« Pas de paradis sans Gaza » : Une interview exclusive du révolutionnaire libanais Georges Abdallah réalisée par The Palestine Chronicle

Prisonnier politique de légende, récemment libéré après 41 ans de prison en France, Georges Abdallah propose un manifeste révolutionnaire dans lequel il parle de ses opinions inébranlables sur la Palestine, la résistance, la libération et l’avenir du monde arabe..

 

Une interview exclusive du révolutionnaire libanais Georges Abdallah. Photo :Georges Abdallah en compagnie de Samaa Abu Sharar, du Palestine Chronicle. (Photo : Dalal Sharour)

Georges Abdallah en compagnie de Samaa Abu Sharar, du Palestine Chronicle. (Photo : Dalal Sharour)

 


Samaa Abu Sharar
, 13 août 2025

Notre rencontre avec le légendaire Georges Abdallah était prévue pour un mercredi à 16 heures. Nous avons quitté Beyrouth vers 11 h 30 afin d’arriver à temps chez lui, à Kobayat, dans le nord du pays. À Tripoli, Dalal Shahrour et Nazira El Hajj, deux militantes des camps de réfugiés palestiniens de Beddawi et de Naher El Bared, se sont jointes à nous, aussi impatientes que nous de rencontrer l’un de nos derniers héros vivants.

Nous sommes arrivés à 15 h 30 et avons été accueillis par la nièce d’Abdallah, son frère Robert et sa sœur. Nous les avons rejoints sur le balcon de leur chaleureuse demeure familiale et avons été accueillis avec une boisson rafraîchissante et des douceurs, une coutume de la culture arabe pour les occasions joyeuses. Nous avons félicité la famille de la libération de Georges et avons demandé quel était le temps accordé à l’entretien. Robert nous a dit que nous disposerions d’une demi-heure et nous avons discuté pour avoir un peu plus de temps.

Un peu plus tard, nous avons pu entrer à l’intérieur de la maison, là où Georges était assis. Il s’est levé et nous a salués chaleureusement, comme si nous nous connaissions depuis des années. Sa présence était très forte, avant même qu’il ait prononcé un seul mot. Nous nous sommes brièvement présentés, The Palestine Chronicle et nous-mêmes, et lui avons offert un exemplaire d’un livre rédigé par un autre révolutionnaire avant de nous plonger dans nos très nombreuses questions.

Dans notre conversation d’une heure, nous avons évoqué la vie de Georges en prison et après sa libération, avant de passer aux questions comme la Palestine, le Liban, l’avenir du sionisme tel qu’incarné en l’entité israélienne, la crise du projet national palestinien, la relation entre le socialisme et la résistance islamique, et plus encore. La volonté de fer de Georges et la solidité de ses principes sont intactes et présentes chaque fois qu’il respire et dans chaque mot qu’il prononce. Il est convaincu que la résistance en Palestine et au Liban constitue la réponse à l’occupation israélienne en cours et qu’Israël, qui incarne le projet impérialiste occidental, a atteint le chapitre terminal de son existence.

Découvrez ci-dessous dans l’interview complète

 

« La prison ne change pas les combattants »


Samaa Abu Sharar (The Palestine Chronicle).
Nous connaissons tous Georges Abdallah en tant qu’activiste international qui a voué son existence à des causes justes, principalement à la cause palestinienne et au combat contre le colonialisme sous toutes ses formes. Comment vous présenteriez-vous, personnellement ?

Georges Abdallah. (Je suis) un combattant parmi nos combattants arabes, un combattant de la révolution palestinienne et un combattant de la résistance libanaise à l’oppression impérialiste et sioniste. Notre activisme découle de notre évaluation, selon laquelle l’entité sioniste est une extension organique de l’impérialisme occidental. Nous considérons que cette entité a actuellement atteint le chapitre terminal de son existence et que, partant, elle va déchaîner toutes ses réserves barbares et meurtrières contre notre peuple. Les masses de notre peuple doivent se préparer à ce stade, tout en gardant à l’esprit qu’elles l’emporteront sur cette entité.

Palestine Chronicle. Ce que vous dites est absolument en ligne avec la façon dont bien des gens vous perçoivent : comme une icône de la résistance qui représente la boussole correcte de notre grande lutte. Ainsi donc, il n’y a pas de différence entre la perception que Georges Abdallah a de lui-même et la façon dont le peuple le perçoit.

Georges Adballah. Notre peuple a une grande confiance dans la résistance palestinienne, de sorte que toute manifestation de résistance est tenue en haute estime. Notre peuple est prêt à accorder beaucoup de soutien à la lutte et à la faciliter. Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza et en Cisjordanie le confirme. En tant que combattant ordinaire dans les rangs de la résistance, historiquement, je vois que notre peuple est déterminé. Il y a des failles, comme cela arrive toujours dans les révolutions, mais cela ne nous arrêtera pas. Les masses de Gaza embrassent leurs enfants émaciés, continuent de résister et refusent de hisser le drapeau blanc. Nous pouvons donc dire que la résistance est en pleine forme malgré tous les problèmes subjectifs et objectifs.

