la Liberté reste un symbole de résistance en Cisjordanie occupée.
Les creusements ont commencé. Ceux qui devraient savoir l’ont découvert, car d’autres détenus croyaient que toute l’opération consistait simplement à trouver un endroit sûr pour cacher leurs téléphones, et ils sont sortis pour la promenade, alors que certains des héros allaient dans la cellule où tout cela se passait. C’est le début de l’opération.
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Publié le 30 septembre 2022 sur Al-Mayadeen
Traduction : ISM-France / MR
Lisez également :
–“Les Héros” sur Al Mayadeen : histoire complète de l’évasion de la prison de Gilboa (intro)
–“Les Héros” (1) : Comment l’idée de libération a-t-elle été conçue ?