Palestine Chronicle. La prison vous a-t-elle changé ?

Georges Abdallah. La prison ne change pas les combattants. En réalité, la prison aide à modeler des positions saines pour autant que soit disponible la solidarité requise de la part des forces de la résistance, et c’est ce qui s’est passé avec moi.

Palestine Chronicle. Ce qui veut dire que Georges Abdallah, qui a été emprisonné voici 41 ans, est sorti de prison en étant le même homme ?

Georges Abdallah. Un combattant plus âgé, avec plus d’expérience et plus de volonté de donner…

Palestine Chronicle. Quel rapport aviez-vous au temps, en prison ?

Georges Abdallah. En fait, pour les combattants et les activistes, le temps en prison est un cadre au sein duquel s’organisent les priorités de la vie. Si l’activiste a trouvé de la solidarité – en d’autres termes, s’il dispose d’un groupe de personnes qui font de la solidarité une expression pratique dans la lutte quotidienne des masses de notre nation –, dans ce cas, l’activiste emprisonné est tout simplement un combattant qui fait ce qu’il doit faire quand il se trouve dans des circonstances exceptionnelles.

Le temps devient serré, puisqu’il n’en a pas assez pour faire tout ce qui lui semble approprié pour soutenir la lutte, que ce soit en termes de lecture, d’interventions ou d’autres choses encore. Cela s’appliquait à moi.

Palestine Chronicle. Ainsi donc, le temps vous était compté, en prison ?

Georges Abdallah. Le temps n’était pas suffisant pour faire ce qui est requis de la part de combattants et d’activistes. J’agissais du mieux que je pouvais selon mes modestes capacités.

Palestine Chronicle. Vous avez dit dans votre interview pour Al Mayadeen que votre journée en prison était très organisée et que vous aviez un programme quotidien qui impliquait un gros temps de lecture de votre courrier quotidien. Avec qui correspondiez-vous quand vous étiez en prison ?

Georges Abdallah. Avec des combattants et des activistes qui avaient été en prison ou qui étaient encore en prison, avec ma famille et avec des amis. C’est normal, compte tenu du fait que des facilités étaient assurées via la lutte des masses de tel ou tel pays. Dans les prisons françaises, un téléphone était disponible pour téléphoner à qui vous vouliez, pourvu que vous donniez le numéro aux autorités compétentes. Par conséquent, vous pouviez contacter qui vous vouliez.

Les livres étaient fournis par des camarades, si bien que vous aviez de nombreuses possibilités de lecture et de faire autre chose. Toutefois, cela prend beaucoup de temps de lire tout ce qui doit être lu et de participer au débat en cours autour de ces questions.

Palestine Chronicle. Étiez-vous de ceux qui font beaucoup d’appels téléphoniques ?

Georges Abdallah. L’une des personnes qui faisait ce qu’elle avait à faire.

Palestine Chronicle. Y avait-il plus d’appels téléphoniques avec les amis ou avec les membres de la famille ?

Georges Abdallah. La famille faisait certainement partie du cercle de la communication. Il y a un continuum, pour ainsi sire, qui s’étend du domicile à l’arène de la lutte. Les préoccupations de la patrie constituent une partie essentielle de ma vie, de sorte que la communication est constante via la famille, les amis, les êtres chers et toutes les expressions de lutte présentes dans notre pays et à l’étranger. Je ne me sentais pas aliéné, sur ce plan.

Palestine Chronicle. Avez-vous été soumis à des violations psychologiques ou physiques alors que vous étiez en prison ?

Georges Abdallah. J’ai été soumis à tout ce à quoi sont soumis les combattants et les activistes. Je puis dire que toutes les procédures ne constituaient pas un problème, pour moi. En d’autres termes, selon ma propre perspective, je n’ai pas été soumis à la moindre pression particulière et, selon une perspective objective, je disposais de bien des ressources dont la disponibilité avait été assurée par mes nombreux camarades.

Il y avait un nombre important de camarades et ils alternaient, si bien qu’ils pouvaient tous venir me voir en prison. Par conséquent, jamais je n’ai éprouvé le sentiment d’aliénation ou d’isolement. Le mouvement de solidarité fait partie de la lutte quotidienne ; de ce fait, il n’y avait pas d’angoisse personnelle dans ce sens. Il y a un combat avec le temps. Je voulais utiliser tout ce temps pour enrichir mes lectures et interventions le plus longtemps possible. Toutefois, ce temps a des limites, à cause des priorités de la vie.

 

 

Palestine Chronicle. Qu’est-ce qui vous a le plus manqué, en prison, en dehors de la liberté, naturellement ?

Georges Abdallah. En réalité, ce sont tous les aspects de la vie et toutes ses expressions qui m’ont manqué.

Palestine Chronicle. Comme ?

Georges Abdallah. Tout. Il n’est pas facile de dire ce qui m’a manqué le plus : la famille, les êtres chers, les étoiles, les arbres, les animaux… Les camarades vous manquent, les discussions avec eux… Il n’y a pas de priorité établie.

Palestine Chronicle. Si vous pouviez remonter dans le temps, y a-t-il quelque chose que vous auriez fait différemment, dans votre lutte ?

Georges Abdallah. Je ne suis pas engagé pour l’instant dans l’autocritique de mon combat. Tout au long de ce combat, j’ai fait tout ce que je considère comme approprié à la voie de la lutte. Certes, comme pour tout le monde, il y a des succès et des échecs, et il y a la possibilité d’améliorer telle ou telle chose.

Cependant, en général, je suis satisfait de mon parcours de lutte. Malgré sa modicité, il est acceptable au même titre que celui de tout autre combattant ou activiste de notre peuple dans le cadre de l’assise populaire disponible.

 

« La résistance est en pleine forme »


Palestine Chronicle. Parlons de la Palestine et du Liban. Vous avez déclaré dans plus d’une interview que la solidarité avec Georges Abdallah était égale – ou en partie, du moins – à la solidarité avec la Palestine…

Georges Abdallah. La solidarité avec Georges Abdallah ne revêt de sens que lorsqu’elle s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la guerre génocidaire à Gaza. C’est dans la voie de la lutte qui s’inscrit dans les questions de solidarité, et non en dehors de ce cadre ni parallèlement à ce cadre. Cela s’inscrit dans ce cadre et je pense que c’était très efficace.

 

Palestine Chronicle. À votre avis, s’il n’y avait pas eu l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », seriez-vous parmi nous aujourd’hui ?

Georges Abdallah. Le « Déluge d’Al-Aqsa » a été une opération très importante. Toutefois, mon cas ne s’inscrit pas dans ce cadre sans entrer dans les détails de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa ». Cette opération a été très bonne en termes de timing et d’efficacité. Bien que nous puissions trouver l’une ou l’autre faille çà et là, nous ne sommes pas en position de nous faire des reproches ; nous sommes en position d’évaluer l’opération elle-même.

Cette opération est arrivée au bon moment, elle était très appropriée et elle a fait avancer la lutte, en plaçant de nouvelles responsabilités sur les épaules de ceux qui l’avaient menée et vécue. J’espère que, dans le cadre de la révolution palestinienne, les camarades parviendront à examiner le programme national de cette même révolution palestinienne. Nous savons que le programme national palestinien se trouve dans une impasse historique.

L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » a certes un rôle à jouer dans la clarification de certains aspects et dans la correction de certaines déviations. Toutefois, sans résoudre la crise du projet national palestinien, nous resterons bloqués et paierons un lourd tribut. Il est de la responsabilité de toutes les forces dans l’arène palestinienne d’œuvrer à surmonter cette crise, parce qu’il s’agit bel et bien d’une crise, et pas une question d’unité nationale ou non nationale. La crise est plus profonde que cela et il est de la responsabilité de toutes les forces actives de faire ce qu’elles doivent faire pour mériter de faire partie du mouvement palestinien de libération nationale.

 

Palestine Chronicle. Quelle est cette crise ?

Georges Abdallah. La crise affecte tous les aspects de l’ensemble du projet national palestinien. Israël est une extension organique de l’impérialisme occidental. Israël n’est pas une colonie ni tout simplement une colonie de peuplement. C’est une extension organique de cet Occident impérialiste. Par conséquent, affronter cet Occident impérialiste requiert que l’on affronte la crise du système impérialiste dans sa forme capitaliste. Ceux qui affrontent cette extension organique doivent le faire sur un terrain hostile au capitalisme.

De ce fait, la direction de la bourgeoisie palestinienne, dans ses diverses expressions – islamique, nationaliste, semi-nationaliste, orientée vers l’État, etc. – est confrontée à un problème, sur ce plan. Et la gauche palestinienne est dans une situation très embarrassante, incapable qu’elle a été jusqu’à présent de construire une unité nationale afin d’affronter cette extension organique, et elle n’est pas parvenue à affirmer son unité nationale. Bien sûr, il y a de grandes responsabilités qui reposent sur les épaules de tout le monde.

Néanmoins, la résistance est en pleine forme. Les masses de notre peuple continuent d’affronter l’ennemi sioniste avec une efficacité grande et avancée, bien que les enfants de Gaza soient émaciés et qu’ils aient cruellement besoin d’un verre de lait. Toutefois, Gaza ne hissera pas le drapeau blanc et c’est une question très importante. Quant à la façon dont nous allons de l’avant, c’est à la direction palestinienne qu’il appartient de le déterminer.

 

Palestine Chronicle. Mais nous sommes impatients d’entendre ce que vous avez à dire à ce propos !

Georges Abdallah. Tout le monde est concerné, mais les véritables dirigeants de la révolution palestinienne sont plus au courant que quiconque et sont tenus de répondre à un certain nombre de questions. Ils sont tenus de fournir une réponse à la crise de ce projet national, la crise d’Oslo, la crise de l’Autorité palestinienne, la crise de la division entre le Fatah et le Hamas, la crise de la dispersion des forces palestiniennes, la crise du retrait d’organisations entières qui ont été transformées en des noms sans titre, la crise de la mère de la révolution palestinienne, le Fatah.

Où est le Fatah et qu’est-ce que le Fatah aujourd’hui ? Où est le Fatah et où est le Hamas ? Que font-ils tous les deux ? La crise est complexe et a de nombreux aspects. Le peuple palestinien a les capacités intellectuelles, organisationnelles et de résistance pour affronter cette crise, mais beaucoup de choses sont requises à tous les niveaux. Il est inadmissible qu’il y ait quelque 60 000 combattants à temps plein avec l’Autorité palestinienne dont la tâche se limite à de la coordination sécuritaire avec Israël. Et quand nous parlons d’unité nationale, de quelle unité nationale parlons-nous ? Une unité dans laquelle 60 000 combattants traquent les fedayin (combattants de la liberté – The PC) et les livrent à Israël, face à ceux qui voient leurs enfants mourir de faim et qui continuent de brandir le drapeau ! Nous connaissons certainement tous les dangers d’une guerre civile, mais le dilemme du projet national reste entier.

Les dirigeants de toutes les organisations palestiniennes ont convenu de quelque chose lors de la conférence de Beijing, mais quel a été son résultat ? Le résultat a été l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh. Pourquoi avoir assassiné Haniyeh ? Parce qu’il faisait partie de l’aile du Hamas qui réclamait l’unité. Ceci ne signifie pas que l’Autorité palestinienne ait bien accueilli l’appel. Voilà la crise du projet national. Ceux qui portent la responsabilité sont ceux qui sont en Palestine et ceux qui sont en dehors de la Palestine ; ils sont les combattants de la résistance à Gaza et en Cisjordanie, et même ceux qui font partie de l’Autorité palestinienne et ceux qui sont dans les prisons israéliennes. C’est certainement une crise majeure, mais je suis sûr que les membres actifs de la société palestinienne en Palestine seront capables de la surmonter.

 

Georges Abdallah avec Dalal Shahrour et Nazira El Hajj, deux militantes des camps de réfugiés palestiniens de Beddawi et de Naher El Bared et Samaa Abu Sharar pour The Palestine Chronicle

Georges Abdallah avec Dalal Shahrour et Nazira El Hajj, deux militantes des camps de réfugiés palestiniens de Beddawi et de Naher El Bared et Samaa Abu Sharar pour The Palestine Chronicle

 

 

« Pas de paradis sans Gaza »

Palestine Chronicle. Vous avez parlé brièvement de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa ». Avez-vous été surpris la première fois que vous en avez entendu parler ?

Georges Abdallah. L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » a surpris tout le monde et cela en soi est un problème et s’inscrit dans le cadre de la crise du projet national. Cela ne diminue certainement pas sa valeur. Le « Déluge d’Al-Aqsa » a marqué un tournant dans l’histoire du conflit avec Israël, mais il impose également d’énormes responsabilités à tout le monde. L’ennemi est bien conscient qu’il se trouve aujourd’hui dans le chapitre terminal de son existence ; ce n’est pas une question de revers militaire. L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » est un premier pas dans la détermination des priorités de ce chapitre terminal.

Chacun doit être à la hauteur de cette responsabilité, surtout ceux qui sont en charge des priorités de la lutte en Palestine et en dehors de la Palestine. La rue arabe elle aussi porte une part de responsabilité et ceux qui sont en charge du projet national doivent poser la question : pourquoi cet abandon de la part de la rue arabe ?

La direction palestinienne n’est pas étrangère à cet abandon. Quand l’Égypte et les EAU jouent le rôle de médiateurs, comment pouvons-nous attendre des masses égyptiennes qu’elles s’excusent de ne pas être aux avant-postes de la lutte ? Cette crise est une crise terrible. La valeur de la révolution palestinienne réside dans son rôle en tant que levier de la révolution arabe. Elle est le levier historique de la révolution arabe, mais elle ne joue plus son rôle pour diverses raisons. La direction palestinienne doit répondre à cela : Pourquoi a-t-elle abandonné ce rôle ?

Je vois le Qatar, qui accueille la principale base de l’impérialisme américain, en tant que médiateur. La question est celle-ci : un médiateur entre qui et qui ? Je vois également l’Égypte, avec une population de 120 millions d’Arabes, en tant que médiatrice. La même question est de mise. L’Égypte, c’est Al Azhar (considérée comme la première institution islamique du monde arabe – The PC), et Al Azhar n’est pas une agence de tourisme ; c’est une institution civilisée qui englobe toutes les valeurs de cette nation de personnes de différentes couleurs. Quatre-vingts millions de personnes considèrent Al Azhar comme leur autorité (morale). Où sont-ils, ces quatre-vingts millions ? Qui est responsable de leur inaction ? Al Azhar seule est responsable de ces personnes. Qu’a-t-elle fait et quel est le rôle de la révolution palestinienne, dans ce contexte ?

Il suffit qu’un de ces quatre-vingts millions, disons un million de personnes, se déplacent vers Rafah et se mettent à prier sur place. On ne leur demande pas de porter une arme et de l’offrir au Hamas ou au Front populaire (pour la libération de la Palestine – une organisation socialiste – The PC) ou à quelque autre faction ; tout ce qu’ils doivent faire, c’est d’offrir une tasse d’eau ou une tasse de lait aux enfants de Gaza. C’est Al Azhar qui est responsable de cette inaction. Elle doit savoir que ses prières ne sont pas acceptées si elles ne sont pas prononcées au passage vers Gaza. Il faut savoir aussi qu’il n’y a pas de voie vers le paradis pour tous les croyants de l’Égypte du fait que les enfants de Palestine les ont occupées toutes en montant au ciel. Ceux qui souhaitent entrer au paradis doivent venir à Gaza ; sinon, il n’y a pas de paradis pour eux.

Al Azhar ainsi que les cheikhs de Palestine et les dirigeants des mouvements islamiques ne le savent que trop bien. Ce sont eux qui déterminent si l’Égypte va être une médiatrice ou une partenaire dans ce génocide. Ils savent aussi si l’Arabie saoudite et Mohammad Bin Abdallah jouent leur rôle ou pas. La Kaaba de Mohammad Bin Abdallah n’est pas un édifice antique ; elle incarne tout ce que possède la nation. Où est-elle, dans tout ceci ?

 

Palestine Chronicle. Êtes-vous d’accord avec ceux qui disent que les peuples arabes sont impuissants, dirigés par des dictateurs et des agents de l’entité israélienne ?

Georges Abdallah. C’est extrêmement inacceptable. Les régimes arabes ne sont pas des agents ; en fait, ils participent au génocide en cours, et ce n’est certainement pas sujet à discussion. Ce que je vois, toutefois, c’est que pas une seule personne en Égypte n’a été tuée dans la rue en manifestant, tout simplement parce que personne n’a manifesté. Où sont-ils à part la jeune Greta, qui a fait tout le trajet de Suède pour tendre un verre d’eau en solidarité avec Gaza ? Où sont-ils à part Rima Hassan, qui est venue de Belgique et a tendu un verre de lait en solidarité avec Gaza ?

Où sont les marins de l’Égypte ? Ces activistes sont venus à bord d’un bateau pas même équipé pour transporter du poisson et les marins de l’Égypte les regardaient comme des « singes ». Où est la révolution palestinienne dans tout cela ? La trahison est dans le peuple arabe tout entier ; une manifestation au Yémen ou dans d’autres villes arabes ne suffit pas. Où est la Jordanie ? Où sont les masses de la Jordanie ? Où sont les 60 % de la population d’Amman qui sont à l’origine des Palestiniens ? Certes, tout ceci s’inscrit dans la crise du projet national, parce que ces forces sont responsables de l’action nationale. Soit l’action nationale palestinienne s’emploie à dresser la Palestine en tant que levier révolutionnaire de toute la nation arabe, soit elle s’emploie à protéger ces régimes.

 

Palestine Chronicle. Suite aux atrocités à Gaza, un grand nombre de ceux qui croyaient dans le projet de résistance ont cessé d’y croire. Qu’avez-vous à dire, à cela ?

Georges Abdallah. Je ne vois pas de gens de ce genre. Je vois des parents à Gaza qui regardent leurs enfants trembler comme des squelettes tout en continuant à hisser le drapeau rouge, et non le drapeau blanc. Gaza n’a pas encore hissé le drapeau blanc et les masses de Gaza ne quitteront pas Gaza. Ce n’est pas un temps à s’autoflageller ni à prétendre que la morale s’est effondrée.

À Gaza, il y a des héros. Il n’y a pas sur cette planète d’habitants comme ceux de Gaza. Gaza a été touchée trois fois plus que ne l’a été Hiroshima. 17 000 tonnes d’explosifs à Gaza, alors que Dresde en Allemagne en a reçu 5 000. Gaza ne s’est pas rendue alors que Dresde est tombée. Aujourd’hui, il n’y a pas une seule ville en Europe qui n’arbore le keffieh palestinien, le symbole de la liberté.

L'accueil à Georges Abdallah

 

 

Georges Abdallah : Historiquement, la révolution palestinienne n’a jamais été aussi visiblement présente sur la scène mondiale qu’elle ne l’est maintenant. Le problème reste dans notre projet national, dans notre direction nationale. Les masses du monde, de toute la planète, sont avec Gaza. Nos dirigeants sont-ils réellement avec Gaza ? Quand 30 ou 35 pour 100 de la jeunesse juive en Amérique arbore le keffieh palestinien et le drapeau palestinien et qu’elle déclare que cette entité sioniste est l’ennemi du peuple juif et de la Palestine, qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que le compte à rebours de l’existence d’Israël a commencé. Où sont nos dirigeants dans tout cela ? Cela ne suffit pas que des dirigeants se muent en martyrs ou soient traqués. Ils doivent identifier l’énergie des masses et être en mesure d’investir dans cette énergie. Une fois encore, ce n’est pas le cas, parce que cela fait partie de la crise dont nous parlions.

N’oublions pas que plus de 50 pour 100 des prisonniers de la révolution palestinienne dans les prisons israéliennes sont du Fatah, mais que c’est également le Fatah qui a concocté les accords d’Oslo et que c’est lui aussi qui a provoqué la crise du projet national. Néanmoins, le Fatah reste la mère des martyrs, la mère de la révolution et la mère des prisonniers. Tel est le dilemme du projet national. Comment expliquer que plus de 50 pour 100 des membres du Fatah sont en captivité en Israël, alors qu’il y a 60 000 combattants du Fatah qui sont des mercenaires sous le commandement du (président de l’AP Mahmoud) Abbas et d’autres ? C’est cela qui incarne la crise du projet national.

Ces questions doivent être traitées par la direction du mouvement du Fatah. C’est une réalité que nous devons affronter. Comment eux vont-ils l’affronter ? Les forces qui dirigent la lutte palestinienne partout doivent répondre à ces questions. Elles devraient aussi fournir une réponse à propos du statut et du sort de nos camps en dehors de la Palestine. La révolution palestinienne est une révolution de camps. Le peuple palestinien est un peuple de camps. Il n’y a pas de peuple palestinien sans les camps. Les camps sont l’identité palestinienne. Où sont nos camps aujourd’hui ? Où sont Sabra et Chatila aujourd’hui ? Quel est le pourcentage du peuple palestinien à l’intérieur des camps ? Quel est leur avenir ? Les dirigeants concernés doivent répondre.

Ces endroits sont semi-libérés en principe et ce ne sont pas des lieux où règne un chaos sécuritaire comme on nous le dit. Ils sont semi-libérés parce qu’ils portent toutes les caractéristiques de la libération de la Palestine ; ce ne sont pas des hubs qui présentent les caractéristiques de la prostitution, de la contrebande de drogue, etc. Qui porte la responsabilité des camps ? Une fois encore, c’est la crise du projet national.

 

Georges Abdallah et Samaa Abu Sharar.

 

 

Palestine Chronicle. De quoi aura l’air la scène en Palestine après le génocide à Gaza ?

Georges Abdallah. Le génocide à Gaza ne va pas se poursuivre. Le génocide ne réussira pas et Gaza et la Cisjordanie triompheront, du fait qu’Israël assiste au dernier chapitre de son existence, et ceci n’a rien d’un discours poétique.

Palestine Chronicle. Vous l’avez répété dans plus d’une interview…

Georges Abdallah. Je ne suis pas le seul à le répéter. Il nous faut comprendre qu’Israël n’a jamais vécu ce qu’il vit actuellement ; c’est pourquoi il va utiliser tout son stock barbare contre nous. Cela se traduira par une intensification maximale de sa machine à tuer. Au cours des prochains jours, semaines et mois, Israël va jeter toute sa barbarie inexploitée sur nos masses. Que vont faire les dirigeants du projet national à la lumière de tout cela ? Comment ceux qui ont planifié l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » vont-ils faire face à cela ? Ce sont des questions qui requièrent des réponses de toutes les factions.

Quand un dirigeant comme Yahya Sinwar tombe en martyr et non comme un fugitif dans un abri du Qatar ou d’ailleurs, sa résistance ne peut que triompher. La résistance de notre peuple triomphera. Elle triomphera à cause de personnes comme Sinwar et Haniyeh qui n’ont jamais fui ni cherché la « paix ». Ces dirigeants et leur résistance ne peuvent être vaincus. Notre peuple en est conscient et il ne hissera pas le drapeau blanc, ni à Gaza ni ailleurs. Par conséquent, la responsabilité des dirigeants actuels est immense dans la découverte de solutions à la crise nationale. Ces solutions viendront inévitablement, bien que nous regrettions certainement qu’elles aient été reportées en raison du coût humain, qui est immense.

 

La résolution du dilemme entre la gauche et l’Islam

Palestine Chronicle. Le génocide de Gaza pourrait-il amorcer une révolution mondiale ?

Georges Abdallah. Cela doit arriver, si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain. La plus grande responsabilité pèse sur les épaules des dirigeants de la révolution ; ce sont eux qui anticiperont la phase suivante, pas moi.

Palestine Chronicle. Comment percevez-vous les révolutions islamiques dans le monde arabe ? Votre approche semble différente de celle de bien des gens de gauche. Nous avons l’impression que vous percevez la question depuis une perspective opérationnelle plutôt qu’idéologique. Est-ce correct ?

Georges Abdallah. Nous ne sommes pas engagés dans une compétition idéologique ; nous avons les masses arabes, dont la majorité est constituée de musulmans. Voilà en quelque sorte la composition organique de notre nation. Ce n’est pas un choix idéologique. Ces gens résistent avec tout ce dont ils disposent, que ce soit le Coran, une analyse scientifique ou un missile. Il est de la responsabilité des personnes en charge de la lutte de déterminer ce qui est à la disposition des masses arabes.

Quand l’Égyptien joue au médiateur et que le Qatari accueille la plus grande base américaine, quel est le message que je transmets aux masses arabes ? Vais-je attendre que cette réunion avec les renseignements égyptiens, planifiée de façon qu’ils puissent assurer la coordination avec les renseignements qataris et américains, me donne une possibilité de sortir de la crise de la révolution ou de la crise du projet national ? J’en doute. Toutes ces actions contribuent à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, y compris l’inaction des masses arabes.

Palestine Chronicle. Pensez-vous qu’il puisse y avoir un point de rencontre entre la gauche et les actuelles révolutions islamiques ?

Georges Abdallah. Tous les mouvements de libération ont établi un projet national au sein duquel opèrent tous les acteurs de la société. En quelque endroit que triomphe une révolution, elle le fait via une unité nationale. Mais cette unité n’est pas celle d’une personne qui en rencontre une autre ; elle implique en fait la réunion du bloc populaire tout entier en vue de défendre un projet.

Prenons Al Azhar une fois encore. Comme tout Arabe ou activiste connecté à la Palestine, je ne la perçois pas à la lumière de la relation entre l’idéologie marxiste et l’idéologie islamique, mais plutôt à celle de sa position objective dans le cadre du mouvement de notre peuple. La même chose s’applique à La Mecque. Je ne la considère pas selon une perspective idéologique mais plutôt à partir de la signification qu’elle revêt pour les musulmans du monde entier. Qu’ont fait avec leur « Qiblah » les personnes en charge du projet national pour inciter les masses du monde à se déplacer vers la Palestine? Je ne dis pas cela parce que je suis communiste ou parce que je suis croyant ; je le dis comme toute personne en relation aussi ténue soit-elle avec le conflit et qui examine cette question et dit : C’est tout simplement inconcevable.

Palestine Chronicle. En passant au Liban, loin des slogans, comment percevez-vous la situation ici ?

Georges Abdallah. La situation est délicate, mais elle est bonne, aussi. La résistance a sacrifié les meilleurs de ses dirigeants en tant que martyrs.

Palestine Chronicle. Mais il y a une division profonde dans le pays.

Georges Abdallah. Ce que nous avons au Liban ne diffère pas de tout autre pays au monde. Dans tous les mouvements de résistance du monde, vous trouverez des gens qui se sacrifieront pour la défense de leur pays et des lâches qui se contentent tout simplement de regarder. Dans le monde entier, il n’y a pas un pays où la résistance bénéficie du soutien de tout le peuple. L’affiliation sectaire est un autre problème, mais je pose une question : Qui est derrière le projet qui défend l’identité et la dignité du Liban ? La résistance. Il y a une occupation ; par conséquent, la résistance est la réponse initiale. En dehors de la résistance, il n’y a pas de solution à caractère national.

Vous pouvez dire tout ce que vous voulez de cette résistance – qu’il est nécessaire qu’elle représente la totalité du peuple libanais, ou qu’elle a besoin d’être ceci ou cela. Toutefois, pour que vous ayez le droit de parler, vous devez être du côté de la résistance, pas de l’occupation. Si vous êtes du côté de l’occupation, vous n’avez alors pas le droit de parler, ni même d’exister. Quand votre pays est sous occupation, toute personne qui choisit le camp de l’ennemi, quels que soient son statut et ses justifications, n’a même pas le droit d’exister.

Palestine Chronicle. Dans ce cas, que faisons-nous de ces personnes ?

Georges Abdallah. C’est la responsabilité de la résistance et des masses de la résistance : déterminer comment isoler les forces qui coopèrent avec l’ennemi et s’ouvrir aux masses de ces forces. Je n’ai pas passé toute ma vie en captivité, pas plus que le martyr qui a sacrifié sa vie pour le pays, pour qu’on me dise à la fin que je ne représente pas la souveraineté de ce pays. Ceux qui défendent la patrie sont la souveraineté de ce pays, et non ceux qui sont prêts à accueillir Israël.

Dire qu’il y a une contradiction entre l’armée et la résistance est une erreur. À mon sens, comme pour tout combattant de la résistance, notre devoir consiste à construire une armée nationale très forte afin d’éliminer la justification de l’existence de toute résistance. Telle est notre ambition. Notre ambition est qu’un soldat ou une soldate reçoive un salaire décent – pas vingt dollars par mois – afin d’être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille et de défendre le pays.

La direction de la résistance devrait avoir le courage et la lucidité de s’ouvrir à tous ceux qui ont les capacités de bâtir un État national isolant tous ceux qui n’arrivent pas à remplir leurs responsabilités de souveraineté et à défendre la patrie au nom de tous. Une patrie dans laquelle nous sommes tous en sécurité ; sinon, nous allons tout perdre et aucun parti ne triomphera de l’autre.

 

 

 

Palestine Chronicle. Ainsi donc, jusqu’au moment où nous aurons mis sur pied une telle armée, croyez-vous que la résistance devrait rester ?

Georges Abdallah. Certainement, que ferons-nous, autrement ? Partout dans le monde, la résistance est la première réponse à toute agression. J’espère que nous parviendrons à bâtir une armée forte capable de nous défendre et qui remplacera toute la résistance. Mais, en attendant que cela se fasse, vais-je rester nu face à Israël ? Vais-je affronter Israël avec une déclaration ici et une autre là-bas ? Je veux une armée qui considère qu’Israël est l’ennemi.

Nos soldats sont honorables ; ils ne sont pas membres d’une mafia. Ils viennent tous du Liban mais ils ont besoin d’être bien entraînés et équipés pour être capables de défendre le pays et ses habitants. On nous dit que les EU, la France et la Grande-Bretagne sont nos amis. Génial, qu’ils fournissent des armes à notre armée ! Mais venir me dire que les EU sont nos amis alors qu’ils s’amènent pour nous demander de rendre nos armes et de reconnaître Israël , sinon Israël va vous frapper – voilà qui est inacceptable. Je continuerai de résister par tous les moyens dont je dispose. La résistance n’aurait pas dû s’autoriser de recevoir l’envoyé américain ni personne d’autre. Nous, les habitants de ce pays, devrions nous rencontrer et déterminer comment résister à l’ennemi, et non comment nous soumettre à l’ennemi. Nous nous réunissons pour déterminer comment affronter ce problème, et non pour le normaliser.

Tout le monde est bien conscient de ce qui est requis du Liban aujourd’hui. On demande au Liban d’abandonner son identité arabe et en particulier d’abandonner la question de la Palestine et de vivre en paix avec l’ennemi sioniste. Il n’y aura pas de coexistence avec cet ennemi, ni aujourd’hui, ni demain et ni le jour d’après. Si quelqu’un défend cette normalisation, la résistance le combattra. Si un parti défend cette normalisation, elle le combattra aussi. Si une secte défend la normalisation, la résistance la combattra également. Toute personne qui veut jouer peut le faire, mais la normalisation n’aura pas lieu parce que notre peuple ne l’acceptera pas, et notre peuple est un peuple qui résiste.

La résistance existante pourrait avoir certains défauts et nous pourrions exprimer certaines réserves à son égard. Allez de l’avant et donnez-moi une résistance meilleure. Mais si vous venez me dire que que la résistance n’est pas bonne et que vous allez m’amener un soldat israélien à la place – alors je vous combattrai vous et le soldat israélien. C’est aussi simple que ça, malgré les complexités de la situation au Liban.

Nous avons un modèle à quelques mètres de chez nous, à Damas, où le projet de résistance est en train d’être mis en œuvre, ainsi que l’État et la société. Ils veulent que le Liban se transforme en sectes et en tribus ! Ils veulent frapper l’État et l’armée et nous transformer en milices combattantes, avant que l’Amérique et Israël ne viennent à la rescousse et ne disent à chaque secte : « Je vous protégerai des autres. »

Ce qui est proposé au Liban, c’est la même chose que ce qui se passe en Syrie. Ce sera combattu par nos masses de la résistance. Vous voulez une meilleure résistance ? Employez-vous à en construire une meilleure. Mais venir me dire que vous devez vous soumettre à Israël par souci de la souveraineté du Liban – voilà qui est absurde. La souveraineté n’est pas un costume, la souveraineté, ce sont des mesures opérationnelles destinées à protéger le pays. Israël occupe une partie du sol libanais ; que devrais-je faire ? Certains disent que vous devez vous y soumettre et ainsi vous vivrez en paix. Je leur dirai non, notre peuple a historiquement sacrifié des millions de martyrs et il n’a jamais accepté ni n’acceptera jamais une alliance avec cette entité.

Palestine Chronicle. Finalement, craignez-vous pour votre vie ?

Georges Abdallah. Non, je ne crains rien. Georges Abdallah est un citoyen ordinaire comme tous les autres et il n’est pas courageux, quoi qu’il en soit.

Palestine Chronicle. Comment passez-vous votre temps, désormais ?

Georges Abdallah. Comme vous pouvez le voir, je le passe entre des interviews et l’accueil de mes amis. Plus tard, j’ai l’intention de visiter les camps, de voir mes amis et de découvrir les allées et venues de mon peuple.

 

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Publié le 14 août 2025 sur The Palestine Chronicle
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Vous trouverez ci-dessous un extrait de l’interview. La version intégrale sortira bientôt. Toutes les photos sont de Dalal Sharou.

 

 

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